L'ours polaire

L'ours polaire

Plumes rouges (1) : du mot à l'écrit

 

 

PLUMES ROUGES

Premiers Envols

 

1) Introduction

2) Être amérindien ou pas ?

3) Du mot à la plume

a) Samson Occom (1733-14/7/1792)

b) William Apess (1798-1839)

c) John Rollin Ridge (19/3/1827-5/10/1867)

d) Sarah Winnemucca (1844-17/10/1891)

e) Charles Eastman "Ohiye'Sa" (19/2/1858-8/1/1939)

f) John Milton Oskison (21/9/1874-25/2/1947)

g) Zitkala-Sa (Gertrude Simmons Bonnin) (22/2/1876-26/1/1938)

h) Mourning Dove (Christine Quintasket) (1884-8/8/1936)

i) John Joseph Mathews (16/11/1894-16/6/1979)

j) Rollie Lynn Riggs (31/8/1899-30/6/1954)

k) William d'Arcy McNickle (14/1/1904-10/10/1977)

 

 4) Conclusion de la première partie

5) Bibliographie/Filmographie/Webographie

 

1) Introduction

 

Quand les mains des européens prirent pied sur le continent américain, celui-ci était alors peuplé par environ huit millions d'habitants, du nord du Mexique à l'Arctique, de l'Atlantique au Pacifique.

 

Cette zone immense abritait des cultures différentes, dont le mode de vie différait selon les milieux naturels, les voies de communication (cols, fleuves et littoraux). La majorité pratiquait au moins une agriculture de subsistance, les chasseurs cueilleurs étant cantonnés aux zones les plus pauvres et isolés : déserts, montagnes, bref, toutes les zones ou la culture des plantes (maïs, courge, etc...) était impossible.

 

De véritables villes, certes de "terre et de bois", avec parfois des monuments imposants (comme à  Cahokia qui comptait 20000 habitants vers son apogée) s'élevait alors, notamment dans la vallée du Mississipi et le Sud-Est des actuels Etats Unis. Pendant longtemps, on ignorera l'existence de celles-ci et l'on attribuera les vestiges visibles lors du début du 19e siècle aux Vikings, à la 12e tribu d'Israël ou à une "race" (blanche?) ayant peuplé l'Amérique du Nord avant les Amérindiens, puis disparue. On ne pensait en effet pas dans les milieux racistes de l'époque que les Amérindiens ait pu être aussi "évolué"!

 

Cahokia (Illinois) à son apogée au 12e siècle

 

Ce monde précolombien n'était pas un monde figé, mais un monde continuellement en mouvement.

Il n'ignorait pas la guerre, les alliances et les confédérations. Il n'avait de "primitif" que le nom que les colonisateurs lui ont donné.

 Bien qu'ignorant le cheval (qui s'est diffusé après 1600) et le fer, ces sociétés communiquaient déjà entre elle par le biais du commerce. Les idées et concepts accompagnaient les marchands et se diffusaient en se mêlant aux concepts locaux par le biais des fleuves, rivières, mers et cols.

 

 A l'exception du sud (Aztèques et Mayas), l'écriture était inconnue. Les traditions orales et la transmission par les anciens était fondamentale. Il existait bien des systèmes pictographiques, mais ceux ci ne pouvaient être utilisés pour des concepts abstraits ou des idées complexes.

 

L'arrivée des européens allait bouleverser profondément cela ! D'abord par le choc épidémique qui allait faucher en quelques décennies 80 à 90% de la population, puis par des déplacements massifs de celle-ci; et bien sûr les guerres indiennes. Le colonisateur niera le caractère principalement agraire et sédentaire de la majorité des nations amérindiennes pour imposer l'image de "sauvages" utilisant les vastes espaces qu'ils possédaient "comme un terrain de jeu", au contraire des "braves colons" qui allaient exploiter une terre "vierge".

 

Mais, cette période voit aussi l'adoption de nouveaux usages et nouvelles technologies par les populations amérindiennes : les armes à feu, les outils en métal et bien sûr l'écrit.

Très tôt, les amérindiens ont compris que l'écrit pouvait servir à conserver la parole des anciens et l'histoire de leur peuple. Que sa connaissance leur permettait aussi de défendre leurs intérêts en plaidant leur cause. Et bien sûr de créer de nouveaux récits.

 

Mais tout d'abord, qu'est-ce qu'un amérindien et un écrivain amérindien ?

 

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Dessin humoristique sur les stéréotypes infligés aux Amérindiens.

 

 

2) Être amérindien ou pas ?

 

Dans l'imaginaire de beaucoup, "l'indien", c'est un gars qui fume le calumet assis impassiblement devant un teepee.

Seul problème, cette image stéréotypée n'a jamais existé. Le calumet est un pipe de cérémonie : on l'utilise pour un événement ou un rite, pas pour le loisir ! Et tous les Amérindiens n'habitaient pas dans des teepees en peau de bisons !

 

Aujourd'hui, au 21e siècle, plus de la moitié des Amérindiens sont des citadins. Ils vivent au quotidien comme la majorité des autres canadiens ou américains, mais ont gardé une idée forte de leur identité culturelle.

 

S'ils se désignent par commodité comme "Indian" ou "Native American", noms imposés par les européens, ils font le plus souvent référence à leur nation d'origine : "Dineh" (Navajo), Sicangu Lakota ou Mohawk.

 

L'une des idées les plus racistes et tordues du 18e siècle à été de déterminer des " blood quantum" qui seront utilisés au siècle suivant pour limiter et circonscrire la population amérindienne pouvant disposer d'avantages alloués par les traités.

En gros, un "full-blood" est un indien non métissé, les autres sont des "métis". Pire, ce "quantum" est encore utilisé pour définir si un Amérindien appartient à tel ou tel peuple. Ainsi, on peut lire que telle personne est "full-blood Lakota" ou qu'elle est "Ponca/Cherokee/Ukrainienne" par ses parents.

Bien intentionnée, la loi Dawes de 1934 contraindra les nations indiennes qui refusaient ces quotas à les adopter pour définir les individus pouvant appartenir ou non à leur peuple. Cela déclenchera des conflits internes, notamment entre les Cherokees d'Oklahoma et les descendants de leurs  anciens esclaves ou chez les Séminoles de Floride

 

S'il n'y a pas lieu de critiquer le fait que pour être considéré comme Amérindien, il faut avoir une (ou des ) ascendances amérindiennes, on ne fait pas entrer en ligne de compte le ressenti et surtout le sentiment d'appartenance culturelle de l'individu. Ce qui construit celui-ci, c'est la culture dans laquelle il est élevé depuis le plus jeune âge et son environnement familial.

 

Le sentiment d'appartenance est donc une chose essentielle, même si l'ascendance compte !

 

Or, nous nous trouvons devant plusieurs cas de figure, dans le cas des romanciers amérindiens :

a) Ils peuvent brandir leur identité comme un étendard et se servir de leur talent pour parler des leurs et de leurs problèmes;

b) Ils peuvent brandir leur identité comme un étendard, mais ne pas écrire uniquement sur les leurs et leurs problèmes, et écrire sur d'autres sujets;

c) Ils peuvent ne pas être militant et écrire sur les leurs et leurs problèmes;

d) Ils peuvent ne pas être militant, mais ne pas écrire uniquement sur les leurs et leurs problèmes, ou même écrire sur d'autres sujets;

 

On voit donc le problème ; tous les écrivains amérindiens n'écriront pas nécessairement sur les amérindiens ... ils peuvent écrire sur d'autres choses ou d'autres gens!

Et un écrivain "non native american" peut écrire superbement sur ceux ci.

Aussi, faut-il garder l'esprit ouvert et ne pas s'étonner qu'un écrivain (de talent) comme Martin Cruz Smith puisse être mentionné comme amérindien : il a des racines Yaqui, mais n'en fait que rarement mention et une bonne partie de son oeuvre ne comprend pas de personnages amérindiens et ne se passe pas en Amérique du Nord !

 

Ceci étant posé, on peut entamer notre histoire ...

 

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3) Du mot à la plume

 

Les premiers écrits des Amérindiens étaient des textes politiques et/ou autobiographiques fait dans l'objectif de faire comprendre à une majorité d'origine européenne les cultures amérindiennes et de les persuader à traiter avec plus d'équité celles ci.

 

La liste ci-dessous ne comprend que les auteurs ayant la plus grande notoriété. Elle n'est pas intégrale. Une personne comme Sequoyah, l'inventeur de l'alphabet Cherokee n'est pas dans cette liste, parce que si elle a inventé un système d'écriture, elle n'était pas elle-même un écrivain.

 

 

a) Samson Occom

 

 

Samson Occom (1723-1792)

Commençons dans le nord-est des actuels Etats Unis avec le Pasteur presbytérien,  Samson Occom (ou Occum ou Alcom, 1723-1792), un  Mohegan du Connecticut. En 1740, il sera évangélisé par des Pasteurs appartenant au mouvement dit du " Grand Réveil". Il passera ensuite quatre ans à étudier la théologie et sera envoyé pour évangéliser les Amérindiens restants en Nouvelle-Angleterre et sur Long Island (notamment les Montauks de Long Island). Il se maria d'ailleurs avec une Montauk, Maria Fowler, et sera ordonné pasteur en 1759. Il participera à la création du  Darmouth College en 1769 (New Hampshire), une école destinée à l'instruction des Amérindiens avec son mentor, Eleazar Wheelock. Les fonds levés et l'établissement serviront surtout à l'éducation des enfants de colons. Deux siècles plus tard, seuls une vingtaine d'Amérindiens étaient diplômés de Darmouth!

 

L'oeuvre littéraire de Samson Occom se compose surtout de prêches et de sermons où il recommandait aux amérindiens d'adopter le mode de vie des européens et de renoncer à l'alcool. En 1768, il écrira sa biographie "A short narrative of my life". Il sera le premier amérindien à le faire, dans le but d'exprimer l'idée que la conversion au christianisme des indiens devait permettre à ceux ci d'accéder à l'égalité avec les européens. Plus concrètement, il organisa les communautés amérindiennes chrétiennes de la région, et les installa sur une partie du territoire des  Oneidas après avoir négocié avec ceux-ci en 1775, fondant le village de Brotherton. Il les protégea des empiétements des colons et ce n'est que bien après en 1792 et que ceux-ci devront vendre leurs terres pour en acheter d'autres dans le  Wisconsin où leurs descendants vivent aujourd'hui.

Tous les 14 juillet, les " Brotherton Indians" célèbrent le "Samson Occom Day"

Petite note amusante : Pour son roman "Le dernier des Mohicans" , James Fenimore Cooper a en fait créé une nation indienne fictive en amalgamant les noms de deux peuples amérindiens bien réel, les Mohegans (nation de Samson Occom" et les Mahicans/Mohicans. Le dernier des Mahicans est mort hier. Ce sont les quelques 3000 avant derniers qui me l'ont dit.

 

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b) William Apess 

 

Continuons avec le  Pequot  William Apess,William Apess (1798-1841)
né en 1798 dans le nord-ouest du Massachusetts. En 1803, les parents d'Apess se séparèrent et le jeune garçon ainsi que ses quatre frères et soeurs fut confié à ses grands-parents. Ceux-ci étaient violents et alcoolique, si bien qu'à l'instigation d'un voisin ému par son sort, le jeune Apess leur fut retiré et placé dans une famille euroaméricaine, les Furman. Pendant près de vingt années, il n'aura aucun contact avec quelque Pequot que ce soit, y compris sa mère. Bien qu'il soit installé chez eux comme "serviteur sous contrat", les Furman prirent soin de lui et le convertirent au christianisme  Baptiste. Devenu un fervent chrétien, il sombra en dépression quand Mr. Furman lui interdit d'assister aux sermons. Il forma le projet de s'enfuir en 1809, mais son projet fut découvert par Mr. Furman qui céda son contrat au Juge James Hillhouse, qui étant trop âgé, le céda au Général William Williams, proche des chrétiens  Methodistes, très accueillants envers les métis, les noirs et les amérindiens.

 

En 1813, Apess prit la fuite et s'engagea dans la milice de New York lors de la  guerre anglo-américaine de 1812-1815. Il sombrera alors dans un alcoolisme dont il ne se débarrassera jamais véritablement et vivotera au Canada de 1816 à 1818 avant de revenir aux Etats Unis. Il renouera ses liens avec sa famille et les Pequots, s'affichant désormais comme tel. Marié en 1821 à Mary Wood, il sera ordonné prêtre Méthodistes en 1829 et publiera son autobiographie la même année : " A Son of the Forest: The Experience of William Apess, A Native of the Forest, Comprising a Notice of the Pequot Tribe of Indians, Written by Himself." Ce livre, qui était largement basé sur la conversion d'Apess au Christianisme était aussi une protestation contre le volonté du Président Andrew Jackson de déporter les nations indiennes de l'Est vers l'Ouest du Mississipi.

Mashpees-Wampanoags (2020)Prédicateur itinérant, il s'installe en 1833 à Mashpee, à l'époque la plus grande ville amérindienne du nord-est des Etats Unis, y crée une  société de tempérance (la première chez les amérindiens) et devient le chef élu de cette communauté.

 

Les droits de celle-ci, notamment pour le bucheronnage, avaient été spoliés , les agents indiens corrompus toléraient que des colons entrent sur les terres des  Mashpees-Wampanoags pour y couper du bois ou s'approprier des terres. Apess prit la tête de la soi-disant "Mashpee revolt" de 1833-1834, révolte non-violente qui se soldera par la destruction d'un fardier chargé de bois et un mois de prison pour Apess. Les Mashpees-Wampanoags finirent par avoir gain de cause avec le soutien de l'opinion publique.

 

Apess ne cessa par de militer pour l'autodétermination des Mashpees-Wampanoags sur leurs terres, publiant ses sermons et lectures publiques, gagnant la réputation d'un excellent orateur, mais son alcoolisme finit par éloigner de lui ses partisans blancs ou indiens. En 1836, il fit paraître un éloge du " King Philip", célèbre résistant amérindien aux colons lors du 17e siècle. Il quittera peu après Mashpee avec sa seconde femme et ses enfants pour New York où il décédera en 1841.

Pour beaucoup, Apess est considéré comme le militant des droits amérindiens le plus actif d'avant la guerre de Sécession.

 

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c) John Rollin Ridge 

 

Gagnons maintenant le " Territoire Indien de l’Oklahoma". C'est là que furent déportés dans les années 1830 les  cinq "tribus civilisés" : les Chickasaws, les Séminoles, les CreeksChoctaws et Cherokees. Une partie des membres de ces nations indiennes, pour préserver leurs droits territoriaux et obtenir une égalité des droits avec les Blancs n'avaient pas hésité à adopter totalement leur mode de vie, y compris bien souvent la possession d' esclaves afro-américain. Cela ne les protégea pas de l'exil et de la spoliation.

 

C'est dans cette région que vivait entre 1827 et 1867  John Rollin Ridge (ouJohn Rollin Ridge (1827-1867)
Cheequatalawny, Yellow Bird). Ridge était né en Géorgie, à New Echota, alors capitale des Cherokees "civilisés". Son père, John Ridge, était un Cherokee, tandis que sa mère, était une femme d'origine euroaméricaine. Dès l'arrivée des premiers européens sur leur territoire, les Cherokees pratiquèrent des mariages mixtes pour forger des alliances politiques et commerciales avec les colons.

Son père et son grand-père, le major Ridge, signèrent le  traité de New Echota en 1836. Ce traité stipulait que les Cherokees cédaient toutes leurs terres à l'est du Mississipi pour être installés sur l'autre rive du fleuve. Cet accord suscita la colère de nombreux Cherokees, menés par John Ross qui tentèrent d'utiliser en vain toutes les procédures légales pour annuler le traiter. De force, les Cherokees furent expulsés par l'armée fédérale de leurs terres en 1838. Lors de cet exode en plein hiver, qui allait devenir la " Piste des Larmes", ils perdirent le quart de leur population.

 

L'année suivante, des partisans de John Ross assassinèrent le père de John Ridge et son grand-père, ainsi que plusieurs autres signataires du traité d'Echota. Pour assurer la sécurité de l'adolescent, sa mère l'emmènera avec elle à  Fayetteville (Arkansas)

En 1843, il sera envoyé poursuivre ses études dans le Massachusetts. Deux ans plus tard, il reviendra à Fayetteville pour y étudier le droit. Durant cette période, il fait paraître son premier texte dans le journal "Arkansas State Gazette", un court poème intitulé "To a thunder cloud".

 

En 1847, il commence une carrière de magistrat et épouse une euro-américaine, Elizabeth Wilson, qui donnera l'année suivante naissance à une petite fille, Alice.

Mais en 1849, il tue un partisan de John Ross, David Kell, qu'il soupçonnait d'avoir participé à l'assassinat de son père. Bien qu'il ait pour lui la légitime défense, Ridge s'enfuit dans l'état voisin du Missouri pour échapper aux poursuites.

En 1850, il gagne la Californie où il s'essaie à la prospection de l'or. Rejoint par sa femme et sa fille, il ne tardera pas à laisser choir ce métier qui lui répugnait.

Portrait imaginaire de Joaquin Murieta
Il tente alors de vivre de sa plume en publiant des poèmes dans des journaux californiens et écrit des essais politiques pour le  Parti Démocrate. Il rédige aussi ce qui est considéré comme le premier roman d'un auteur amérindien et le premier roman publié en Californie : " The life and adventures de Joaquin Murieta, the celebrated California bandit" en 1854.

Sorti six ans après la guerre Américano-Mexicaine qui avait permis aux Etats Unis d'annexer d'énormes territoires, dont la Californie, ce livre racontait sous une forme romancée la vie d'un célèbre bandit mexicain Joaquin Murieta. Ridge le montre venant du Mexique pour chercher la richesse en Californie durant la ruée vers l'or. Il devient un "bandit d'honneur" après que des mineurs "blancs" aient brutalisés sa soeur et son frère. Il vole et se bat contre les "Anglos" pour venger et protéger les Mexicains.  Ridge condamnait dans son récit le racisme des Américains envers les gens d'origine mexicaine.

Le livre aura un succès immédiat.... sans pour autant lui rapporter énormément d'argent ! Beaucoup de gens le liront en pensant que c'était une histoire authentique, alors que la plupart des faits avaient été inventé par la plume de Ridge! Son personnage, qui agissait masqué pour cacher son identité, est l'une des sources d'inspiration du personnage de " Zorro".

 

Ridge était aussi journaliste et éditeur du " Sacramento Bee", tout en écrivant dans d'autres journaux. Comme éditeur, il se faisait l'avocat tout comme son père, d'une politique d'assimilation des Amérindiens. Malgré les exemples des Cherokees et d'autres nations amérindiennes, il faisait confiance au gouvernement fédéral pour garantir les droits issus des traités. Il n'était pas cependant exempt de tout racisme. Ainsi, il considérait les Amérindiens de Californie "comme inférieur à ceux des autres nations indiennes". Son père possédait une plantation et des esclaves. Lui-même en avait quand il était encore en Arkansas.

 

Tenues de Cherokees combattant pour les états du sud
Il n'est alors pas surprenant que Ridge rallie le camp des Sudistes lors de la Guerre de Sécession, d'autant que ceux ci avait fait miroiter aux Cherokees qu'ils pourraient s'organiser en état et avoir l'égalité des droits avec les autres états de la Confédération du Sud. D'autres Cherokees choisiront de rester fidèle à la Fédération, et la guerre entre Nord et Sud se doublera d'une guerre civile entre Cherokees. Ces Cherokees Sudistes, conduits par le général  Stand Watie seront les derniers à déposer les armes le 23 juin 1865.

 

Après la guerre, Ridge conduira à l'invitation du gouvernement fédéral une délégation de Cherokees sudistes à Washington. Il y tentera d'obtenir ce que la Confédération avait promis, mais verra ses espoirs déçus.

En décembre 1866, il retourna chez lui à Grass Valley (Californie) où il décédera en octobre 1867 d'une encéphalite.

 

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d) Sarah Winnemucca

  

 Partons maintenant beaucoup plus à l'ouest où naît en 1844 la 

Sarah Winnemucca (1844-1891)Paiute  Sarah Winnemuca. C'est dans l'ouest du Nevada, près du lac  Humboldt qu'elle voit le jour. Fille de Winnemuca (Poito), un  Shoshone qui avait rejoint les Paiutes par mariage. Sarah était membre d'une phratrie de quatre enfants. Son père était considéré à tort par les euro-américains comme le "chef des Paiutes du Nord". En fait, les Paiutes n'eurent jamais de pouvoir centralisé, Winnemuca Père n'était qu'un homme influent parmi d'autres, écouté pour sa sagesse. Il n'était le "chef" que d'un groupe de quelques 150 Paiutes.

 

Elle rencontra ses premiers "blancs" à l'âge de six ans par le biais de son grand-père Tru-ki-zo (Truckee) qui avait noué des relations amicales avec les explorateurs américains. Il combattra au côté des Etats Unis dans la guerre contre le Mexique (1846-1848), renforçant ses liens avec eux. Les adultes du groupe auquel appartenait Sarah travaillaient alors à Stockton (Californie) dans l'industrie du bétail. C'est là que son grand-père prit la décision en 1857 d'envoyer Sarah et sa soeur Elma vivre chez les Ornsby, une famille de colons qui voulaient avoir de la compagnie pour leur fille Lizzie. Cela allait permettre aux deux jeunes filles d'améliorer leur anglais et d'apprendre  plus de choses sur le mode de vie euro-américain. Cela allait même très bien fonctionner pour Sarah, qui savait naviguer avec aisance entre la civilisation Paiute et celle des "anglos". Elle devint vite l'une des rares Paiutes qui savait lire et écrite en anglais et enseigna cette langue aux siens.

 

Old Winnemuca (1820? - 1882)En 1859, Winnemuca père fit rentrer ses deux filles au Nevada. La guerre menaçait entre les Paiutes et des colons attirés par la découverte de filons d'argent dans la région de  Washoe. Elle éclata quand les Paiutes tuèrent deux prospecteurs qui avaient kidnappé et violé deux jeunes filles Paiutes. Les colons et mineurs organisèrent une milice et en donnèrent le commandement au Major Ormsby. Il sera tué lors d'une embuscade Paiute le 12 mai 1860. Sur sa centaine de milicien, 76 seront tué et 29 blessés. Les Paiutes n'auront qu'une dizaine de blessés sur environ 500 hommes!

 

Incapables de battre les Paiutes en raison de leur impréparation et indiscipline, les "blancs" signèrent une trêve durant laquelle Winnemuca le Jeune, un cousin de Sarah, sera choisi comme "chef de guerre".

 

En 1861, fut créé le "Territoire du Nevada". Les relations amicales reprirent entre "blancs" et "indiens", Sarah et sa famille partant souvent de la réserve du " Pyramide Lake". Ils se produisaient sur scène notamment à Virginia City (Nevada) et à San Francisco sous le nom de scène de "Paiute Royal Family" (!).

 

Cela n'empêchait pas l'armée américaine de mener des actions contre les Paiutes, régulièrement accusés de vols de bétail et de pillages par les colons. En 1865, le camp d'"Old Winnemuca" sera attaqué par la cavalerie des volontaires du Nevada, alors que lui-même et Sarah étaient à  Dayton. Sur les 30 vieillards, femmes et enfants présents à ce moment, seul un survécut. "Old Winnemuca" perdra ses deux femmes et son fils. La soeur de Mary parviendra à échapper au massacre, mais elle ne survivra pas aux rigueurs de l'hiver. Sa plus jeune soeur, Elma, n'était pas présente, ayant été adoptée par une famille d'origine française en Californie.

 

A cette nouvelle, les 490 Paiutes encore en vie se réfugièrent sous la protection deWikiup tradionnel des Paiutes du Nord
l'armée américaine à Fort McDermitt, pour être protégé de la haine des milices du Nevada. En 1872, le gouvernement fédéral créa une réserve près du  lac Malheur dans l'est de l'Oregon pour les Paiutes du Nord et les  Bannocks. Sarah, son frère Natchez et Old Winnemuca s'y installèrent.

 

En 1871, elle devint interprète pour l'agent indien Samuel B. Parrish. Ce dernier était un bon agent des Affaires Indiennes. Il encouragea les Paiutes à cultiver la terre et leur apporta des innovations. Il fit bâtir une école et Sarah y était assistante enseignante. En 1872, elle se mariera avec l'ancien Premier Lieutenant William Bartlett à Salt Lake City.

Tout allait dans le meilleur des mondes. Mais en 1876, Parrish fut remplacé par l'agent William V. Rinehart. C'était passer du jour à la nuit !

 

Rinehardt considérait qu'il fallait exterminer les Amérindiens. Ce vétéran de la Guerre Civile et de la guerre de la  Rogue River régna comme un despote autocrate sur la réserve. Pour se faire aimer des Paiutes, il leur signala que la terre qu'ils occupaient était la propriété du gouvernement des Etats Unis. Puis, il ne les paya pas pour les travaux agricoles qu'ils avaient fait, déclenchant la colère des leaders Paiutes et Bannocks. Il ne s'arrêta pas là! Il vendit à son profit les marchandises envoyés par le gouvernement pour les Amérindiens et vendit illégalement la plus grande partie des terres fertiles de la réserve à des colons blancs.

Chefs de guerre Bannock vers 1880Deux ans plus tard, les conditions de vie sur la réserve étaient telles que la plupart des Paiutes du Nord et des Bannocks avaient quitté la réserve. Des colons isolés dans le sud de l'Oregon et le nord du Nevada seront attaqués, principalement par les Bannocks. lors de la " Bannock War" (1878).

 

Durant cette guerre, Sarah Winnemucca travailla comme interprète pour le général  Oliver Otis Howard, ainsi que comme éclaireuse et messagère, ce qui lui sera plus tard reproché. Les officiers, eux, apprécièrent beaucoup son aide et lui écriront même des lettres de remerciement et de recommandations ! A cette époque, Winnemucca se mit à épouser les vues de l'armée américaine sur l'administration des réserves indiennes, qui selon eux, devait leur être confiée, plutôt qu'à des agents des Affaires Indiennes souvent incapables et/ou corrompus..

On ne pouvait pas dire que cette guerre ait été très meurtrière avec une trentaine de morts pour les deux camps. La tradition orale Bannock raconte que en raison des liens de sympathie existant entre les soldats et les Amérindiens, chaque camp tirait plus pour blesser ou abattre les chevaux plus que pour tuer ! Chaque camp ne perdra au grand maximum que quinze hommes sur deux mois ...

 

C'est vers cette époque que le mariage de Sarah parti à veau l'eau. Son mari l'abandonna, la laissant sans ressource. En 1876, elle obtint le divorce après avoir témoigné que pour survivre elle avait confectionné et vendu des gants qu'elle fabriquait elle-même.

A la fin de la "Guerre des Bannocks", les Paiutes du Nord reçurent l'ordre de se rendre sur la réserve de  Yakama dans l'est de l'état de Washington. Leurs conditions de vie y étaient épouvantable à tel point que certains historiens parlent de "camp de concentration".

 

Winnemucca les accompagna comme interprète. Comme elle était employée par l'armée américaine, il ne lui était pas imposé de vivre sur la réserve. Outrée par les dures conditions de vie imposées aux siens, elle commença à donner des lectures sur le sort de ceux ci à travers la Californie et le Nevada.

 

Durant l'hiver de 1879-1880, elle accompagna son  père à Washington pour y plaider la cause de leur peuple et obtenir un meilleur traitement. Le Secrétaire de l'Intérieur  Carl Shurz les autorisa à retourner au Lac Malheur... à leurs frais. Pour y apprendre en 1879 que cette réserve était supprimée ! Retour à Pyramid Lake pour tout le monde !

 

En 1881, le général Howard, qui se souvenait d'elle, l'engagea pour qu'elle serve comme enseignante auprès de Shoshones captifs à Vancouver. Là, elle rencontra le Lieutenant Lewis H. Hopkins, un agent du Département des Affaires Indiennes qu'elle épousera à San Francisco.

 

 En 1883, le couple voyagea dans l'est des Etats Unis. Sarah y donnera plus de 300 lectures, cherchant à montrer les injustices envers les Amérindiens. La presse rapporta ses propos et la qualifia souvent de "Princesse Paiute".

 Elle fera la rencontre à Boston d' Elizabeth Peabody et de Mary Peabody Mann, la seconde étant la veuve du pédagogue Horace Mann. Toutes deux s'employèrent à faire connaître Sarah Winnemuca et à la promouvoir. Elles l'aidèrent aussi à rassembler et à organiser ses notes pour la rédaction de son livre " Life among the Paiutes", première autobiographie d'une femme amérindienne de l'histoire des Etats Unis. 

 

Entre temps, Winnemucca avait appris que son mari était tuberculeux et que tout l'argent gagné était perdu sur les tables de jeu.

 

A son retour au Nevada, Sarah passa une année en lectures de son livre à San Francisco. En 1885, elle créa avec son frère à  Lovelock (Nevada) une école pour les enfants Paiutes avec le mécénat de Mary Peabody Mann. On y enseignait le Paiute et la culture Paiute, mais l'école ne fonctionna que deux ans avant d'être fermée .Malgré une donation de Mary Peabody Mann et les efforts de Sarah pour transformer l'école en centre de formation technique, rien ne put la sauver. La doctrine de la " Carlisle Indian School" "Tuer l'indien pour sauver l'homme" avait la faveur du gouvernement fédéral. Les enfants furent envoyés loin de leurs parents dans un pensionnat à  Grand Junction (Colorado). Winnemuca était déjà dans une situation de détresse financière lorsque son mari décéda.

Souffrant elle-même de la tuberculose, Winnemucca cessa toute activité et mourut chez sa soeur Elma le 17 octobre 1891.

 

Il faudra attendre plus d'un siècle pour qu'elle soit redécouverte par des enseignants en ethnologie et soit considéré comme l'une des grandes autrices du Nevada.

Les Paiutes d'aujourd'hui ont d'elle une vision mitigé. Tout en reconnaissant son travail social et son activisme pour les droits des Amérindiens, ils lui reprochent d'avoir aidé l'armée des Etats Unis contre eux et d'avoir prôné l'assimilation des Amérindiens au mode de vie anglo-saxon.

 

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e) Charles Eastman "Ohiye'Sa" 

 

Allons à présent bien loin de là, dans le Minnesota, le 18 février 1858 où naît un SiouxCharles Eastman "Ohíye S'a" vers 1900
Santee,  "Hakadah", connu sous le nom de

Charles Eastman. Sa mère décède après l'accouchement. Elle se nommait Wakantakawin  ou Mary Nancy Eastman et était une métisse. Son père Wak-anhdi Ota était un Santee qui vivait sur la réserve Santee Dakota de Redwood Falls (Minnesota). Il était le cadet d'une famille de cinq enfants. Il avait trois frères (John, David et James) et une soeur (Mary)

Son grand-père maternel euroaméricain,  Seth Eastman était un officier et un illustrateur. Appelé à une autre affection, il avait abandonné sa famille dans le Minnesota deux ans après la naissance de Mary.

Plus tard, selon la tradition Dakota, Hakadah recevra un autre nom : Ohiye'Sa (Le vainqueur).

 

En 1862, les Santees, rendus furieux par la faim, les injustices subies, le racisme des blancs et les spoliations déclenchèrent une sanglante révolte. La répression sera terrible !

Séparé de sa famille, qui le croira mort, Ohiye'Sa avait été en fait emmené au Canada par sa grand-mère et sa famille pour le sauver.

 

C'est seulement en 1877 que "Ohíye S'a" retrouvera son père et son frère John dans le Dakota du Sud. Tous deux s'étaient converti au christianisme et avaient pris le nom d'Eastman, le père prenant en plus le prénom de Jacob. Quand  "Ohíye S'a" se fera baptiser, il deviendra Charles Alexander Eastman.

 

Jacob Eastman Jacob Eastman voulait que ses enfants reçoive une instruction à l'européenne. Eastman et son frère fréquentèrent d'abord l'école de la mission. Ils furent ensuite admis dans une école préparatoire en 1882-1883. Très doué pour les études, Eastman poursuivit ses études jusqu'au Darmouth College en 1887. En 1890, il obtint son diplôme de médecin à l'Université de Boston, devenant l'un des premiers amérindiens à obtenir ce titre universitaire.

 

Son frère John, quant à lui, devint un missionnaire de l'église  Presbyterienne et officia sur la paroisse de Flandreau (Dakota du Sud) sur la réserve Santee établie là.

 

Après avoir reçu son diplôme, Charles Eastman reparti vers l'Ouest.où il travailla comme médecin pour le "Indian Health Service" du Bureau des Affaires Indiennes sur la réserve de Pine Ridge, puis la réserve de Crow Creek, toutes deux situées dans le Dakota du Sud. Souvent exhibé comme un modèle d'assimilation, il fit parti de ceux qui soignèrent les Sioux survivants du massacre de  Wounded Knee de leurs blessures et gelures. Sur 38 patients confiés à sa charge, seuls 7 sont décédés. Contraint peu après de quitter son poste en raison de son témoignage à charge contre le récit officiel, il établit un cabinet médical, mais le succès ne fut pas au rendez-vous ! La plupart des euro-américains et des afro-américains rechignaient à faire appel à un "sauvage" pour les soigner.

 

A cette époque, il épousa Elaine Goodale, une enseignante originaire du Massachusetts qui avait déjà enseigné dans le Territoire du Dakota. Elle fut ensuite nommé pour superviser l'enseignement dans les états du Dakota du Nord et du Sud. Poétesse, elle déjà une militante active des droits des minorités et s'opposait à ce que l'on envoie les enfants indiens dans des pensionnats loin de leurs parents.

 

Elle aura un rôle déterminant en poussant Eastman, alors au bord de la dépression, à écrire Elaine Goodale Eastman (1863-1953)
sur son enfance. Elle l'aidera aussi à faire éditer ses récits, la presse locale étant peu intéressée de publier la prose d'un "demi-sauvage". En 1893-1894, deux de ses histoires parurent dans le "Saint Nicholas Magazine" où elle avait déjà fait paraître de la poésie. Il ajoutera par la suite ces deux récits à son livre "Indian Boyhood".

 

Eastman participera activement à la YMCA, travaillant à y faire accepter les jeunes amérindiens. De 1894 à 1898, il créera 32 groupes amérindiens de YMCA, fondant aussi des camps de jeunesse et des programmes de formation. En 1899, il aidera à recruter des étudiants pour la Carlisle Indian Industrial School (Pennsylvanie). Se prenant comme exemple, il incitera les jeunes amérindiens à en apprendre plus sur la culture euro-américaine dominante. Il jouera aussi un rôle de conseillers dans la création de camps de plein air pour les jeunes américains et participa à la création des " Boy Scouts of America".

 

Couverture de Indian BoyhoodC'est en 1902 que Charles Eastman publie son ouvrage majeur : " Indian Boyhood" où il parle des 15 premières années de sa vie (1858-1874). Durant les vingt années suivantes il sera l'un des auteurs les plus prolifiques sur l'histoire et les coutumes des Sioux ainsi que sur les Affaires Indiennes. Il devint aussi l'un des amérindiens les plus photographiés, en costume européen ou en tenue traditionnelle. Traduits dans plusieurs langues, ses écrits connaîtront une diffusion mondiale.

Ses livres recevaient une large audience et se vendaient bien, au contraire de ceux de sa femme. Celle-ci aidait cependant considérablement son mari en dactylographiant ses textes et en démarchant les éditeurs. Chacun des deux époux se complétait admirablement. Mais en 1921, tout s'arrêta.

 

Charles Eastman était partagé entre son héritage Sioux et sa culture euro-américaine. Pas assez "blanc" pour les euro-américains, il l'était par contre trop pour nombre de Sioux. Cela l'amenait à traverser des périodes de dépression où il sombrait dans l'alcoolisme. Fatiguée de devoir supporter cela, Elaine Goodale le quitta en apprenant qu'il avait une liaison avec une autre femme et un enfant naturel. Cela survint aussi après le décès de leur fille Irene en 1918, de la grippe espagnole. Ils ne divorcèrent jamais officiellement, mais vécurent séparés. Elle prétendra par la suite qu'elle était l'autrice des écrits d'Eastman, mais il existe suffisamment de preuves et de témoignages du contraire.

 

Eastman fut aussi très actif pour défendre les droits des Amérindiens, même s'il était un partisan convaincu de l'assimilation. De 1894 à 1897, il défendit les droits des Santees.

En 1903, le président Theodore Roosevelt demanda à Charles Eastman d'aider les Sioux à choisir des noms anglais pour éviter les confusions patronymiques lors de la répartition des parcelles individuelles résultant de "l' allotment" des réserves.

Il sera aussi l'un des co-fondateurs de la "Society of American Indians" dont le but était de promouvoir la liberté et l'autodétermination individuelle de ceux-ci.

 

La même année, il se fixera avec ses six enfants (cinq filles et un garçon) dans le Massachusetts. Eastman ne tirant que peu de revenus de sa profession de médecin et le couple n'organisant que peu de lectures des livres d'Eastman, ils vivaient modestement.

 

En 1911, il sera le seul amérindien présent à Londres au " Universal Races Congress", réunion antiraciste, où il tint un discours sur l'importance de la paix et du fait de vivre en harmonie avec la nature.

 

De 1923 à 1925, il sera Inspecteur des Affaires Indiennes sous la présidence de CalvinUne partie du Comité des 100
Coolidge. L'administration fédérale l'invitera à participer au "Comité des 100", un groupe chargé de réformer et d'examiner les institutions et activités en relation avec les nations indiennes. Ceci allait donner le rapport  Meriam en 1928 qui allait pointer la situation catastrophique de la majeure partie des nations indiennes sur les plans sanitaires, éducatifs, économiques, etc .... Ce rapport allait ensuite servir de base à l' Indian Reoganisation Act de 1934 qui allait entériner la fin de l'allotment, l'installation de gouvernements tribaux et d'autres mesures, qui, si elles n'étaient pas parfaites, allaient rendre un peu d'autonomie aux nations indiennes et leur permettre de récupérer des terres dont elles avaient été spoliées.

 

En 1925, le Bureau des Affaires Indiennes chargera Eastman de retrouver le lieu, la date et la localisation de la dernière demeure de Sacagawea, le jeune femme qui servit de guide et d'interprète lors de l'expédition de  Lewis et Clark en 1805. 

Il détermina qu'elle était morte très âgée le 9 avril 1884 sur la Wind River Indian Reservation (Wyoming). Découverte erronée, car les historiens ont depuis mis la main sur un journal de 1812-1813 les laissant passer que Sacagawea était morte lors d'une épidémie en 1812 à  Fort Lisa (North Dakota).

 

Il passa les dernière année de sa vie dans une maison qu'il construisit sur la rive orientale du Lac Huron, allant passer la mauvaise saison à Detroit (Michigan) avec son fils Charles Junior, lui aussi nommé Ohiyesa. Charles Senior y décédera d'une crise cardiaque le 8 janvier 1939.

Sa femme lui survivra jusqu'en 1953.

 

Charles Eastman Ohiyesa en 1927Eastman fut critiqué pour s'être fait l'ardent défenseur de l'assimilation des Amérindiens à la société euro-américaine. Avant de le critiquer sur ce point, il convient de constater que c'était alors le point de vue de tous les défenseurs des "droits des Indiens", et même de beaucoup d'Amérindiens eux-mêmes! Il faut replacer les choses dans leur contexte historique!

 

C'est ailleurs que se trouve le meilleur de l'héritage d'Eastman. Son témoignage sur la vie des Sioux Santee est un document historique et ethnologique inestimable, d'autant que pour l'une des premières fois, la société et le mode de vie d'un peuple n'est pas vue du regard d'un observateur extérieur, mais de la part de l'un de ses membres.

 

Eastman ne ménagea pas non plus ses efforts pour tenter d'améliorer une situation désastreuse pour les nations indiennes. Il n'a jamais renié ses racines, rejeté son peuple. Tout en étant pour l'état civil Charles Eastman, il était aussi Ohiyesa. Ohiyesa voulait dire "Celui qui est toujours vainqueur".

 

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f) John Milton Oskison

 

Oklahoma, 1874. Territoire de la Nation Cherokee. C'est au sein de la partie de cetteJohn Milton Oskison (1874-1947)
nation qui avait choisi dès avant la " Piste des Larmes" (1835) d'adopter un mode de vie similaire à ceux des colons euroaméricains du sud-est des Etats Unis que naît John Milton Oskison, de John (English) et de Rachel Crittendon Oskison, tout deux membres de la nation Cherokee d'Oklahoma.

 

Oskison commence ses études universitaires au Willie Halsell College à Vinita. Là, il devient l'ami du futur acteur et humoriste  Will Rogers (1879-1935), l'un des premiers "cowboy" du grand écran et lui-même Cherokee (ce que beaucoup de ses fans ignoraient).

 

Il fut ensuite reçu à l' Université de Stanford comme étudiant de premier cycle et présida la Stanford Literary Society. Il reçu son diplôme de fin d'études en 1898, devenant le premier amérindien à obtenir cette distinction à Stanford.  Harvard lui ouvrira alors ses portes, mais après le succès de l'une de ses nouvelles, "Only the master shall praises" qui remporta un concours d'écriture organisé par le Century Magazine, il décida de faire de l'écriture son métier. Il deviendra éditorialiste pour le New York Evening Post.

 

En 1903, il épousera Florence Ballard Day et sortira l'année suivante une autre nouvelle, "The greater appeal".

En 1907, il quitte le "New York Evening Post" pour rentrer au "Collier's Weekly" dont il devient le rédacteur financier en 1910.

 

Durant la Première Guerre Mondiale, Oskinson sert dans le Corps Expéditionnaire Américain en France. Toujours en France en 1920, il divorce pour se remarier avec la romancière  Hildegarde Hawthorne à son retour aux Etats Unis. Démissionnant du Collier's Weekly, il choisit de devenir un écrivain indépendant.

 

A partir de cette période, il écrira quatre romans, une biographie romancée de  Sam Houston (1793-1863), homme politique plutôt favorable aux Cherokees, ce qui était rare à son époque et une histoire commentée de la vie du leader  Shawnee  Tecumseh.

 

Lors de la " Grande Depression" de 1929, il édita un projet de "Works Projects Administration"pour l'Oklahoma et soutint avec ferveur la politique du " New Deal".

A sa mort en 1947, il laissait sous forme de manuscrits son quatrième roman et son autobiographie inachevée. Sa fille donna ses papiers à l'Université d'Oklahoma. Ils ne furent publiés qu'en 2007 après que l'on les retrouvés!

 

En 1995, l'Université de Stanford lui rendra hommage en créant un concours d'écriture portant son nom et en 2007 un cratère de la planète  Mercure sera baptisé en son hommage.

 

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g) Zitkala-Sa (Gertrude Simmons Bonnin)

  

1876, le mois de février. Sans qu'il le sache, George Armstrong Custer n'a plus que près de quatre mois à vivre. Et c'est à ce moment là que voit le jour Zitkala-Sa (Oiseau Rouge), une jeune Dakota Yankton, sur la réserve  Yankton du Dakota du Sud.

Son nom de baptême euro-américain sera Gertrude Simmons Bonnin. On peut préférer Zitkala-Sa à Gertrude ! Sa mère Ellens Simmons était une Yankton "Thaté Iyohiwin" (Va vers le vent). Son père était un canadien français nommé Felker qui les abandonna peu de temps après la naissance de Zitkala-Sa. 


Jeunes filles d'une Indian Boarding School vers 1890Jusqu'à son huitième anniversaire, elle vivra avec sa mère sur la réserve. Elle décrira par la suite cette période comme un temps de liberté et de bonheur, sous la protection des autres Yanktons. En 1884, ce temps s'acheva brutalement quand les missionnaires Quakers vinrent sur réserve. Ils "recrutèrent" plusieurs enfants Yanktons, dont Zitkala-Sa. Ils les emmenèrent au " White’s Indiana Manual Labor Institute", une " boarding school" située à  Wabash (Indiana).

Elle y restera jusqu'en 1887. Elle décrira plus tard cette période de sa vie comme une période de profonde misère où l'on tentera de la dépouiller de sa culture et de sa personnalité . On la forçait à prier comme une quaker un Dieu en lequel elle ne croyait pas. on lui coupa ses cheveux et on la força à porter des habits féminins "civilisés". Par contre, elle y découvrira avec plaisir la lecture, l'écriture et la violon.

 

A son retour à la réserve Yankton, elle retrouva sa mère avec joie, mais réalisa avec uneZitakala-Sa et son violon vers 1890
profonde détresse qu'elle n'appartenait plus pleinement à la société traditionnelle Yankton. Elle constata aussi que beaucoup sur la réserve même adoptait les façons de faire des euro-américains.

 

Désireuse d'accroître ses connaissances, Zitkala-Sa décida d'elle-même en 1891 de retourner à la "White's Indiana Manual Labor Institute". Mais elle ambitionnait de devenir plus qu'une ménagère, une bonne ou une nourrice, rôle que l'école destinait aux jeunes amérindiennes. Elle étudia le piano, se perfectionna au violon et commença à enseigner la musique à l'école après le départ de la professeure de musique.

 

En juin 1895, elle reçut son diplôme d'enseignante et donna à cette occasion un discours sur les injustices subies par les femmes, discours qui sera très apprécié par les journaux locaux.

 

Bien que sa mère lui ait demandé de revenir près d'elle, Zitkala-Sa décida de continuer ses études au " Eartham College", à  Richmond (Indiana) où on lui avait offert une bourse. Au départ très isolée au milieu d'une école ne comprenant pratiquement que des euro-américains, elle séduisit par ses talents d'oratrice. Durant cette période, elle compila des histoires traditionnelles provenant de différents peuples amérindiens pour les traduire en anglais et en latin à destination des enfants. Mais en 1897, six mois avant d'être diplômée, elle dût arrêter ses études à la fois pour des raisons financières et de santé.

 

Elle entra alors au " New England Conservatory of Music" à Boston pour étudier plus avant le violon durant deux ans. En 1899, elle prend un poste de professeure de musique à la " Carlisle Indian Industriel School" de Pennsylvanie pour y enseigner la musique aux jeunes amérindiens. Elle y anima aussi des débats sur la façon dont étaient traités les peuples autochtones.

 

En 1900, elle accompagna à l' Exposition Universelle de Paris la fanfare de l'école de Carlisle et y joua du violon. La même année, elle commença à écrire des articles dans des revues comme le " Atlantic Monthly" ou le " Harper’s monthly". Ses critiques sur le système des "boarding school" et sur le déracinement forcé des enfants amérindiens fait contraste avec les descriptions idylliques des "boarding indian schools" de la plupart de ses contemporains.

 

Le colonel Richard Pratt et un élève vers 1900En 1901, le fondateur de Carlisle, l'honorable  Colonel Richard Henry Pratt l'envoya sur la réserve Yankton pour y recruter des élèves. C'était sa première venue sur la réserve depuis six ans. Elle y retrouva sa mère dans une maison délabrée. La famille de son frère était tombée dans la pauvreté et les colons blancs en vertu de la  loi Dawes de 1887 s'appropriaient des terres sur la réserve elle-même.

 

De retour à Carlisle, Zitkala-Sa entra en conflit avec Pratt. Elle lui reprochait son programme rigide d'assimilation des amérindiens à la société euro-américaine. Elle critiquait aussi les limitations du programme scolaire qui ne ne destinait les jeunes amérindiens qu'à des professions manuelles, comme garçon de ferme, vendeur de chaussure ou balayeur. Elle fit aussi paraître dans "Harper's Monthly" un article virulent dénonçant la profonde perte d'identité ressentie par un jeune amérindien après avoir étudié dans une "boarding school" et l'intitula "The soft hearted Sioux". Pratt qualifia son article de "poubelle" et la renvoya de l'école.

 

Elle regagna l'Ouest et trouva un poste de commis sur la Standing Rock Indian Reservation". Elle repartit ensuite sur la réserve Yankton pour prendre soin de sa mère à la santé déclinante. Elle compila alors des histoires traditionnelles des Sioux et d'autres nations qu'elle publia sous le titre " Old Indian Legends". Son but, à travers ce livre prévu pour les enfants, était de préserver la tradition orale amérindienne et de la faire connaître eux euro-américains pour que ceux comprennent et admettent l'intérêt de préserver les cultures autochtones.

 

C'est à ce moment là qu'elle rencontra le docteur Carlos Montezuma, un Yavapai. Cette relation fut brève, Montezuma refusant de quitter son cabinet médical à Chicago pour venir habiter sur la réserve Yankton.

 L'année suivante, en 1901, elle fit la rencontre d'un Yankton, Raymond Talesphase Bonnin. Peu de temps après leur mariage, le Bureau des Affaires Indiennes l'assigna comme agent sur la réserve  Uintah-Ouray en Utah. Durant quatorze ans, ils vivront avec les Utes. Durant cette période Zitkala-Sa donnera naissance à seul enfant, Raymond Ohiya Bonnin.

 

En 1902, "Atlantic Monthly" laisse paraître un article révolutionnaire pour l'époque : "Why i am a pagan" où elle réfute l'opinion de l'époque selon laquelle les amérindiens s'adaptaient facilement au christianisme qui leur était imposé dans les "Indian Boarding School" et la vie de tous les jours.

En 1917, son mari s'engagea dans l'armée américaine. Il fut nommé lieutenant en second en 1918. Il servira dans un état major à Washington et quittera l'armée en 1920 avec le grade de Capitaine.

 

Elle-même arrête de publier en 1904. Pour autant elle continua à écrire des récits autobiographies et à compiler des légendes. Ces écrits demeureront inédits jusqu'en 2001, date à laquelle ils seront édités dans le recueil " Dreams and thunder: stories, poems and the Sun Dance Opera". Car elle écrivit aussi un opéra ! "Sun Dance Opera".

 

Alors qu'elle était en Utah avec son mari, elle rencontra le compositeur William F. Hanson, professeur de musique à la " Brigham Young University". Ensemble, ils commencèrent à travailler sur la musique de "The Sun Dance Opera", Zitkala-Sa écrivit le livret et les chansons. Elle joua aussi les mélodies au violon et à la flûte, et Hanson utilisa ses mélodies comme base de ses compositions musicales. Elle basa son opéra sur la " Danse du Soleil" Lakota dont le gouvernement américain avait interdit la pratique..

 L'opéra comprend cinq actes dépeignant les "croyances, désappointements et espoirs" des Amérindiens. Les personnages, dans l'opéra, sont Sioux. Pour sa contribution Hanson s'inspira des Utes et des Sioux, avec lesquels il avait de bonnes relations. L'opéra a comme prétexte un triangle amoureux entre une guerrier Sioux, une jeune fille Sioux et un Shoshone.

 

La première de l'opéra se passa en Utah à l'Orpheus Hall à  Vernal en février 1913, avec des danses et certaines parties jouées par des Utes de la "Uintah and Ouray Indian Reservation" et les rôles de chanteurs joués par des euro-américains.

C'était le premier opéra écrit par un(e) amérindien(ne).

En 1938, la "New York Light Opera Guild" le présenta au Broadway Theater comme l'opéra de l'année.

 

Zitkala-Sa en 1928A partir de 1916, Les  publications de Zitkala-Sa recommencent. Ce sont surtout des traités politiques sur la question amérindienne. Le couple s'installe à Washington et se livre à l'activisme politique. En 1921, elle publie son ouvrage le plus influent " American Indian Stories", compilation de souvenirs d'enfance, de fictions allégoriques, d'un essai et de plusieurs articles parus dans la presse. Elle parle dedans de son enfance, mais aussi des durs labeurs auxquels ils étaient astreints dans les "Indian Boarding School" destinée à les "civiliser" et christianiser. Elle y parle aussi de ses études et de son passage à Carlisle.

 

De 1918 à 1919, elle fut un membre très actif de la " Society of American Indians " (SAI) qui publiait le "American Indian Magazine". C'était la première association de défense des Amérindiens fondée et dirigée par ceux ci. Elle était l'éditrice du magazine en question et y écrivit de nombreux articles. Très politiques, ses écrits traitaient de sujets aussi divers que la contribution des Amérindiens à la Première Guerre Mondiale, la spoliation des terres autochtones par le biais de l' allotment ou la corruption du Bureau des Affaires Indiennes. Elle critiquait aussi les tentatives de ce même bureau pour éradiquer les langues indiennes et pratiques culturelles. Elle rapporta aussi des cas de mauvais traitements sur des enfants qui refusaient de prier "comme les bons chrétiens". Beaucoup de ces écrits ont depuis été critiqué comme favorisant la politique d'assimilation. Tout en appelant à la reconnaissances des cultures et traditions amérindiennes, elle se faisait aussi en effet une ardente avocate pour que tous les amérindiens reçoivent la nationalité américaine et les droits s'y rattachant. Elle pensait que le fait d'avoir la pleine citoyenneté permettrait aux amérindiens de gagner du pouvoir politique et de mieux protéger leurs cultures. En 1924, l' Indian Citizenship Act octroya aux amérindiens qui ne l'avait pas déjà la citoyenneté américaine. Cependant, la discrimination demeurait élevée, certains états (notamment à l'Ouest) leur refusant le droit de vote et cela jusqu'aux années 1960 et le mouvement des droits civiques.

 

 Avec Charles H. Fabens, de "l' American Indian Defense Association" et Matthew K.Premier peuple à adopter l'IRA, les Flatheads du Montana (1935)
Sniffen de "l' Indian Rights Association", elle cosigne le pamphlet "Oklahoma's poor rich indians: an orgy of graft and exploitation of the Five Civilzed Tribes, legalized robbery" en 1923.

Ce livre influencera la décision du Congrès d'adopter la loi " Indian Reorganization Act" (IRA) en 1934, malgré de fortes oppositions dans l'Ouest et dans les milieux des industries pétrolières et minières. Cette loi encourageait les amérindiens à rétablir des gouvernements et à gérer elles-mêmes leurs terres. Elles leur permettait aussi de récupérer des terres qui n'avaient pas été cédées et étaient demeurées sous l'autorité fédérale. Cette loi débuta un lent processus d'autodétermination des peuples amérindiens au sein des Etats Unis.

 

Elle créa aussi au sein de la " General Federation of Women’s Clubs" le "Welfate Committee" et travailla pour ce comité durant la majeure partie des années 1920. Avec l'appui de cette organisation, elle fera un cycle de conférence à travers les Etats Unis pour appeler à la dissolution du Bureau des Affaires Indiennes.

 

Le National Council Of American Indians (1926)En 1926, elle fonda avec son mari le " National Council of Americain Indians" (NCAI) avec comme mission d'unir toutes les nations amérindiennes des Etats Unis dans un mouvement pour préserver et étendre les droits de la citoyenneté, notamment à travers le vote.

 

De cette date à sa mort en 1938 elle sera la présidente, la principale collectrice de fonds et la porte-parole de l'association. Quand en 1944 l'organisation sera réactivée sous une direction masculine, elle sera bien oubliée ...

Zitkala-Sa ne cessera pas lutter pour les droits civils des amérindiens, pour qu'ils aient un meilleur accès aux soins de santé et d'éducation.

 

Décédée le 26 janvier 1938, à Washington, elle sera inhumée sous le nom de Gertrude Simmons Bonin au cimetière d'Arlington avec son mari, Raymond.

 

Dans les dernières années du 20e siècle l'Université du Nebraska republiera ses écrits sur les cultures amérindiennes.

 

Zitkala-Sa fut la plus influente des activistes amérindiens de la première moitié du 20e siècle. Grâce à son énergie et à sa ténacité, elle a contribuée à apporter des changements majeurs dans l'éducation, l'accès et à l'hygiène et le statut légal des amérindiens et à la préservation de leur culture.

 

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h) Mourning Dove (Christine Quintasket)

 

1884. "L'Ouest" agonisait. Le dernier grand troupeau de bisons du Montana avait été anéanti par les chasseurs professionnels et une épidémie de peste bovine. Le chemin de fer sillonnait le pays et les clôtures de fils de fer barbelés se dressaient partout. Encore six ans et la fin de la " Frontier" serait officiellement déclarée.

 

A part les Apaches de  Geronimo et de Naiche, ils n'y avait plus d'Indiens en guerre. Hors des réserves, point de salut. Les Amérindiens avaient perdu toute indépendance et la politique gouvernementale était de " tuer l’indien en sauvant l’homme" en coupant les enfants de leurs familles et de leur racine pour les acculturer et les rendre "assimilable" par le monde euro-américain anglo-saxon.

 

C'est dans ce contexte pas " joyeux, joyeux" pour les Amérindiens que naît ChristineMourning Dove (1884-1936)
Quintasket, ou Hum-ishy-ma, ou Mourning Dove  en 1884, dans un canoë sur la rivière Kootenai, près de Bonners Ferry, dans l'Idaho, bien loin à l'ouest du lieu de naissance de Charles Eastman.

Elle grandi sur la réserve de Colville, créé en 1872 pour y abriter onze petites nations indiennes de l'Idaho et de l'Oregon, auxquels s'ajoutèrent en 1885 les survivants des Nez Perces qui avaient accompagnés le chef " Joseph" dans sa fuite pour rejoindre le Canada.

 

Ces différents peuples ne tardèrent pas à faire des mariages mixtes, beaucoup d'entre eux étant très affaiblis numériquement et culturellement proches. Ainsi la mère de "Mourning Dove" était une Sinixt (Colville) et son père un métis d'Irlandais et d' Okanagan (Sylix)

 

Très tôt, Christine sera placée dans une "Boarding Indian School" où on lui interdira de parler sa langue maternelle, de s'habiller "comme une sauvageonne" et de ne pas adorer d'autre dieu que Jesus-Christ. Le but de l'école du Sacré Coeur de la Mission Goodwin à Ward, près de Kettle Falls (Washington) était de "désindianiser les enfants" et de les convertir à la foi chrétienne. Et d'apprendre aux filles de devenir de bonnes servantes ou ménagères.

 

Il n'est d'autre Dieu que Jesus Christ (vers 1900)Coupée de sa famille, dans un pensionnat, elle oublia vite jusqu'à la signification de son nom amérindien. Elle croire qu'il voulait dire "Morning Dove" (Colombe du matin) et ne comprit bien après en visitant un musée qu'il voulait en fait dire "Mourning dove" (Colombe triste). Encore plus tard, elle déclara que ce sont "les hommes blancs qui ont dû l'inventer, parce que son peuple ne donnait pas aux femmes des noms d'oiseaux ou d'autres animaux.

 

Ayant appris à lire et à parler en anglais, Mourning Dove a lu un livre d'une euro-américaine, Theresa Broderick, qui avait dans son livre "The Brand : A tale of the Flathead Reservation" exprimé des idées un tantinet raciste envers les amérindiens. Ceci lui inspirera l'idée de devenir à son tour écrivaine pour réfuter de tel point de vue.

Par sa pratique de l'anglais, elle deviendra aussi le porte-parole de son peuple et de ses leaders

 

Mourning Dove deviendra l'épouse d'Hector McLeod, un Flathead, mais ce dernier se révélera un mari violent. Ils se sépareront en 1919 et elle se remariera avec Fred Galler, un Wenatchi.

 

En 1927, son roman " Cogewea, the half-blood" (Cogewea, la métisse) évoque une
question souvent présente dans les premiers récits de fiction écrits par des Amérindiens, celle des individus partagés entre deux identités et deux cultures. Le plus souvent, ces métis avaient des père euro-américains (souvent des trappeurs d'ascendance écossaise ou canadienne française) et des mères autochtones.

Ce roman raconte l'histoire de Cogewea et de ses deux soeurs Julia (l'aîné) et Mary. Après la mort de leur mère Okanogan, leur père euro-américain les quitte pour participer à la ruée vers l'or en Alaska. Leur grand-mère maternelle Stemteemä élève les trois filles selon la tradition Okanogan. Quand Julia épouse un rancher euro-américain, elle emmène ses deux soeurs à son ranch sur la réserve Flathead. Cogewea est bien vite courtisée par Alfred Densmore, un riche blanc venant de la côte atlantique, et James LaGrinder, le contremaître métis du ranch. Tandis que Julia soutient les entreprises de Densmore, Mary se défie de celui-ci. Cogewea finira par choisir James.

 

Morning Dove eut comme collaborateur sur ce roman Lucullus Virgil McWorther, activiste blanc pro-amérindien. très engagé dans la défense des droits des Amérindiens, il sera en 1914 adopté au sein du peuple  Yakama pour avoir sauvé leur réserve qui devait être amputée de 75% de sa surface.

Morning Dove se rendit compte très vite que McWorther avait apporté d'importants changements dans son texte. Elle ne lui en tint aucune rigueur et accepta les changements, considérant que McWorther ne l'avait pas altéré, mais au contraire amélioré.

 

Six ans plus tard, elle publie " Coyote Stories", une anthologie de légendes que lui racontait sa grand-mère et les anciens.

 

Elle décède en 1936.

 

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i) John Joseph Mathews 

 

John Joseph Mathews (1895-1979) vers 1918Le " Territoire Indien de L’Oklahoma", futur état d'Oklahoma est parfois surnommé par les historiens : "le dépotoir des tribus indiennes", car c'est là que furent "installés", la majeure partie des peuples de l'Est dans les années 1830-1840, les  Modocs du " Captain Jack" dans les années 1870 ou les Apaches Chiricahuas dans les années 1890.

 

Le Cas des Osages, peuple auquel appartenait John Joseph Mathews est très différent : ils étaient en partie originaire de cette région.

 

Notre John Mathews était né du mariage de William Shirley et Eugenia Mathews, tout deux métis d'Osage et d'euro-américain. Son père était banquier à Pawhuska, siège du gouvernement tribal des Osages. Ces derniers ayant un système familial  patrilinéaire, les Mathews n'appartenaient à aucun clan du peuple Osage, la partie Osage des Mathews venant des femmes.

John avait trois soeurs et un frère. Son frère, encore enfant, fut tué par un puma qui l'attaqua près de la maison familiale. Deux de ses soeurs ne se marièrent jamais et vécurent jusqu'à leur mort près de la maison familiale.

 

Avant qu'il n'entre à l'Université, la Première Guerre Mondiale éclata. D'abord affecté dans la cavalerie où il obtint le grade de lieutenant en second, il se fit muter dans l'aviation où il deviendra instructeur.

 

Après la guerre, il reprendra ses études à l' Université de l’Oklahoma, obtenant un diplôme en géologie. Il ira ensuite étudier (à ses frais) à Oxford (Angleterre) d'où il sortira en 1923  avec un diplôme en sciences naturelles. Il étudiera aussi les relations internationale à l'Université de Genève et à l'Institut universitaire de hautes études internationales. Durant ses loisirs, il voyagera aussi en Afrique avant de revenir aux Etats Unis, bien décidé à étudier la culture et les traditions des Osages.

 

Alors qu'il se trouvait à Genève, il épousera une américaine, Virginia Winslow Hopper. Tous deux s'installeront en Californie. Ils auront un garçon et une fille, mais finiront par divorcer en 1929. John retournera alors vivre en Oklahoma pour le reste de sa vie.

 

Il commencera alors à écrire. Comme membre de la nation Osage (même s'il ne faisait parti d'aucun clan), il recevait une part des royalties provenant de l'extraction du pétrole sur les terres tribales. Cette ressource fut suffisante pour lui permettre d'acheter un terrain, d'y bâtir une maison et de mener sa vie d'écrivain sans trop se soucier du lendemain.

 

Son tout premier ouvrage, le documentaire " Wah’Kon-tah : The Osage and the White Man’s road" paru en 1932 aura l'honneur d'être le premier livre non-fiction à être choisi par le "Club du Livre du Mois". A sa republication, le livre deviendra un "best-seller"!

Toutefois, ce sera son seul roman, " Sundown", écrit en 1934, qui aura le plus de succès. Ce dernier ouvre la route aux auteurs amérindiens qui viendront ensuite. Il est marqué par un réalisme dans la description de la société amérindienne qui tranche avec les clichés habituels de la représentation des sociétés "indiennes" dans la littérature euro-américaine.

 

En partie autobiographique, "Sundown" parle de Challenge Windzer, un jeune OsageWilliam Hale. Jamais condamné il a bénéficié du décès de plusieurs Osages.
métissé qui quitte sa maison natale pour aller à l'Université d'Oklahoma, puis à l'armée. Quand il revient vers sa communauté tribale, il a le sentiment d'être devenu un étranger. Il souffre alors d'aliénation et de désespoir.

Le roman se situe chronologiquement sur les terres Osages au début des années 1920, lors du "boom" du pétrole, qui apportera de grandes richesses à quelques Osages détendeurs de royalties, ce qui crée des dissensions et des disputes au sein même de la nation Osage. Cette période, celle du " Règne de la Terreur" pour les membres de la tribu, voit aussi l'assassinat jamais élucidé de plusieurs d'entre eux pour s'approprier leurs terres et leurs droits sur l'argent du pétrole. Effrayés par le climat de violence, beaucoup d'Osages  quitteront la région pour la Californie du Sud où ils se sont organisés depuis en communauté.

 

Durant les années 1930 et la période de la " Grande Depression", il intervient beaucoup dans le gouvernement interne des Osages. Ceux ci profitèrent de l' Indian Reorganization Act de 1934 et de l' Oklahoma Indian Welfare Act pour rétablir leur  conseil tribal, ce à quoi Mathews apporta son aide. De 1934 à 1942, il fera parti du Conseil Tribal et aidera en 1938 à la fondation de l' Osage Tribal Museum, donnant de nombreux objets aux collections de celui-ci.

 

Il part ensuite durant deux ans au Mexique et représente en 1940 les Etats Unis à "l'Indians of America Conference" à Michoacan.

 

Revenu aux Etats Unis, il se remarie en 1945 avec Elisabeth Hunt qui travaillait avec lui sur l'histoire des Osages. Il considéra le fils de cette dernière, John Hunt, né d'un premier mariage, comme son petit-fils.

 

Il se remet alors à écrire. Dans " Talking to the moon" (1945), il raconte ses observations sur la nature les liens entre celle-ci et la tradition culturelle Osage. Il mélange des éléments autobiographiques, philosophiques et des observations sur la nature.

1951 voit la parution de la seule biographie qu'il ait écrite : "Life and death of an oilman: the career of E. W. Marland", un magnat du pétrole doublé d'un politicien qui fut gouverneur de l'état d'Oklahoma dans les années 1930 qui créera un scandale en épousant sa plus jeune fille adoptive.

 

Dix ans plus tard, avec l'aide d'anciens du peuple Osage, il écrit "The Osages : children of the middle waters", sans aucun doute son ouvrage le plus abouti, dans lequel il compile la tradition orale des Osages et leur histoire, considérée de leur point de vue.

 

Durant la même période, il rédigera plusieurs nouvelles, dont certaines provenant d'histoires traditionnelles Osages, ou d'autres cultures (écossaises notamment) et des histoires dont les animaux sont les principaux protagonistes, les humains n'étant qu'à la périphérie.

 

Il décède en 1979.

 

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j) Rollie Lynn Riggs

 

 Les puristes trouveront que Rollie Lynn Riggs n'est pas un Cherokee, ni même un Amérindien. N'avait-il pas qu'un huitième de "sang Cherokee" par sa mère ? Et il n'a jamais particulièrement milité pour les droits des Amérindiens ou revendiqué haut et fort cette part de son héritage. Beaucoup de gens devaient d'ailleurs l'ignorer. Mais cependant, Riggs était un membre à part entière de la nation Cherokee de l'Oklahoma.

 

Rollie Lynn Riggs vers 1940Mais revenons au début de l'existence de Rollie Lynn Riggs. Celle-ci débute en 1899 dans une ferme de Claremore (Oklahoma), alors situé dans le "Territoire Indien".

 

Quand il atteindra l'âge de deux ans, sa mère, devant le morcellement à venir des terres tribales, lui assurera un "allotment", une part de terre, en tant que membre de la nation Cherokee. Les revenus que lui donnera cette parcelle l'aideront à mener sans trop de souci son métier d'écrivain.

 

Mais ne brûlons pas les étapes.

Riggs suivra sa scolarité à l'Eastern University Preparatory School de Claremore à partir de 1912. Il sort du lycée avec un diplôme de fin d'études en 1917 et part à Chicago, puis à New York où il écrira des articles pour le Wall Street Journal (dont il balaiera aussi les bureaux!),et sera libraire chez Macy’s.

 

Retournant en Oklahoma en 1919, il écrira dans le "Oil and Gas Journal", avant de partir à Los Angeles. Il y sera figurant au théâtre et correcteur au "Los Angeles Times", journal dans lequel il fera paraître son premier poème.

 

Regagnant de nouveau son Oklahoma natal en 1920, il entrera à l'Université d'Oklahoma comme professeur d'anglais jusque 1923. Mais, atteint de la tuberculose, il ne pourra pas poursuivre son cursus. Démissionnant, il partira à Santa Fe (Nouveau Mexique) pour s'y soigner. Bientôt, il y rejoignit un groupe d'artistes. Il y restera jusque 1926, date à laquelle il part à New York dans l'espoir d'y travailler pour les théâtres de Broadway.

 

Il avait déjà une expérience dans le domaine de l'écriture théâtrale, ayant écrit en 1925Green grow the lilacs, 1931
une pièce en un acte, "Knives from Syria" qui sera joué à Sante Fe. S'établissant à Chicago, il enseignera au  Lewis Institute tout en continuant à écrire. En 1928, il recevra un prix de la fondation Guggenheim et partira visiter l'Europe. C'est en France qu'il écrira sa pièce maîtresse "Green Grow the lilacs" en 1931, dont l'action se passe dans le "Territoire Indien" de l'Oklahoma vers 1900. La pièce décrit l'histoire d'amour d'un cowboy, Curly, envers la jeune Laurey, qui vit seule avec une vieille tante. Celle-ci rejette le jeune homme pour le peu recommandable Jeeter Fry, qui dirige la ferme pour sa tante. Evidemment, il y aura un "happy end", après de multiples péripéties.

 

Revenu aux Etats Unis, il résidera à Santa Fe, Los Angeles puis New York. Il travaille alors comme scénariste pour la Paramount et les Studios Universal. Son état de "Two Spirits" ou d'homosexuel faisait que beaucoup d'actrices de l'Hollywood des années 1930-1940 le choisissait comme "escort boy", notamment Joan Crawford et Bette Davies. Celle-ci le considérait comme l'un des meilleurs auteurs de théâtre et scénariste des Etats Unis.

 

Durant la Seconde Guerre Mondiale, il travaillera pour l'armée américaine et reprendra son activité à la fin de celle-ci, publiant un drame historique, une nouvelle "Eben, the hound and the hare" en 1952, puis un roman "The affair at Easter", se déroulant en Oklahoma.

 

Mais sa vie allait changer : en 1943, sa pièce "Green grow the lilacs", qui n'avait eu qu'un succès mitigé, sera adaptée en comédie musicale sous le titre "Oklahoma!". Puis en 1955 viendra l'adaptation en film.

Cela lui apportera des royalties substantielles. Il s'installera alors sur Shelter Island (New York).

Il décédera à New York en 1954 des suites d'un cancer de l'estomac.

 

En 1965, il sera reçu à titre posthume dans le "Hall of Great Westerners of the National Cowboy and Western Heritage Museum".

Il est l'auteur de nombreuses pièces de théâtre, dont "The cream in the well" (1940) dont l'action se passe en Oklahoma en 1906 avec des personnages Cherokees et euro-américain avec en arrière plan le morcellement des terres indiennes.

Il sera aussi un scénariste de cinéma prolifique, écrivant notamment les scénarii de "Stingaree" (1934), "The garden of Allah" (Le jardin d'Allah, 1936), "The Plainsman" (Une aventure de Buffalo Bill, 1936), "Sherlock Holmes and the voice of terror" (Sherlock Holmes et la voix de la terreur, 1942), "Madame Spy" (Elle était une espionne, 1942), "Sherlock Holmes in Washington" (Sherlock Holmes à Washington, 1943).

 

Même si Riggs n'affichait pas son "seizième de sang Cherokee", il faut remarquer que l'Oklahoma et les Cherokees ne sont pas absents de son univers théâtral et de ses écrits. Alors, amérindien ou pas amérindien ? L'identité est parfois au coeur de bien des choses et n'est pas toujours facile à définir pour une personne extérieure. C'est au coeur de l'individu et c'est lui qui définit, au moins partiellement, quelle est son identité. Disons que Riggs était Riggs!

 

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k) William D'Arcy McNickle

   

William D'Arcy McNickle (1904-1977)Revenons dans le Montana où est né le 14 janvier 1904 William D'Arcy McNickle. Le père de D'Arcy McNickle était irlandais Sa mère, Philomene Parenteau gagna les Etats Unis et la  réserve Flathead du Montana pour échapper à la répression de la révolte des  Métis de Louis Riel au Canada en 1885. Il sera admis comme membre tribal à part entière par les Salish Kootenai et revendiquera toujours cette affiliation.

 

William étudiera durant son enfance  à l'école de la Mission Saint Ignace sur la réserve, avant de continuer ses études hors de celle-ci.

 

En 1921, il est admis à l'Université du Montana d'où il sort diplômé en 1925. Il y apprend le grec et le latin et se passionne pour l'étude de la linguistique. Il commence aussi à écrire ses premiers textes.

 

Il vend alors les terres lui appartenant sur la réserve Flathead et part étudier à Oxford (Angleterre) et à Grenoble (France).

 

A son retour aux Etats Unis, il s'installe et travaille à New York et épouse sa première femme Jacobine Birkeland, dont il divorce en 1938 après en avoir eu une fille. En 1936, il fait paraître son premier roman " The surrounded".

 

Ce récit se situe sur la réserve Flathead (Montana) dans la Sniél-emen Valley (Mountains of the surrounded) où se situe le ranch de Max Leon, père du personnage principal, Archilde.

Ce dernier, qui est demi-Salish et  Chicano revient en cette année 1936 de Portland où il avait un emploi. A son retour, il se sent coupé de sa culture autochtone et de sa terre natale. L'histoire suit le conflit interne qui ravage Archilde divisé entre sa culture maternelle et la société euro-américaine. Alors qu'il tente de se réconcilier avec sont père et de retrouver une place parmi les Salish, il doit subir la mort de son frère tué par un garde chasse. Luttant pour redevenir un Salish, réparer sa famille meurtrie et échapper à l'accusation d'avoir assassiné le garde chasse qui avait tué son frère, il se trouve pris sous le feu croisé de diverses autorités qui tentent d'annihiler sa culture d'origine

 

En cette même année, D'Arcy McNickle est engagé comme adjoint administratif par le Bureau des Affaires Indiennes et s'installe à Washington. Il y travaille durant les années 1930-1940. Il développe alors de solides connaissances sur les différents domaines concernés par les "Affaires Indiennes".

En 1939, il se marie pour la seconde fois avec Roma Kaye Haufman, dont il aura une fille.

 

En 1944, il participe à la fondation du " National Congress Of American Indians". En 1950, il est nommé directeur du secteur des "relations tribales" au sein du Bureau des Affaires Indiennes. Il commence alors à écrire des livres sur l'histoire et les cultures amérindiennes ainsi que sur les politiques gouvernementales à leur égard.

 

Il pousse aussi les différentes nations amérindiennes à s'unir pour faire aboutir des revendications commune, comme l'arrêt de la politique de "Termination" ou faire cesser les discriminations à l'embauche. A la "American Indian Conference" de Chicago en 1961, il inspirera la " Declaration of Indian Purpose", qui affirme leur droit à l'autodétermination et au refus de l'assimilation.

 

En 1952, l'Université du Colorado (Boulder) le choisit pour diriger l'American Indian Development. On le retrouve ensuite en 1966 au Canada, à Regina où il refonde le département d'anthropologie. Il termine sa carrière professionnelle à Chicago où il créé le "Center for the history of the American Indian" à la Newberry Librairy.

 

En 1969, il se remarie pour la troisième fois avec la sociologue Viola Gertrude Pfrommer.

Il meurt d'une crise cardiaque en 1977.

 

Ce qui est à signaler avec D'Arcy McNickle, c'est que nous changeons radicalement d'époque. Bien intégré à la société euro-américaine, anthropologue reconnu, D'Arcy McNickle ne plaide cependant pas du tout pour l'assimilation des Amérindiens à la culture dominante. Il plaide au contraire, y compris dans ses romans et ses écrits documentaires, pour défendre leur droit à l'autodétermination, la préservation de leurs cultures et le respect des traités.

 

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4) Conclusion de la première partie

 

En 1800, on estime qu'il y avait encore 600000 amérindiens sur le territoire des Etats Unis (hors Alaska) contre peut être 4 à 5 millions à l'arrivée des premiers européens. En 1890, ils étaient 250000 et en 1920, 220000. 

Pour beaucoup d'habitants des Etats Unis, les amérindiens étaient alors "The vanishing Americans", ceux qui était condamné à l'assimilation et à la disparition dans le "Melting Pot" américain.

 

Déjouant toutes les prévisions, les Amérindiens ont réussit à survivre et à résister à l'assimilation même si ils ont dû pour survivre composer avec la société dominante euro-américaine. Dès 1940, leur nombre atteint 334000 personnes, chiffres prouvant leur vitalité.

 

Mieux, la grande majorité des peuples précolombiens ont réussi à survivre, même fortement réduits en effectif. Ils ont aussi réussi à acquérir des droits  durant cette période : la citoyenneté américaine (même si le droit de vote leur est refusé dans bien des états de l'Ouest) et à récupérer des terres dont ils avaient été spoliés. Les interdits pesants sur les danses indiennes (pas plus d'une journée et seulement des danseurs âgés d'au moins 50 ans pour le Bureau des Affaires Indiennes) avait été levé (en principe). Mais la pratique des religions traditionnelles demeurait de facto interdite et aucun texte ne protégeait les sites sacrés.

 

Ce n'était qu'un début... Pas une fin ! Mais la deuxième partie de cet article reste à écrire ....

 

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5) Bibliographie, Filmographie et Webographie

 

a) Bibliographie

A ma connaissance, il n'y a eu aucun livre paru en France sur cette thématique, mis à part peut être des livres sur la littérature américaine (voir aussi à infographie)

 

b) Filmographie

Un producteur : Attendez! Vous êtes sérieux! Des indiens qui écrivent des livres et des opéras! Mais si l'on fait un film sur ça, il ne marchera jamais! Les gens, quand on leur parle d'indiens, c'est "Danse avec les loups" ... Des mecs à cheval avec des plumes et des peintures faciales... Allons, soyons sérieux ...

 

c) Webographie

Citons les sites (tous en anglais évidemment) 

https://en.wikipedia.org/wiki/Native_American_literature

https://www.studysmarter.co.uk/explanations/english-literature/american-literary-movements/native-american-literature/

 https://americanindiansinchildrensliterature.blogspot.com/

 https://en.wikipedia.org/wiki/Native_American_Renaissance

 https://www.comicsbookcase.com/reading-lists-archive/comics-by-indigenous-creators

Il est aussi possible de trouver des informations sur les écrivains et écrivaines cités dans cet article par le biais de Google Books (en intégral ou extraits)

- Handbook of Native American Literature/Andrew Wiget.-Garland Publishing, 1996

- Samson Occom and the Christian Indians of New England/W. Deloss Love.-Syracuse University Press, 2005

- The life of William Apess, Pequot/Philip F. Gura.-University of North Carolina Press, 2015

- John Rollin Ridge : His life and works/James W. Parins.-University of Nebraska Press, 2014

- Sarah Winnemucca, scout, activist, and teacher/Natalie M. Rosinsky.-Compass Point Books, Minneapolis, 2005

- The flight of the Red Bird : The life of Zitkala-Sa/Doreen Rapaport.-StarWalk Kids Media, 2013

- Mourning Dove : a salishan autobiography/Mourning Dove.-University of Nebraska Press, 1994

- Haunted by home : The life and letters of Lynn Riggs/Phyllis Cole Braunlich.- University of Oklahoma Press, 2002

- Singing an Indian Song : a biography of D’Arcy McNickle/Dorothy R. Parker.-University of Nebraska, 1994

 

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Plumes rouges (1) : du mot à l'écrit

 

 

 


23/05/2023
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