Ceux qui sauvèrent le bison américain
1) Introduction
Il est notoirement plus facile de raconter une histoire qui finit bien, qu'un drame. Et dans le cas du bison américain (et plus encore pour l'européen), on a frôlé le drame !
Il s'en est en effet fallu de très peu et si le miracle a eu lieu, c'est grâce à quelques personnes, aux motivations souvent hétéroclites : ranchers, amérindiens, gens du spectacle, chasseurs, scientifiques, associations ...
Si l'on parle à satiété des raisons de la presque quasi extinction des bisons, on parle par contre fort peu de ceux qui l'ont sauvé.
Cette article tente de leur rendre hommage.
2) Qu'est ce qu'un bison
Pour commencer, parlons un peu de l'animal en question. Si le bison est indiscutablement un bovidé, c'est plus précisément un boviné. En tant que tel, "Bison bison" d'Amérique du Nord, appartient à la même famille que nos vaches normandes.... Mais là s'arrête la ressemblance !
2a) Evolution
Cela peut surprendre, mais les ancêtres du bison américain viennent d'Eurasie. Et ils avaient par rapport à leurs descendants modernes un format "King Size !"
Le premier bison qui a jamais arpenté le sol américain fut le "Bison Priscus Gigas" qui s'installa en Alaska il y a 200000 ans à la suite d'une période de glaciation. Les glaces lui interdirent d'ailleurs de gagner le sud de l'Amérique du nord pendant longtemps.
Doté de cornes imposantes, il y était tout à la fois plus haut et plus gros que le bison actuel
Il allait disparaître en cédant la place au "Bison Latifrons" ou Bison à front large
Ce dernier pouvait atteindre 2,50 mètres au garrot pour un poids avoisinant les deux tonnes avec des cornes dépassant les deux mètres d'envergure (65 cm pour les grands bisons actuels).
Ce monstre disparaît il y a 20000 ans, lors de la dernière glaciation, pour laisser place à un bison d'un format plus réduit : le bison américain actuel.
2b) Variétés actuelles
Il existe deux variétés actuelles de bison sur le continent nord-américain : le Bison des Bois (Bison bison Athabascae et le Bison des Plaines (Bison Bison Bison)
Celle des bois a toujours été plus rare que celui des Plaines. On en compte aujourd'hui plus de 3000 dans les forêts canadiennes.
"Bison Bison Bison" est celui qui nous intéresse ici.
Cet animal peut atteindre 2 mètres au garrot pour une longueur de 3,60 mètres. S'il pèse en moyenne entre 450 et 900 kilos, certains spécimens peuvent dépasser la tonne.
La tête et l'avant train sont énormes. Mâles et femelles ont des cornes qu'ils utilisent pour défendre leur rang dans le troupeau et se protéger contre les prédateurs.
Il n'a comme ennemis naturels que les loups ou l'ours brun (grizzly), ceux-ci ciblant plus les jeunes ou les individus malades ou mourants qu'en pleine santé !
Les bisons sont des animaux grégaires structurés en petits troupeaux composés des femelles du harem d'un mâle dominant et de leurs petits, soit une vingtaine d'animaux en moyenne. Ce dominant doit souvent défendre son rang contre les autres mâles qui aimeraient lui ravir une femelle... ou tout son harem. Il peut alors s'engager dans un combat "cornes à cornes" très bref, mais très violents, puisque parfois fatal à l'un des deux adversaires.
A noter que les comportements sexuels chez le bison peuvent comprendre des simulacres d'accouplement entre deux mâles.
L'hiver, les bisons ont une fourrure aux longs poils bruns foncés et en été un pelage plus léger, d'un brun
plus clair.
L'accouplement a lieu en août septembre et chaque femelle met au monde au moins un veau de couleur
rouge-brun au printemps (avril-mai). Sa mère l'allaitera pendant un an et il deviendra adulte à l'âge de trois ans. S'il peut vivre jusque 40 ans en captivité, dans la nature, la vie du bison n'excède que rarement 18 ou 22 ans.
Le célèbre "bison blanc" est un phénomène lié à un gêne récessif. Un animal né avec une fourrure normale la voit devenir blanche à l'âge adulte. Il ne s'agit pas d'albinisme, l'animal gardant une couleur d'oeil normale.
On pensait que ce gêne avait disparu suite aux grands massacres de du 19e siècle, aucun d'entre eux n'ayant plus été tué . Sa réapparition en 1933 au Montana avec la naissance de Big Medecine (1933-1959) sera une véritable surprise et sera reçut par les Amérindiens les plus traditionnalistes comme l'annonce d'un renouveau.
Les grands troupeaux résult(ai)ent d'un rassemblement sur le même itinéraire de migration des bisons (passages de rivières, cols, vallées). L'expression "la plaine était noire de bisons" souvent employée par les voyageurs d'autrefois ne voulait pas dire que l'on ne voyait plus un brin d'herbe, mais que partout où le regard se portait, on voyait des groupes de bisons. On pouvait parcourir les Plaines plusieurs jours sans en voir un seul, puis tomber sur une concentration d'animaux.
Les histoires de chasseurs de bisons insistent souvent sur la passivité des bisons qui ne prenaient pas la fuite alors que les chasseurs les décimaient. Ils y voyaient une preuve de la bêtise de ces "brutes". En fait, ceci tient à leur organisation sociale. Quand ils sont menacés par un prédateur (loups, ours), les bisons font bloc en mettant au centre les plus vulnérables (notamment les bisonneaux). Souvent les chasseurs commençaient par blesser la femelle conduisant le troupeau. Les autres faisaient bloc autour et ils pouvaient les abattre un à un.
En pleine charge, un bison peut atteindre la vitesse de 60 kilomètre-heure. Chaque année, des imprudents qui approchent de trop près un bison sont blessés voire tué. Il est recommandé de ne pas les approcher à moins de 30 mètres quand on est à pied et de ne pas essayer de faire un selfie avec eu !
Le bison peut aussi facilement sauter un obstacle de 1m80 de hauteur .... Ajoutons que ce sportif accompli est aussi un très bon nageur.
Petite anecdote : Vers 1840, un brave paysan eut l'idée de "domestiquer" un bison. Il parvint, on ne sait comment, à l'atteler à une charrue. Puis le bison le chargea et le tua avant de s'enfuir avec la charrue à sa traîne : jamais elle ne fut retrouvée !
Conclusion : ne confondez pas bison et vache Holstein!
Il est d'ailleurs recommandé de ne jamais se promener à pied près d'un bison, même si vous l'avez élevé.
Ils ont parfois l'amour vache! 900 kilos d'affection, cela peut faire mal !
Ils ont une très mauvaise vue. En revanche, ils entendent et sentent très bien ! A bon entendeur ....
Comme tout bon herbivore, le bison est une "tondeuse" naturelle. Il consomme des plantes telle que "L'herbe des Indiens" (ou panic érigé), la grande et petite "bluestern". En disséminant les graines que son estomac n'a pas assimilé, il participe à la dispersion de celle-ci et contribue à maintenir dans un bon état écologique la Prairie.
Sa quasi disparition au profit de champs et de bétail européen s'est avéré désastreuse. La mise en culture de la Prairie a provoqué une forte érosion des sols donnant le fameux "Dust Bowl" dans les Plaines du Sud (voir " Les raisins de la colère").
Le bétail d'origine européenne, quant à lui, ne broute pas les mêmes herbes que le bison. Cela a induit un déséquilibre écologique qui s'est avéré néfaste pour bien des plantes indigènes et les insectes qui en avaient besoin. Le résultat : un appauvrissement général de la biodiversité.
En se roulant sur le sol pour se couvrir de poussière et se protéger ainsi des insectes, le bison creusait aussi le sol de la Prairie, formant des points d'eau temporaires forts importants pour les autres animaux.
Le bison est en effet ce que l'on nomme une "espèce parapluie", c'est à dire un animal dont la présence profite à l'ensemble de la faune et de la flore d'un biotope. L'éliminer déséquilibre tout l'écosystème (faune et flore);
3) Chronique d'une extinction
Il n'a pas lieu de faire ici l'historique complet de la quasi extinction du bison, mais simplement de rappeler certains faits et de corriger des idées reçues;
A l'arrivée des européens, on estime que de 60 à 80 millions de bisons parcouraient l'Amérique du Nord, tant les Plaines, que les zones de forêts
L'empire du bison s'étendant alors du sud du Grand Lac des Esclaves, dans les Territoires du Nord-Ouest jusqu'au nord-est du Mexique et de l'Oregon à l'ouest jusqu'au Delaware à l'Est.
Cet empire allait fondre comme la neige au soleil sous l'effet de l'arrivée des colons.
Dès 1840, le bison avait disparu de l'Est du Mississipi, du Mexique et de l'Ouest des Montagnes Rocheuses.
Vers 1880, il restait encore abondant en Alberta, dans le Montana, les deux Dakotas (Nord et Sud) et une partie du Wyoming. Il avait été éradiqué des Plaines du Sud et du Centre
En 1889, il n'en restait qu'à peine 800.
Comment on en était arrivé là ?
L'explication la plus commune est évidemment la chasse, qu'elle soit sportive ou commerciale. Mais ce n'est pas le seul facteur qui a joué contre le bison, comme nous le verrons.
Cette chasse au bison a pris entre les années 1860-1883 l'envergure d'une véritable industrie : on chassait le bison pour sa peau, qui était transformée en tapis ou vêtements certes, mais aussi en solides courroies pour les machines-outils!
Des équipes de "moissonneurs"; dirigées et équipés par des véritables hommes d'affaires se chargeaient de l'abattage. Autour d'un ou deux chasseurs professionnels armés de carabines Sharps calibre 50 à un coup gravitaient des "dépeceurs" (méprisés par les cow-boys en raison de l'odeur qu'ils dégageaient), des nettoyeurs de fusils, des cuisiniers, conducteurs de chariots, plus une escorte contre une éventuelle (et très rare) attaque indienne.
Nombre de gens avaient tout à gagner à la disparition du bison :
a) les militaires (comme le général Sherman) qui voyait cette chasse comme le moyen de ruiner "l'intendance" des Indiens des Plaines pour les forcer à accepter les réserves;
b) les ranchers, qui voyait dans les bisons des concurrents à leur propre bétail. Les éliminer rendait les pâturages accessibles aux bovins d'origine européenne;
c) les compagnies de chemins de chemin de fer, parce que les bisons, lors des épisodes de blizzard, trouvaient fort commodes de s'abriter dans les tranchées creusées pour le passage de la voie à l'approche des collines ou montagnes. Ils pouvaient ainsi bloquer des trains plusieurs jours de suite! Enfin, les peaux de bisons étaient aussi pour elles un fret intéressant.
d) les fermiers, tout comme les ranchers voyaient dans la disparition des bisons la possibilité de mettre en culture la Prairie.
Les amérindiens n'étaient pas totalement innocent non plus; Si leurs "dégâts" étaient sans commune mesure avec celles des équipes précités, ils avaient vite compris qu'en échange de peaux de bisons tannées ou de langues (un met de choix) ils pouvaient obtenir des biens d'origine européennes (sucre, café, alcool, armes, poudres, vêtements...).
L'afflux des peuples chassés de l'est du Misssissipi vers l'Oklahoma et la Kansas en 1830 entraînera localement une pression de chasse alimentaire trop forte sur les bisons peuplant cette zone.
Mais un autre facteur important est omis : les maladies amenés par le bétail européen, et notamment la brucellose qui affaiblira et décimera les troupeaux.
A ceci, il convient aussi d'ajouter des facteurs écologiques : les points d'eau et les rivières devinrent de plus en plus difficiles d'accès pour les animaux sauvages, les colons s'y installant prioritairement et en réservant leur usage à l'irrigation et à leurs propres troupeaux domestiques.
Il faut pour en finir noter que la disparition du dernier grand troupeau en 1883 dans le Montana marqua certes la fin de la chasse industrielle, mais que l'on continua après cette date à massacrer des bisons, que ce soit pour leur peau, le trophée ou simplement parce qu'ils étaient vu comme une menace pour le bétail.
Les amérindiens des Plaines n'auront que peu de réactions. Il faut dire que pour eux, voir le bison disparaître aussi rapidement était inconcevable psychologiquement, culturellement et spirituellement. pour eux.
Comment imaginer qu'en quelques années, une espèce animale aussi abondante allait être réduite à néant?
Comment imaginer que ce qui vous fournit tout (habillement, nourriture, habitation, chauffage) va vous manquer du jour au lendemain, vous rendant dépendant d'étrangers ?
L'année 1883-1884 sera pour les Amérindiens une année de famine, notamment chez les Piegans (Blackfeet), qui y perdront 25% de leur effectif (600 décès sur 2400)
Comment imaginer que l'un des symboles fort de votre religion va s'effacer de votre vie aussi rapidement ? Même les chasseurs blancs crurent après la quasi disparition du dernier troupeau au Montana que les bisons étaient simplement passés au Canada et allaient en revenir ! En 1884, ils revinrent pour ne voir que quelques petits troupeaux ou individus isolés à la place du grand troupeau qu'ils espéraient, ce qui ne les empêchera pas de tuer tous les bisons qu'ils voyaient !
Un vieux conte Kiowa raconte que les bisons n'ont pas disparu : pour échapper aux chasseurs, ils se sont réfugiés sous terre, gagnant l'infra-monde, le monde des Esprits, pour en revenir quand le temps en sera venu.
Cette croyance sera par la suite intégrée dans le mouvement de la" Ghost Dance" des années 1885-1890.
Il n'y aura que deux tentatives faites pour éloigner les chasseurs commerciaux des bisons de la part des Amérindiens. La première a eu lieu le 27 juin 1874 à Adobe Walls (Texas) quand sept cents Comanches, Kiowas et Cheyennes sous la conduite du chef Nokoni Comanche Quanah Parker tenta d'exterminer un groupe d'une vingtaine de chasseurs retranchés derrière depuis d'épais murs d'adobe.
Ils parvinrent à en tuer trois, tout en perdant 13 guerriers, du fait des fusils à longue portée des défenseurs avant de battre en retraite. Quanah Parker tuera l'un des chasseurs de bisons et aura trois chevaux tués sous lui.
Une dernière tentative aura lieu en 1876-1877 quand le chef Quohodi Comanche " Black Horse" (?- vers 1900) avec une centaine de Comanches et d' Apaches des Plaines s'en prit aux chasseurs sévissant le long de la Red River au Texas. Cette tentative n'eut pas plus de succès que la précédente.
4) Sauver le bison
Les motifs pour lesquels des individus se mirent à sauver des bisons sont très diverses, comme nous le verrons. Beaucoup n'agirent pas par pure philanthropie ou pour "préserver la biodiversité".
Pour bien comprendre les choses, il faut savoir que le premier parc naturel créé au monde, celui du Yellowstone le 1er mars 1872 n'avait pas du tout comme objet de protéger la faune et la flore, mais les seuls paysages. Ainsi, on y continua d'y exterminer tranquillement bisons, loups et ours jusqu'à leur quasi extinction. Le bison pouvait bien figurer sur les billets de banques et les pièces, cela ne changeait rien !
L'intérêt pour la préservation de la faune n'apparaîtra que progressivement tout à la fin du 19e siècle et dans les premières décennies du 20e.
Encore aujourd'hui, il existe une large partie de la population qui ne la voit pas comme essentielle (les requins ? pourquoi vouloir sauver les requins?)
a) De premières tentatives juridiques infructueuses
Des états tentèrent de limiter le massacre très tôt... ou trop tard !
Ainsi; en 1864, l'Idaho essaya de limiter la chasse aux bisons sur son territoire. Mais il n'y avait déjà plus sur celui-ci !
Dans les années 1870, les législatures du Colorado, du Kansas, de l'Arizona (!) tentèrent de faire passer des lois limitant les périodes de chasse : chacune sera défaite au vote ou déclarée invalide par la Cour Suprême des Etats Unis.
Toutes ces lois avaient pour objet de protéger l'exploitation d'une ressource naturelle en mettant fin à son gaspillage. Elles n'étaient pas spécifiquement destinées à autre chose. Et si elles échouèrent, c'état parce qu'elles auraient été difficilement applicables sur le terrain et se heurtaient à la politique amérindienne du gouvernement.
b) Les sauveurs du bison
Âgé de quelques semaines, le bisonneau tremblait autant de peur que de froid. Il était affamé et seul, sans la sécurité offerte par les siens et sa mère. Une à une, les grandes masses poilues s'étaient effondré près de lui dans un bruit de tonnerre.
Y compris sa mère, elle qui était tout pour lui.
Paniqué, il s'était sauvé et avait observé de loin les étranges créatures bipèdes qui s'affairaient aux côtés des géants terrassés.
Quand ils s'éloignèrent, il s'approcha, espérant retrouver l'odeur de sa mère, la douceur de son lait et la chaleur de sa fourrure. Mais il ne régnait plus qu'une odeur de mort et de sang, celle des carcasses dont on avait pris la fourrure avant de les laisser pourrir sur la prairie.
Déjà, les charognards s'approchaient pour un festin bien facile, dont le jeune bisonneau risquait de faire partie, lorsque quelque chose d'inattendu se passa ...
Une corde venait de s'enrouler autour de son cou ! Elle avait été envoyée d'une main experte par l'un de ces étranges bipèdes, monté sur un quadrupède. On lui lia ensuite les pattes avant de le jeter sur un cheval.
Il l'ignorait, il était plus terrifié que jamais, mais il allait survivre !
b1) Les acteurs
- Charles "Charlie" (1836-1929) et Mary Ann "Molly" Goodnight (1839-1926)
S'il a bien un homme qui correspondait à l'imagerie traditionnelle de "L'homme de l'Ouest", c'était bien Charles Goodnight.
Louangé pour ses qualités humaines, Goodnight savait cependant se montrer impitoyable. Un jour, sa femme lui fit le reproche que ses hommes avaient pendu un voleur de bétail à un poteau télégraphique. Goodnight répondit simplement : "Le poteau télégraphique n'a pas eu mal". Encore son épouse ignorait elle que c'est Goodnight lui-même qui avait ordonné la pendaison (sans jugement évidemment).
On aura compris que notre homme n'était pas forcément un gai plaisantin !
Issu d'une famille de fermiers de l'Illinois aux racines allemandes, dont il était le quatrième enfant, Goodnight fut emmené en 1846 au Texas par sa mère et son beau-père.
En 1856, il devint cowboy sur le ranch de ce dernier , ce qui était alors malgré la légende l'un des métiers les plus mal payé et considéré de la terre. Il s'engagea aussi dans la milice locale qui s'efforçait de mettre fin aux raids de pillage des Comanches , puis en 1857 dans les Texas Rangers (alors notoirement racistes anti-indiens , anti-mexicains et et anti-noirs et Chuck Norris n'y était pas!).
C'est lui qui en 1860 lèvera et conduira un groupe de ces Texas Ranger qui attaquera le camp Comanche ou vivait Cynthia Ann Parker et son mari Peta Nocona, ce qui entraînera la capture de Cynthia Ann Parker. Goodnight trouvera par la suite l'occasion de faire la connaissance dans d'autres circonstances du fils de celle-ci, Quanah Parker, comme nous le verrons.
A la Guerre de Sécession, comme la plupart des Texas Rangers, Goodnight choisit le camp Sudiste. Il passa la majeure partie du temps de guerre (1861-1865) dans un régiment tentant de protéger les colons contre la recrudescence des raids indiens.
Après la guerre, Goodnight reprit le ranch de son beau-père et l'élevage des fameux "Texas Longhorn". En
1866, avec son associé et ami Oliver Loving, il ouvrit une route pour conduire le bétail du Texas aux chemins de fer du Colorado, la "Goodnight-Loving Trail", qui évitait les territoires contrôlés par les Cheyennes et Comanches.
Durant cette période, Goodnight inventa le "chuckwagon", la fameuse "cantine roulante" des films de cowboys.
Malgré tout, la route n'était pas de tout repos! En 1868, Loving sera gravement blessé par une flèche lors d'une attaque des Comanches et décédera de sa blessure après plusieurs jours d'agonie, veillé par Goodnight.
En 1870, ilt épousera une institutrice des environs de Fort Worth, Mary Ann Dyer. Pour elle, il imaginera une selle de femme lui permettant de l'accompagner sur le ranch.
En 1876, Goodnight avec John Adair achètera des terres dans le " Texas Panhandle", à proximité du canyon de Palo Duro, dernier refuge des Comanches et de leurs alliés jusqu'à l'année précédente. Il visait à s'approprier les riches pâturages qui était jadis le domaine exclusif du bison, les arbres, les ressources en eau et... en gibier. Le lieu ne lui était pas étranger, il l'avait déjà reconnu plusieurs années auparavant. Il s'appropria le lieu pour y placer son bétail après avoir forcé les quelques 10000 bisons présents à céder la place (non, il ne les a pas massacré).
En 1878, l'audace de Goodnight manqua de peu de lui coûter la vie. Alors qu'il recherchait une nouvelle route pour emmener du bétail vers le nord, il se trouva brusquement encerclé par une centaine de chasseurs Comanches, excités de ne plus trouver de bisons pour nourrir leurs familles. Goodnight resta calme, s'abstenant de tout geste vers ses armes et s'entretint avec l'organisateur de la chasse ... Quanah Parker !
Les deux hommes conclurent un accord "gagnant-gagnant" : les Comanches laissaient le bétail de Goodnight pâturer et traverser leurs terres sans tenter d'en voler en échange d'un loyer en têtes de bétail. C'est à cette occasion que se scella une solide amitié entre le rancher (ex-Texas Ranger) et un Quanah Parker (ex-chef de guerre impitoyable).
Un autre évènement important allait avoir lieu l'année suivante (1879). Alors qu'il se promenait sur la Prairie en compagnie de sa femme, le couple aperçu un jeune bisonneau non sevré errant solitaire. Goodnight était décidé à l'abattre pour lui éviter des souffrances inutiles (dix ans auparavant, il avait tenté de domestiquer sans succès des bisons), mais sa femme, qui toutes les nuits, elle entendait dans son sommeil les coups de feu des chasseurs de bisons et les lamentations des jeunes bisonneaux laissés seuls sur la Prairie, avait pris conscience que la disparition du bison était proche. Elle le supplia d'épargner le jeune animal et de lui confier. Elle l'élèvera au biberon, ce qui poussera le bisonneau devenu par la suite un superbe mâle à voir Mary Ann Goodnight comme sa mère!
Mieux, elle le persuada de consacrer une zone de Palo Duro à la préservation des bisons et l'incita à demander à ses cowboys de capturer (contre récompense), tous les bisonneaux qu'ils trouveraient dans les Plaines.
Ainsi se constitua petit à petit un troupeau. Homme pratique et entreprenant, Goodnight tenta d'hybrider des bisons avec du bétail domestique (voir sous Charles Jones), sans succès. Contrairement au vrai bison, qui lui, prospéra ! Rien qu'en 1908 eurent lieu 20 naissances ! En 1916, il comptait 250 têtes et avait fourni des bisons pour le Yellowstone, de nombreux autres parcs américains et même New York !
Leur troupeau attira l'attention de Buffalo Bill Cody, qui tenta d'en acheter pour son "Wild West Show". Goodnight refusa catégoriquement, conscient de l'importance de son troupeau. Il aura moins de répugnance à en vendre au gouvernement des Etats Unis, sachant que cela était pour en réintroduire dans les parcs nationaux.
Son troupeau lui servait aussi a établir des relations d'affaires. Goodnight était un homme riche et influent au Texas. Il invitait ses partenaires potentiels et amis (Quanah Parker, Theodore Roosevelt entre autres) à chasser quelques bêtes de son troupeau ou les loups, de temps en temps. Il avait aussi établit d'excellentes relations avec les Pueblos de Taos, les Kiowas, et bien sûr les Comanches, leur procurant des artefacts venant de bisons (crânes, cornes, etc...) en échange de création de l'artisanat traditionnel, qu'il revendait ensuite aux collectionneurs et musées de l'Est ou d'Europe.
En 1923, Goodnight vendit son ranch et son troupeau à un magnat du pétrole texan, J. I Straley qui eut le bon goût de continuer l'oeuvre des Goodnight.... Du moins jusqu'en 1931, date à laquelle il décida d'ouvrir le ranch aux "sportifs" désireux de payer très cher pour tuer un bison et en repartir avec la peau, au grand scandale de la majorité des Texans et des habitants de l'Oklahoma. La crise de 1929 avait éclaté et Straley avait perdu beaucoup d'argent. La tempête dans l'opinion nationale sera telle que l'état du Texas se décidera à acheter la totalité du troupeau pour le sauver, et que Straley vendra le ranch. En 1938, la nouvelle propriétaire, Mattie Hedgecock s'engagea à maintenir le troupeau sur le ranch et accrût la superficie consacrée aux bisons. Malheureusement, entre temps, beaucoup de bêtes avaient été vendues par les créanciers de Straley.
Malgré tout, le troupeau de Mrs. Goodnight est toujours là, ses descendants ayant joué un rôle majeur dans la sauvegarde des bisons. Sans le savoir, ils avaient même sauvé une sous-espèce! Des analyses ADN dans les années 2000 révéleront que les bisons de Goodnight avaient un ADN légèrement différent de cux du Montana !
- Charles Jones
Charles "Buffalo" Jones (1844-1919) découvrit le bison... en le massacrant !
Natif de l'Illinois, il dut interrompre ses études en 1865 en raison de problèmes oculaires résultant d'une mauvaise fièvre typhoïde et gagna le Kansas avec sa femme Martha Walton. Leurs uniques biens étaient les vêtements qu'ils portaient sur le dos et un sac de graines d' oranger des Osages, plante très recherchée par les fermiers de la région pour servir de barrière contre les vents violents des Plaines et comme clôture avant l'invention du fil de fer barbelé. Avec un partenaire, George Baker, Jones mit en route une pépinière.
Mais les "Orangers des Osages" ne tardèrent pas à l'ennuyer, car il avait soif d'aventures. Aussi, il se fit engager comme "tireur" dans une équipe de chasseurs de bisons. Il ne tarda pas à se montrer d'une efficacité redoutable et à devenir très vite un "frontiersman" expérimenté. Clamant à qui voulait l'entendre qu'il avait tué plus de bisons que n'importe quel autre chasseur, il y gagnera le sobriquet de "Buffalo" Jones. Il faut dire que de son propre aveu, il tentait de tuer le maximum de bisons dans le minimum de temps!
Avec l'argent qu'il avait gagné, Jones s'installa sur un ranch dans le Kansas. Il fut l'un des fondateurs de la localité de Garden City et réussira à y faire passer la ligne de chemin de fer vers Santa Fé. Il donnera aussi des terres pour la construction du Palais de Justice et des commerces, devenant le premier maire de la nouvelle cité.
Un autre homme aurait pris cela pour un accomplissement, mais Jones n'était pas un homme ordinaire. Il sa lança alors dans un nouveau défi..
En janvier 1886, un terrifiant blizzard causa la mort d'une quarantaine de personnes et de 80 à 90% du bétail présent dans les Plaines. Jones savait que les bisons supportaient de telles calamités et il lui vint à l'idée de faire se reproduire entre eux des bisons et du bétail domestique pour obtenir un bovin ayant l'endurance du bison, la qualité de sa viande et la douceur du bétail domestique.
Encore fallait il pour cela trouver des bisons, et de préférence des bisonneaux, qui seraient plus "malléable" que des adultes. Chose peu évidente dans l'Ouest de l'époque!
Jones était très bien placé pour savoir que le bison était sur le chemin de l'extinction. Il se mit néanmoins en quête dans les Plaines, achetant de jeunes animaux ici, en capturant ailleurs, pour les ramener sur son ranch.
Là, il expérimenta divers accouplements, sans grand succès, obtenant des "cattalo" qui avaient toute l'agressivité du bison sauvage... et pas sa viande! D'autres essais avec des vaches d'Ecosse ne donnèrent pas de meilleurs résultats.
Toutefois, le troupeau de Jones croissait jusqu'à devenir le plus grand troupeau de bisons possédé par un propriétaire privé avec près de 150 têtes. Mais au début des années 1890 éclata une grave crise financière qui obligea Jones à vendre son troupeau aux enchères pour payer ses dettes.
Il participera à une "Ruée" en Oklahoma en 1893 puis parti jusqu'au Cercle Polaire Arctique chercher des boeufs musqués
Ayant appris que le dernier troupeau sauvage de bisons (30 têtes) du Parc du Yellowstone était menacé par le braconnage; il se rendit à Washington. Il proposa au Ministère de l'Intérieur de conserver des bisons dans un enclos pour ensuite les relâcher dans le Yellowstone. Sans succès.
Ce n'est qu'en 1900 que le gouvernement lui donnera 8000 hectares au Nouveau Mexique pour cet objectif. Et il faudra attendre l'année suivante pour que le Congrès décide de donner 15000 dollars à Jones pour la construction d'un enclos dans le Yellowstone pour y abriter des bisons destinés à y renforcer le troupeau présent.
En 1902, le Président Théodore Roosevelt le nomma pour gérer la faune du parc, il sera le premier Directeur a occuper ce poste. Et son ami Goodnight, lui donna trois beaux mâles reproducteurs. L'année suivante, le Superintendant se félicita à Washington de la façon dont Jones s'occupait et faisait prospérer le troupeau.
Jones occupa cinq ans son poste, mais continua à consacrer son temps aux bisons après cette date.... et à chasser le lion en Afrique !
Parmi ces amis, on comptait Theodore Roosevelt, Goodnight, William "Buffalo Bill" Cody, le romancier Zane Grey, etc .... Tous étaient membres du " Camp Fire Club", un club qui regroupait des chasseurs, des scientifiques, des artistes et tout individu intéressé par l'aventure dans les grands espaces et la préservation de la faune sauvage
Jones, baptisé le "King of the Cowboys" par Buffalo Bill Cody, décédera des suites d'une malaria contactée lors d'une chasse en Afrique. Alors qu'il rendait le dernier soupir, il pouvait être sûr d'une chose : le bison était sauvé de l'extinction !:
- Pend’Oreilles : Ce n'est pas la nation indienne la plus connue, même sous son véritable nom de "
Kalispel". Vers 1874, un membre de ce peuple, Atatice, se désolait de voir disparaître le bison et décida de tenter quelque chose. Il incita son fils Latati (ou Little Peregrine Falcon) d'emmener vers l'Ouest et le réserve Flathead six jeunes bisonneaux qu'il avait récupéré sur les Plaines. Latati exécuta sa mission.
En 1884, son beau-père, Samuel Walking Coyote revendit le petit troupeau (20 bisons) qui s'était depuis
agrandi à deux négociants en chevaux, Michel Pablo (dont la mère était Blackfoot) et Charles Allard (lié par mariage aux Kalispels, puis aux Flathead), contre 2.000 dollars. Il était trop âgé pour continuer à s'en occuper. Pablo et Allard, qui étaient aussi des ranchers, continuèrent à s'occuper des bisons et à les protéger. Samuel Walking Horse, disparaît de l'histoire, ayant joué son rôle.
En 1893, Allard acheta les 45 bisons de Charles Jones et les ramena du Kansas.
En 1896, Allard décéda et sa moitié de troupeau dispersée aux enchères, mais le troupeau de Pablo, lui, continua à croître à tel point qu'en 1900 il était présenté pour le plus important troupeau subsistant sur le sol des Etats Unis.
Mais en 1904, coup de théâtre ! Pablo apprend que dans le cadre de la loi sur l' Allotment Act les terres de la réserve Flathead allait être partagée entre les résidents amérindiens et le reste donné à des colons : son troupeau n'y aurait plus sa place ni d'espace pour paître.
Pablo tenta alors de vendre son troupeau au gouvernement américain, mais les négociations échouèrent !
In extremis, en 1907, Pablo arriva à vendre son troupeau de près de 800 bisons au gouvernement canadien.
Ce n'est qu'en 1912 que le dernier bison de son troupeau quitta le Montana pour gagner par train leur nouveau asile, Elk Island, dans l'Alberta, près d'Edmonton. Leurs descendants y coulent des jours heureux et ont servi à repeupler en bisons bien des parcs naturels canadiens ou américains.
Le but de Allard et de Pablo était bien de conserver des bisons, même s'ils en tuaient de temps en temps pour en partager la viande avec les habitants de la réserve Flathead ou des hôtes de marque.
- William Temple Hornaday (1854-1937).
Aucun des efforts précédents n'aurait peut être porté ses fruits s'il n'y avait eu un homme pour tout coordonner et rationaliser les bonnes volontés. Cet homme fut le professeur de zoologie William T. Hornaday, un excellent ... chasseur et taxidermiste !
Autant le dire, l'homme, même en considérant son époque, n'avait pas que des côtés sympathiques, même dans le contexte des années 1900, comme nous le verrons !
Mais commençons par le début. William Temple Hornaday est né dans l'Indiana et sa scolarité se déroula à 'Oskaloosa College (aujourd'hui l'Université de l'état d'Iowa), puis dans les meilleures université d'Europe.
Taxidermiste, il travaillera jusqu'en 1877 à "Henry Augustus Ward's Natural Estanblisment" à Rochester (New York) avant de voyager en Inde et à Ceylan pour collecter (pan!) des spécimens zoologiques. En 1878, il voyagea en Malaisie et dans l'état de Sarawak, sur Bornéo (re-pan!). Il en tirera un livre et sera nommé en 1882 chef taxidermiste du "United States National Museum", poste qu'il allait garder jusqu'en 1890.
L'une de ses missions était entre autres d'inventorier les spécimens de bisons américains présent dans les collections du Musée et il découvrit que celle-ci était pitoyable.
Il entreprit alors en écrivant aux ranchers, chasseurs, officiers de l'armée et gardiens de zoos dans les Etats Unis et le Canada de dresser un recensement complet des bisons présents sur le sol américain.
Se fiant à des estimations précédentes, Hornaday estimait qu'en 1867 il y avait 15 millions de bisons sur le continent américain. Son recensement lui prouva que ce nombre avait fortement décru et il écrivit à son supérieur au Smithsonian George Brown Goode que "dans les Etats Unis l'extermination des grands troupeaux de bisons était un fait accompli".
En 1886, il se rendit personnellement dans la région de la Musselshell River au Montana où était censé vivre le dernier troupeau de bisons. Il devait "collecter" (re-repan!) des spécimens de la faune de la région, notamment en tuant plusieurs bisons pour les empailler, pour que "les générations futures puissent voir à quoi ressemblait un bison après son inévitable extinction".
Ce que vit dans le Montana Hornaday le glaça. La prairie était couverte de squelettes de bisons. Et il n'en restait plus aucun. Rien que les os que des fermiers ramassaient pour les vendre et les expédier vers l'Est pour qu'ils soient transformés en engrais.
Cela eut un profond impact sur le lui, le transformant en défenseur de la faune, un écologiste avant la lettre. Il acheta des animaux vivants (je précise) et créa un département "Conservation of the species", hébergeant un petit groupe de bisons à Washington. Ce département évoluera ensuite sous sa direction en un "Department of living animals" au sein du Smithsonian et deviendra en 1889 le National Zoological Park, précurseur du zoo du Bronx. Hornaday sera le premier directeur de cette structure, mais démissionnera après un conflit avec le directeur du Smithsonian, Samuel Pierpont Langley.
En 1889, il publia " The extermination of the American Bison". Cet ouvrage fondamental fit prendre conscience à beaucoup d'étudiants et d'américains de la nécessité de protéger la faune sauvage.
Il n'est pas inintéressant à ce date de citer ci-dessous le recensement fait par Hornaday de ce qui restait alors comme bisons au monde au 1er janvier 1889 :
A) Bisons en captivité :
Nombre de bisons captifs pour être accouplés avec du bétail domestique : 216
Nombre de bisons captifs gardés pour être montré au public : 40
Total : 256
Bisons sauvages placés sous la protection gouvernementale dans le Yellowstone Park : 200 (vite réduit à 23 par le braconnage)
Cattalo (Bison + bétail domestique) : 40
B) Bisons sauvages
" Texas Panhandle" : 25
Colorado : 20 (exterminés par le braconnage avant la sortie de livre de Hornaday)
Wyoming (sud-est) : 26
Montana (Musselshell country) : 10
Dakotas (ouest) : 4
Nombre total de bisons sauvages aux Etats Unis : 85
Bisons sauvages au Canada ("Forest bisons, Athabasca + Territoire du Nord-Ouest) : 550
Total des bisons sauvages en Amérique du Nord : 635 (dont 550 Bison des Forêts)
Total général : 256 (captifs) + 85 (libres) : 341 (891 environ avec les Bisons des Forêts)
Hornaday n'allait pas rester les bras croisés sur ce constat. Il gagna à sa cause (et à celle du bison) le soutien
de Theodore Roosevelt et créa une société pour la protection du bison américain, Puis, lorsqu'il devint directeur du Bronx, il acheta des bisons pour amorcer un troupeau-conservatoire. En 1903, celui-ci était fort de 40 animaux sur 4 hectares. En 1905, l' Americain Bison Society fut formé. Quand fut créé en 1905 la première grande réserve animalière des Etats Unis, le " Wichita National Forest and Game Preserve" Hornaday choisit lui-même 15 des bisons du Bronx pour les réintroduire dans le parc. Il avait d'ailleurs aussi choisit le site. En 1919, l'ABS avait réintroduits neuf troupeaux dans des zones protégés à travers les Etats Unis et coordonné les efforts des conservateurs.
Toute sa vie, Hornaday se battra sans relâche pour obtenir des actes législatifs protégeant la faune, pétitionnant et faisant du "lobbying" avec une grande habileté. Il écrivit livres sur livres sur ce thème, dont "Our vanishing wildlife : it's extermination and preservation" qu'il adressera à tous les membres du Congrès.
Bref, un homme parfait. Un grand homme. Mais aussi un raciste sincère et profond ! Hélas !
En octobre 1906, Hornaday aura l'idée de mettre Ota Benga, un pygmée natif du Congo, dans l'enclos des singes du Bronx. Là, Ota Benga devait s'exhiber en tirants des flèches sur des cibles, tresser des cordes et lutter avec... un orang-outang !. Si le "New York Times" de l'époque écrivit que "peu de gens s'émeuvent à la vue d'un être humain dans une cage avec des singes", la prestation ne fut pas du tout du goût du clergé afro-américain protesta avec vigueur. Le très puritain Maire de New York Georges McClellan, fils d'un général de l'Union, refusa de les recevoir et fit les louanges d'Hornaday. Ce dernier le remercia dans une lettre en écrivant que plus tard "Quand l'histoire du parc zoologique sera écrite, cet incident en formera le passage le plus amusant". La controverse ne s'apaisant pas, Hornaday se limitera à déclarer qu'il n'avait fait que mettre en place "une exhibition ethnologique", sans manifester le moindre regret ou semblant d'excuses.
Dans une autre lettre à Madison Grant, le secrétaire de la "New York Zoological Society," raciste notoire et affiché il écrira qu'il considérait comme impératif "que la société ne doit pas être dirigée par des prêtres noirs (black clergymen).
Au bout de quelques jours cependant, Hornaday décidera de mettre fin à "l'exhibition" devant la polémique montante. Ota Benga n'aura plus qu'à errer comme une âme en peine dans les allées du zoo, poursuivit par des cris d'animaux, des hurlements et les moqueries de mauvais plaisants. Il était censé être ramené en Afrique, mais à l'entrée des Etats Unis dans la 1er guerre mondiale, il réalisa qu'il allait resté bloqué aux Etats Unis. Dépressif et désespéré, il se suicida.
Cela n'empêchera pas Hornaday de recevoir après sa mort l'honneur d'avoir un pic de la chaîne des Absoraka à son nom, dans le Parc du Yellowstone en 1938, avec l'appui du Président Franklin Delano Roosevelt.
"L'affaire" ne réapparaîtra au grand jour qu'en 2020.
- Theodore Roosevelt (1858-1919). Je ne parlerais ici du 26ème Président des Etats Unis que pour son rôle
dans la sauvegarde du bison. Mais il faut savoir que pour le bison, la première image qu'il eut du futur Président des Etats Unis était un homme lui tirant dessus ! Tout joyeux après avoir tué son premier bison, il dansera =de joie autour de ce dernier !! Encore en 1889, alors que l'espèce était au bord de l'extinction, il ira chasser certains des derniers survivants !!! Zoologiste et taxidermiste amateur, Roosevelt vivra comme chasseur de bisons (1883), puis rancher, de 1883 à 1887, avant de revenir à la politique. Il était bien à l'aise dans le racisme de l'époque, déclarant en 1886 à propos des Amérindiens : "« Je ne pense pas que les seuls bons Indiens sont les Indiens morts, mais c’est valable pour neuf sur dix, sans compter le dixième sur lequel je ne souhaite pas me pencher. Le plus vicieux des cowboys a plus de principes moraux que la moyenne des indiens. Prenez 300 familles parmi les pires de New York et du New Jersey, soutenez les pendant 50 ans dans une vicieuse oisiveté et vous aurez une idée de ce que sont les indiens. Insouciants, rancuniers, diaboliquements cruels».
A noter, que par un caprice du destin, cet homme deviendra un ami sincère de Quanah Parker, dernier chef de guerre Comanche à déposer les armes en 1875. Peut être parce que ce dernier était le fils d'un chef de guerre Comanche et d'une captive blanche ? Ou que Roosevelt pensait que certains membres "des races inférieures" pouvaient "à force d'efforts", s'élever "à la hauteur de l'anglo-saxon moyen"?
Les noirs, à l'exception de quelques individus, n'étaient pas mieux vu par cet homme, qui, comme beaucoup de son époque, considérait le "Blanc Anglo-Saxon Protestant" comme l'idéal absolu de l'humanité et prônait l'eugénisme.
On peut donc se demander comment un tel personnage a pu se préoccuper de la sauvegarde du bison. Il y a deux raisons simples : tout d'abord la volonté de préserver un symbole "purement américain" de force et d'énergie; ensuite une nostalgie réelle pour les "temps de bénis de la Frontière" et la volonté d'en préserver l'héritage.
Cela le poussa à aider d'une façon puissante et décisive les efforts des conservationnistes et de Hornaday pour sauver l'espèce, notamment en favorisa la réintroduction de petits troupeaux maintenus en captivité dans des parcs nationaux.
Conclusion : Même un enfoiré peut commettre de temps en temps une bonne action !
- Edgar Howell : Si ce triste sire aida à sauver le bison, ce fut bien contre son gré ! Dans les années 1890-1894, il sévit dans le Parc National du Yellowstone, tuant des dizaines de bisons et d'autres animaux pour leur peaux et trophées. Les peaux et têtes de bisons étaient alors très recherchées par certains taxidermistes du Montana : ce qui est rare vaut très cher ! Devant l'ampleur du carnage, on fit appel à l'armée des Etats Unis, sans succès. A la grande contrariété du Surintendant du Parc, George Anderson, si des braconniers étaient pris, tout ce qu'il pouvait faire, c'était saisir leurs armes, leur butin et les reconduire poliment hors des limites du parc, et les tenir en prison un mois, le temps que Washington lui envoie l'ordre de les libérer.
Les compagnies minières avaient dès la création du parc, tout fait pour en affaiblir la protection pour pouvoir le cas échéant y ouvrir des mines et cela ouvrait le champ aux braconniers.
L''éclaireur Felix Burgess a été l'homme qui joua un rôle décisif dans cet affaire. Alors qu'il patrouillait en ski avec un autre soldat durant l'hiver de 1893-1894, il repéra le 12 mars 1894 la piste d'un homme tirant un traîneau lourdement chargé et celle d'un chien qui l'accompagnait. Les deux hommes suivirent la piste et entendirent bien vite plusieurs coups de feu.
Ils n'avaient pas avec eux de carabines, uniquement des colts, et savaient qu'ils devaient jouer sur l'effet de surprise.
Ils arrivèrent sur les lieux ou Howell était occupé à dépecer les bisons qu'il venait de tuer. Déjà, il avait coupé les têtes. Absorbé par sa tâche sanglante, il ne vit pas les deux militaires venir, et son chien dormait profondément. Par chance pour ceux ci, il avait déposé sa carabine contre un arbre. Il n'y eurent pas de mal à lui mettre la main au collet et le maitrisèrent malgré ses invectives et menaces. L'homme n'avait pas la réputation d'être un enfant de choeur et il se disait qu'il avait du sang (humain) sur les mains.
Ils le ramenèrent manu militari au Superintendant Anderson. Ce dernier se demandait qu'en faire : l'abattre et donner le cadavre aux charognards n'aurait pas été légal !
Mais il trouva la solution ! Il y avait justement des journalistes et photographes venus faire un reportage pour de grands journaux. Une bénédiction ! Anderson les laissa à loisir photographier le triste sire, les soldats et le butin saisi. L'affaire eut un énorme retentissement médiatique à travers tous les Etats Unis.
Note sur la photo : cette image montrant des soldats posant avec une partie du butin d'Howell est souvent prise par erreur comme une photo montrant des soldats américains posant avec les têtes des bisons qu'ils auraient tués !
Deux semaines plus tard, une loi venait sanctionner au pénal le délit de braconnage dans les parcs nationaux américains.
Et Edgar Howell disparu à jamais de l'histoire....
4) Le retour du bison.
Ce 11 octobre 1907, il faisait frais à la gare de la petite ville de Cache (Oklahoma), au milieu de l'ancienne réserve des Comanches. Cependant, il y avait là une foule importante qui attendait un train. Il y avait toute la ville et de nombreux habitants des environs présents là. Parmi eux, de nombreux Comanches, Kiowas et Kiowas-Apaches, dont le chef de la nation Comanche Quanah Parker (qui habitait dans les environs de Cache), reconnaissable à sa haute stature.
Tous ces gens attendaient l'arrivée d'un train. Un train très particulier parce qu'il transportait. Il ne s'agissait pas d'un homme ou d'une femme politique, ni d'une vedette du spectacle. Non, rien de cela.... Il transportait un véritable trésor !
Il emportait depuis le Parc Zoologique de New York 15 bisons adultes : six mâles et neuf femelles.
Leur destination ? le "Wichita Mountains Reserve".
Cela faisait plus de 30 ans que l'on n'avait plus vu un seul bison dans la région. C'est un "peu beaucoup" à l'initiative de Quanah lui-même que le bison était de retour en Oklahoma. C'est lui suggèra la création sur d'anciennes terres comanches de la "Wichita Mountains Reserve"" pour sauver la région de "l'allotment" et préserver des terres considérés comme sacrés. , C'est lui qui avait suggéré à Goodnight et Theodor Roosevelt, que cela serait une excellente idée d'y amener un troupeau de bisons.
Adoptée par Roosevelt et validée par l'American Bison Society, le projet pris tout de même six ans, le temps d'expulser des Wichita Mountains les colons et les ranchers qui s'y étaient installés sans titre de propriété et de purger la zone des braconniers.
Le train entra en gare et s'immobilisa. Des employés des chemins de fer et des rangers du parc firent descendre les bisons un à un pour qu'ils soient placés dans de grandes caisses individuelles chargés à bord de chariots tirés par de puissants chevaux.
Les jeunes indiens, qui n'avaient jamais vu de bisons, les regardaient avec ébahissement tandis que leurs pères et grand-père leur racontaient les chasses d'antan.
Le dernier bison chargé dans sa caisse de transport, le convoi s'ébranla vers les Wichita Mountains;
Ils devraient patienter quelque temps dans un corral, mais "cuhtz", le bison en comanche, était de retour !
4) Résurrection
1910 : Il y a désormais, sur le seul sol des Etats Unis, un millier de bisons.
En 1929, on en comptait 14969 au Canada et 3385 aux Etats Unis, dont un millier dans le Yellowstone.
En 2015, en comptant les bisons vivant dans la nature et ceux se trouvant en captivité ou en semi captivité, ils étaient plus de 500000, dont 11433 "Bisons des Bois".
Toutefois, ils n'occupent plus que moins de 1% de leur zone initiale de répartition et leur nombre ne représente au mieux que 5% de leur effectif estimé à l'arrivée des européens;
a) Menaces sanitaires et génétiques
Même s'il est sauvé de l'extinction, la vie du bison n'est pas sans problèmes : la plupart d'entre eux ont du patrimoine génétique provenant des anciennes tentatives de croisement avec du bétail domestique. Pire, ils sont porteurs de la brucellose, une maladie redoutée des éleveurs de bétail. Seul le troupeau vivant dans le Wind Cave National Park dans les Black Hills en est exempt. Ce troupeau partage avec ceux du Yellowstone, des Henry Mountains (Utah) et Elk Island (Canada) la particularité d'être génétiquement pur.
Pour les protecteurs actuels des bisons (dont les Amérindiens) se pose le problème d'éradiquer la brucellose et de renforcer la diversité génétique des bisons "full blood".
b) L'élevage du bison
Bien plus endurant et savoureux que la bétail d'origine européenne, le bison a suscité l'intérêt du privé. Sa viande se vend à un tarif plus élevé que celle du bétail domestique en raison de ses qualités nutritionnelles (faible en graisse et en cholestérol). Et pour la peau aussi, évidemment ! Ainsi, rien qu'au Canada, on estime que 2000 éleveurs élèvent 250000 bisons des Plaines. En tout, la moitié" des bisons présents sur le sol nord-américain est élevée pour cela.
En 2005, 35000 bisons ont été abattus pour leur viande aux Etats Unis, sous le contrôle de la "National Bison Association" et le département américain de l'agriculture. Ceux ci développent un label de "bison certifié" avec une traçabilité par puce RFID.
Les éleveurs de bisons, qu'ils soient ou non Amérindiens, sont regroupés au sein de plusieurs organismes, dont le "American Prairie Reserve" qui consiste à réintroduire à une large échelle des troupeaux de bisons dans le Montana.
L'élevage du bison des Plaines américain s'est même étendu à l'Europe et à la France
c) Le bison comme gibier
Il ne faut pas se voiler la face : le bison est un gibier d'excellence ! Beaucoup de "safari" sont organisés sur des propriétés privées où on le chasse à la carabine ou plus rarement à l'arc. De plus, les Amérindiens revendiquent le droit "par tradition" de la chasser en respectant des quotas. Pour eux, c'est un élément important de la "revitalisation" de leur culture, ce qui est un argument difficilement contestable.
Toutefois, ces mêmes Amérindiens sont intervenus à plusieurs reprises pour protester contre l'abattage systématique de bisons dans le Yellowstone dès que la population de ceux ci dépassait les 5000 têtes.
Ils sont également intervenus en 2005 pour s'opposer à une chasse publique décidée par l'état du Montana avec l'octroi de 50 permis de chasse, sans succès cependant.
Ils ont cependant réussit ensuite à conclure un accord avec le Parc Yellowstone. Les animaux en surplus dans le Parc National sont envoyés sur la réserve de Fort Peck (Montana, Assiniboine/Sioux). Ils y restent en quarantaine et sont testés pour voir s'ils sont exempt de brucellose et les répartir sur des terres tribales dans le cadre de l'Intertribal Buffalo Council.
De façon régulière, des bisons qui sortent hors du Parc de Yellowstone sont tués par les éleveurs de bétail qui craignent le déclenchement d'une épidémie de brucellose.
Le 18 mars 2023, lors d'un hiver particulièrement rude sur le Montana, un troupeau de plus d'un millier de bisons a franchi les limites du parc. Ils eurent la malchance de tomber sur une trentaine de "nemrods" venant d'une dizaine de nations amérindiennes du Montana. Arguant du fait que les traités conclus au 19e siècle leur donnait le droit légitime (et légal) de chasser le bison, ils ont massacré la totalité du troupeau au grand scandale des protecteurs de l'environnement et des membres autochtones de " Roam Free Nation" qui se sont exprimés par le biais de leur cofondateur Jeadin Medecine Elk, qui est le porteur de la " Pipe Sacrée", l'un des deux symboles de la Nation Cheyenne. Ce dernier, comparant les chasseurs à un peloton d'exécution, à déclarer que pour certains "le respect des traités semble plus important que le fait d'avoir une population de bison saine et importante.
"Roam Free Bison" se bat depuis des années pour que les bisons en "excès" ou sortant des limites du Yellowstone Park ne soit plus abattus, mais capturé et mis en quarantaine - pour vérifier qu'ils sont exempts de brucellose avant d'être relâchés sur des terres tribales, et à terme, de permettre la libre circulation des bisons partout où cela est possible.
d) Amérindiens et bisons
Si dans l'imaginaire populaire l'indien et le bison sont deux figures archétypales associés de façon indissolubles, c'est très loin d'une vérité absolue !
Les chasses aux bisons n'avaient lieu que dans la zone de répartition originelle de cet animal. Ainsi, les peuples de Californie, du littoral Pacifique ou de Floride ne l'ont jamais pratiqué.
Avant les années 1960, il y eut des tentatives faites par des nation indiennes pour réintroduire des bisons sur leurs terres tribales, mais elles avortèrent bien souvent : mauvaise volonté de l'état fédéral et des états eux-mêmes, opposition des éleveurs de bétail européens (qu'il soit descendants de colons ou amérindiens), mauvaise gestion, épidémies...)..
Dès 1966 cependant, les Shoshones-Bannocks de l'Idaho reçurent 21 bisons en provenance du "Theodore Roosevelt National Park (Dakota du Nord). Actuellement, ils sont environ 400.
Vers 1980, un donateur privé donna aux Cheyennes du Nord 10 bisons provenant du Nebraska.
Depuis 1992 et la création de "l' Intertribal Buffalo Council", la réintroduction de bisons sur des terres amérindiennes se sont amplifiés. Aujourd'hui, un minima de 20000 bisons vivent sur 400000 hectares de terres indiennes?
L'Intertribal Buffalo Council regroupe plus de 80 nations indiennes, dont les Apaches Lipans (Texas), les Arapahos du Nord, les Cherokees (Oklahoma), les Cheyennes du Nord (Montana), les Chickasaws (Oklahoma), les Choctaws (Oklahoma), les Crows (Montana), les Kickapoos (Kansas), les Kiowas (Oklahoma), les Osages (Oklahoma), les Quapaws (Oklahoma), les Sioux Lakotas (Dakotas/Nebraska/Montana), les Sioux Oglalas (Dakota du Sud) les Tejas (Oklahoma), etc ...
Le but clairement affiché est à travers ces réintroductions de favoriser le renouveau culturel et spirituel des nations amérindiennes, de restaurer l'environnement en participant à la lutte contre le réchauffement climatique et d'assurer un développement économique à des communautés souvent fortement impactées par le chômage et la précarité.
En manière de conclusion
L'histoire de la sauvegarde et de la renaissance du bison montre que rien n'est jamais joué ! Cela c'est certes joué à quelques centaines d'animaux près : quelques années de retard dans les décisions de protection et le pire se serait produit.
Elle est exemplaire de ce qui peut être fait : quelques gens de bonne volonté et un soutien politique peuvent tout changer. Je n'ai pas cherché à éluder les parts d'ombres de certains de ces sauveteurs. L'hagiographie, ce n'est pas mon style et les êtres humains sont rarement d'une pièce et encore moins parfaits.
Ce qui compte, pour ce cas précis, c'est qu'ils ont pris des décisions positives.
Le bison a un futur qui s'annonce bien plus positif que ce que l'on pouvait craindre en 1890.
Il est étrange de constaté qu'en 1492, l'Amérique du Nord comptait environ dix millions "d'Amérindiens". Vers 1890, il en restait environ 300000 aux Etats Unis et au Canada. En 2010, leur nombre dépassait les 3000000 de personnes.
Même le "Vanishing American" est de retour, au rebours de toutes les prévisions.
Bibliographie
- L'Amérique des Sioux (Pekka Hämäläinen) Albin Michel, 2022
- Le bison d'Amérique (Jean-Pierre Sylvestre) PU du Septentrion/ 9782894486900, 2012
- L'empire Comanche (Pekka Hämäläinen) Ed. Anacharsis, 2012
- Histoire du Far West (Jean-Louis Rieupeyrout) Tchou, 1967
- Tueur de bisons (Frank Mayer) Libretto/978-2752907936, 2013
Filmographie :
The last hunt ("La dernière chasse"), de Richard Brooks, avec Robert Taylor, Stewart Granger et Debra Paget (1956) : trailer
Centré sur l'opposition entre deux chasseurs de bisons, l'un tuant par plaisir et sadisme, l'autre par nécessité, ce film est à ma connaissance le seul à parler du massacre du dernier grand troupeau en 1883. A noter que pour le film des bisons ont été réellement tués, avec l'autorisation du Parc National du Yellowstone. Autre temps, autres moeurs.
The White Buffalo ("Le bison blanc"), de Dino de Laurentis, avec Charles Bronson, Jack Warden et Will Sampson (1977) : trailer
Surfant sur la vogue des films de monstres (Les dents de la mer, King Kong), ce Western centré sur un bison blanc surdimensionné et démoniaque vaut ce qu'il vaut (c'est tout de même Dino de Laurentis qui l'a tourné). Il offre son dernier rôle "Western" à Charles Bronson (qui a souvent incarné des indiens!) et le rôle de Worm/Crazy Horse à Will Sampson (acteur et peintre Creek). Il a centré sur le conflit entre Bronson/Sampson, l'un voulant tuer le bison blanc pour en finir avec des cauchemars à répétition, l'autre voulant venger son fils tué par la bête.
Webographie
https://allaboutbison.com : Tout, tout, vous saurez tout sur le bison américain (en anglais). Et en plus, vous avez des renseignements sur le bison d'Europe ! Génial!!
https://americanprairie.org/ (anglais) Sur la préservation et la restauration de la Prairie ... et du bison!
https://www.facebook.com/ITBCouncil/ (Anglais) Page Facebook de L'Intertribal Buffalo Council
https://storiesofthelandscape.wordpress.com/ Becoming wild again in America : the restoration and resurgence of the Pablo-Allard bison herd (anglais) pour l'histoire de Pablo et Allard
https://www.yellowstonepark.com/park/history/ (en anglais) Historique et histoires du Parc National du Yellowstone
A découvrir aussi
- Les Wampanoags ou "Ceux de l'Est" (historique)
- Little Big Horn (2) Suites et polémiques
- Les Amérindiens des Etats Unis au 20ème siècle (2) : de 1924 à 1960 : le panier et le serpent
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