L'ours polaire

L'ours polaire

"Longue vie à sa majesté l'empereur"

Affiche de propagande japonaise (1942 ou 1943)

 

LONGUE VIE A SA MAJESTE L'EMPEREUR !

 

『天皇陛下万歳!』

 

L'endoctrinement des japonais avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale et ses conséquences

 

Plan :

Introduction

I) Le Japon de 1868 à 1931

II) Avant la Seconde Guerre Mondiale (1931-1941)

III) Le Fascisme à la japonaise : exaltation patriotique et culte impérial

1) Refaire le passé

2) L'exaltation du peuple élu et de l'empereur d'ascendance divine

3) Manipuler le bouddhisme

4) Shintoïsme et Christianisme

5) Le rôle de l'Empereur

6) Le rôle des médias

a) La presse

b) Le cinéma

c) Les romanciers

d) Les radios

7) Le "Chemin du Guerrier" mis au pas

a) Le dévoiement du Bushido

b) Le sport, école de la guerre

c) L'armée : une discipline de fer

8) Conclusion : Le Japon, un état fasciste ?

IV) Le Japon et les autres 

1) Les civils asiatiques

2) Les militaires asiatiques

3) Les civils européens

4) Les militaires européens

5) La propagande japonaise de guerre et les occidentaux

V) Les européens et les Japonais

1)L'autre versant de la colline : le racisme envers les asiatiques

VI) Les conséquences

1) Les soldats japonais : mourir ou se rendre ?

2) Les civils japonais : la crainte de la torture, du viol et de l'esclavage

VII) Ceux qui se rendirent

1) Vivre pour le Japon, ne pas mourir pour l'empereur

2) Les civils japonais : vaincre la peur

IX) La résistance japonaise et la décision d'employer l'arme nucléaire.

X) Quelques témoignages d'humanité

XI) Conclusion

XII) Bibliographie - Cinématographie - Webographie

 

  

Introduction

 

Pour beaucoup de gens, les mots "Japonais" et "Seconde Guerre Mondiale" évoquent le plus souvent l'image d'un avion  Kamikaze s'écrasant sur un porte-avion américain ou celle de soldats et de civils se suicidant plutôt que de se rendre. 

 

Quant il s'agit d'expliquer ces comportements, on emploi souvent le mot "fanatisme" ou "crainte du déshonneur". Bien que valables, ces termes n'expliquent en fait rien. Ainsi, si le Japon d'aujourd'hui est classé au 5ème rang dans la liste des pays par taux de suicide, on observe que la tête de liste de ce triste record est la Biélorussie, suivie de la Corée du Sud, de la Lithuanie et de la Russie (La France est au 17ème rang). On peut que remarquer qu'après la catastrophe de Fukushima aucun des dirigeants de Tepco n'a pratiqué le seppuku ou une autre forme de suicide. Ils se sont simplement excusés...

 

D'où une question qu'il faut se poser : l'état nippon des années 1930-1940 (c'est à dire l'empereur et le gouvernement) n'aurait-il pas conditionné le peuple japonais pour lui faire accepter le fait de sacrifier sa vie à l'Empereur et au Japon? De se suicider plutôt que de connaître le déshonneur plutôt que la capture?

 

La question est d'importance, comme nous le verrons. Car si le souvenir de la " Guerre Asie-Pacifique" s'est estompée au profit de l'évocation de la " Shoah" et des bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki (qui ne sont certes pas des "points de détails de l'histoire"), combien de gens savent que s'est livré de 1931 à 1945 dans l'Asie et le Pacifique une lutte qui surpassa en cruauté celle qui aura lieu en Russie de 1941 à 1945?

 

Sur 71 millions de Japonais, plus de deux millions de soldats et un million de civils perdront la vie. La Chine y laissera plus de trois millions de soldats et plus de dix millions de civils. Les Etats Unis y laisseront  plus de cent mille soldats, l'Australie plus de quarante mille et la seule ville de Singapour (728000 habitants à l'époque) enregistrera 50000 civils tués lors de l'occupation japonaise (juin 1942-septembre 1945)

 

Durant cette guerre, les deux camps rivaliseront de barbarie : mitraillant les naufragés, massacrant des prisonniers sans défense, achevant les blessés, mutilant les cadavres...

Ouvrons le dossier en nous intéressant d'abord à l'histoire du Japon, pour voir si une telle violence est inscrite dans l'histoire de ce pays...

 

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I) Le Japon de 1868 à 1931

 

Vivant dans un "splendide isolement" jusque la seconde moitié du 19ème siècle, le Japon

Trois élégantes à Tokyo vers 1900subi de plus en plus les influences et les menaces des grandes puissances occidentales qui se disputent le contrôle de l'accès à la Chine : Russes, Anglais, Français et Américains. Le Japon, avec ses îles, ses ports et sa nombreuse population est aussi pour eux une cible alléchante. Ce sont les Américains qui en 1853 avec l'Amiral  Perry forcent le Japon à s'ouvrir à l'extérieur. Menacé de devenir une colonie européenne ou de voir son économie et sa politique contrôlées par ceux-ci, le Japon doit en plus affronter de graves difficultés internes. 

 

Le pouvoir  shogunal accepte en effet de signer des traités avec les "Long-Nez" étrangers en tentant de ménager son indépendance vis-à-vis de ces derniers et de lancer des réformes pour moderniser le pays. Ceci irrite non seulement les  Daimyos (grands seigneurs locaux), mais aussi les milieux nationalistes désireux d'expulser les étrangers. En 1860, l'assassinat d' Ii Naosuke, signataire d'un accord commercial entre le Japon et les Etats Unis deux ans auparavant inaugure une longue tradition d'assassinat politique et provoque un surcroît d'agitation dans les différents fiefs composant le pays.

 

L'empereur Komei (1831-1867)C'est alors que pour la première fois depuis des siècles l'empereur sort de son rôle simplement symbolique. L'Empereur  Kômei (1846-1867) s'oppose au pouvoir des  shoguns et signe en 1863 un ordre d'expulsion des "barbares". Face à la détermination de l'empereur et au soutien des fiefs du sud-ouest, le shogunat sombre dans l'impuissance politique. Mais le 30 janvier 1867, Kômei meurt opportunément de la variole, apparemment après  qu'un comploteur lui ait offert un mouchoir infecté par le virus. En cette même année 1867, le dernier shogun, Tokugawa Yoshinobu (1837-1913) abdique et les derniers fiefs soutenant le shogunat doivent se rendre en mai 1869 après avoir été écrasé à la bataille de Hakodate. Dès le 3 janvier 1868 la restauration impériale avait été solennellement proclamée. Le prince Sachi No Miya arrive au pouvoir à l'âge d'à peine quinze ans et prend le nom de Meiji.

 

En octobre 1868 est proclamée l'ère Meiji (1867-1912). Celle-ci marque un tournant dans l'histoire du Japon. Tout en s'appuyant sur la noblesse de Cour et le parti opposé au Shogunat, le pouvoir impérial se lance dans toute une série de réformes. Face à la menace de devenir une colonie des occidentaux et inspiré par le contre-exemple chinois, le gouvernement impérial s'emploie à transformer un état quasi féodal en un pays moderne : liberté d'expression, instauration d'une monnaie unique, interdiction de certains châtiments corporels, centralisation de l'état et création de préfectures en lieu et place des anciens fiefs, création d'un impôt foncier.

 

Des missions sont envoyés en Europe et aux Etats Unis pour y étudier leur organisation. On fait même appel à des spécialistes étrangers  pour réformer l'éducation, la justice et l'armée. Avec l'aide de techniciens anglais sont créés des lignes de chemins de fer,; tandis que des manufactures d'état sont élaborées. De grands groupes industriels émergeront alors avec l'aide de l'état comme Mitsubishi (1870) ou Mitsui (1876).

 

Une constitution est élaborée en 1881 après une longue gestation de plusieurs années qui voit les tenants d'une monarchie parlementaire à l'anglaise être écartés. Le régime devient une monarchie laissant le pouvoir suprême à l'empereur. Des révoltes des  Samouraïs contre cette modernisation à marche forcée auront lieu en 1874 et 1877: elles seront écrasées sans pitié.

 

Vue de Tokyo en 1910

 

Entre 1870 et 1915, l'amélioration des conditions de vie et la mise en valeur de nouvelles terres (dont Hokkaido) provoque un "boom" démographique qui voit la population passer de 30 à 50 millions de personnes. La taille des villes s'accroît, Tokyo atteignant les deux millions d'habitants en 1903. Les conditions de travail des ouvriers sont cependant difficile et dès 1890 le socialisme et le marxisme se diffusent au Japon. En 1911, il sera interdit de faire travailler des enfants de moins de douze ans et la durée maximale journalière de travail est fixée à 12 heures pour les enfants de plus de douze ans et les femmes. Si celles ci n'ont pas le droit de faire de la politique, on favorise leur éducation en créant des lycées réservés aux femmes à partir de 1899. Des journées féministes paraissent dès 1907.

 

Gymnastique dans une école de filles (1911)Entre 1890 et 1906, le pourcentage d'enfants scolarisés passe de 50% à 95% et on créé le système universitaire japonais. Témoin de cette évolution, le nombre de journaux passe entre 1890 et 1914 de 400 à 2000! Cette même année 1914, le Japon se classe en second derrière l'Allemagne pour le nombre de livres publiés avec 27000 titres.

 

Cependant, cette époque voit se développer une vive querelle entre les tenants d'une fermeture du Japon à la culture occidentale et ceux plus nombreux qui souhaitent réaliser la synthèse entre culture japonaise et occidentale. Par ailleurs, la Chambre des Représentants, élu au suffrage universel, s'oppose aux membres du gouvernement, qui sont nommés par l'Empereur, dans le but d'accroître ses pouvoirs au dépends du pouvoir impérial. Ces Représentants arrivent à placer plusieurs des leurs dans le gouvernement impérial en  1895 et le régime prend alors un tour de plus en plus démocratique, les factions politiques liées aux anciens clans féodaux du sud-ouest, aux bureaucrates et hauts fonctionnaires perdant alors de plus en plus de terrain.

 

A partir de 1880, la poussée des empires coloniaux occidentaux reprend : les Anglais colonisent la Birmanie en 1886, les Français soumettent l'Indochine entre 1884 et 1893, tandis que les Américains prennent le contrôle d'Hawaï en 1898 et enlèvent les Philippines à l'Espagne. Même l'Allemagne se met de la partie en s'adjudant une zone d'influence en Chine et en prenant le contrôle d'îles du Pacifique. Or l'industrie du Japon à besoin de matières premières : charbon, minerai de fer et son peuple à faim de riz.

 

Aussi, le gouvernement décide lui aussi de mener une politique impérialiste : il prend leReprésentation japonaise de la bataille de Tsuhima (1905)
contrôle de la Corée et terrasse la Russie en 1895 à la bataille navale de Tsuhima, ce qui lui donne le contrôle de la Mandchourie. Le Japon, qui a acquis par ses victoires le statut de grande puissance, colonise Taiwan et s'étend en Chine à partir de 1905 en profitant des troubles politiques agitant le pays. L'influence du Japon croît alors en Asie. Il devient alors pour beaucoup un exemple à suivre et les universités japonaises attirent de nombreux étudiants chinois et coréens.

 

En 1914, le Japon compte 51 millions d'habitants et passera à 70 millions en 1940. La surpopulation devient un thème politique. Si quelques féministes comme Shidzue Katô prônent le contrôle des naissances, la majeure partie des politiques optent pour une politique d'émigration et de colonisation. 

Soldats japonais escortant des allemands prisonniers (Chine, 1914)En cette même année 1914, le Japon entre en guerre contre l'Allemagne aux côtés de la France et de l'Angleterre. Il conquiert rapidement les comptoirs allemands de Chine et obtient les îles Marshall. En échange de sa participation, il espérait que les puissances occidentales le laisseraient étendre son influence en Chine, mais ses espoirs furent déçus au Traité de Versailles. La Chine refuse en effet de le signer car ce dernier attribuait au Japon l'ancienne zone d'influence allemande du Shandong et les manifestations anti-japonaises se multiplient en Chine. Les accords navals de Washington en 1922, puis ceux de Londres en 1932 seront des déceptions pour les milieux nationalistes japonais qui escomptaient obtenir la parité navale avec les Etats Unis ou l'Angleterre.

 

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II) Avant la Seconde Guerre Mondiale (1931-1941)

  

Le mécontentement de ne pas être considéré comme un égal par les Etats Unis, la Grande Bretagne et la France, le peu de gain obtenu en Chine suscite le mécontentement des Nationalistes et des forces armées.

Or, pour développer son industrie, le Japon a besoin du charbon de Mandchourie. Pour nourrir sa population en forte croissance, il a besoin du riz et du blé chinois. Pur son aviation et ses véhicules motorisés, il lui faut le libre accès au pétrole de Bornéo.

 

Mais dans le même temps se développent des associations regroupant les minorités Célébration du 1er mai à Tokyo en 1920
présentes sur le sol japonais : Burakumins, Aïnous, immigrés coréens (1000 en 1910, 300000 en 1930, un million en 1940). Elles recherchent une reconnaissance sociale et l'égalité des droits avec les autres japonais et adoptent souvent des idées de gauche et de démocratie. Dès 1920, le 1er mai est fêté au Japon.

 

Le nombre d'étudiants, lui, explose passant de 10000 en 1915 à plus de 80000 en 1940, souvent divisés en groupe radicaux de gauche ou de droite. Le nombre de journaux, de postes de radio et de cinémas augmente considérablement au profit des classes moyennes et des jeunes adultes.

Un conflit culturel se fait jour entre ceux qui prônent le modernisme à l'occidentale et ceux qui s'attachent à respecter les traditions et l'ordre moral du Japon d'avant 1868, ceux qui défendent des valeurs "bourgeoises" ou le prolétariat.

 

Les ouvriers en ville, eux, réclament une amélioration de leurs conditions de travail et une baisse du prix du riz. Le gouvernement tente de répondre à leurs demandes, mais la crise de 1929 amène une aggravation de la situation tant en ville qu'à la campagne, entre ouvriers agricoles et propriétaires terriens.

 

Cette crise met aussi un terme à une évolution démocratique en cours depuis 1913. Si en 1925 est voté une loi élargissant le suffrage universel masculin à tout homme de plus de 25 ans, la même année est votée une loi pour contrer la montée de l'extrême-gauche. Une police politique est mise en place et certaines activités politiques sont passibles de la peine de mort.

 

Dans le même temps, le poids financier de l'armée s'accroît de façon considérable tandis que l'apparition de la Russie Communiste aux frontières du Japon  effraie la classe moyenne.

Comme les Conservateurs sont vus comme trop proches des gros conglomérats industriels, la confiance populaire se transporte sur l'armée, qui est vu comme un moyen d'ascension sociale rapide et qui apporte une solution impérialiste simpliste aux problèmes économiques : accroître l'espace économique japonais en Chine et dans le reste de l'Asie. Dans ce contexte, se développe chez les officiers un courant nationaliste radical qui décide de retirer le pouvoir à des politiques considérés comme trop faibles.

 

Saito Makoto (1858-1936)Pour atteindre ses objectifs, ce courant monte plusieurs complots en 1931 pour déstabiliser le pouvoir politique et prendre le contrôle du pays. Le 16 mai 1932, le Premier Ministre  Inukai Tsuyoshi est assassiné lors d'une tentative de coup d'état. Il est aussitôt remplacé par l'amiral  Saito Makoto . Sous l'autorité de ce dernier est créé l'état fantoche du  Mandchoukouo (Mandchourie) pour s'approprier les ressources en charbon et en blé de la région en 1931. Ce fait devient le point de départ d'une guerre de 15 ans qui commencera en Chine pour embraser toute l'Asie à partir de 1941.

 

Mais même ce mouvement nationaliste n'est pas homogène ! Deux tendances le domine, la première faction est celle dite du "contrôle" qui se compose de militaires et de bureaucrates qui veulent imposer au pays une économie de guerre en augmentant les dépenses militaires. La seconde, celle de la "Voie Impériale" veut mettre au pas les partis politiques et les conglomérats industriels.

 

Cette dernière faction déclenche le 26 février 1936 un coup d'état qui échoue, la majoritéHirohito (1901-1989)
de l'armée restant fidèle au pouvoir en place. Plusieurs ministres sont cependant assassinés. Les Loyalistes en profitent aussitôt pour prendre le contrôle de l'état, avec l'assentiment de l'empereur Hiro Hito.

 

La crainte du communisme, l'enlisement en Chine et l'opposition de l'Angleterre et des Etats Unis à la politique expansionniste japonaise les pousse alors à conclure le " Pacte Tripartite" avec l'Allemagne nazie et l'Italie Fasciste. La presse, déjà soumise à censure, est sévèrement muselée, les opposants (libéraux, socialistes, journalistes, universitaires) étant intimidés ou emprisonnés.

Dès 1933, le Japon quitte la " Société des Nations", institution bien incapable de le limiter dans ses (ex)actions.

 

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III) Le Fascisme à la japonaise : exaltation patriotique et culte impérial.

 

https://previews.agefotostock.com/preLa "Sphère de coprospérité asiatique" affiche de propagande japonaise (1942)

 

La longue partie historique ci-dessus est nécessaire pour comprendre que lorsque se déclencha l'attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, toute opposition avait été muselée. La presse, la radio et le cinéma avaient été mis au pas par un pouvoir nationaliste et expansionniste.

 

Mais comment conditionna t-on l'opinion japonaise ? Pour ce faire, on dévoya le passé japonais et le code du Bushido, on fit la promotion du nationalisme le plus agressif et du racisme le plus cruel et mensonger.

 

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1) Refaire le passé

 

La population japonaise n'est pas un ensemble homogène. A Hokkaido, on trouve les Aïnous, un peuple venu il y a au moins 15000 ans de Sibérie.

Vinrent aussi de Corée plusieurs vagues migratoires qui refoulèrent vers le nord les premiers occupants (8e-7e siècle avant Jésus-Christ). Par la suite vinrent d'autres populations de la même région et des influences culturelles chinoises et coréennes (système d'écriture et Bouddhisme au 5e et 6e siècle).

 

Le Japon était loin d'être un archipel isolé du monde extérieur et ne se replia sur lui-même qu'avec la venue des européens (portugais) au 16e siècle, les contacts avec l'extérieur étant alors réduit au minimum.

 

Dès la fin de la Première Guerre Mondiale, le pouvoir impérial s'appuya sur les thèses de l' anthropologie physique (alors dominante dans le monde) qui affirmaient une identité commune entre les Japonais et les Coréens pour justifier l'invasion et l'annexion de la Corée, afin de "réunir les deux moitiés d'un même peuple" ... tout en les considérant comme des Japonais de "seconde classe" !

 

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2) L'exaltation du peuple élu et de l'empereur d'ascendance divine

 

Inauguration le 25 novembre 1940 du monument au Hakkō ichi'uUne autre thèse bien plus pernicieuse se diffusa à la même époque : celle du "Hakkô ichi'u (les huit coins du monde sous un seul toit)" promu par des gens tel que Fuminaro KonoeIkki Kita et  Sadao Araki. Cette thèse énonçait le droit de Japon à dominer l'Asie et proclamait que la race "Nipponne" était supérieure à tout autre. Le Japon y était présenté comme le centre du monde dominée par un empereur d'essence divine, descendant de la déesse  Amaterasu Omikami.

 

Par conséquent, désobéir à la volonté de l'Empereur était selon cette thèse un véritable sacrilège ! Ce dernier était d'ailleurs un personnage dont on n'entendait jamais la voix, même s'il était visible dans les actualités cinématographiques et les photos des journaux et affiches.

 

En août 1940, lors du 2600e anniversaire de la fondation mythique du Japon, la thèse du ""Hakkô ichi'u" fut adoptée officiellement en  grandes pompes par le gouvernement Konoe et la population et les écoles inondées de brochures en faisant la propagande.

 

Comme le peuple japonais était considéré comme "génétiquement supérieur", le régime de Fuminaro Konoe édicta des lois sur l’eugénisme. Celles-ci ordonnaient la stérilisation des handicapés mentaux ou des "déviants" et interdisait l'usage de contraceptifs. Cette tendance survécut à la fin de la guerre puisque le 19 août 1945 le gouvernement de Naruhiko Higashikuni ordonna la création d'un "Service de Prostitution pour "endiguer la frénésie démente des troupes d'occupation ainsi que de préserver et de conserver la pureté  de notre race" (sic). 

 

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3) Manipuler le bouddhisme

 

Pour la plupart des gens, le Bouddhisme est une religion de paix, d'amour et de méditation. Ce n'est pas faux, mais dans le Japon de cette époque comme dans l'Inde actuelle, certains réussirent à en déformer les textes pour donner à cette croyance une tonalité bien plus ombre.

Nisshô Inoue (1886-1967)C'est à Nisshô Inoue, prédicateur radical de l'école Nichiren que l'on doit l'apparition d'un bouddhisme d'extrême-droite

Proche de  Ikki Kita et  Shûmei Okawa, nationalistes convaincus  pan-asiatiques, Inoue élabora une synthèse entre les thèses du Bouddhisme et l'ultranationalisme. Cet ancien aventurier, qui avait servi comme espion pour l'armée japonaise en Mandchourie avait vécu en 1923-1924 des expériences mystiques qui l'avaient convaincu que le Japon avait besoin d'une régénération spirituelle et que cette tâche lui incombait.

 

 

Il fonda une école qui allait rapidement venir un centre d'endoctrinement nationaliste. 

Au début des années 1930, il devint convaincu que cette "régénération" devait passer par la violence contre les politiciens pro-occidentaux et les intérêts des puissantes familles contrôlant banques et industries. Il avait un slogan fédérateur : « ichinin issatsu » ("Un homme, un assassinat)! Il dressa une liste de vingt personnalités à supprimer pour rétablir le pouvoir absolu de l'Empereur. 

Mais, reculant devant l'ampleur du complot, des membres de celui-ci dénoncèrent Nisshô et ses complices, qui furent rapidement arrêtés par la  Kenpetai .

Nisshö sera condamné à la prison à vie, mais sera libéré dès 1940 et ne sera pas inquiété dans l'après-guerre. Il sera même réhabilité et continuera à répandre des thèses d'extrême droite jusqu'à sa mort en 1967.

 

Cependant, ses thèses s'étaient déjà répandue ! Dès 1937, la propagande présentait la guerre en Chine comme une "Guerre Sainte" (sensei). Cela allait encore s'amplifier en décembre 1941 et ensuite...

 

En cette même année 1937, le 28 juillet, l'organisation panbouddhiste "Myôwa Kai" déclarait : "Désireux d'établir la paix éternelle en Asie de l'Est, nous donnons libre cours à la grande bienveillance et à la compassion du Bouddhisme, qui agit parfois avec indulgence et parfois avec vigueur. Nous n'avons d'autre choix que d'exercer l'énergie bienveillante consistant à "tuer une personne afin que beaucoup puisse vivre " [...]. Lorsqu'une guerre est en accord avec ses valeurs, le bouddhisme ne se contente pas de l'approuver ; il lui apporte un soutien qui va jusqu'à l'enthousiasme."

Moine Benkyô Shiio, de l'Ecole Jôdo Shinshu.

 

Chaque soldat  sur le front devait avoir sur lui un exemplaire de poche du " Senjinkun"
(Instructions pour le champ de bataille). Il listait tout un ensemble de règles s'appliquant au combat, prônait la solidarité entre les soldats, la piété filiale pour ses parents, le culte des Kami (divinités)  Shinto. Il interdisait formellement de battre en retraite ou de se rendre. Il y était indiqué noir sur blanc : "Ne jamais vivre la honte d'être captif". Il leur était aussi stipulé qu'ils "devaient montrer de la compassion envers les ennemis qui se rendaient", précepte qui restera largement théorique ! En effet, le même livre disait : "Le champ de bataille est l'endroit où l'Armée impériale, obéissant au Commandement impérial, démontre sa vraie nature, conquérant lorsqu'elle attaque, remportant la victoire lorsqu'elle engage le combat, afin de mener la Voie impériale aussi loin que possible, de façon que l'ennemi contemple avec admiration les augustes vertus de Sa Majesté". L'ennemi, militaire ou civil devenait alors un "kichiku" (une bête), un être inférieur qui ne pouvait qu'être méprisé. Cela allait conduire aux pires horreurs : massacres, tortures, viols et même dans certains cas avérés,  cannibalisme ou  vivisection !

 

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4) Le Shintoïsme et le christianisme

 

Les nationalistes et le gouvernement tenteront aussi de manipuler le Shinto. Dès 1868,Le Kashihara-Jingu de nos jours
ce dernier devient religion d'état et chaque citoyen a l'obligation de s'inscrire dans son sanctuaire local. En 1889 un sanctuaire, le Kashihara-jingū, situé à l'endroit hypothétique du palais de premier empereur Jinmu, sera créé pour la vénération spécifique de l'Empereur et des "soldats morts au combat. Ainsi est mis en place un " Kokka Shinto" d'état. 

Tandis que le Shinto originel restera cantonné aux îles japonaises et strictement neutre durant la guerre, des autels "Kokka Shinto" accompagneront partout les soldats japonais.

 

Très marginaux et habitués aux persécutions, même s'ils avaient la liberté de religion depuis 1871, les chrétiens catholiques japonais se soumettront à l'autorité gouvernementale au point que quelques "Kamikaze" étaient chrétiens !

Certains d'entre eux, cependant, opteront à leurs risques et périls pour le pacifisme. Cependant, il faut noter qu'ils seront poursuivis pour ce motif, et non en tant que chrétiens. Hiro Hito lui-même avait parmi ses conseillers et confidents le Contre Amiral Stephen Yamamoto (1877-1942), qui était ouvertement chrétien.

 

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5) Le rôle de l'Empereur

 

Lors de leur capitulation, les Japonais posèrent comme condition que l'empereur HiroHiiro Hito lors d’une inspecgtion militaire (1938)
Hito
 ne soit pas destitué. Bien que très informés sur le rôle de ce dernier avant et pendant la guerre, les Américains acceptèrent pour des raisons politiques. La Russie de Staline avait déclaré la guerre au Japon le 7 août 1945. Dans le cadre de la "Guerre Froide" qui s'annonçait déjà, les Américains voulaient éviter une occupation soviétique sur une partie du Japon, comme en Allemagne.

 

.Pour cela, on imposa l'image d'un Hiro Hito pacifiste, totalement tenu à l'écart de ce qui se passait et réduit au rang de marionnettes pour les militaires tel que le Général Hideki Tojo, qui servit de bouc émissaire (il sera pendu comme criminel de guerre).

Des études historiques, dont des études japonaises, montrent au contraire un empereur qui était au courant de tout et qui, parfois, donnait son avis sur des questions de stratégie.

 

 Hiro Hito avait reçu une instruction solide basé sur la tradition japonaise, les sciences et le  Darwinisme social. Il a aussi bénéficié de l'enseignement d'adeptes du nationalisme, partisans d'une monarchie divine, mais parlementaire et constitutionnelle.

Aussi, il n'est pas anormal de retrouver Sa Majesté Impériale dès le 27 octobre 1937 à la tête du Quartier Général Impérial (Daihonei), structure totalement indépendante du Conseil des Ministres et de la  Diète du Japon.

 

L'article 4 de la constitution de l'époque stipulait en effet que l'empereur était "à la tête de l'empire, combinant en sa personne les pouvoirs de souveraineté, et exerçant ceux-ci conformément aux dispositions de la Constitution".. L'article 11 précisant que "L'empereur possède le commandement suprême de l'Armée et de la Marine".

Dieu vivant, commandant suprême des Armées, l'Empereur, par ses apparitions et ses déclarations retransmises par voix de presse (et non de radio), participe pleinement à l'endoctrinement et à la préparation à la guerre du Japon.

Même s'il n'était pas partisan d'une guerre avec l'Occident, il en assumera la responsabilité et sera au courant entre 1937 et 1945 de tout fait d'importance. Ainsi, le plan d'attaque de  Pearl Harbor lui sera soumis et il l'approuvera.

 

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6) Le rôle des médias

 

a) La presse

 

Le 13 décembre 1937, le journal "Nichi nichi Shimbun" titrait sur le "concours de décapitation" qui avait eu lieu près de Nankin entre deux sous-lieutenant, Mukai et Noda, qui auraient décapité respectivement "105 et 106 soldats chinois". "L'affaire" a été alors présenté aux Japonais comme l'exploit de deux hommes qui aurait décimé les soldats chinois à la faveur d'un combat au corps à corps en avant des troupes japonaises. Il s'agissait en fait d'une exécution sommaire de prisonniers de guerre chinois pour laquelle les deux hommes seront condamnés à mort et exécuté en 1948.

 

A l'ère "Showa" (Hiro Hito), la presse écrite était à son apogée. Les journaux étaient nombreux. De 400 en 1890, ils passent à 2000 en 1914. De 1913 à 1928, ils bénéficient d'une certaine liberté de ton et d'opinion, mais à cette date s'instaure une censure qui veille à ce que des idées "néfastes" (communistes, pacifistes, etc...) ne puissent s'exprimer. A partir de 1936, on entre dans la répression dure : la censure traque le moindre signe "d'antinationalisme", la moindre critique envers le régime impérial ou l'armée. Beaucoup de journaux sont interdits ou doivent cesser de paraître devant les intimidations.

 

Média le plus accessible à la majorité de la population, ils ne diffusent que des informations édulcorées, voire franchement mensongères et participeront pleinement au conditionnement de tout un peuple. Ils présenteront une bataille indécise comme une grande victoire et une défaite comme un événement sans importance.

 

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b) Le cinéma

 

Dès 1899, le cinéma japonais fait son apparition. Il deviendra rapidement un loisir populaire avec une production nationale abondante et de qualité asurée par une dizaine de compagnies cinématographiques. En tant que tel, il jouera un grand rôle dans l'embrigadement de la population et la diffusion des thèses nationalistes.

 

L'une des "tartes à la crème" du cinéma japonais, Image de "La vengeance des 47 ronins" (1941)est l'histoire des "47 rônin". Rappelons brièvement cette histoire : En 1701, leur  daimyo ayant été condamné par le shogun au suicide (seppuku), un groupe de samouraïs se retrouve réduit au statut de ronins, suite à l'accusation mensongère d'un noble de la Cour Impériale. Ils décident de le venger et attendent près de deux ans avant de passer à l'action et de transformer le noble félon en sushi.

Ils eurent l'autorisation pour garder leur honneur de se suicider rituellement, et c'est pour cette raison que leur action est considérée comme particulièrement honorable.

 

Bien enjolivée, cette histoire est devenue durant l'ère de modernisation accélérée à l'époque Meiji comme le symbole de la loyauté, du sacrifice, du dévouement et de l'honneur, qualité dont tout japonais devait s'inspirer dans sa vie quotidienne.

Or, rien qu'entre 1907 et 1925, on comptera 45 adaptations cinématographique de cette histoire! Encore de nos jours, on en dénombrera dix à la télévision pour la période 1997-2007 !

 

Pourtant, avant que ne sévisse la censure, le cinéma japonais réalisait des films de
grande qualité inspirés par les productions européennes. Les cinéastes éprouvaient un intérêt particulier à illustrer les conséquences morales et sociales du capitalisme, à montrer la vie du petit peuple et à prôner des idées libérales ou d'émancipation, comme dans "Gosses de Tokyo" de  Yasujirô Ozu (1932).

 

Tout change en 1939, le 1er octobre : le gouvernement promulgue une loi mettant la production cinématographique sous le contrôle du gouvernement. Avant même de pouvoir donner le premier coup de manivelle, les réalisateurs doivent en recevoir l'autorisation de la censure. Tout film qui jette le doute sur l'énergie du "peuple nippon", tel que " Le goût du riz au thé vert" de Ysujirô Ozu (1939) est interdit, car "en temps de guerre, on ne doit pas montrer des femmes bourgeoises oisives". Il ne pourra être tourné qu'après la capitulation du Japon. L'année suivante le documentaire " Les soldats au combat" du réalisateur  Fumio Kamei est interrompue et Kamei perd son droit d'exercer en raison de ses "idées marxistes". Il sera même emprisonné quelques mois en 1941-1942 avant d'être relâché "sous conditions". "Terres et soldats" de  Tomotaka Tasaka (1939), qui décrit les souffrances de la guerre, mais exalte en même temps le militarisme japonais échappera par contre aux foudres de la censure. Les films qui ne traitent pas de la guerre, sont acceptés, mais ils doivent éviter la moindre allusion à celle-ci ou critique du régime.

 

En 1941, le "Bureau d'Information Publique" décide de réduire drastiquement la production de films en ne gardant que deux films par mois au monopole de deux compagnies, dans lesquelles sont fusionnées les compagnies existantes : la Shôchiku et la Tohô. Beaucoup de professionnels  abandonnent alors leurs emplois et partent à la guerre ou vont tourner des films de propagande dans les territoires occupés par les Japonais. A partir de 1943, l'exemption de service militaire pour les étudiants est supprimée, mettant en veilleuse la production cinématographique japonaise jusqu'à l'après-guerre.

 

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c) Les romanciers

 

La littérature ne sera pas en reste et reprendra abondamment l'histoire de "47 ronins".

Pourtant, elle fut pionnière dans l'ouverture à l'Occident dès les années 1860 en favorisant l'apparition de romans écrits à la première personne. Ceux ci combinent les influences des anciens récits Zen et la réalité d'un monde soumis à un progrès rapide, ce qui exacerbe le sentiment d'aliénation ressentie par l'auteur.

 

A la pointe du progrès, on retrouve alors autour de l'homme politique Mori Arinori la société " Meirokusha" qui milite pour la liberté religieuse, l'éducation laïque, l'égalité des droits pour les femmes (sauf le droit de vote, faut pas rigoler tout' d'même) et l'abandon de la langue japonaise pour ... l'anglais!

 

C'est alors l'époque dite des "Lumières de Meiji" !! Elle ne tardera pas à s'éteindre peu à peu après 1926 en raison des lois établissant la censure et réprimant les menées "subversives". A partir de 1937, écrire dans un sens n'allant pas dans la doctrine d'état devient impossible. Il faut se soumettre ou se taire. Il fallait pour continuer à écrire entrer dans la "Nihon Romanha", une école romantique traditionnaliste et nationaliste. Les écrivains doivent soit faire les louanges de l'état nippon, soit privilégier des thèmes anodins éloignés du monde réel et de l'actualité. 

 

 Durant la guerre elle-même, les écrivains participèrent sans état d'âme à la propagande d'état, sans même que ce dernier ait à intervenir. 

L'édition était d'ailleurs avant même le déclenchement du conflit contrôlée par des organisations patriotiques littéraires, en partie financées par l'état et dirigés par des écrivains nationalistes. Pour publier, les écrivains se devaient d'y être inscrits et ils y adhérent donc en masse. La censure devient de plus en plus stricte lors du conflit, les militaires n'hésitant pas à censurer des textes qu'ils trouvent trop peu enthousiaste! Les pressions sont informelles et résultent de discussions très polies entre les éditeurs et les censeurs militaires.

 

D'un autre côté, la plupart des écrivains sont fascinés par le "front", et dès les premiers mois (victorieux) de la guerre en Chine paraissent des dizaines de textes sur ce thème. Bien évidemment, ceux-ci attirent l'attention des militaires qui organisent alors à destination des écrivains de véritables tournées très encadrées. 

Une journaliste japonaise aux armées
En 1938, l'armée crée le "bataillon de la plume" (pen butai), puis de 1941 à 1944 a lieu la "réquisition" des lettrés (bunshi chôyô) dans des unités de propagande actives aux quatre coins de l'Empire Nippon.

Pour être honnête, tous ces écrivains et autrices ne furent pas très productif. Ils n'avaient en effet aucune obligation en ce domaine. Beaucoup se contentèrent d'écrire un ou deux courts récits. Souvent la critique reprochait aux textes produits leur manque de vie .

Pour conclure, précisons que bien souvent des journalistes accompagnaient bien souvent les unités sur le front même pour relater leurs exploits dans des articles tenant plus de la propagande que de la description des faits.

 

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d) Les radios

 

 Le Japon avait naturellement aussi des stations de radio. Elle suivirent une évolution similaire à celles des autres médias. Toutefois, elles gardèrent une certaine liberté de ton, tant qu'elles s'abstenaient d'évoquer la guerre autrement qu'en diffusant sans commentaire les communiqués de l'armée et de la marine.

 

Certaines de ces stations émettaient vers l'étranger et notamment vers les soldats occidentaux. Avec peu de succès !

 

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7) Le "Chemin du guerrier"

 

a) Le dévoiement du  Bushido

Les vertus traditionnelles du Bushido

Le "Bushido", c'est littéralement le "Chemin du guerrier"". Il s'agit d'un code moral concernant les attitudes, les croyances et style de vie que devait épouser tout samouraï.

S'il apparaît dès le 12e-13e siècle, il n'est définitivement fixé qu'à l'époque d' Edo (1603-1868) et existe en plusieurs versions.

 

Etrangement, il a été élaboré lors d'une longue période de paix interne et externe. Influencé par les concepts du Néoconfucianisme, avec des influences venant du  Shinto et du Bouddhisme Zen, il avait pour but de limiter la violence par l'usage de concepts de paix et de sagesse alors en vogue.

 

Sujet à interprétation, il va connaître différentes interprétations selon les clans qui l'adoptent, les avatars de l'histoire japonaise ... Si les Samouraïs et la noblesse militaire avaient épousé des valeurs communes de vertu, de moralité et d'honneur, leurs définitions pouvaient varier. Ainsi, à certains moments de l'histoire du Japon, se rendre n'était pas humiliant si l'on avait rempli son devoir envers son suzerain et combattu jusqu'au bout. Le Samouraï n'avait pas pour obligation de finir sa vie de manière héroïque ou en se suicidant ! Si l'on reculait lors d'une bataille perdue alors que d'autres choisissaient de se battre à mort, chacun était libre de son choix ! Il n'était honorable de mourir au service d'un Daymo que si la cause de ce dernier était juste.

 

Quand à la fin de la guerre russo-japonaise en 1895 , la Russie Tsariste rendra au Japon victorieux les quelques 2000 japonais capturés par ses troupes. Ces derniers seront accueillis au son de fanfares militaires !

Et ils ne s'étaient pas suicidés !

 

Il y a cependant aussi des aspects sombres dans le Bushido : le droit pour un Samourai de frapper impunément une personne d'un rang inférieur ( Kirite-sute-gomen) qui les aurait déshonoré (ce dernier ayant quand même le droit de se défendre !), celui d'attaquer une autre personne pour tester une arme ou une compétence de combat, si celle-ci était mise au ban de la société, la torture et l'exécution de criminels. Et bien sûr l'usage du suicide rituel (seppuku) pour restaurer son honneur ou sur ordre d'un supérieur en compensation d'une faute grave. Mais qui dit rituel, dit "pas n'importe où, pas n'importe quand, ni n'importe comment". Bref, on ne passait pas son temps à s'éventrer chez les Samouraïs et l'on pouvait très bien mener une longue vie sans avoir à se sortir les boyaux ! Et appuyons en précisant que SEULS les Samourais pouvaient le pratiquer.

 

Au milieu du 17e siècle,le Bushido se propage dans les différentes couches de la population par des versions en écriture populaire ( kana), des résumés voire des enfantines. Vers 1900, il vient à la connaissance du monde occidental par le biais du " Bushido : the soul of Japan" de Nitabo Inazo. Cette ouvrage ne donne cependant qu'une image partielle du Bushido qui trompa longtemps les occidentaux.

 

Défaite des derniers samourais rebelles à Shiroyama (1877)Avec l'ouverture du Japon aux étrangers, le pouvoir central voit les grands seigneurs féodaux et les samouraïs comme des obstacles à la modernisation du pays. Après une courte guerre civile, ils sont écrasés en 1878. Toutefois, leurs héritiers continuèrent après cette date à demeurer très influent car ils occupaient des postes importants et s'étaient ralliés en majeure partie au nouveau régime impérial. Leur domaine n'est pas exclusivement militaire, on les retrouve aussi dans l'administration, l'agriculture, le commerce, l'industrie où ils répandent les valeurs morale du Bushido.

 

Dans le même temps, l'écrasement des Samouraïs traditionnels favorisait la montée en puissance du rôle de l'empereur dans le Bushido. On lui devait désormais la plus grande loyauté et un dévouement absolu allant jusqu'à l'autosacrifice. La diffusion d'une partie des principes du Bushido à l'ensemble de la société japonaise allait faire admettre à celle ci comme normal d'être loyal envers l'empereur.

 

Des influences européennes seront alors aussi adoptées dans le Bushido. Avant la guerre franco-allemande de 1870, le Japon imitait pour son armée le modèle français. Avec la victoire de la Prusse, ce sera  l’armée impériale allemande qui servira de modèle, avec une conception rigide de la discipline.

 

Le pouvoir central ne tardera pas en profiter pour le Bushido comme outil de propagande pour justifier sa politique expansionniste, son nationalisme et son militarisme. Dès 1882 le " Rescrit Imperial aux Marins et Soldats" introduit la notion que de par sa naissance, l'individu est redevable d'une dette envers sa patrie, idée auparavant totalement étrangère au Bushido. Il estompait aussi les notions précédentes d'humanité et d'empathie qui existaient avant en mettant l'accent sur la préservation des "valeurs traditionnelles du Japon".

 

La victoire du Japon sur les Chinois et les Russes en 1895 renforça la fierté placée dans le Bushido, ce dernier ayant été considéré comme étant "à l'origine du succès militaire".

Cette interprétation du Bushido souleva évidemment des critiques de la part de ceux qui estimaient que certains des aspects les plus noirs du Bushido devaient être abandonnés et que l'interprétation contemporaine devait être corrigé, mais le pouvoir militaire et la censure fit taire peu à peu leurs voix.

 

A partir de 1937, le Bushido sera présenté comme un moyen de défendre et d'exalter les valeurs traditionnelles du Japon par rapport  aux occidentales. La guerre et l'état de soldat était présenté comme une "purification" et la mort au combat un devoir.

 

Durant la guerre, les Japonais croyaient que la croyance dans le bushido leur donnerait l'avantage car les Japonais aspiraient à mourir pour l'empereur, tandis que les Américains avaient peur de mourir et donc se montraient plus faibles.

 

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b) Le sport, école de la guerre

 

Après 1868, se popularisa pour les entraînements aux arts martiaux le  Ogasawara-ryu,Combat de Kendo à bord d'un navire de guerre japonais
une méthode combinant certains aspects du Bushido avec les idéaux nationalistes. Les arts martiaux étaient pratiqués non pour préserver des techniques anciennes dans le monde moderne, mais pour préserver un ancien système de valeur qui alimentait l'esprit nationaliste, comme le préconisait  Kano Jigoro.

Dès 1899, les principales fédérations d'arts martiaux furent rattachées au Ministère de la Guerre et placées sous le contrôle de l'état, ce qui en dit plus long qu'un simple discours.

 

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c) L'armée : une discipline de fer

 

Organisée sur le modèle prussien depuis 1871, l'armée japonaise adopta une discipline d'une extrême sévérité. L'obéissance à un ordre se devait être absolue et passer au-dessus des restrictions morales ou confessionnelles du soldat. Le supérieur, qu'il soit simple sous-officier ou général, exprimait la volonté de l'empereur et transgresser ou interpréter celle ci était une faute majeure. Tout ordre devait être exécuté à la lettre et le plus vite possible.

Hideki Tojo passe en revue des soldats (1942-1943)"[Le soldat] ne doit faire plus qu'un avec son supérieur. Il doit en fait devenir son supérieur. De même, il doit devenir l'ordre qu'il reçoit. Autrement dit, son moi doit disparaître. Ainsi, sur le champ de bataille, il avancera quand on lui dira d'avancer [...] Si en revanche il pense qu'il va mourir et agit en conséquence, il sera incapable de bien se battre. Il est donc nécessaire qu'il soit capable d'agir librement et sans entrave."

Général Okubo Kôichi, janvier 1937.

 

Ainsi, le général Hideki Tojo était réputé lorsqu'il donnait des ordres de gifler ses subordonnés. Sadisme ? Non, à priori. Tojo frappait ses subordonnés parce que ceux ci ne venaient pas de familles appartenant à la caste des samouraïs. C'était pour lui le moyen "de les entraîner", parce que pour les hommes sous ses ordres le Bushido n'était pas une seconde nature. Le même appellera de ses voeux dans un livre publiée par le Ministère de la Guerre que le Japon soit un état totalitaire organisé autour du concept de "défense nationale".

 

Ce livre comprenait aussi 15 autres essais écrits par des officiers généraux de la même tonalité avec dedans l'affirmation que dans la guerre Russo-Japonaise de 1895 la victoire n'avait été donné au Japon que "parce que les Japonais avaient la volonté de vaincre et ne craignaient pas de mourir, au contraire des Russes".

 

La vie n'était pas facile pour le simple soldat japonais. Soumis à une discipline de fer, à la brutalité, voire au sadisme de ses supérieurs, il était souvent victime de punitions corporelles qui pouvaient entraîner la mort. Par exemple, un supérieur qui jugeait qu'un homme avait commis une faute ou désobéi pouvait ordonner aux autres soldats sous peine d'être eux aussi punis, de le rosser à coups de poing ou de pieds pour avoir "déshonoré leur unité". Le traitement infligé aux soldats était un véritable "lavage de cerveau" destiné à les transformer en machines incapables de penser par elles-mêmes.

 

Le soldat  Saitô Mutsuo témoigne : "Je ne me souviens pas d'une seule nuit passée sans que quelqu'un ait été battu pour quelque chose. Les premiers jours, bien entendu, ça nous mettait en colère, mais jamais il n'y a eu la moindre résistance sérieuse. Voici la raison : du réveil au coucher, nous n'avions jamais ne serait ce que cinq minutes pour penser. Quand les humains sont privés de temps pour réfléchir, savez vous ce qui leur arrive ? Ils deviennent des machines. C'était cela le but du système. Nous perdîmes tout sentiment de fierté en nous mêmes ou pour nos réalisations. Nous étions abandonnés  à nos deux instincts les plus primaires : manger et dormir".

 

Lorsque le cours de la guerre tournera au désavantage du Japon, la propagandeAffiche de propagande japonaise pour les Kamikaze (1944-1945)
impériale fera de plus en plus appel à l'esprit du Bushido pour imposer l'idée que la victoire finale ne dépendait que de la fermeté et de l'unité du peuple japonais.

 

Après la défaite d' Attu en mai 1943, le gouvernement japonais présentera la mort des quelques 2000 hommes de la garnison comme une épopée montrant l'esprit combatif de la nation nippone.

 

En octobre 1944, la Marine Japonaise planifia une offensive sur la flotte de débarquement dans le  Golfe de Leyte (Philippines) en engageant tous les navires disponibles. Si l'attaque échouait, cela risquait d'entraîner la destruction de toute la flotte japonaise. Certains s'en émurent et manifestèrent leur inquiétude. On les fit taire en leur disant que cela permettrait aux marins "de fleurir comme les fleurs de la mort" (sic!).

 

Quant il est devenu évident que les pilotes américains mieux entraînés que les pilotes japonais avec des avions plus nombreux et plus performants s'imposaient dans le ciel, la proposition d'attaque "Kamikaze" se heurta d'abord à de fortes réticences. C'est le désespoir face à l'avance inexorable des Américains qui amena l'acceptation des plus réservés.

 

Ces attaques furent alors célébrés par la propagande comme représentant l'essence même du Bushido. Toute la stratégie militaire du Japon se basa alors sur les "Kamikaze" et la résistance à outrance. Elles ne reflétaient en fait que le fait que le Japon était déjà vaincu.

 

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 8) Conclusion : Le Japon, un état fasciste ?

 

Affiche Japonaise célébrant la signature du Pacte Tripartie (1940)Le Japon de l'époque 1937-1945 est clairement un régime militariste, racialiste, nationaliste et fascisant.

La signature du Pacte Tripartite le 27 septembre 1940 avec l'Italie de  Mussolini et l'Allemagne d' Hitler en est la confirmation symbolique.

 

Il n'y avait plus d'opposition cohérente à celui-ci, les adversaires potentiels (démocrates, communistes, pacifistes et une partie de l'intelligentsia) étaient muselés par la censure, emprisonnés ou mis au ban de la société.

 

L'esprit formaté et cadenassé par une propagande nationaliste outrancière et quasi omniprésente, le/la japonais(e) n'avait guère de moyen de s'en soustraire ou d'afficher une liberté de conscience.

 

Le système était ensuite assez pernicieux pour autoriser l'expression légale de mouvements (notamment féministes) si ceux ci affichaient une unité de ton avec la politique expansionniste du Japon.

 

A noter par contre que l'antisémitisme était très peu répandu au Japon. Quelques japonais furent certes influencés par les thèses nationales socialistes, mais ils étaient très minoritaires.

Il y avait des Juifs réfugiés à  Shangaï dans les concessions internationales. Hitler demanda au gouvernement japonais d'intervenir contre ceux ci. Son appel demeura sans réponse !

Quand cette concession sera occupée par les Japonais en 1943, aucune mesure spécifique ne sera prise contre les Juifs.

 

Ceci nous emmène vers la question du traitement de "l'autre" par les soldats et marins japonais.

 

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IV) Le Japon et les autres

 

Durant la guerre, le comportement des soldats et marins japonais envers les peuples soumis à leur autorité ou les captifs sera marqué par une grande brutalité et cruauté.

 

Cela n'est pas arrivé par accident et tous les japonais n'étaient pas des pervers sadiques. Mais le dévoiement du Bushido, du bouddhisme, du Shintoïsme et des années de propagande racialiste et nationaliste effacèrent bien des principes moraux et firent sauter des barrières morales.

 

Il faut par exemple ne pas oublier que l'on avait inculqué à tous les soldats que se rendre était une trahison envers l'empereur et son pays. Dans ce cadre, tout soldat ennemi qui se rendait, quelque soit la bravoure qu'il avait montré au combat, était considéré comme un couard et un traître à son propre pays. Du coup, le fait de les brutaliser ou de les exécuter (noyade, décapitation, fusillade) était absous d'avance. Et le Japon n'avait pas signé la " Convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre".

Dans les premiers mois du conflit, les soldats occidentaux ignoraient tout cela. Ils s'imaginaient, souvent trompés par la propagande japonaises ou des mensonges, que s'ils étaient capturés ou se rendaient les Japonais les traiteraient selon ladite Convention. C'est trop tard qu'ils se rendaient compte de leur erreur !

 

Cependant, on doit distinguer quatre différentes catégories :

 

- les civils "asiatiques" (chinois, coréen, philippins, malais, papous, océaniens ...)

- les militaires  "asiatiques" 

- les civils européens (américains, anglais, hollandais, australiens, autres européens ...)

- les militaires européens.

 

Et enfin, il faut aussi regarder comment la propagande japonaise présentait les soldats occidentaux à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale.

 

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1) Les civils asiatiques

 

En théorie, en tant que créateur de la " Sphère de coprospérité de la Grande Asie Orientale", les Japonais avaient pour but de libérer les peuples d'Asie du joug des puissances coloniales et leur donner une égalité de droits avec eux. Le tout dans un vaste espace où les ressources seraient équitablement partagée, dans la paix, la joie et la prospérité, à contrario des administrations coloniales.

 

La réalité fut tout autre ! Les Japonais avaient pour objectif réel de faire main basse sur les ressources locales : riz, pétrole, charbon, minerai de fer, bois précieux, etc ...

En Indochine, en Indonésie, aux Philippines et en Chine leurs demandes en riz provoqueront la famine, tandis que des millions de personnes seront forcées de travailler jusqu'à l'épuisement où la mort dans les champs ou les mines. Des dizaines de milliers de femmes, chinoises, coréennes, indonésiennes et même japonaises (et quelques européennes) seront contraintes de devenir des "Femmes de réconfort" pour les soldats japonais. Souvent, elles étaient mineures et ont estime que une sur cinq est morte de maladie vénérienne, de mauvais traitement ou par suicide.

 

Le sentiment ancré chez beaucoup de Japonais qu'ils étaient "le sel de la terre" les conduisait à mépriser les peuples sous leur domination et à les traiter comme une main d'oeuvre corvéable à merci. Ainsi, des dizaines de milliers de chinois seront déportés en Mandchourie pour servir de main d'oeuvre pour du travail forcé dans les mines, les fonderies ou sur les fermes des colons japonais.

 

Pour s'assurer une "collaboration" et une "interface" avec la population, ils installèrent des gouvernements fantoches : en Mandchourie, ce sera Puyi, la Mongolie Intérieure ( Mengjiang) Demchugdongrub, la Chine aura le  gouvernement de Nankin dirigé par  Wang Jingwei, les Philippines le gouvernement de José P. Laurel, la Birmanie avec Ba Maw... 

Souvent ces pays (notamment les Philippines) avaient des dirigeants qui étaient de vrais nationalistes qui pensaient sincèrement que le Japon allait les délivrer du joug (réel) des colonisateurs occidentaux.

 

Dans les faits, les généraux et les administrateurs japonais contrôlaient tout, y compris en Chine, en Mongolie Intérieure (Mengjiang) et en Mandchourie le commerce de la drogue (opium, héroïne, morphine), le dernier état mentionné pouvant même être qualifié de "Etat-dealer".

L'argent de la drogue servait à "subventionner" les états vassaux sans avoir à bourse délier tout en assommant la population avec celle-ci.

  

La brutalité des autorités et des soldats japonais provoqueront l'hostilité des habitants des régions concernés, qui, sans vouloir le retour des colonisateurs européens (tout'd'même!) recevront bien souvent les soldats (notamment américains) comme des libérateurs.

 

Cette brutalité japonaises se manifestait par la pratique courante d'arrestationsCorps de civils chinois assassinés par les Japonais (1937 ?)
arbitraires et de la torture ainsi que d'exécution de masse pour terrifier les populations locales et étouffer par la peur toute tentative de révolte. En Chine, où aucune distinction n'est faite par les Japonais entre civils et militaires chinois, , les massacres de Nankin sont exemplaires.

 

L'état major de la 10e armée en Chine, en 1937 ordonne : "[...] tout particulièrement dans la région de Shanghai, mêmes les simples habitants chinois - et cela inclut les vieillards, les femmes et les enfants- se comportent parfois en espion pour informer l'ennemi de nos mouvements et l'aider à nous attaquer. Cela leur arrive aussi d'attaquer nos soldats, quand ils opèrent individuellement ou en petit nombre [...] Si de tels actes sont commis, vous aurez à prendre des mesures sévères contre leurs auteurs, sans hésiter"

 

Dans le sud-est asiatique, les armées japonaises tenteront de se montrer plus "modérées" qu'en Chine. Mais les soldats avaient été trop habitués à exercer une violence sans frein là-bas pour agir autrement. Et cela empirera à l'approche de la défaite !

Début 1945 les soldats reçoivent les consignes suivantes pour Manille (Philippines) : "1. Ne manquez pas l'occasion de brûler la ville entière quand l'ennemi aura débarqué; 2. Pour tuer des Philippins, faites les se rassembler en un seul lieu et éliminez les en visant à épargner les munitions et le travail. Dans la mesure où le gouvernement Philippin (celui fantoche de Laurel) s'émeut du traitement des cadavres, rassemblez les dans des bâtiments susceptibles d'être brulés ou bombardés, ou jetez les à la rivière."

 

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2) Les militaires asiatiques

Prisonniers chinois gardés par un soldat japonais (vers 1938)Les Japonais tenteront toujours d'inciter les prisonniers de guerre de se retourner contre leurs oppresseurs coloniaux. cela ne les empêchera pas cependant aussi de les martyriser et de les massacrer. Ainsi, à Parit Suong (Malaisie, 1942), 40 soldats indiens partageront le sort de 110 australiens : exécutés à la mitrailleuse, les blessés achevés à la baïonnette, puis les corps brûlés avant d'être écrasés par des camions ! Imbus de leur "supériorité raciale", le comportement des japonais envers les autres sera souvent marqué par l'incohérence.

 

Ainsi, ils formeront à partir de prisonniers de guerre hindous nationalistes une " arméeChandra Bose passant en revue une unité de l'Armée Nationale de Libération en 1944
de libération
" de 40000 hommes sous le patronage de Chandra Bose. Ils organiseront aussi une armée chinoise pour lutter contre Tchang Kaï Chek et les Communistes. Sans pour autant "éviter" d'exécuter sommairement des prisonniers ou de les réduire aux travaux forcés.

 

Disposant d'effectifs réduits, d'un matériel de moindre qualité que les armées japonaises, ces troupes birmanes, indiennes ou chinoises n'auront que peu d'impact, d'autant que les Japonais avaient des doutes sur leur fidélité, doutes qui prendront corps à la toute fin de la guerre, notamment quand l'armée de Nankin se ralliera à celle de Tchang Kaï Chek en 1945 !

 

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3) Les civils européens

 

La façon dont les Japonais ont traités les occidentaux (européens et euro-américains) a été fort rude. Elle a été cependant plus "douce" que celle qu'ont subi les civils asiatique.

Est ce à dire qu'il n'y a jamais eu de massacres d'occidentaux ? Il y en a eu et nous verrons cela ensuite.

 

Pour les Japonais, les occidentaux étaient ceux qu'ils voulaient égaler ou dépasser. L'une des grandes sources de frustration des nationalistes japonais était de n'avoir pas été considéré en 1918 comme un partenaire égal parmi les grandes puissances d'alors (Etats Unis, Grande Bretagne et France).

 

Ils étaient aussi des concurrents et une menace. Les japonais n'oubliaient pas que leurs intérêts et ceux des européens étaient divergents en Chine ou que c'est la menace des canonnières américaines qui les avaient forcé à rompre leur isolement relatif.

Bref, leur attitude souvent ambigüe s'explique tout à la fois par un sentiment de frustration et un de supériorité les conduisant à humilier et brutaliser leurs prisonniers.

 

Détail que l'on retrouvera chez les militaires européens capturés, des connaissances élémentaires en langue japonaise pouvait faire une différence dans le traitement accordé par les Japonais à leurs prisonniers. 

 

D'où des attitudes incohérentes : en Indonésie, certains civils hollandais ou couples mixtes restèrent libres jusqu'en 1944-1945 en ne subissant que peu de vexations, même s'ils partageaient les privations du peuple indonésien, alors que d'autres furent mis dans des camps d'internement dès la conquête des îles! Les civils allemands présents en Indonésie ou en Papouasie ne furent pas mieux traité que les autres, alors même que l'Allemagne était l'alliée du Japon!

 

Citons l'exemple du commandant de camp de femmes (et d'enfants) Yamaji TadashiFemmes internées dans le camp de Palembang (Sumatra) devant s'incliner devant leurs gardes japonais.
(1916-1970) en Indonésie, sans doute l'un des plus humains qu'il y eut. En août 1943, il aide les détenues à surmonter une épidémie de dysenterie. Il les fait vacciner contre le choléra et le typhus. Il va jusque convoquer deux médecins militaires japonais pour soigner deux enfants malades. Mieux, contre les ordres reçus, il autorise la reprise de l'instruction des enfants en juillet 1943, la construction d'un jardin d'enfant, d'une école primaire et d'un lycée pour les 400 jeunes du camp! Il ira jusqu'à autoriser la fête de la reine Wilhelmine des Pays Bas (la majorité des détenues sont hollandaise), la célébration de Noël 1944 et de la Nouvelle Année.

 

Mais ce même Yamaji Tadashi, lors d'une alerte aérienne, n'hésitera pas à battre comme plâtre deux prisonnières qui avaient aidé une prisonnière plus âgée à gagner un abri . Comme elles n'avaient pas été assez rapides à son goût il frappera la vieille dame et battra les deux plus jeunes avec une batte de bois au point qu'elles en souffriront des semaines durant. Il ajoutera : "La prochaine fois, vous courrez ! ".

 

Sonei à son procès. Condamné à mort, il sera exécuté.Que dire alors quand un sadique pouvait donner libre cours à ses pulsions comme Sonei, le commandant du camp de Cideng (Indonésie). Une détenue,  Lydia Chagoll, alors adolescente, en parle ainsi : "Pour Sonei, tout les prétextes étaient bons pour nous imposer un rassemblement. Chaque jour, nous étions harcelées, pourchassées, humiliées et brutalisées. Les appels se suivaient sans cesse. Une punition en entraînait une autre [...] Sonei avait du pouvoir. Sonei usait de son pouvoir. Et Sonei frappait. Il frappait avec la force d'un géant, avec la violence d'un fou déchaîné. Sonei, un officier de l'armée japonaise, une crapule."

 

 Principal ennemi des détenus : la faim. Déjà maigres en 1942, les rations deviendront insuffisantes en 1944-1945, provoquant la mort par dénutrition de nombres d'internés. Dans les camps de femmes, certaines accepteront de devenir des prostituées pour les soldats japonais, seulement pour échapper à la faim et aux conditions d'hygiène désastreuses.

 

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4) Les militaires européens.

 

Sous ce vocable, je regroupe les Australiens, les Anglais, les néo-Zélandais, les Hollandais, les Américains, les Canadiens et les  Français d'Indochine (à partir de mars 1945).

 

Contrairement aux chinois, les occidentaux n'étaient pas mis à mort dès leur capture. Cela ne veut pas dire pour autant qu'ils étaient traités correctement ! Ainsi, le 4 février 1942, à  Tol (Nouvelle Bretagne), 160 australiens furent entravés, emmenés dans la jungle et massacrés à la baïonnette par les soldats japonais.

 

Le 28 avril 1942, on pouvait lire ceci dans le journal anglophone (!), le "Japan Times & Advertiser" : "[Les Américains] se rendent après avoir sacrifié toutes les vies à leur portée, les leurs exceptées [...] On ne peut les traiter comme des prisonniers de guerre ordinaires. Ils ont déchiré les commandements de Dieu, et la défaite et leur punition [...] Oeil pour oeil, dent pour dent. L'hésitation n'est pas permise : les êtres malfaisants doivent être éliminés."

 

 Pour eux, les "marches de la mort". A Bataan, après la capitulation américaine, 76000Une scène de la "Bataan Death March" dessinée par le survivant Ben Steele
soldats américains et philippins se virent infliger une marche de 120 km. Près de 6000 mourront d'épuisement, de leurs blessures ou achevés par les gardes japonais quand ils n'étaient victimes d'actes de pur sadisme. Ce n'est pas un cas exceptionnel. 

 

En 1944-1945, des dizaines de milliers de prisonniers seront envoyés du sud-est asiatique vers des camps au Japon dans des bateaux justement nommés "Hell's ship" en raison des conditions effroyables du transfert dans des cales bondées et surchauffés. Des milliers d'hommes périront lors du transport, sans compter ceux qui auront la malchance d'être attaqués par des sous-marins alliés, qui n'étaient pas évidemment au courant de la présence des prisonniers. Cela donnera des drames tels celui du Shin’yo Maru, le 7 septembre 1944 qui entraînera la mort de 687 prisonniers sur 769. Cas qui n'est pas unique, les Japonais ouvriront le feu depuis les bateaux de secours sur les prisonniers qui essayaient d'échapper à la noyade.

 

Prisonniers alliés à leur libération en 1945Les "camps" étaient en comparaison des havres de paix, les gardes se contentant souvent d'empêcher tout contact avec l'extérieur. Mais l'hygiène y était déplorable, la famine régnait et tout le monde devait travailler, sauf les officiers. Un prisonnier d'un camp le long de la rivière  Kwaï (où), Klaas Kooy témoigne : "Chaque matin à l'aube, le même scénario recommençait. Notre docteur et notre commandant essayait de discuter avec les Japs, d'obtenir que les malades soient dispensés de travail. Les Japonais répondaient en hurlant et en gesticulant : ils proféraient je ne sais quelles menaces et quelles injures dans leur langue et dans un anglais peu compréhensible."

La faim ? Klaas Kooy continue son témoignage : "Il m'est arrivé de manger crus des vers que l'on trouve dans les latrines. Ils n'avaient aucun goût !".

On est loin de l'atmosphère gentillette de colonie de vacances du fameux film "Le pont de la rivière Kwaï"! Sur les "travailleurs" chargés de construire la voie de chemin de fer "Siam-Birmanie" sont mort 90000 civils sur 180000 (Thaïlandais et Birmans) et 16000 prisonniers de guerre sur 60000 !

 

Le travail forcé ? Dans la mine taiwanaise de Kinkaseki deux prisonniers britanniques avaient été accusé d'avoir volontairement détérioré un foret. Ils furent enfermés durant trois jours dans des cages cubiques en bambou où il était impossible de se tenir debout. S'ils faisaient mine de s'asseoir ou de s'affaler, ils étaient douché à l'eau froide et frappés à coup de bambou. Dès le lendemain de leur sortie, ils durent retourner au travail.

Conditions de travail qui ravalent "Germinal" au rang d'une bluette enfantine ...

 

Les aviateurs américains abattus au-dessus du Japon pouvaient s'attendre au pire depuis le raid Doolittle de 1942. Sur les 8 pilotes tombés entre les mains des Japonais, trois furent exécutés comme "terroristes" après un simulacre de procès.

En tout, sur les 545 pilotes alliés capturés par les japonais, 132 furent exécutés, 29 tués par des civils, 94 périrent lors de leur détention, dont 52 lors du bombardement de Tokyo les 25-26 mai 1945. Six ou huit autres "servirent" pour des expériences de vivisection de l’unité 731 (mai-juin 1945).

 

Ajoutons pour terminer, bien qu'aucune trace d'un ordre formel n'ait été découvert dans les archives japonaises, qu'à plusieurs reprises des prisonniers alliés ont été massacré par l'armée japonaise (notamment à Bornéo) avant l'arrivée de leurs libérateurs. Et que les internés civils et les militaires prisonniers étaient très inquiets de leur sort au fur et à mesure que la possibilité d'un débarquement se précisait.

 

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5) La propagande japonaise de guerre et les occidentaux

 

Pour le pouvoir militariste japonais, il était essentiel au fur et à mesure que la guerreChurchill et Roosevelt vus par la propagande japonaise
tournait à son désavantage de persuader le peuple japonais de l'importance de maintenir son unité, de garder sa foi en la victoire finale et de l'empêcher d'avoir l'idée de se rendre aux occidentaux.

Pour cela, il fallait les dépeindre comme des lâches et des monstres assoiffés de sang ...

 

On leur faisait croire que les Chinois brûlaient vifs leurs prisonniers. Sur l'île de Saipan, on leur dira que pour devenir un "Marine", les postulants devaient assassiner leurs propres parents et qu'ils violaient et tuaient systématiquement les femmes asiatiques. Que les Japonais capturés seraient écrasés par des tanks ou des bulldozers. Sans compter comme nous l'avons vu plus haut l'exaltation du sacrifice personnel à la Patrie et à l'Empereur.

 

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V) Les européens et les Japonais

 

1) L'autre versant de la colline : le racisme envers les asiatiques

 

Depuis le début de cet article, on peut avoir l'impression que les japonais étaient monstrueux et que les démocraties occidentales étaient "propres sur elles".

Or, le racisme envers les asiatiques existait bien avant Pearl Harbor et même avant l'ouverture du Japon aux Occidentaux.

 

Dès 1882, pour répondre à l'angoisse d'une marée d'émigrants asiatiques les Etats Unis adoptent une législation interdisant l'immigration chinoise et japonaise et rendant impossible à ceux résidant déjà dans le pays d'en prendre la nationalité. L'Australie prendra une loi similaire en 1901 et le Canada en 1923. 

 

 

Aux Etats Unis, il y aura des émeutes antichinoises en 1871 à  Los Angeles (19 morts) et en 1885 à  Rock Springs au Wyoming (28 morts). On reproche alors aux Chinois d'être des briseurs de grève, d'être pauvres, sales et lâches.

 

On les contraints de vivre dans des ghettos, les " Chinatown" qui amènent d'autres clichés : les chinois seraient des trafiquants de drogues, s'adonneraient au proxénétisme, aux jeux d'argent et à mille autres crimes sous le contrôle de sociétés secrètes.

En 1901, avec l'apparition en France sous la plume d'un économiste du terme " Péril Jaune" naît le fantasme d'un monde "blanc" qui serait submergé par la population grouillante, misérable et ignorante des "jaunes", japonais et chinois.

 

Dans la littérature, les Comics, les films, le "jaune" est dépend comme un être cruel, sournois et machiavélique.

 

On retrouvera en abondance tout cela dans la propagande alliée de la Seconde Guerre Mondiale, avec quelques exemples ci-dessous : 

 

Affiche de propagande américaine, 1942Affiche de propagande américaine, 1942

Affiche de propagande du Dr Seuss, 1942https://j387mediahistory.weebly.com/uploads/6/4/2/2/6422481/02.jpg

Les soldats alliés n'avaient pas tous des idées racistes envers les asiatiques, bien évidemment. Mais beaucoup durant le combat firent l'amère expérience de soldats japonais feignant de se rendre avant de se faire sauter à la grenade près des soldats.

Beaucoup, à  Guadalcanal où ailleurs firent l'expérience de retrouver certains des leurs blessés, piégés à l'explosif par les Japonais pour sauter dès que l'on tenterait de les déplacer.

 

Et des histoires trop souvent véridiques couraient les unités : celles de marins naufragés mitraillés, de prisonniers assassinés et torturés, de pilotes de bombardiers exécutés après un simulacre de jugement, etc ...

 

Il était alors très facile pour ces hommes d'oublier qu'en face d'eux, il y avait d'autres hommes, ni meilleurs, ni pires qu'eux. Surtout dans la fureur du combat, comme le montre cet extrait de la mini-série " Pacific" lors de la bataille d' Okinawa en 1945. "Après tout, on est là pour tuer des Japs, non ?" dit l'un des soldats.

 


 

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 VI) Les conséquences

 

On comprend déjà que la "surmortalité" des Japonais tient à deux réseaux de causes, l'une relevant du Japon et des Japonais eux même, l'autre, évidemment, de leurs adversaires.

Mais avant d'aller plus avant, sans faire un historique détaillé, rappelons les grandes lignes du conflit mondial dans le Pacifique et l'Asie du Sud-Est

 

Expansion japonaise

7 décembre 1941 : Attaque de Pearl Harbour

15 janvier 1942 : Prise de  Singapour (80000 prisonniers anglais et du Commonwealth)

23 janvier 1942 : Attaque de la Nouvelle-Guinée. L'avance japonaise sera bloquée en septembre 1942.

12 mars 1942 : Conquête de l'Indonésie

9 avril 1942 : Capitulation de  Bataan (76000 prisonniers américains et philippins). Fin de la conquête japonaise des Philippines).

4-8 mai 1942 : La flotte japonaise est tenue en échec lors de la bataille de la  Mer de Corail.

15 mai 1942 : Les Japonais coupent la  route terrestre entre la Chine et l'Inde par la Birmanie. Apogée de l'expansion japonaise.

4-7 juin 1942 : Défaite de la flotte japonaise à  Midway

 

Contres offensives alliées

9 février 1943 : Victoire américaine de Guadalcanal (1000 japonais capturés sur 32000 hommes)

21-23 novembre 1943 : Bataille de  Tarawa (17 japonais capturés sur 3600 soldats)

8 mars - 8 juillet 1944 : Echec d'une offensive japonaise vers l'Inde près d' Imphal

15 juin 1944 : Début du bombardement stratégique du Japon, d'abord de Chine, puis des Îles Mariannes, après la prise de Guam (voir plus bas)

19-20 juin 1944 : Défaite navale japonaise à la bataille de la Mer des Philippines. L'aviation aéronavale japonaise est décimée.

9 juillet 1944 : Prise de  Saipan. Crise gouvernementale au Japon (921 prisonniers japonais sur 32000 hommes)

1e août 1944 : Prise de Tinian, future base de départ pour les avions porteurs de la bombe atomique (plus de 6000 soldats japonais tués, 236 prisonniers)

10 août 1944 : Prise de  Guam 

17 octobre 1944 : Débarquement américain à  Leyte (Philippines)

23 au 26 octobre 1944 : Défaite navale japonaise du  Golfe de Leyte, la plus grande bataille navale de l'histoire.

25 octobre 1944 : 1er attaque "Kamikaze" lors de la bataille du Golfe de Leyte

2 février  1945 : Rétablissement de la route terrestre entre l'Inde et la Chine

19 février - 26 mars 1945 : Prise d' Iwo Jima (216 japonais capturés sur 22000 hommes)

9-10 mars 1945 : Bombardement avec des bombes incendiaires de  Tokyo (100000 morts ? et plus d'un million de sans-abri)

1e avril - 22 juin 1945 : Prise d' Okinawa. Sur plus de 100000 soldats japonais, 7000 seront capturés.

26 juillet 1945 : Déclaration de Potsdam : Les alliés demandent au Japon de capituler sans condition sous peine d'une "destruction rapide et totale". Le gouvernement japonais cherche alors la médiation de l'URSS pour parvenir à un armistice ou une reddition conditionnelle. La réaction officielle du gouvernement japonais (indifférence) convainc les alliés est comprise par les alliés comme un refus.

6 août 1945 : Bombardement nucléaire d' Hiroshima (plus de 100000 morts)

7 août 1945 ; Second ultimatum américain? Absence de réponse du gouvernement japonais.

9 août 1945 : Bombardement nucléaire de  Nagasaki (prés de 80000 morts). L'URSS attaque le Japon.

20 août 1945 : Dernière attaque Kamikaze

2 septembre 1945 : Capitulation du Japon.

1er décembre 1945 : L'unité du Capitaine  Sakae Oba (une quarantaine d'hommes accompagnées de près de 200 civils japonais) se rend à Guam. C'est la dernière unité organisée à déposer les armes.

 

Maintenant, examinons les options qui se présentaient à l'esprit des soldats et civils japonais, compte tenu de tout ce qui a déjà été analysé ...

 

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1) Les soldats japonais : mourir ou se rendre ?

 

Pour les soldats japonais, les options étaient les suivantes :

- mourir au combat;

- se suicider pour éviter d'infliger à sa famille la peine et la douleur de l'humiliation

- se rendre, en évitant les tirs des copains (Ah! le lâche!) et ceux des alliés (Encore une "face de citron" qui tente de nous piéger!).

 

Bref, rien de réjouissant ! Durant le second conflit mondial, l'armée japonaise perdra selon les calculs entre 2100000 et 2300000 morts. Les Américains perdront un peu plus de 150000 hommes, les Australiens 40000, les Anglais et les autres du Commonwealth 80000.

Sans faire entrer en compte les pertes chinoises qui se chiffrent par millions de soldats et de civils (1937-1945), la différence est flagrante !

 

- Mourir au combat ?

   Lors d'une guerre, rien n'est plus facile que de mourir au combat : une imprudence suffit. Mais les Japonais ont inventé un concept nouveau, la charge "Banzaï", et cela dès la guerre russo-japonaise de 1905.

. Il s'agit de rassembler tous les soldats en état de marcher. D'équiper ceux qui n'ont plus d'armes de grenades ou de lances en bambous, puis de lancer tout le monde dans une attaque frontale contre les positions alliées avec ordre de se battre jusqu'à la mort. 

Ces attaques n'ont jamais donné de résultat stratégiques probants et étaient très critiqués par quelques officiers soucieux de faire de leur mort et de celles de leurs hommes quelque chose de plus efficace. Par des actions de guérilla par exemple, comme le Capitaine Sakae Oba. Malgré tout, elles étaient effrayantes pour les soldats alliés.

 

Le 7 juillet 1944, sur l'île de Saïpan, le lieutenant-général Saïto Yoshitsugu ordonna à ses quelques 4000 hommes encore valides de lancer une charge suicide contre deux bataillons de l'armée américaine. Un grand nombre de civils, armés de lances en bambou les accompagnaient. Ils se lancèrent contre des positions retranchées équipées de mitrailleuses lourdes. Ce fut un carnage. Les américains perdirent 650 hommes. Certains japonais réussirent à percer les lignes américaines et à parvenir jusqu'aux abords d'un hôpital de campagne, mais tous les participants à la charge furent tués, ou, blessés, se suicidèrent, comme le fit Yoshitsugu.

 

Le film japonais " Oba : the last samuraï" montre justement cette charge. A noter que l'action est vue de deux côtés, sans qu'il y ait un "bon" côté" ou un "mauvais".

 


 

- Se suicider pour éviter d'infliger la peine et le douleur de l'humiliation ?

Un ancien prisonnier de guerre japonais témoigne anonymement auprès d'un historien : "La honte de la capture était simplement quelque chose d'insupportable, nos conventions et nos histoires sont différentes. Nous fûmes choqués d'apprendre que les prisonniers américains et australiens demandaient vraiment que leurs noms soient envoyés chez eux, pour que leurs familles sachent qu'ils étaient en vie. Nous n'aurions jamais infligé cela à nos familles. Nous ne recevions pas de courrier, et nous n'en voulions pas. Nous étions des hommes morts. Nous avions été déshonorés, et nous ressentions nos vies en tant que Japonais comme finies. Franchement, j'avais l'impression de ne plus jamais pouvoir faire face à ma famille."

Ajoutons que ces prisonniers craignaient que l'humiliation de leur famille empêche une soeur de trouver un mari convenable ou à un frère de poursuivre des études supérieures pour avoir un bon métier.

 

D'où les suicides pour éviter la capture sur le champ de bataille, mais aussi quelques "révoltes suicides" comme à  Featherston (Nouvelle Zelande) le 25 février 1943 ou sur 720 japonais détenus, 48 furent tués et 74 blessés.

 

D'où aussi des pétitions signées par certains des 45000 japonais capturés par les alliés pour obtenir le droit de rester dans le pays les détenant. Généralement, les prisonniers japonais donnaient de fausses identités pour protéger leurs familles du déshonneur. S'ils ne le faisaient pas, les autorités japonaises n'informaient de toute façon pas les familles.

 

Quel aurait l'accueil des proches pour eux? Un exemple nous est donné par un pilote kamikaze, Takehiko Ena. Pour ces attaques on utilisait de préférence des avions hors d'âge, gardant les meilleurs pour d'autres missions, mais en plus la disette de carburant était telle au Japon en 1945 que celle-ci était souvent "coupée" avec des adjuvants provoquant des pannes moteurs.

Ainsi, alors qu'il devait mener une attaque Kamikaze, Ena fut distancé par ses coéquipiers en raison de difficultés dans l'alimentation en carburant de son moteur. La formation le perdit de vue et rentra à sa base sans avoir accompli sa mission suicide en raison du mauvais temps. A l'atterrissage, le commandant de la formation commenta la disparition d'Ena en mentionnant qu'il avait continué seul la mission. Tous les pilotes reçurent un "savon" en étant accusé de lâcheté, la vaillance d'Ena étant monté en épingle. Et on envoya un bel avis de décès à la famille.

En fait, Ena n'avait pas eu d'autre choix que d'amerrir. Il réussit à la nage à atteindre une île sur laquelle il passa plusieurs semaines seul, avant d'être récupéré par un bateau de pêche qui passait par là ... et apprendre la capitulation du Japon.

Le "mort-vivant" rentra chez lui où sa famille l'accueillit avec des larmes et des transports de joie. Sauf son père, étrangement glacial. Takehiko Ena ne tarda pas à comprendre : comme il avait été déclaré mort, un autel avait été édifié à sa mémoire. Et tous les voisins et connaissances de la famille avaient amené des offrandes, que le père ne pouvait rendre, d'où sa gêne !

 

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- se rendre : un sport à haut risque !

 

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Pour un soldat japonais ou un officier subalterne qui souhaitait se rendre, la route était semée d'embûches !

 

Premier problème : ses propres compatriotes ....

 

En effet, il n'était pas rare que des officiers ordonnent à leurs hommes de tirer sur celui ou ceux qui désirent se rendre ou qui portent un message de reddition. 

 

En supposant que notre homme réussisse à échapper à ce sort, il n'est toutefois pas encore tiré d'affaire, loin de là! Il lui faut survivre aux soldats alliés. 

En effet, couraient dans leurs rangs des histoires (pas toutes infondées) de soldats japonais feignant de se rendre pour les faire tomber dans un piège. D'où une grande méfiance de leur part et la tentation de tirer d'abord et de se questionner ensuite!

 

Soldats américains au repos à Guadalcanal 1942

Et il y a pire, comme le montre le témoignage du soldat Donald Fall, lors de la bataille de Guadalcanal : "Le second jour, à Guadalcanal [...] nous trouvâmes une série de photos de Marines qui avaient été découpés et mutilés à Wake. Le moment d'après, il y avait des Marines qui se promenaient avec des oreilles jap accrochés à leur ceinture avec des épingles de nourrice. On nous envoya un ordre qui rappelait que la mutilation était passible de la cour martiale. En Nouvelle Bretagne, bon nombre de nos gars qui capturaient des Japs essayaient de les forcer à ouvrir la bouche et leur arrachait leurs dents en or. Ils faisaient de même avec les cadavres. Au combat, vous acquérez un drôle d'état d'esprit. Vous pensez à ce qu'on vous a fait. Vous pouviez trouver un Marine mort, que les Japs avaient piégé. Nous trouvions des Japs morts qui étaient piégés. Et ils mutilaient les morts. Nous commençâmes à plonger à leur niveau".

Les soldats alliés finirent en effet par apprendre les massacres de prisonniers ou de civils européens. Cela n'allait pas les laisser indifférent et aux atrocités de l'un des camps répondront celles de l'autre camp dans un mécanisme que l'on retrouve hélas dans bien des guerres ...

 

Le vétéran  Ore Marion raconte qu'après un combat sanglant dans les îles Salomon, des soldats américains coupèrent trois têtes sur des cadavres japonais  et les exposèrent sur des piquets devant leurs lignes. Il poursuit "Le colonel voit les têtes des Japs sur les piquets et dit : Mon Dieu, les gars, qu'est-ce qui vous prend ? Vous vous comportez comme des animaux." Un jeune gars sale et puant lui répondit : 'C'est vrai, colonel. Nous sommes des animaux. Nous vivons comme des animaux, nous mangeons et sommes traités comme des animaux - bon sang, qu'est ce que vous espérez?"

 

Le soldat  Bill Crooks était australien et se battait en Nouvelle Guinée. Comme les autres Soldats australiens en Nouvelle Guinée, 1943
soldats australiens, il était informé du massacre à la mitrailleuse d'infirmières militaires sur l'île indonésienne de Bangka, de l'exécution à la baïonnette de militaires australiens lors de la prise de  Rabaul et du massacre des malades, blessés et d'une partie du personnel médical de l' Alexandra Hospital après la reddition de Singapour. Il conclut : "Nous avions juste à tuer chacune de ces têtes de salauds dès que nous tombions dessus. Nous savions que leur code "Bushido Banzai" (sic) était de ne pas faire de prisonniers de guerre et de se rendre".

Le même ajoute cependant : "Nous ne tuions pas les prisonniers malades. On s'occupait d'eux aussi bien que de nos propres hommes. Mais il fallait faire attention en les gardant. Si l'un de nos hommes avait perdu un parent ou si l'un de ses potes venait de périr horriblement dans un combat, alors ils (sic) pouvaient prendre leur revanche".

 

Et dans le pire, on peut toujours trouver pire. Comme on l'a vu, le racisme antiasiatique était déjà là bien avant 1941. Il allait pouvoir libérer les instincts les plus bas de certains.

L'une des photos parues dans "Life", 1944Un reportage de "Life" révéla en mai 1944 un trafic de trophées humains entre les champs de bataille et les Etats Unis. On collectionne les oreilles, on fait bouillir les têtes pour n'en garder que le crâne que l'on envoie comme presse papier. Un fou ira même plus loin en offrant un coupe-papier en os de japonais au président  Roosevelt qui le refusera et ordonnera que des mesures soit prise pour mettre un terme à ces pratiques barbares

.

Celles-ci arrivèrent aux oreilles des autorités japonaises qui les utiliseront pour dissuader soldats et civils de se rendre en leur permettant de traiter les américains de "bouchers" et de qualifier les soldats alliés de "démons bestiaux".

 

Le célèbre aviateur Charles Lindbergh, brigadier général dans l'armée américaine effectuera en 1944 une tournée d'inspection dans le Pacifique. A son retour aux Etats Unis, un douanier lui demandera benoîtement "s'il avait des ossements à déclarer"!

 

Une enquête montrera en juin 1945 que 84% des soldats et civils japonais capturés s'attendaient à être torturés ou tués après leur capture.

 

Bref, les chiffres sont clairs : 31000 morts japonais, 1000 prisonniers (1943). Saipan : près de 30000 morts (suicide compris) 921 prisonniers. Iwo Shima en 1945 : 19000 morts et disparus, 216 prisonniers (et environ 3000 qui se cachèrent), Okinawa la même année, mais plus tard : 110000 morts plus de 10000 prisonniers.

 

Pour se rendre, un soldat japonais devait avoir de la chance et du courage ! Paradoxal, non ?

 

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2) Les civils japonais : la crainte de la torture, du viol et de l'esclavage

 

Intoxiqués par une propagande qui présentait les anglo-saxons comme des monstres assoiffés de sang, les civils japonais préféraient se suicider après avoir tué leurs proches, plutôt que de tomber vivant dans les mains de l'ennemi.

 

Azama Toyoko, une collégienne de Tokashiki, à l'ouest d'Okinawa témoigne sur desMonument fait par l'artiste d'Okinawa Kinjo Minoru pour rappeler la tragédie des civlis en 1945
événements se déroulant à la fin mars 1945 : "Nous vîmes des gens qui essayaient de s'entretuer avec des houes, ou tout autre objet. Un homme taillait sa famille en pièces avec une hachette. Une jeune mère tuait ses enfants l'un après l'autre, et ceux-ci restaient assis silencieusement, sans résister". Elle précise aussi que les responsables locaux de la défense distribuaient des grenades pour que les gens se fassent sauter.

 

Cette attitude était encouragée par des soldats japonais qui leur donnait souvent une grenade ou une baïonnette pour "sauter le pas", comme indiqué ci-dessus. L'article 5 des "Règles strictes à observer dans la bataille pour la métropole" indiquait noir sur blanc : "Il est à prévoir que l'ennemi utilise les non-combattants -femmes, enfants et vieillards- comme boucliers, de façon à détruire notre moral de combattants. Dans pareil cas, soyez sûrs que nos compatriotes partagent notre espoir en la victoire plus qu'ils ne désirent préserver leurs vies, et n'hésitez pas à anéantir l'ennemi".

 

Sur l'île d'Okinawa, dont les Japonais se méfient de la population locale, les soldats n'hésitent pas à exécuter sommairement ceux qui parlent le dialecte local ou qui sont soupçonnés de crimes divers (espionnage, "désertion", défaitisme". Ils n'hésitent pas non plus à les militariser en les forçant à suivre les soldats dans les casemates et cavernes leurs servant d'abri. Ils ont destinés à partager le sort des soldats en devenant porteurs, infirmières, de "femmes de réconfort", d'espions ou de boucliers humains.

 

Sur l'île de Kumejima, proche d'Okinawa, le lieutenant Kayama, qui commande 43 hommes, sait très bien qu'il lui est impossible de s'opposer au débarquement américain qui a lieu le 26 juin 1945. Ceux ci lui envoient un émissaire porteur d'une proposition de reddition, le champion de karaté d'Okinawa Asato Shojiro. Sa réputation ne le sauvera pas, pas plus que son statut de civil : il sera attaché à un arbre et lentement assassiné à la baïonnette devant les villageois rassemblés de force. Kayama lui donnera le coup de grâce d'une balle dans la tête. Entre le 27 juin et le 20 août 1945, Kayama et ses hommes assassineront pas moins de 20 personnes, majoritairement d'origine coréenne, dont des enfants, sous le simple soupçon d'espionnage. Le Japon avait capitulé le 15 août ...

 

En juin 1945 sera créé au Japon même la "Force Nationale de Combat des Volontaires". Tous les hommesEntraînement au maniement de la lance de bambou, 1945
de 15 à 60 ans et toutes les femmes de 17 à 40 devaient s'inscrire. Ces "paramilitaires volontaires" reçurent une formation militaire, notamment sur les lances en bambou (!) et les grenades à main. On leur demandait d'attacher des explosifs à leur corps et de se jeter sous les chars américains avant de se faire exploser. 28 millions de japonais se sont trouvés embrigadés.

 

Beaucoup comprirent alors en voyant les armes rudimentaires qu'on leur donnait tandis que les avions américains parcouraient librement le ciel japonais que les "carottes étaient cuites", mais la peur de la police et d'une dénonciation était telle qu'ils n'en parlaient ouvertement qu'aux gens de confiance.

 

Azama témoigne encore : "Un instituteur mobilisé comme "volontaire" déserte quelques jours pour passer un peu de temps auprès de sa femme qui vient d'accoucher. Arrêté, on le questionne : "Qu'est-ce qui est le plus important, l'Empereur ou ta famille ?". Il sera exécuté".

 

Les soldats américains, qui assisteront pour la première fois à des suicides de civils sur l'île de Guam en juillet 1944 en seront profondément choqués et ancrés dans la conviction que les "Japs" n'étaient que "des fanatiques allant jusqu'à sacrifier leurs enfants pour éviter la "honte de la capture", alors que leur motivation était surtout la peur.

 

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VII) Ceux qui se rendirent

 

Compte tenu de l'endoctrinement et de la férocité de la Guerre du Pacifique, chaque reddition  d'un japonais, civil ou militaire est miraculeuse. Quasiment une victoire de la vie sur la mort, de la raison sur la peur.

 

 

1) Vivre pour le Japon, ne pas mourir pour l'Empereur.

 

Kazuo SakamakiLe tout premier prisonnier japonais de la Seconde Guerre Mondiale fut Kazuo Sakamaki. Il se trouvait le 7 décembre 1941 près du port de Pearl Harbor à bord de l'un des cinq sous-marins biplaces qui devaient attaquer le port. Tous furent détruits par des charges sous-marines. Celui de Sakamaki se retrouva piégé dans un récif de corail. Sakamaki ordonna à son compagnon Kiyoshi Inagaki de gagner le rivage à la nage tandis qu'il actionnerait les charger pour saborder le sous-marin avant de le rejoindre. Inagaki se noiera, tandis que Sakamaki parviendra à rejoindre le rivage à la nage avant de s'évanouir d'épuisement sur la plage. Il sera alors très facilement capturé et conduit dans un hôpital sous garde armée.

Il demandera l'autorisation de se suicider, ce qui lui sera refusé. Il restera prisonnier toute la guerre et deviendra un fervent pacifiste. A son retour au Japon, il apprendra que les autorités avaient annoncé son décès à sa famille.

 

Une capture numériquement plus importante aura lieu lors de la bataille de Midway. Le 5 juillet 1942, leDes survivants du Hiryiu
porte avion  Hiryû fut détruit par une attaque de l'aviation américaine, puis sabordé par la marine japonaise pour éviter sa capture.

 

Seulement, il restait à bord 39 hommes, essentiellement des mécaniciens, qui n'avaient aucune envie de couler avec le navire. Ils dérivèrent pendant 14 jours à bord d'un radeau avant d'être repéré par un hydravion Catalina, puis recueilli par un bateau américain. 34 avaient survécu.

Bien traités et soignés, ils abandonnèrent toute idée de suicide après avoir été interné avec Sakamaki qui les en dissuada et leur donna les "codes" pour se comporter en captivité.

 

Citons aussi les cas du réalisateur et scénariste Masaki Kobayahi, capturé en 1944 par les Américains, de Seiji Shimota (qui se rendra aux Australiens en mai 1945), de Kenjiro Matsuki, un champion de base-ball qui avait joué aux Etats Unis avant la guerre. Blessé, il sera capturé à Okinawa.

 

Evoquons aussi l'anarchiste Kenzo Okuzaki. Incorporé dans le Génie, il sera d'abord envoyé en Chine et sera transféré en avril 1943 en Nouvelle-Guinée. Son régiment sera désigné pour construire un aérodrome, mais les ravages de la malaria et les incessants bombardements alliés conduiront à l'abandon de l'aéroport et à une retraite vers Wewak, puis Hollandia. Dépourvues de vivres et de médicaments, les troupes japonaises étaient harcelées par les troupes alliés.

Gravement affaibli et blessé, Okuzaki, qui faisait partie d'une patrouille de reconnaissance où il avait été affecté pour le punir de son tempérament "capricieux" et son "opposition à toute autorité", s'éloigna de plus en plus mentalement et physiquement de ses compagnons d'armes. 

A bout de force, il atteignit Hollandia après 10 mois de retraite. Pour mettre fin à ses souffrances, il décida de s'exposer aux tirs des soldats américains, mais fut capturé et soigné. Sur les 1200 hommes de son régiment, Okuzaki était l'un des six survivants. A noter que lors de sa capture il donnera une fausse identité.

 

Ces cas ont tous un point commun : il s'agit de redditions individuelles, plus dictées par les circonstances (naufrage, maladie, blessure) que par une démarche spontanée. Généralement, à condition de ne pas être pris "dans la fureur d'un combat", ces captifs étaient bien traités. Bien mieux traités que les soldats alliés prisonniers des Japonais, en tout cas !

 

L'unité de Takenage et des soldats australiensAvant la capitulation du Japon le 2 septembre 1945, on ne constate aucune reddition d'unités organisées, à part la reddition d'une unité composée d'éléments divers en Nouvelle-Guinée en mai 1945 : 23 hommes. Coupé du gros de leur unité, affamé, manquant de munitions, harcelé par les Australiens et les Papous, démoralisés, ce bataillon de 46 hommes commandé par le Lieutenant Colonel Masaharu Takenaga, négocia une trêve. La moitié de l'unité choisit le suicide plutôt que la reddition. Le reste, avec Takenaga, se rendit en bon ordre aux australiens, marchant trois jours avec leurs vainqueurs sans créer la moindre difficulté.

 

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2) Les civils japonais : vaincre la peur!

 

Effrayés par la réputation que donnait le matraquage de la propagande japonaise aux soldats alliés (celles de monstrueux psychopathes), il n'était pas évident pour les civils de se "rendre" et de faire confiance à l'ennemi! D'autant que des cas de viols, rares ,et généralement après la fin des combats, se sont produits. Dans chaque armée et chaque conflit, on trouve parmi les soldats des gens peu recommandables.

 

Sans parti pris, il faut dire que bien souvent les civils, mêlés parfois contre leur gré aux troupes impériales devenaient des victimes "collatérales". Plutôt que de risquer leur vie et celles de leurs camarades dans une grotte où ils savaient que risquaient de se trouver des soldats japonais, les alliés préféraient lancer des grenades ou nettoyer au lance-flammes au lieu d'aller regarder, ce qui venait alimenter d'autant les peurs des civils.

 

Alors âgé de cinq ans,  Koyu Shiroma se rappelle de Saipan (1944). Quand lesKoyu Shiroma et sa mère
américains se rapprochèrent de la ferme familiale, sa famille partit vers le nord de l'île, s'abritant dans des cavernes.

 

Après un violent bombardement Koyu et sa mère enceinte se trouvèrent séparé du reste de la famille. Sa mère, blessée, mourut après avoir accouché.

"Je savais que ma mère était morte, je ne savais pas où était mon père, où étaient mes soeurs. Je cherchais après eux ... Alors les bombes arrivaient de nouveau. Il y avait beaucoup de bombes, c'était incroyable. Il y avait de la fumée tout partout, et du feu. Et j'avais si faim. Tandis que je cherchais mes soeurs et mon père, je voyais beaucoup de soldats japonais morts. Peut être 100, 200. Je ne sais pas, peut être plus."

Koyu suivit d'autres civils vers les hautes falaises à l'extrémité nord de l'île. Il se souvenait de ce que son père lui avait dit des américains : "Ils viennent pour te tuer. Tu dois te tuer toi-même". "C'est ce que mon père me répétait, vous savez. Les américains vont te tuer ... aussi j'ai suivi les gens et beaucoup d'entre eux sautaient du haut des falaises. Je les voyais faire, aussi j'ai sauté aussi".

 

Mais à mi-hauteur de la falaise, la chemise de Koyu s'accrochera à une branche. Ce sont ces soldats américains qu'ils craignaient tant qui descendront en rappel pour le sauver.  Il se retrouvera avec des milliers d'autres civils au "Camp Susupe", où étaient gardé les civils, et sera par la suite recueilli par une tante et un oncle qui vivaient à Okinawa.

Il ignorera toujours ce qui était arrivé à son père et à ses soeurs.

 

Deux jeunes d'Okinawa, Zenichi Yoshimine, un adolescent de 13 ans et  Shige Nakahodo se souviennent de la bataille de 1945.

 

 

La colline de Mabuni après les bombardementsNakahado : "Dés que nous sommes arrivés à Mabuni le 20 juin [1945], une bombe explosa près de nous, dont un éclat est toujours dans mon front. Le jour suivant, j'ai retrouvé ma mère en vie. Nous ne savions pas où aller. Aussi, nous avons suivi d'autres réfugiés et avons rencontré l'enfer sur terre. Nous vîmes des cadavres, des gens pleurant et hurlant, et une personne qui priait pour être tué. C'était un chaos total".

 

Yoshimine : "Mabuni était un cul de sac. Nous ne pouvions pas aller plus loin. La zone était constamment bombardée et tous les jours il y avait de nouveaux morts. Les cadavres et les morceaux de corps gisaient tout partout sur le sol. Nous nous sommes enfui de là, ma mère, ma grand-mère et moi et nous nous sommes cachés dans une petite grotte sur la côte. Nous n'avions ni eau, ni nourriture. On nous avait dit que les américains et britanniques étaient "kichiku" ou des "ogres". Les américains étaient des monstres et des bêtes, et n'étaient pas humains. Aussi, si l'on était pris par eux, ils nous couperaient les oreilles et le nez, nous crèveraient les yeux et nous écraseraient sous les chenilles de leurs chars. Si l'on était une femme, ils nous violeraient avant".

 

Nakahado : "Nous étions là debout avec nos bagages, quand un jeune japonais, sans doute un soldat nous dit dans le dialecte de notre île : "Nous n'avons rien à manger. Nous devrions nous rendre, les mains vides si vous êtes une femme, en sous-vêtements si vous êtes un homme".

Deux soldats japonais sortirent de derrière des rochers et l'accusèrent d'être un espion, ils le décapitèrent avec un sabre. Il tomba sur le sol avec une grande gerbe de sang".

En juillet, la bataille d'Okinawa était officiellement terminée, mais Nakahado et sa mère continuaient de se cacher dans une grotte avec des soldats japonais. L'un d'eux sauva leurs vies : "Les appels des américains pour nous convaincre de nous rendre continuaient mais nous ne répondions pas car nous pensions que nous serions violées ou tuées si nous sortions. Nous sommes restés sans eau dans la grotte durant cinq jours. Il y avait avec nous un officier japonais. Il s'était déguisé en habitant d'Okinawa en revêtant un kimono féminin. Il dit à ma mère que les américains ne tuaient pas les civils et que nous ne pouvions pas continuer à vivre ainsi. Il nous conduisit dehors pour que nous nous rendions et a sauvé nos vies".

 

Yoshimine : "J'étais sur la colline de Mabuni le 23 juin 1945. Je pense que c'était aux alentours du 25 juin. Un soldat japonais parlait dans un mégaphone et disait en japonais : "La guerre est terminée. Les soldats américains ne vous tueront pas, et vous êtes en sécurité. Nous avons de la nourriture et de l'eau. C'est sans danger, alors rendez-vous".

Mais nous sommes restés cachés. Ma mère tremblait de peur à ce moment-là. Alors que la nuit tombait, ce même soldat nous a interpellés : "S'il vous plaît, rendez-vous tant qu'il fait jour. Si vous vous ne vous rendez pas avant le coucher du soleil, nous allons asperger la zone d'essence et tout brûler". Nous avons été choqué d'entendre ça.

Il y avait un petit rocher devant l'abri où nous étions cachés. Une bombe incendiaire au napalm à frappé cet endroit l'engloutissant dans les flammes. Deux soldats japonais cachés là on surgi de derrière le rocher. Ils se sont embrasés et sont morts. J'ai pensé : "Je ne veux pas mourir comme ça", alors avec les deux autres membres de ma famille, nous sommes immédiatement sortis de l'abri. Quelqu'un du haut de la colline nous faisait signe. Je pensais que c'était un soldat japonais qui était venu nous aider. Nous étions très faibles, car nous n'avions pas mangé depuis 4 ou 5 jours. Le soldat est venu et m'a tiré par la main. Sa main était énorme et j'étais surpris de voir son visage. C'était le visage d'un étranger. Quand j'ai vu que c'était un soldat américain, j'ai pensé que c'en était fini de nous. Mais je n'avais plus la volonté ni la force de m'échapper et je me suis laissé emmener.

Peut être parce qu'il n'y avait beaucoup d'enfants dans les environs, le soldat a apporté une tasseSoldat américain nourrissant un enfant à Okinawa
et une gourde. Il a bu devant moi avant de me donner la tasse. J'ai bu et j'ai senti que je n'avais jamais rien bu d'aussi délicieux! Ca avait vraiment un goût de Paradis. Le soldat américain était heureux de me voir boire. Il s'est assis devant moi avec une conserve de ration C. Ca ressemblait à du thon en conserve comme on a aujourd'hui. Alors que je me demandais ce qu'il allait faire ensuite, il a ouvert la boîte et m'a montré. Ca sentait tellement bon ! C'est comme si j'ouvrais les portes du Paradis. Il allait me la donner, c'est tout à quoi je pouvais penser. Il a ouvert la boîte, me l'a offerte. Juste avant que je puisse la prendre, ma mère, qui regardait tout cela de derrière, m'a dit :
"C'est empoisonné". J'ai été surpris et j'ai rapidement retiré mes mains. Le soldat a souri, à sorti une cuillère de sa poche, a pris une bouchée et m'a donné le reste. Je me suis mis à engloutir la ration. Je n'avais jamais rien mangé d'aussi bon. Ma mère, ma grand-mère et tous ces gens autour de moi ne savaient pas ce que je mangeais. Le soldat américain a ensuite apporté des chocolats et des biscuits. Cette fois, nous lui faisions confiance et nous avons tout mangé. Après avoir mangé, nous nous sommes senti revivre.

Puis j'ai réalisé que nous étions entouré de cadavres. Le sol était jonché de cadavres. Avec la décomposition, l'odeur était certainement horrible. Mais à ce moment là, je ne pouvais rien sentir du tout. Puis un camion est arrivé et un soldat a dit "Montez tous" et nous a fait monter dans le camion. Dans le camion, on a vu que la colline de Mabuni ressemblait à un désert, sans herbe ni arbre".

  

Yoshiko Shimabuko témoignant en 2015Un autre témoignage poignant est celui de Yoshiko Shimabuko. Elève de l'école d'infirmières d' Himeyuri, elle sera incorporé d'office en mars 1945 dans une unité médicale de l'armée japonaise avec 221 autres étudiantes et 18 enseignantes. A la fin de la bataille, n'auront survécu que dix étudiantes, dont elle et deux professeur(e)s.

 

Pour la jeune Shimabukuro, alors âgée de 18 ans, les américains étaient des démons au "long-nez" qui faisaient pleuvoir le feu du ciel avec l'intention de violer, de piller tout et n'importe quoi, avant de réserver un sort "pire que la mort" à ceux qui croisait leur chemin.

Elle servira comme infirmières dans différentes cavernes, voyant pratiquer des amputations sans anesthésie, devant retirer des paquets d'asticots de plaies suppurantes, écoutant les larmes et les plaintes des soldats quand ils mourraient. Il y avait très peu d'eau et encore moins de nourriture. Quand un obus a explosé à l'entrée de la caverne, tuant tout ceux qui se trouvait à proximité, elle sut que la fin était proche.

 

Le 18 juin 1945, son unité fut dissoute et elle reçut l'ordre de quitter la caverne. Elle témoigne : "Nous ne voulions pas partir. Nous ne voulions pas être dispersée dehors et mourir seule. J'ai demandé pour avoir un explosif, ou du cyanure, aussi je pourrais me tuer moi-même si les américains venaient. On me répondit qu'il n'y en avait plus pour nous. On nous dit que si nous étions capturées nous devrions mordre nos langues fortement pour saigner à mort. Nous appelions les américains des Bêtes. On nous avait dit que s'ils nous capturaient, ils ne feraient pas que nous tuer. Ils arracheraient nos vêtements, nous violeraient. Aussi, nous avions autant peur de mourir que nous avions peur d'être prises vivantes".

 

Shimabuko marcha sur une mine deux jours après avoir été chassée de la caverne. Elle était gravement blessée au bras et à la jambe droite. Des villageois la transportèrent, elle et une amie blessée à un endroit relativement sûr. Dissimulées derrière des rochers, elles étaient dévorées par la fièvre et des asticots grouillaient dans leurs blessures.

Elle s'évanouit et repris connaissance en entendant des bruits de pas qui s'approchaient.

"Il y avait cinq soldats américains debout prés de nous avec leurs fusils pointés sur nous. Ils devaient croire que nous avions des grenades sur nous. Quand ils essayèrent de tapoter la poitrine de mon amie, elle résista. Ils contrôlèrent aussi mes poches. Nous n'avions rien. J'étais si faible que je ne pouvais pas mordre ma langue. Je les ai supplié en leur demandant "Tuez moi, tuez moi".

Les soldats ouvrirent deux bouteilles remplies d'un liquide que Shimabukuro ne reconnût pas sur le moment. Morte de peur, elle pensait qu'il s'agissait d'essence et qu'ils allaient la brûler vive, elle et son amie.

 

"Mais ensuite, ils ont commencé à nous soigner. Ce qu'ils versaient sur mes blessures était pourUn jeune rescapé d'Okinawa (1945)
tuer les asticots qui poussaient dans mon bras. Ils l'ont versé comme si c'était de l'eau. Les Japonais auraient utilisé la même quantité pour soigner 50 hommes. Mais ils ont utilisé une bouteille entière juste sur moi. Les asticots sont justes morts et ont commencé à tomber
".

Malgré cela, pendant encore des semaines, elles redoutera le pire de la part des américains, refusant de manger leur nourriture ou de leur révéler quoique ce soit concernant son unité, alors que celle-ci n'existait déjà plus.

 

Capturés par accident, par lassitude face à la faim, à la soif et à l'atrocité des combats, ou par blessure, les civils japonais avaient du mal à ne pas croire à la propagande qu'on leur avait asséné pendant des années pour les "galvaniser". Seuls les faits arrivaient à les faire changer d'avis au fil du temps lorsqu'il pouvait constater que les "ogres" terrifiants qu'on leur dépeignait était des êtres humains comme eux, ni meilleurs, ni pires ...

 

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IX) La résistance japonaise et la décision d'employer l'arme nucléaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La décision de chercher le moyen d'élaborer une bombe atomique de la part des alliés était alimenté au départ par la crainte qu'une telle arme ne soit développée par les Nazis. Quand il devint évident après le débarquement de Normandie que cette peur était illusoire, le motif du programme changea : l'arme serait destiné à être employée contre le Japon et montrerait au monde la puissance des Etats Unis.

 

 

 

Plusieurs scientifiques demandèrent à ce que la bombe (les américains n'en n'avait alors que deux) soit d'abord employé contre un lieu inhabité (une île déserte près du Japon) pour montré la puissance de l'arme, mais leur proposition fut rejetée par les militaires qui estimaient que cela ne serait pas suffisant pour ébranler les japonais.

Toutefois, ceux ci écartèrent l'emploi des bombes contre Tokyo (siège du gouvernement japonais) et Kyoto (ville d'art) et listèrent des villes pouvant être considérées comme des cibles "légitimes" comme Hiroshima, une importante base logistique de l'armée japonaise, et Nagasaki avait une importante zone industrielle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Elles gardent le souvenir d'une guerre et d'une occupation atroce. Une guerre sans pitié qui a même vu l'armée japonaise sacrifier et utiliser les citoyens qu'elle était censé défendre et protéger ....

 

 

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XII) Bibliographie - Filmographie - Webographie

 

1) Bibliographie

 

" L’armée de l’empereur : Violences et crimes du Japon en guerre, 1937-1945" de Jean-Louis Margolin (2007) chez Armand Colin. Un document essentiel comportant de nombreux témoignages. Il a fourni la plupart des éléments de cet article.

 

" L’aventure Kamikaze : 1944-1945" de Jean-Jacques Antier (2005) aux Presses de la Cité". Un excellent livre sur les Kamikazes et leur état d'esprit, ainsi que sur les raisons qui ont poussé le gouvernement japonais à accepter cette solution désespérée pour tenter d'éviter la défaite.

 

" Tonnerre sur le Pacifique" d'Albert Vulliez au "Livre de Poche". Pas le plus récent, mais un bon livre sur le conflit américano-japonais (1941-1945).

 

 

2) Filmographie

 

Je ne citerais pas ici les films où John Wayne gagnait à lui seul la Guerre du Pacifique (Les sables d'Iwo Jima, etc ...). Tandis que d'autres acteurs et réalisateurs  hollywoodiens mouillaient leur chemise, Johnny, craignant pour sa récente gloire (Stagecoach, 1939) était resté bien tranquille aux USA, ce qui lui sera fortement reproché par la suite.

Je recommanderais plutôt (attention, bandes annonces !) :

 

" Empire du Soleil" (1987) de Steven Spielberg, avec Christian BaleJohn Malkovitch et Miranda Richardson. Basé sur les souvenirs de jeunesse de l'écrivain J. G. Balllard, "Empire du Soleil" est un film magnifique et même parfois magique. Il est par contre assez éloigné de ce que fut la réalité de l'internement de civils occidentaux par les Japonais. Ballard romança la réalité et Spielberg ajouta au film sa pâte personnelle. Il est néanmoins à voir !

 

" Le grand raid" (2005) de  John Dahl avec Benjamin BrattJames Franco et Joseph Fiennes. Basé sur des faits réels, la libération de 500 prisonniers américains du camp de Cabanuatan par des Rangers américains assistés de guérilleros philippins. Il est assez rare de les voir figurer dans un film. Malheureusement, mis à part la partie "action", le film est plutôt brouillon et souffre d'erreurs factuelles. Il est aussi l'un des rares montrant des militaires japonais massacrer des prisonniers de crainte que ces derniers ne servent de "cinquième colonne" aux américains.

 

" Invincible" (2014) d' Angelina Jolie avec Jack O’ConnellDomnhall Gleason et  Miyavi. Ce film est basé sur la vie de l'athlète olympique Louis Zamperini. Durant la guerre, Zamperini sera capturé par les Japonais et détenu dans plusieurs camps au Japon. Dans le dernier d'entre eux, il sera la cible de Mutshuhiro Watanabe, un gardien particulièrement sadique. Un film superbe, même s'il prend des latitudes avec la réalité.

 

" Iwo Jima : Lettres d’Iwo Jima" (2006) de  Clint Eastwood avec Ken WatanabeKazunari Ninomiya et  Tsuyoshi Ihara : La bataille d'Iwo Jima vue du côté des Japonais. Un film très dur, mais qui explique bien les "pourquois" de la résistance "fanatique et obstinée" des soldats japonais. Ceux ci sont aussi montré comme des hommes ordinaires, avec une famille et des regrets, pas forcément bellicistes non plus. Rappelons que sur 22000 soldats japonais, seul 216 survivront. ce film, ce n'est pas "Les aventures de Lapinou, le lapin rose" !

 

" Iwo Jima : Mémoires de nos pères" (2006) de  Clint Eastwood avec Ryan PhilippeJesse Bradford et Adam Beach. Trois soldats américains sont propulsés au rang de héros contre leur gré par la propagande. A travers leurs flash back de la bataille, on voit la bataille d'Iwo Jima du côté américain.

 

" Kamikaze, le dernier assaut" (2013) de Takashi Yamazaki avec Jun’ichi Okada et  Haruma Miura. Malgré son côté "mélodrame", ce film a le mèrite de montrer un aspect méconnu de bien des "postulants" Kamikaze. Très respectueux de l'Empereur, profondément patriotes, ils étaient souvent très critiques de leurs supérieurs, aimaient la vie et se souciaient de ceux qu'ils allaient laisser derrière eux.

 

" Oba, the last samuraï" (2015) de  Hideyuki Hiramaya avec  Yutaka Takenouchi et  Sean McGowan. S'il prend des libertés avec la vrai histoire, un film remarquable et équilibré qui a l'honnêteté de donner à chaque camp des qualités. Il n'y a pas un camp des "bons" et un des "méchants". 

 

" The Pacific" (2010) est une mini-série de Tom Hanks et  Steven Spielberg (excusez du peu !), basée largement sur les mémoire de deux ex-Marines, Eugene Sledge et Robert Leckie. Elle suit leur histoire ainsi que celle du Marine John Basilone. Elle n'est pas faite que de combats, mais traduit mieux que tout autre film la cruauté de la Guerre du Pacifique. Les moments d'humanité, y sont rares, du coup,  je vous en offre un ! Avec  Joseph MazzelloJon Seda et J ames Badge Dale.

 

" Paradise Road" (1997) de  Bruce Beresford avec Glenn CloseFrances McDormand et Pauline Collins. D'après le journal d'une infirmière australienne, Betty Jeffrey  sur sa captivité dans un camp japonais en Indonésie. Par esprit de résistance, ces femmes d'origines diverses (chinoises, australiennes, américaines, hollandaises ...) décident malgré les privations et les humiliations de monter une chorale. Un regard très proche de la réalité d'un camp d'internement japonais.

 

" Three come home" (1950) de Jean Negulesco, avec Claudette ColbertPatrick Knowles et  Florence Desmond. Ce film est inspirée du récit fait par la romancière Agnes Newton-Keith de l'internement de sa famille (elle-même avec son fils de cinq ans et celui de son mari dans un camp pour hommes). Il est l'un des premiers films fait sur le sujet. Il est disponible sous Youtube en anglais et en version originale (noir et blanc).  Sessue Hayakawa tient le rôle  du commandant du camp, le colonel Suga. Ce dernier s'y montre plus humain que dans la réalité : il était prêt à massacrer les internés à l'arrivée des alliés. Ceux ci ne furent sauvés que par l'annonce de la capitulation du Japon.

 

" Les voies du destin" (2013) de Jonathan Teplitzky avec Nicole Kidman, Colin Firth et Hiroyuki Sanada. Ancien prisonnier militaire des Japonais, mis au travail forcé par ceux ci sur la ligne de chemin de fer franchissant la rivière Kwaï,  Eric Lomax semble s'être bien remis de sa captivité et réintégré dans la vie civile. Mais sa deuxième épouse, Patricia Wallace, ne tarde pas à découvrir qu'il souffre toujours de cauchemars et de stress post-traumatique bien que trente ans se sont passés. Un jour, un ancien camarade de captivité le prévient que Tagashi Nagase, l'interprète de la Kempetai qui assistait aux séances de tortures subis par les prisonniers, est toujours en vie et qu'il est devenu guide touristique dans le camp où il était détenu. Lomax part alors en Thaïlande pour le retrouver. Ce film est inspiré d'une histoire vraie dont Lomax a fait un livre et est l'un des rares à aborder le thème de la vengeance et du pardon.

 

 

3) Webographie

 

En plus des liens figurants dans le texte : 

 

- Les archives de l'INA sur la bataille de Guam ( https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe00000448/debarquement-et-combats-dans-l-ile-de-guam)

 

- Chiran Peace Museum For Kamikaze ( https://www.kamikazeimages.net/museums/chiran/

 

- Le site de la "National Security Archives sur la bombe atomique et la fin de la Guerre de Pacifique (https://nsarchive2.gwu.edu/NSAEBB/NSAEBB162/index.htm

 

- Okinawa Prefectural Peace Memorial ( http://www.peace-museum.okinawa.jp/english/)

 

- The Thailand-Burma Railway Center, sur l'histoire de la rivière Kwaï 

(http://www.tbrconline.com/index.htm)

 

- Sur l' unité 731 ( https://unit731.org/)

 

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06/06/2023
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