L'ours polaire

L'ours polaire

De pages en pages

30 août 2013

 

 

 

 

L'Empire Comanche

Pekka Hämäläinen

 


"J'ai voulu dans ce livre faire redécouvrir les Comanches en tant qu'êtres humains à part entière et véritables acteurs historiques sous les strates déformantes de la mémoire historique et, ce faisant, proposer une nouvelle lecture de ce chapitre essentiel de la prime Amérique. J'ai retracé dans ces pages l'évolution d'un appareil de domination comanche qui ne fut jamais ni désorganisé ni informe, une politique étrangère qui ne fut pas que meurtres et pillages, et un peuple qui n'était ni sauvage ni étranger à l'idée de nation. Je prétends ici que, loin de s'être contenté de défier l'expansion blanche par une résistance agressive, les Comanches ont inversé la trajectoire coloniale prévisible au travers de stratégies politiques protéiformes, qui placèrent la majeure partie du Sud-Ouest (des Etats Unis) colonial sous leur domination politique, économique et culturelle".

 

Pekka Hämälïnen, dont je cite ici les propos, est professeur d'histoire américaine à l'Université d'Oxford : il connaît son sujet et a jeté avec son livre un pavé dans la mare plutôt tranquille des historiens travaillant sur le passé de l'Amérique du Nord.

Ceux ci dépeignaient en effet des nations indiennes dont les actions n'étaient provoquées que par les actions des puissances coloniales : espagnoles, anglaises, françaises, puis mexicaines et américaines.

Hämälïnen lui montre des Comanches agissant d'eux-mêmes pour imposer leur loi à leurs voisins, transformant selon les cas ces derniers en partenaires commerciaux, en vassaux ou en proies pour le pillages et l'esclavage. Cet empire Comanche s'étendra au moment de sa plus grande extension (1830-1840) du sud de la rivière Arkansas (dans le Kansas actuel) jusqu'au Rio Grande, et de Santa Fé (Nouveau Mexique) à San Antonio (Texas). Leurs partis de guerre allaient aussi bien razzier les Utes, Navajos et colons du Nouveau-Mexique que les colons Mexicains et "Anglos) du Texas. Ils allaient même jusqu'à la côte du Golfe du Mexique et au sud s'approchaient jusque moins de 200 km de Mexico.

Le livre nous décrit une civilisation bâtie sur la chasse du bison et l'élevage du cheval, dont les Comanches seront parmi les diffuseurs les plus importants dans les Plaines. Ils se servaient des excédents de viande et de peau de bisons et de leurs chevaux pour obtenir les légumes, céréales et biens d'origine européennes qu'ils convoitaient, n'hésitant pas à recourir au pillage ou à l'extorsion s'ils n'avaient pas d'autres moyens. Ce n'étaient pas des saints et la réputation de cruauté qu'ils avaient auprès des colons n'était pas usurpée, même s'ils n'hésitaient pas pour combler les vides des épidémies et des guerres à "adopter" des captifs venant d'autres peuples amérindiens (Apaches, Osages, Cherokees...), des Mexicains, des Blancs et des Noirs!

Ils influenceront culturellement leurs voisins (surtout certaines communautés Chicanos du Nouveau Mexique et du Texas et bien sûr des nations indiennes voisines).

Leur histoire n'est pas avare de drames : de 40000 à leur apogée vers 1830, les épidémies, les famines et la guerre les réduiront à 5000 vers 1865, à 1500 en 1875 (soumission définitive) jusqu'à un minima de 1171 en 1910. Peu connue du grand public, car dépourvue de Little Big Horn, la guerre menée par les forces militaires des Etats Unis contre eux sera l'une des campagnes les plus difficiles des Guerres Indiennes pour celles ci. En 1867 une campagne contre ces derniers coûtera dix millions de dollars de l'époque pour la mort de douze (12!) Comanches. Dans le même temps, l'armée américaine en perdra trois ou quatre fois plus du fait des maladies et du combat.

Hämälïnen écorne aussi l'image iconique de l'indien écologiste avant l'heure en montrant que les Comanches scieront d'eux mêmes la branche sur laquelle ils étaient assis en ne comprenant pas qu'il fallait limiter leur chasse au bison et en protéger les troupeaux pour assurer la survie de leur empire. Quant ils le réaliseront, il sera déjà trop tard!

Toutefois, la nation Comanche ne mourra pas! Elle réussira à s'adapter à des temps nouveaux, tout comme elle s'adapta à plusieurs reprises dans son histoire et compte aujourd'hui plus de 12000 membres.

 

C'est une étude très bien documentée, vivante et qui n'est pas ardue à lire, même pour les gens non familiarisé avec l'histoire amérindienne.

 

 

16 août 2013

 

 

 

 

Chroniques des années noires

Kim Stanley Robinson

Qu'aurait été notre monde si la population presque entière de l'Europe Occidentale avait été balayé par une épidémie de peste particulièrement virulente? L'avenir de l'humanité aurait alors reposé sur le monde islamique et la Chine et aurait pris des directions radicalement différentes de ce qu'il en a été. Les grandes religions dominantes aurait été l'Islam (en ses différentes variantes), le Bouddhisme et l'Hindouisme, le Christianisme devenant une religion absolument minoritaire. Et d'autres puissances auraient peut être apparues, comme celle de la Grande Ligue Haudenosaunee des Iroquois.

Las, écrire une telle uchronie relève du tour de force, et Kim Stanley Robinson, dont j'ai adoré la trilogie martienne (Mars la Rouge/Mars la Bleue/Mars la Rouge) se prend ici les pieds dans le tapis!

De digressions sur la nature intrinsèque de l'Islam à des dissertations sur la réincarnation on passe d'une époque à une autre par le biais de personnages auxquels on a bien du mal à s'accrocher. Autre grief plus grave, Kim Stanley Robinson ne semble pas envisager d'autre évolution possible pour la planète qu'une transposition musulmano-bouddhiste de notre société technologique, avec en sus une opposition entre musulmans radicaux et réformistes que nous ne connaissons que trop bien!

J'ai terminé le livre, mais en finissant par le lire en diagonale!

 

 

 

 

14 août 2013

 

 

 

 

Nécrologie

Paul Cleave

Mais pourquoi j'ai emprunté ce livre pour mes vacances à la médiathèque? A priori, il n'avait rien pour me séduire, à part sa couverture. Et à l'arrière, le résumé laissait entrevoir une histoire glauque à souhait... Et il m'a pourtant scotché!

Théodore Tate est aujourd'hui un privé à la dérive après avoir été l'un des meilleurs limiers de la ville de Christchurch, en Nouvelle Zélande. Sa vie s'est brisé le jour où un chauffard multirécidiviste a fauché sa femme et sa petite fille. Depuis, sa femme est dans un centre de soin et reste plongé dans un état catatonique. Et sa petite fille repose dans ce cimetière où il assiste à l'exhumation d'un défunt. Mais dans le cercueil, on découvre le cadavre d'une jeune fille assassiné. Et puis l'étang au centre du cimetière se met à cracher des cadavres.

Théodore Tate se met en chasse car il soupçonne un tueur un série d'être derrière cela et se sent personnellement impliqué. Mais cela suffira t-il pour lui éviter de sombrer définitivement? Trouvera t-il la vérité? D'autant que son enquête attire sur lui l'attention de ses anciens collègues et qu'il n'est pas trop regardant sur les méthodes... et que les cadavres s'entassent autour de lui!

Paul Cleave est un auteur de romans policiers, citoyen de la Nouvelle-Zélande, le pays des Hobbits et des Kiwis. Cet ancien prêteur sur gages, originaire de Christchurch, a vu traduit en français trois de ses romans : "Un employé modèle", "Un père idéal" et ce superbe "Nécrologie", que je vous recommande chaudement!

 

 

 

 

23 juillet 2013

 

 

 

 

 Trafic d'or sous les T'ang

Robert Van Gulik

 

Non, je ne vais pas vous parler d'un improbable jus de fruits fabriqué à partir de débris d'orange et d'ingrédients chimiques au nom barbare! Cette histoire n'a aucun rapport avec du jus d'orange... mais à beaucoup à voir avec la Chine ancienne.

Les T'ang sont une dynastie de monarques chinois qui régna de 618 à 907 de notre ère. A leur apogée, leur empire contrôlait un espace aussi vaste que la Chine actuelle, en fait ou par influence, des déserts d'Asie Centrale à la mer de Chine, des contreforts de l'Himalaya aux approches des steppes mongoles.

L'histoire, qui débute en 633, met en scène le Juge Ti qui y mène sa première enquête (même si le livre est en fait le troisième consacré à ce personnage). Las de la vie paperassière d'un magistrat dans la capitale, Ti décide en effet au grand dam de ses amis d'accepter un poste mineur à Peng Lai, une ville mineure sur la côte nord-orientale de la Chine. Il doit y remplacer et enquêter sur le meurtre mystérieux de son prédécesseur le juge Wang Té-Houa. En gagnant la ville, il fera la rencontre de deux  réprouvés, Ma Jong et Tsiao Taï qui deviendront ses lieutenants. Car il aura besoin d'aide!

Pourquoi le fantôme de son prédécesseur, qu'il a vu de ses propres yeux, hante t-il le tribunal où il a trouvé la mort par empoisonnement? Où est disparu le premier commis du tribunal et pourquoi? Sa disparition est-elle liée à celle de la jeune épouse d'un riche armateur? Et qu'en est-il réellement de cet homme-tigre (équivalent asiatique du loup-garou) qui sème la terreur dans les environs?

On conçoit sans peine que le brave juge Ti va avoir quelques difficultés à résoudre toutes ses énigmes!

Ecrites par le diplomate et orientaliste hollandais Robert Van Gulik, le personnage du juge Ti s'inspire librement de la vie du juge Di Renjie.

Pour ce qui est de ce volume de ses aventures, Van Gulik mène de main de maître son intrigue tout en utilisant sa profonde connaissance de la Chine Ancienne et en ponctuant son récits de descriptions pittoresques et d'humour. Le personnage du juge Ti a connu une telle vogue qu'après la mort de Van Gulik en 1967 ses aventures ont été poursuivies par deux autres écrivains.

 

 

 

 

 

01 juillet 2013

 

 

 

 

 

La tête de la Reine

Edward Marston

Quittons l'époque des Croisades pour l'Angleterre Elisabethaine, si vous le voulez bien.

En 1587, Marie Stuart, reine très catholique d'Ecosse, fut décapité à la hache sous l'accusation de complot sur ordre de sa cousine, la reine très anglicane Elisabeth Ier.

Un an plus tard, le peuple anglais est en liesse : il vient d'apprendre que la très redoutée Grande Armada espagnole a été détruite sous les effets conjugués de la marine anglaise et d'opportunes tempêtes.

C'est pour la troupe théâtrale des "Hommes de Westfield", dirigés par le très narcissique et coureur de jupons Lawrence Firethorn d'ordonner la mise en chantier d'une nouvelle pièce dont le succès leur permettrait peut être d'obtenir la faveur de jouer devant sa Majesté la Reine.

Mais tout va aller de travers à partir du moment où Will Fowler, comédien et membre fondateur de la troupe sera tué lors de ce qui paraît au prime abord n'être qu'une rixe dans une auberge mal famée. Rendant l'âme dans les bras de son ami Nicholas Bracewell, régisseur de la troupe, il supplie ce dernier de démasquer son assassin pour qu'il soit châtié.

Bracewell lui jure de tout mettre en oeuvre pour cela, mais les incidents étranges se multiplient : quelqu'un veut attenter à la vie du plus jeune apprenti de la troupe, le texte de la pièce est volée et du matériel disparaît. Qui est derrière tout cela? Une troupe rivale des "Hommes de Westfield"? Un jeune auteur dramatique dont les créations ont été boudées par Firethorn? Ou il y a-t-il un mystère encore plus sombre derrière tout cela?

Derrière le nom d'Edward Marston se cache Keith Miles, un auteur gallois de scénario de "soap opera" pour la radio et la BBC et un écrivain qui utilise divers nom d'emprunt.

Le livre, plaisant à lire, retranscrit bien la vie quotidienne de l'époque, et plus particulièrement celle des comédiens élisabéthains. Pour pouvoir jouer et donc exister, ces troupes avaient besoin du patronage de hauts personnages qu'elles devaient flatter et ménager. La loi n'était pas tendre avec les troupes et il fallait des autorisations préalables de la censure royale pour pouvoir jouer une pièce. Pas de théâtre permanent, mais des cours d'auberges et une insécurité permanente alimentée aussi par la concurrence féroce entre les troupes. Tous les coups étaient bons pour "s'inspirer" des idées du voisins ou saboter ses productions.

L'intrigue est par contre bien lente à se développer et ne s'accélère vers sa fin inattendue que dans les trois derniers chapitres du livre. De toute évidence, elle n'était pas la préoccupation fondamentale de l'auteur!!

 

 

 

 

24 juin 2013

 

 

 

 

DAVID CAMUS

CRUCIFERE

(Le Roman de la Croix; 3)

 

1191. Cela fait quatre ans qu'a eu lieu le désastre de Hattin et la perter de la "Vraie Croix". Les "Francs" ne tiennent plus qu'Antioche, la forteresse de Marquab, Tripoli, le château de Tortose et le Krak des Chevaliers et le port de Tyr.

Cela fait aussi quatre ans que Morgennes et Taqi ont disparu dans le puits des Âmes sous Jérusalem.

Bien loin de là, à Marseille, Cassiopée, la fille de Morgennes, s'apprête à s'embarquer pour une expédition qui risque fort d'être sans retour. Elle est en effet déterminée à sauver son père des Enfers et est prête à affronter les pires dangers pour cela. Elle est accompagnée de Simon, un jeune Templier qui est fou amoureux d'elle et possède "Crucifère", l'épée de son père et aussi il y a bien longtemps celle de Saint Georges.

Tandis que le sort des dernières places occidentales en Orient est suspendu à l'arrivée d'une hypothétique Croisade, Cassiopée devra parcourir le monde du cratère du Vésuve à la terre de "Gog et Magog", de la ville assiégée de Tyr aux profondeurs marécageuse d'une jungle africaine à la recherche d'une porte menant aux Enfers. Mais elle découvrira que l'Enfer était plus proche d'elle que ce qu'elle pensait!

Mêlant la vraie histoire au mythe et le réalisme au fantastique, David Camus signe ici sans aucun doute le meilleur volume de la trilogie du "Roman de la Croix". Sans temps mort, il revisite de manière époustouflante le vieux mythe d'Orphée et ne se prive pas de pasticher certains textes classiques.

Il y aura t-il un quatrième tome?

 

 

 

 

16 juin 2013

 

 

 

 

DAVID CAMUS

MORGENNES

(Le Roman de la Croix; 2)

 

"Morgennes" n'est pas la suite du "Coeur de la Croix", mais une "préquelle" à ce livre. Dedans est en effet expliqué les origines de celui qui est nommé Morgennes, la tragédie qui détruisit sa famille et sa rencontre avec Chrétien de Troyes. Nous suivons Morgennes en Terre Sainte et à Constantinople où il devient l'un des agents secrets de Manuel Comnène. Nous le suivrons dans les montagnes du Caucase à la recherche du mystérieux "Prêtre Jean", puis en Egypte et à Jérusalem. On y apprend plus de choses sur les mystérieux "Ophites" adorateurs du Serpent et leurs buts. L'aspect fantastique sur un arrière-plan historique qui caractérisait le "Coeur de la Croix" est toujours présent et aussi envoûtant. Ce qui fait que je n'ai pas hésité à poursuivre avec la lecture du troisième volume de la série... Dont je vous parlerais une autre fois!

 

 

 

 

 

13 mai 2013

 

 

 

 

 DAVID CAMUS

LE COEUR DE LA CROIX

(Le Roman de la Croix; 1)

 

 

Non, je ne vous propose pas aujourd'hui de découvrir un banal roman de chevalerie! "Le coeur de la croix" est bien plus que cela! Et vous le découvrirez si vous acceptez de continuer à me lire...

Hattin, 4 juillet 1187. L'armée de Saladin vient d'écraser l'armée du royaume de Jérusalem. Ce dernier ne s'en relèvera jamais et ne sera désormais plus une menace pour les états musulmans l'environnant. Pire, la Sainte Croix, un reliquaire précieux incluant un fragment important de la vraie croix sur laquelle le Christ a été crucifié est tombée entre les mains de Saladin.

Morgennes, un chevalier de l'ordre des Hospitaliers, qui était chargé avec onze autres Hospitaliers et Templiers de la protéger et l'un des derniers à déposer les armes. Emmené devant Saladin avec les autres "moines soldats", on lui enjoint de renier la foi chrétienne pour épouser l'Islam. Au contraire de tous ses pairs qui se laissent décapiter plutôt qu'abjurer, Morgennes crache sur la croix qui lui est tendue et se convertit.

Parvenant à regagner le Krak des Chevaliers, point fort de son ordre en Terre Sainte, il refuse de considérer comme nulle, parce que forcée, sa conversion à l'Islam. Seul, juge t-il, Saladin peut le relever de son serment de conversion.

Ses pairs, quant à eux, posent comme condition à son retour parmi eux, qu'il retrouve la vraie croix.

Celle-ci a en effet disparu mystérieusement le lendemain de la bataille de Hattin.

Morgennes suivra à la recherche de celle-ci d'étranges chemins en compagnie d'un trafiquant de relique, d'un jeune adolescent effronté et débrouillard, d'une mystérieuse fauconnière et d'un parent de Saladin. Car il n'est pas le seul à vouloir mettre la main sur la relique! Templiers, Hospitaliers, membres de la secte des Assassins et même de mystérieux Templiers "Blancs" veulent la relique qui est en plus convoitée par Rome!

 

Utilisant intelligemment un arrière-plan historique et des personnages non moins authentiques, l'auteur a su y insérer ses personnages et créer un univers qui mêle la tradition chevaleresque, les contes des "Mille et une Nuits" et les canons archétypaux de l'heroïc-fantasy, le tout baignant dans un humour acide qui fait penser aux Monty Python de "Sacré Graal". Le tout mené tambour battant et sans temps mort!

Je vous le recommande chaudement!

 

 

 

 

 30 avril 2013

 

 

 

 

TERRY BROOKS

ROYAUME MAGIQUE A VENDRE

(Le royaume magique de Landover - Tome 1)

 

 

 

Imaginez-vous découvrant dans un catalogue de cadeau de Noël une annonce proposant à l'achat contre une somme rondelette un véritable royaume magique, avec ses châteaux, ses créatures fantastiques et son véritable dragon... Vous penseriez aussitôt qu'il s'agit d'une farce ou d'une publicité originale pour un perc d'attraction.

C'est ce que pensa à la première lecture Ben Holiday. Associé dans un cabinet d'avocat de Chicago à son ami le très rationnel Miles, il est devenu dépressif chronique depuis la mort accidentelle de sa femme Annie. Mais le désir de changer de vie et d'horizon le font répondre à l'annonce au grand dam de son confrère.

Ben Holiday ne sera pas déçu par son achat : le royaume de Landover existe bien, ailleurs que sur cette Terre et dans une autre réalité. Las, il ne tarde pas à découvrir qu'il est devenu le roi d'un royaume agonisant! Sa Cour n'est constituée que de l'apprenti magicien royal Questor Thews, du scribe royal Abernathy (que Questor Thews a accidentellement transformé partiellement en chien!), des deux Kobolds Ciboule et Navet.

Il comprend que le véritable roi de Landover a abandonné son trône avec le concours du précédent magicien royal pour gagner son monde et qu'il se sert de l'offre dans le catalogue pour piéger de riches gogos pour vendre ce royaume.

La place de roi n'y est en effet guère enviable : plus personne ne veut reconnaître l'autorité du roi, un dragon ravage impunément celui-ci et tout roi doit affronter un redoutable Démon, la "Marque Noire"!

Or, Landover a besoin à tout prix d'un souverain : sans ce dernier la magie quitte peu à peu Landover qui dépérit et meurt.

Que fera Ben Holiday? Fuira t-il comme tant d'autres candidats? Acceptera t-il de relever le défi?

Vous le devinez, il ne fuira pas et pourra compter sur d'étranges alliés...

 

Natif de l'Illinois où il a vu le jour en 1944, Terry Brooks fit des études de droit et devint avocat dans la petite ville de Sterling à 150km à l'ouest de Chicago. Or, il rêvait depuis toujours être écrivain et écrivit sa première histoire en CM1.

Après avoir lu en 1965 "Le Seigneur des Anneaux" de Tolkien, il a le déclic et commence à écrire de la fantasy. Il choisit de s'inspirer bien sûr de Tolkien, mais aussi de William Faulkner et après sept ans d'effort voit son premier roman publié avec le soutien de Lester Del Rey qui a été convaincu par son manuscrit et il créera le cycle de Shannara.

Del Rey détestera par contre une autre ébauche de roman que Brooks lui avait envoyé. Brooks ira le rencontrer et Lester Del Rey lui proposera d'écrire un roman sur l'histoire d'un homme achetant un royaume magique dans un catalogue de Noël. Brooks retiendra l'idée et la développera, faisant naître le monde de Landover. 

 

Même si j'ai été séduit dès le prime abord par ce roman, on ne peut parler de coup de foudre! Ce n'est que vers les deux tiers du livre, quand l'action commence véritablement à s'emballer que j'ai été conquis.

Le style d'écriture est simple et direct et Brooks possède assez les ficelles de la fantasy pour pouvoir pasticher le genre sans le trahir. Le pire est qu'il a eut cette idée avant moi! Je compte lire le deuxième tome, une fois que je me le serai procuré.

 

 

 

 

 

7 avril 2013 

 

 

 

 

TIM SLIDERS 

TIMEVILLE 

 

 

 

Imaginez-vous transporté brutalement en 1980. Imaginez vous dans un monde sans ordinateur personnel et internet, sans téléphone portable et lecteur mp3. Imaginez-vous dans un monde où il n'y a que trois chaînes télés et plus de DVD et où même la cassette VHS n'existe pas. 

C'est l'année du Rubik's Cube, la grande époque de Chantal Goya et Karen Cheryl et de Casimir à  la télévision. 

Bref, quand vous venez de 2012, il y a de quoi être traumatisé! Et c'est justement ce qui arrive à la famille Cartier après que le père, David Cartier ait été agressé chez lui par deux cambrioleurs. 

Quand il revient à lui, il se retrouve à cette époque dinosauresque. Lui, qui est un restaurateur réputé, patron d'une chaîne mondiale de restaurant, doit repartir à zéro. Sa femme, la brillante chirurgienne Anna Cartier se retrouve simple infirmière dans un hôpital bien avant l'invention de l'IRM. Sa fille Agathe se retrouve avec une abominable coiffure "afro" et un non moins terrifiant pyjama "Duran Duran". Quand au cadet, le petit Tom cherche ses DVD préférés et ses chaînes de télés favorites. 

Ironie du sort, David Cartier s'aperçoit que l'on est le 6 décembre 1980, deux jours avant l'assassinat de John Lennon, deux jours avant que David et Anna se jure un amour éternel. Car en 2012, tous deux étaient décidés à divorcer. Accaparé par son succès et volant de maîtresses en maîtresses, David a négligé sa famille et son couple. Or, quelque soit ses fautes, il s'aperçoit qu'il éprouve toujours quelque chose pour Anna. Et si ce retour dans le passé était l'occasion de changer le futur et de recoller les morceaux? Reste aussi une autre question : comment revenir en 2012? 

 

Tim Sliders est un pseudonyme. Celui d'un scénariste et écrivain franco-américain. Un temps, j'ai soupçonné Eric Besson de se cacher derrière cette identité, mais actuellement, je pense plutôt à Jean-Marc Barr, sans être certain de quoi que ce soit. 

Mais cela n'est pas important en soit! L'histoire en elle-même m'a intéressée car elle était riche de possibilités. Las, l'auteur veut trop en faire à mon point de vue. En effet, il fait rencontrer à Anna la toute jeune Mylène Gautier (future Mylène Farmer) qui est femme de ménage dans l'hôpital local. La fille du couple, Agathe, essaie de faire carrière dans la chanson sous le pseudonyme de "Lady Agathe" avec des chansons de ses idoles (de 2012!) qu'elle a apprise par coeur. Et elle enregistre des démos en studio avec un jeune guitariste timide qui n'est autre que Jean-Jacques Goldman! 

Cela gâche les vrais bonnes idées : Agathe tentant de monnayer, non sans cynisme, sa connaissance du futur et flirtant avec le père de son petit copain des années 2012; Anna tentant de retrouver une place digne de ses capacités ou l'intégration du petit Tom dans ce monde étranger à tout ce qu'il peut connaître. 

Pire, il incorpore à son récit l'histoire du "Gang des Postiches" qui sévit entre 1981 et 1986 (Lien vers Wikipedia). les deux cambrioleurs qui ont agressé David Cartier sont effet du voyage avec eux et tentent eux aussi d'exploiter leur connaissance du futur. Pour moi, cela nuit au récit plus qu'autre chose en développant une intrigue parallèle qui le parasite, tant il est artificiel. 

Au final, un livre entamé avec un enthousiasme certain, mais que j'ai bien eu du mal à terminer! 

 

 

 

 

 25 mars 2013 

 

 

 

 

POUL ANDERSON 

LA PATROUILLE DU TEMPS III 

LA RANCON DU TEMPS 

 

 

Vous ne m'en voudrez pas, j'espère, de remettre une fois de plus l'auteur Poul Anderson et sa "Patrouille du temps" en avant. Vous savez, quand on aime, on ne compte pas, et je ne vous cacherais pas que j'aime les histoires du Poul Anderson, d'autant qu'il se surpasse dans ce troisième volet des aventures du patrouilleur Manse Everard.  Ce dernier comporte deux histoires qui sont chacune deux véritables petits romans : "Stella Maris" et "La rançon du temps". Commençons si vous le voulez bien par la première. 

Pour les Romains, cette année 69 restera comme "L'année des Quatre Empereurs". En effet, après le suicide de Néron le 9 juin 68, les prétoriens proclament Galba empereur. Ce dernier était un homme expérimenté et capable, mais il fera une erreur qui lui sera fatale en refusant, sous le prétexte de renflouer les finances publiques, de distribuer aux prétoriens l'or que leur donnait tout nouvel empereur. Ces derniers se révoltèrent et proclamèrent un ancien soutien de Galba empereur, Othon. Bien évidemment, ils trucidèrent Galba qui avait tenté en vain de les apaiser. Mais, les légions de Germanie Supérieure avaient déjà choisi leur candidat : le gouverneur de leur province : Vitellius. Ce dernier, avec des soldats aguerris et le concours de fédérés (troupes de vassaux de Rome) germains écrase les troupes d'Othon qui se suicide (14 avril 69). Mais d'Orient vient alors la nouvelle que le général Vespasien, qui combat les Juifs révoltés a été proclamé empereur par les légions d'Orient. 

Pour l'affronter, Vitellius prend la décision d'établir la conscription chez les Bataves, vassaux des Romains. Mais ceux ci sont excédés par les demandes continuelles de tributs et d'hommes faites par les Romains et se révoltent sous la conduite Gaius Claudius Civilis, un Batave qui s'est couvert de gloire dans l'armée romaine au point de recevoir la citoyenneté. Il se déclare pour Vespasien, mais après que ce dernier ait triomphé de Vitellius en décembre 69, il continue les hostilités contre les Romains. 

C'est dans ce contexte qu'un chercheur de la "Patrouille du Temps" fait une découverte embarrassante. Ils ont repéré dans un exemplaire authentique des "Histoires" de Tacite une altération qui fait que la guerre entre Romains et Civilis, soutenu par ses alliés Germains se prolonge d'une année du fait d'une sybille, Velléda, qui incite les Germains à s'unir contre Rome et à détruire celle-ci.  

Craignant une altération temporelle volontaire, Everard contacte l'agent Janne Floris, une spécialiste de l'époque pour étudier avec elle sur place ce qu'il en est. Durant cette mission, Everard succombera au charme de sa collègue et ne tardera pas à découvrir que l'existence de Véléda menace de favoriser l'apparition d'une religion germanique capable de résister au christianisme et donc de changer en profondeur l'histoire du monde. Comment faire pour restaurer l'ordre "normal" des choses?
 

Dans cette longue nouvelle, Poul Anderson reprend ce milieu germanique qu'il connaît si bien pour tisser une histoire très habilement construite. 

A noter qu'il montre aussi sa connaissance de l'histoire. Civilis a réellement existé et a fini dans la peau d'un gros propriétaire terrien batavo-romain. Idem pour Velléda qui sera capturé par les Romains et vivra plusieurs années à Rome avant de sortir de l'histoire. 

Quant à Vespasien, il règnera dix ans sur l'empire où il ramènera la paix et la prospérité et fondera la dynastie Flavienne (69-96). 

 

 La seconde histoire, "La rançon du temps", nous emmène au Pérou le 3 juin 1533. Pizarre et ses hommes tiennent prisonnier l'empeureur Atahualpa. Ce dernier leur a promis contre sa libération de lui livrer une impressionnante quantité d'or et d'argent en lingots et objets précieux. Sachant que ces derniers seront fondus par les Conquistadors et perdus à jamais, la "Patrouille du Temps" a introduit l'un de ses agents, Stephen Tamberly, dans l'expédition de Pizarre sous l'identité d'un moine franciscain missionné pour choisir les objets dignes d'être envoyés intacts au roi d'Espagne. En fait, Tamberly a pour mission de les photographier en 3D pour en garder la trace. 

Las, il ne peut éviter la présence inopportune du redoutable bretteur Don Luis Ildefonso Castelar y Moreno, ni le fait que les terroristes spatio-temporels de Merau Varangan (voir "D'ivoire, de singes et de paons" au 2 mars 2013) surgissent de nulle part et les enlèvent. 

Ils commettent l'erreur de sous-estimer Don Luis qui parvient à s'échapper sur un scooter temporel avec Tamberly. Ce dernier est abandonné au Pérou deux mille ans avant notre ère par Don Luis. Ce dernier a en tête de découvrir dans le futur et plus précisément dans notre époque, des armes lui permettant de transformer la Conquista en une véritable croisade qui s'achèverait à Jérusalem, pour la plus grande gloire du Christ et de la Couronne d'Espagne. Averti par la Patrouille de la disparition de Tamberly, Manse Everard doit retrouver ce dernier avec le concours de sa nièce.... et venir à bout de l'intrépide hidalgo. 

Ce récit est plus léger et bien moins noir que le précédent, qui a une tonalité désabusée. Il faut dire qu'il a été initialement publié dans une collection destinée à la jeunesse. Curieusement, le personnage le plus sympathique de ce récit est sans conteste Don Luis, qui montre que le fait d'être "primitif" ou "du passé" ne veut pas dire que l'on est un imbécile. 

 

 Dans tous les cas, à savourer sans modération!
 


 

 

 

 17 mars 2013 

 

 

 

 

TERRY PRATCHETT 

L'HIVERRIER 

 

 

J'espère que vous ne m'en voudrez pas de vous replonger en plein hiver alors que nous venons tout juste de sortir la tête des congères, mais le parcours de mes pérégrinations littéraires m'a amené vers un autre roman de Terry Pratchett : "L'hiverrier"  

Je ne referai pas mon topo sur Pratchett, ayant déjà écrit sur cet excellent homme à la date du 29 décembre 2012, pour son roman "Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants". Je préfère passer au vif du sujet en posant la question essentielle de "L'hiverrier" : Pourquoi l'apprentie sorcière Tiphaine Patraque n'a pas suivit les instructions de sa formatrice la vénérable Madame Trahison? Pourquoi est-elle allée danser la danse Morris qui salue l'entrée dans l'hiver? Certes danser n'est pas à priori un crime grave... sauf quand vous prenez la place de la Dame du Printemps et que l'Hiverrier tombe amoureux de vous. 

C'est très gênant, surtout pour une apprentie sorcière de 13 ans, d'être poursuivie par les tentatives de séduction de l'Hiverrier : ce dernier vous offre des roses de glace, des flocons de neige à votre image en bien trop grande quantité et même des icebergs à votre effigie sur lesquels se fracassent parfois des navires. 

Et s'il n'y avait que cela! Car il y a aussi l'apprentissage du "Pipo", le fromage Horace qui fait des siennes et Annagramma Falcone qui menace de ruiner la bonne réputation des sorcières... 

Mais de tous ces problèmes, c'est évidemment celui de l'Hiverrier qui est le plus préoccupant, car si Tiphaine ne le résout pas, un hiver éternel menace de régner sur la Terre. Risque d'autant plus grand que l'Hiverrier ne sait même pas nommer ce qu'il ressent, ni ce qu'est un être humain. 

Et à part les bons conseils de Mémé Ciredutemps et de Nounou Ogg, Tiphaine n'a pour l'aider que les très indiscrets et insupportables Nac Mac Feegles! 

Comment va-t-elle se sortir de ce mauvais pas? 

 

Ce roman n'est peut être pas le meilleur de Pratchett, mais il réussi cependant à utiliser habilement ses personnages, même les plus secondaires (Ah! Le chat "Gredin", capable de ramener la moitié d'un loup, mais terrifié par une petite "chatonne" blanche), à utiliser le mythe antique de Déméter et à tourner en ridicule la sorcellerie. Les "Nac Mac Feegles", dont ce n'est pas ici la première apparition dans les livres de Pratchett, rajoutent des éléments comiques bienvenus, quoiqu'un peu répétitifs. A noter que malgré un lexique en fin de livre, ces derniers ont un langage plutôt singulier "Myard!  Clapeuz vos goules !"

Bref, une lecture bien distrayante par ces temps de morosité! 


 

 

 

 

 

 2 mars 2013 

 

 

 

 

POUL ANDERSON 

LA PATROUILLE DU TEMPS : 2 

 

N'avez-vous jamais rêvé de pouvoir voyager dans le temps? Imaginez : pouvoir aller voir les résultats du loto avant le tirage, connaître la fin de vos feuilletons favoris avant tout le monde, savoir si Sarkozy va redevenir Président de la république, ceci évidemment si vous choisissez  d'aller vers le futur... Et si vous alliez vers le passé? Rêvez un peu! Imaginez que vous assassiniez Adolf Hitler avant 1914, que vous indiquiez à Napoléon de ne surtout pas passer par Waterloo, que vous violiez Jeanne d'Arc ou que vous conseilliez à Louis XVI les mesures à prendre pour éviter la Révolution de 1789. Ne me dites pas que cela ne vous tente pas! 

Seul problème, vous voyez le fourbi que cela mettrait dans l'histoire? Et bien c'est bien pour éviter cela que les lointains descendants de l'espèce humaine, les Daneeliens, ont créé une "Patrouille du Temps" dont la mission consiste à empêcher ou corriger toutes les modifications de l'histoire que des voyageurs temporels imprudents ou malveillants pourraient causer. 

Vétéran de la Seconde Guerre Mondiale à la recherche d'un emploi, Manse Everard correspond au type de personnalité que celle-ci recherche et est recruté. Dans ses premières missions, il viendra à bout d'un idéaliste de 2987 qui veut changer le cours de l'histoire en intervenant dans l'Angleterre du 5ème siècle, puis sauve l'un de ses collègues piégé dans le rôle l'empereur perse Cyrus II (559 à 529 av. J.-C.) avant de participer à l'élimination d'une expédition sino-mongole sur la côte Pacifique des Etats Unis au 13ème siècle. On le voit ensuite restaurer notre univers historique en sauvant la vie de Scipion l'Africain lors de la Seconde Guerre Punique en 218 av. J.-C. 

Toutes ces péripéties sont parues sous forme de nouvelles entre 1955 et 1960 et je les ai lu il y a maintenant plus de 30 ans. J'ignorais jusqu'à la semaine précédente que Poul Anderson avait enrichi le cycle d'autres nouvelles dans les années 1980. 

 

Mais avant d'en parler, laissez-moi vous présenter Poul Anderson. Il voit le jour le 25 novembre 1926 à Bristol, une bourgade de Pennsylvanie, au sein d'une famille d'immigrés d'origine russe et passera toute sa jeunesse dans un milieu rural qui marquera profondément ses écrits. Il suivra des études de physique à l'Université du Minnesota, mais manquait d'argent pour les poursuivre. Il imaginera pour en gagner d'écrire une nouvelle de science-fiction "Tomorrow's children" (Les enfants de demain) qui sera acceptée par la revue "Astounding" en 1947. L'argent reçu lui permettra de continuer son cursus et d'obtenir son diplôme l'année suivante. 

Ce succès lui donna l'idée de poursuivre et d'écrire des récits d'anticipation en utilisant ses connaissances en physique, chimie et mythologie scandinave. Auteur prolifique, il écrira jusqu'à son décès en 2001 une centaine de romans et nouvelles (dont des récits policiers ou historiques ainsi que de la poésie). 

Considéré comme l'un des grands maîtres de la science-fiction anglo-saxonne, il sera cependant peu traduit en français, en partie parce qu'il avait pris position en faveur de la guerre du Viet Nam dans les années 1960-1970. Il était par ailleurs un partisan du Libertarianisme, une doctrine philosophique prêchant la liberté individuelle, la non-agression (différent de la non-violence) et la réduction ou la disparition des structures étatiques au profit d'une coopération libre et volontaire entre les individus. Parmi les adeptes de cette philosophie citons Richard Branson, Kurt Russel, Ayn Rand, Clint Eastwood, John Malkovich.... 

 

Mais revenons à nos moutons temporels. Ce tome II de la "Patrouille du temps" se compose de trois nouvelles.  

 

 


 

Dans la première, "D'ivoire, de singes et de paons", Manse Everard est envoyé dans la Tyr de 950 av. J.-C. Un criminel très dangereux qu'il a déjà eu l'occasion d'affronter menace de dévaster la ville antique et de la ruiner en y commettant des attentats à l'explosif dans les temples de celle-ci. Pour épargner la ville, il exige que la "Patrouille" lui livre du matériel sensible pouvant lui donner un pouvoir illimité à son époque d'origine. Everard doit le mettre au plus tôt hors d'état de nuire... Reste à le trouver! 

Dans la seconde, "Le chagrin d'Odin le Goth", Manse Everard n'apparaît que comme un personnage secondaire. Le rôle principal est en effet tenu par Carl Farness, un philologue rattaché à la patrouille dont la mission est de rechercher sur le terrain l'origine des grandes sagas germaniques et scandinaves comme celle des "Nibelungen". Il doit donc se rendre régulièrement chez les Ostrogoths du 4ème siècle pour y enregistrer les contes et histoires que l'on conte le soir au coin du feu. Mais il s'investit un peu trop dans sa mission en s'éprenant et en épousant une jeune goth qui meurt en lui donnant un garçon. Pire, il deviendra l'un des personnages de la saga et devra assister sans pouvoir intervenir au sort tragique de sa descendance. 

Dans la dernière, "La mort et le chevalier", Manse Everard doit se rendre dans le Paris de 1307 pour y délivrer un collègue qui est entré dans l'ordre du Temple pour en connaître les secrets. Las, il a attiré sur lui les soupçons d'un supérieur de l'ordre qui l'emprisonne. Or nous sommes à trois jours de la grande rafle des Templiers décidées par Philippe le Bel. Comment sauver l'imprudent sans perturber le cours de l'histoire? 

 

De ces trois nouvelles, la plus élaborée sur le plan de l'écriture est sans aucun doute "Le chagrin d'Odin le Goth" qui tranche sur tous les autres récits par son caractère intimiste, la précision de son écriture et la sophistication du récit. Si vous pensez que science-fiction équivaut à qualité d'écriture rudimentaire, lisez-la ou faites la lire. S'il est difficile au début d'entrer dans le récit (Ah, ces noms germaniques!) une fois que vous êtes dedans, c'est envoûtant! 

Viens ensuite l'excellent "D'ivoire, de singes et de paons" dans lequel Anderson décrit un port antique et son atmosphère de main de maître, sans parler de la truculence d'un certain personnage secondaire qui jouera un rôle décisif dans le récit (Chut! Je n'en dirai pas plus). Des historiens trouveraient sans doute matière à chipoter, mais si on réussit à s'abandonner au récit, on fait un très agréable voyage! 

Le troisième récit, qui est aussi le plus court ("La mort et le chavalier") est aussi le plus faible. A la défense de Poul Anderson je mentionnerai le fait qu'il a été originellement écrit pour une anthologie sur les Templiers. C'est donc une "oeuvre de commande" dans lequel le talent d'Anderson n'a pas pu totalement s'épanouir. Il réussit cependant par quelques images à recréer l'image plausible d'un Paris moyenâgeux, même si son opinion sur Philippe le Bel traduit ses opinions Libertairienne! 

 

Je ne peux que conclure en vous conseillant de découvrir l'oeuvre de Poul Anderson et en particulier ces nouvelles : elles en valent la peine! 

 

 

 

 

 

27 février 2013 

 

 

 

TERRY GOODKIND 

L'EPEE DE VERITE 

Tome 1 

La première leçon du sorcier 

 

 

Toi qui me lis, abandonne ce terne monde rationnel pour l'univers coloré (et très dangereux) de l'heroic-fantasy! 

Vous savez, je me méfie dans ce genre littéraire des publicités du style "Le nouveau Tolkien" ou "encore plus fort que le Seigneur des Anneaux"! Cette répugnance vient de fait que je me souviens avoir dévoré d'une traite le "Seigneur des Anneaux" quand j'étais jeune. Et cette lecture m'a tellement ébloui que je suis devenu très critique sur mes lectures suivantes dans ce domaine. Mais finalement, j'ai conclu que Tolkien était Tolkien, que personne ne pouvait faire mieux du Tolkien que Tolkien... et qu'il fallait que j'en relise en oubliant mes références à Tolkien! 

Autre problème, je me méfie des sagas dès qu'elles dépassent les trois volumes. Or, "L'épée de vérité" flirte avec les douze volumes. Je crois en effet à la règle dite de la "Planète des Singes". Tous les cinéphiles le savent : le premier film "La planète des Singes" (avec Charlton Heston) est très bon, le "Secret de la planète des Singes" (où Charlton ne fait plus que de la figuration) est bon, "Les évadés de la Planète des Singes" (sans Charlton) est moyen et les deux films suivants... hum! 

Mais revenons à "L'épée de vérité" et à son auguste auteur, le dénommé Terry Goodkind en premier lieu. 

Mister Goodkind est né à Omaha dans le Nebraska en 1948. Et il a mal commencé ses études, car il était dyslexique à un point tel que pour lui la lecture était une véritable torture... sans parler de l'écriture! Il aura la chance de tomber sur d'excellents enseignants qui l'aideront à surmonter cet handicap de départ. Toutefois, il en gardera une appréhension envers l'écriture qui fera qu'il se lancera vers d'autres horizons. D'abord charpentier, il deviendra ensuite luthier, puis restaurateur d'antiquité. Il étudiera aussi l'art pour représenter la faune et la flore. Sa vie prit un nouveau tournant avec son mariage en 1983. Il quitta alors le Nebraska pour les côtes du Maine et c'est là que dix ans plus tard "L'épée de vérité" verra le jour. 

J'ajouterai que notre homme ne doit pas être un pro-Obama. Il en effet un adepte des théories d'Ayn Rand, une philosophe d'origine russe qui prône le "capitalisme individualiste" qui met l'individu au centre de la société, prône le laisser-faire en matière économique et "l'égoïsme rationnel" (l'individu ne doit jamais se sacrifier pour les autres, ni sacrifier les autres pour lui-même". Parmi ses adeptes citons Alan Greenspan ou Ronald Reagan. 

Mais venons-en au livre lui-même... 

 

 

 

L'action se déroule dans un cadre rappelant les "Terres du Milieu" de Tolkien. Le "Nouveau Monde" est divisé en trois contrées : la "Terre d'Ouest", les "Contrées du Milieu" et "D'Hara". Chacune de ces contrées est séparées des autres par des frontières magiques en théorie infranchissables. Jadis, elles ne formaient qu'un seul et même pays. 

Les "Terres d'Ouest" sont gouvernées par un "Premier Conseiller" bénéficiant de pouvoir quasi monarchique. Toute le population de cette région est humaine et l'usage de la magie y est prohibée de la façon la plus stricte. Des créatures hostiles sortent parfois de la frontière pour hanter les forêts bordant celle-ci. Pour la sécurité des habitants de cette zone a été créé un corps de forestier chargé de traquer de tuer celles-ci. 

Les "Terres du Milieu" sont formées d'une mosaïque d'état féodaux (royaumes, duchés) et tribaux. Un conseil qui siège à Aydindril dirige le tout. 

Enfin, D'Hara est dirigé d'une main de fer par Darken Rahl, le "Père du Peuple" depuis le splendide "Palais du Peuple". 

Le héros de notre histoire, Richard Cypher est le frère de Michael Cypher, le premier conseiller. Il n'en est pas moins qu'un simple garde forestier que rien ne distingue des autres. Cependant, il est hanté par la mort de son père survenue quelques années plus tôt. Un inconnu l'a assassiné chez lui et a éventré son corps. Richard pense que son père a découvert quelque chose sur la frontière et que cette trouvaille lui a coûté la vie. Alors qu'il explore les alentours de celle-ci, il aide une jeune femme, Kahlan, à échapper à des tueurs qui la poursuivent. Celle-ci a gagné la "Terre d'Ouest" pour une bonne raison : Darken Rahl a étendu son autorité sur les "Terres du Milieu" et se prépare à en faire autant avec les "Terres d'Ouest". Il est en plus à la recherche de boîtes magiques, les boîtes d'Orden, qui une fois ouvertes dans le bon ordre lui donneront un pouvoir absolu sur le monde. Seulement, Rahl n'a que deux boîtes et ne sait pas dans quel ordre il devra ouvrir les boîtes une fois que le troisième sera en sa possession. De plus, il est limité par le temps : il est en effet contraint d'ouvrir les boîtes avant la première journée de l'hiver, sans quoi son pouvoir sera réduit à néant. 

Richard amène Kahlan à son ami, l'étrange Zedd. Ce dernier, est un mage très puissant qui a choisi de vivre caché sous l'apparence d'un ermite excentrique. Il dévoile à Richard qu'il est destiné à devenir le porteur de "L'épée de Vérité" en raison de ses capacités de "Sourcier". Il lui apprend aussi qu'ils doivent suivre tous deux Kahlan de l'autre côté de la frontière pour trouver la dernière boîte avant Darken Rahl et la cacher jusqu'au premier jour de l'hiver. 

 

De part mon travail en médiathèque, j'avais remarqué le succès de cette série auprès du public. Il était naturel que j'aille voir de plus près ce qu'il en était. 

Mon avis est mitigé. Tout en reconnaissant la qualité de l'histoire et de l'écriture de Goodkind, je n'ai pas trop réussi à "m'investir" dans les personnages. Par ailleurs, je trouve que l'auteur a trop de complaisance dans les descriptions des tortures que fait subir à Richard la "Mord Sith" Denna en multipliant celles ci sur plusieurs chapitres (tendances sado-masochistes de l'auteur?). 

Il y a des bonnes idées, comme le fait que l'usage de la magie n'est pas sans conséquence pour celui qui l'emploi ou les frontières magiques. Toute la structure du roman est par ailleurs bâti sur un argument : « Les gens ont tendance à tenir pour vrai ce qu'ils souhaitent être la vérité ou ce qu'ils redoutent être la vérité. ». 

 

Je ne sais pas (encore) si les autres volumes sont de la même. Pour l'heure, j'ai tourné mes yeux vers d'autres lectures. Quand l'envie viendra (si elle vient!), je lirai le tome 2 "La pierre des larmes". 

 

Bref, je considère cela comme "moyen", "lisible". Mais pas exceptionnel! 

 

A noter que ce tome a été adapté en série télévisée par Sam Raimi (Evil Dead; Spider-Man) avec 22 épisodes de 42 minutes chacun, le tout tourné par un réalisateur néo-zélandais différent pour chaque en 2005-2006. Elle prend d'importantes libertés avec le roman. 

Pour les curieux, voici le trailer 

 

 

 

 

30 janvier 2013 

 

 

FREDRIC BROWN 

INTEGRALES DES NOUVELLES 

TOME 1 

 

 

Aujourd'hui, je vais vous emmener dans les Etats Unis des années 1938 à 1941 à travers l'univers de Fredric Brown (1906-1972). 

Nouvelles et récits courts ont toujours été la spécialité de cet auteur prolifique natif de Cincinnati (Ohio), même s'il a écrit aussi de superbes romans comme "Martiens, Go home!", "L'univers en Folie", "Meurtres en filigrane" (adapté au cinéma sous le titre "Vieille canaille"), "Ca ne se refuse pas" (adapté au cinéma sous le titre "L'ibis rouge". 

 

 

 

A la lecture de ces titres, vous devinez que notre homme est un grand écrivain de récits policiers et de science-fiction. Sa carrière mettra du temps à murir. Venant d'un milieu modeste, il devra commencer à travailler à seize ans et exercera les métiers les plus divers avant de commencer à vivre de sa plume. 

 

Ses écrits valent surtout par leur humour, parfois largement teinté de noir, et surtout par leur chute généralement totalement imprévisible et un style d'écriture simple (mais pas simpliste) et direct. 

Il aimait par dessus tout se moquer des stéréotypes. Ainsi, dans "L'univers en folie" il tourne en dérision les clichés les plus éculés des histoires de science-fiction populaires des années 1950. 

 

 Ce recueil rassemble ses premières nouvelles, depuis la toute première à avoir été publiée "Demandez la Lune" ("Moon for a nickel"), nouvelle policière qui expose les bases de son style, à "Etaoin Shrdlu", court récit fantastique... et burlesque! 

Elles appartiennent pour la plupart au genre policier et montrent que Brown ne manquait pas d'imagination en ce domaine! Je citerais entre autres les nouvelles suivantes : "L'indice préhistorique"; "Des traces de pas au plafond"; "En quête d'une ville"; "Homicide Sanitarium"; "Ecoute l'oiseau moqueur". 

Dans le genre fantastique, je signalerais les hilarants "La mort est un lapin blanc" et ""Etaoin Shrdlu". 

 

Preuve de la qualité de ce recueil, je l'ai lu d'une traite sur ma liseuse Bookeen malgré ses 495 pages! 

 

 

 

29 décembre 2012 

 

LE FABULEUX MAURICE  

ET SES RONGEURS SAVANTS 

 

 

Décidément, je vous emmène dans un voyage à travers les livres les plus divers. D'abord un documentaire, puis un manga, et maintenant, un roman... de fantasy (humoristique!). Je dois quelque peu vous décevoir, je pense. Un bibliothécaire qui n'est pas passionné par la littérature "classique" ou la mode... Quelle honte' pour sa profession! J'assume ceci 

avec fierté. 

 

Enfin bref! Je vais donc vous parler d'un livre de Terry Pratchett qui fait partie de la série "Les Annales du Disques Monde", à savoir : "Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants" 

 

 

Quel étrange incident à fait de Maurice, honorable chat de gouttière, un chat doué de conscience et de parole? Incident qui a eu les mêmes effets sur un clan de rats qui fréquentait assidument les poubelles de l'université magique d'Ankh-Morpok. 

En tout cas, depuis lors, Maurice a pris la tête de la petite troupe à laquelle est venue s'ajouter Keith, un jeune flûtiste peu loquace mais trés doué. 

Maurice a monté une escroquerie fort rentable. A chaque fois qu'ils arrivent dans une localité, Maurice envoie les rats monter le scénario catastrophe d'une invasion de muridés. Automatiquement, les habitants cherchent un sauveur pour les libérer de cette calamité et c'est à cet instant précis qu'il fait son entrée avec Keith. Voyant dans le jeune homme leur sauveur, ils lui donnent toujours une importante somme d'argent pour qu'il souffle dans son flutiau et emmène au loin la gent ratine. Autant lui dire que cela ne pose aucun problème et que Maurice effectue le partage du butin de la façon lui convenant le mieux! 

Mais quand la fine équipe arrive au village de Bad Igoince, les choses se mettent soudain à dérailler. 

Qui sont ces chasseurs de rats qui chassent un gibier qui a totalement disparu? Pourquoi les habitants souffrent-ils pourtant d'un disette qu'ils attribuent aux dégats provoqués par les rats? Et surtout, qui est derrière tout cela? 

Aidé de Keith, des rats savants et de l'imaginative Malicia, Maurice va tenter de répondre à ces questions. 

 

On retrouve avec toujours autant de plaisir le style "Pratchett", à base de pastiche des contes ou récits de fantasy les plus célèbres et de jeux de mots dans la bonne tradition non-sensique anglais. Cela risque fort de défriser les amateurs d'une bonne littérature bien cartésien et "plan-plan" racontant par exemples les émois nombrilistes d'une trentenaire bourgeoise et parisienne. Là, il n'y a rien de tel! En revanche, les amateurs de fantasy, ceux qui se souviennent des contes de fèes de leur enfance et les gens ayant le sens de l'humour pourront (tout comme moi) y trouver leur compte. Pardon! Leur conte!
 

Ce n'est certes pas le meilleur des innombrables ouvrages écrits par Pratchett, qui est l'un des rares auteurs à avoir inscrit ses livres dans un univers cohérent totalement imaginé par lui, mais croyez-moi, il vaut le détour! 

 

A noter que ce titre est un titre indépendant  et qu'il est le premier a être spécifiquement destiné aux enfants. Cependant, par ses références culturelles et son style, il s'adresse d'emblée à un public de bons lecteurs (au moins niveau collège)... et d'adultes! 

 

 

 14 décembre 2012 

 

Enemigo 

 

Je ne vous raconterai pas de bobards : je connais le manga, j'estime les mangakas et j'aime leur style de dessin, mais paradoxalement, je ne lis que peu de mangas! 

 

Il y a bien sûr une raison à cela : je n'aime pas les séries à rallonges! Par exemple, "One piece" de Eiichirõ Oda, dont j'ai aimé les premiers tomes en compte... 64! Et la série n'est pas achevée! J'ai lu "Monster" de Naoki Urasawa (18 tomes) in integra et adoré. Idem pour le splendide "Akira" de Katsuhiro Otomo (31 volumes). Mais trop c'est trop! Il faut savoir finir une histoire... 

 

Ce n'est pas cependant parce que c'est un "One shot" ou un volume unique (de près de 300 pages tout de même) que "Enemigo" m'a séduit! 

 

 

 

En fait, "Enemigo" est une oeuvre de jeunesse de Jirô Taniguchi que Casterman a jugé opportun d'éditer en français pour surfer sur la popularité (méritée!) de ce dessinateur. 

Taniguchi avait en effet 38 ans lorsqu'il dessina ce manga d'action en 1984-1985, sur un scénario d'un collectif nommé "M.A.T". 

Il avait le désir de réaliser une histoire d'action pure à l'imitation de ce qu'il découvrait alors dans les bandes dessinées européennes et les comics américains, avec un aspect réaliste se détachant de la production de la majeure partie des mangas. 

L'histoire en est très éloigné des mangas habituels de Taniguchi qui sont plutôt des histoires tournées vers l'introspection. 

 

"Enemigo" raconte l'histoire de Kenishi Seshimo, un ancien membre d'une unité d'élite qui a combattu au Viet Nam. Ce dernier, qui est détective à New York, vit en rupture totale avec sa famille. Celle-ci posséde un empire agroalimentaire dirigé par Yuji Seshimo, qui est le frère de Keshimi. 

 

 

Or, ce dernier a beaucoup investit en Amérique du Sud au Nascensio un état qui vient à peine de se relever d'une guerre civile. Les autorités au pouvoir veulent en effet utiliser la technologie de l'entreprise Seshimo pour transformer en terres arables les jungles du sud de leur pays et devenir exportateur de céréales. 

 

Mais ces projets ne font pas que des heureux! Des guérilleros rôdent dans la jungle et Yuji, qui est venu constater sur place l'avancement des travaux, est enlevé par ces derniers. L'entreprise Seshimo est alors l'objet d'un chantage : l'arrêt des travaux et une forte somme d'argent contre la vie de Yuji. 

 

Peu confiant dans la police locale, leur oncle, qui est aussi le numéro deux de l'entreprise, demande à Yuji de se rendre sur place pour tenter de localiser l'endroit où est détenu son frère. Le conseil d'administration refuse en effet d'abandonner ses projets au Nascensio, car cela menacerait l'existence même du groupe Seshimo en raison de l'importance des investissements. 

 

Flanqué de l'étrange Gloria, la secrétaire très personnelle de Yuji et de Little John, une sorte de tyrannosaure canin, Kenishi se rend sur place. 

 

Il ne tardera pas à comprendre qu'il gêne un tas de gens et que plusieurs camps avaient intérêt à voir disparaître Yuji! 

 

Retrouvera-t-il ce dernier en vie? Qui est réellement Gloria et à quel camp appartient-elle vraiment? Les guérilleros sont-ils vraiment les ravisseurs de Yuji? Et si c'est le cas, sont-ils manipulés par quelqu'un? 

 

N'attendez pas que je vous donne les réponses! 

 

Dans ce manga, on retrouve des influences occidentales que Taniguchi assume. Il s'inspire notamment du traitement des ombres et du mouvement faites par les adeptes de la ligne claire et cite dans ses réfèrences François Schuiten, Moebius, Bilal, Giardino. L'influence du cinéma d'action américain  

des années 1980 y est aussi manifeste. 

 

Tous ces emprunts font que l'on a beaucoup reproché à l'époque au Japon à Taniguchi de faire des dessins "qui sentent le beurre", c'est à dire trop européen, alors que ces derniers appartiennent à un jeu d'influence 

réciproque. 

Vous pouvez juger par vous même en regardant déjà la page ci-dessous. 

 

 

Si le scénario est plutôt classique et prévisible, le dessin de Taniguchi est bien entendu excellente. Malgré la réserve ci-dessus, l'histoire est plaisante et ménage un peu de place à l'humour. On peut même se demander devant les exploits de combattant de Yuji s'il n'y a pas de la part de Taniguchi une volonté plus ou moins consciente de parodier les films américains des années  

1980 du style "Rambo" ou consorts. 

"Enemigo" se lit rapidement et peut intéresser tant le passionné de Taniguchi qu'une personne qui voudrait pour la première fois se mettre à la lecture de manga. 

 

 

7 décembre 2012 

 

 

L'Hermione, de Rochefort à la gloire américaine 

 

Je sais que sur les blogs traitant de littérature, il est plus courant de parler de romans que de documentaires. Mais, pour moi, les règles sont parfois faites pour être transgressés, surtout quand cela en vaut la peine! 

 

Or, justement, le livre que j'ai actuellement dans les mains en vaut la peine... Il s'agit de "L'Hermione, de Rochefort à la gloire américaine" d'Emmanuel de Fontainieu paru aux Editions de Monza. 

 

 

Cet ouvrage parle de la frègate "L'hermione" qui a existé de 1779 à 1793 et dont le principal titrd de gloire fut d'avoir transporté le marquis de La Fayette de France aux Etats Unis alors en révolte contre la couronne d'Angleterre. "L'Hermione" se distinguera ensuite durant plusieurs combats navals. Elle sera perdue de façon plutôt stupide en 1793 après avoir heurté un haut fond à l'embouchure de la Loire. 

Or, depuis 1997, une réplique de ce navire est construite à Rochefort, son lieu de naissance. 

 

Le mérite de cet ouvrage est de ne pas être centré sur les problémes techniques de la reconstruction et les caractéristiques de ce vaisseau. Il aborde en effet de façon exhaustive le contexte entourant la mise en oeuvre en 1779 de "L'Hermione". 

Dans sa première partie, il expose les raisons qui ont poussé Louis XIV et ses ministres à fonder une ville nouvelle à Rochefort en 1666 pour y bâtir les vaisseaux de combats de la Marine Royale, bien que celle-ci soit située à une dizaine de kilométres de la mer, sur la Charente. Les relations entre la France Métropolitaine, Rochefort, La Rochelle et les Amériques sont également analysés. 

 

"L'Hermione" est en effet la manifestation d'un désir politique et d'une époque : celle où le Lys et le Lion d'Angleterre se disputaient la maîtrise des routes maritimes du commerce mondial dans une véritable "course à l'armement" avant la date et ne peut être comprise que dans le cadre de son époque. 

 

Une seconde partie est consacrée à la longue quête de plans et d'écrits qui ont amené à rendre possible la reconstitution de ce vaisseau. 

On y expose les méthodes de construction du 18éme siécle, les difficultés des artisans de la reconstruction et les compromis qu'ils ont parfois été forcé d'accepter pour concilier les exigences modernes de sécurité et la fidélité du fac-similé. 

 

Le livre se termine avec un guide indiquant les traces encore visibles du 16ème et du 17ème siècle à Rochefort et sur la Charente. 

 

Un seul regret : il ne s'étend guère sur la dure vie de l'équipage. Ce n'était en effet pas un vaisseau de plaisance et même pour les officiers, les conditions étaient spartiates. Savez-vous par exemple que les marins (de base) ne possédaient que leur hamac et le contenu de leur baluchon? Et qu'ils ne savaient pas nager? S'ils tombaient à la mer, ils n'avaient de toute façon pratiquement aucun espoir d'être secourus : comment faire demi-tour à un vaisseau à voile de plus de quarante mètres de long pour récupérer un homme à la mer? 

 

Notons que cet ouvrage est réédité selon les progrès de la reconstitution de "L'Hermione" qui devrait s'achever théoriquement en 2015 par une traversée de l'Atlantique et la visite des principales villes américaines de la côte est. 

 

Pour ceux qui aimeraient en savoir plus, suivez ce lien qui vous conduira au site de l'association qui contrôle l'exécution du projet : http://www.hermione.com/accueil/ 

 

Pour les moins curieux ou empressés, je vous propose la vidéo ci-dessous! 

 

 

 

La suite en 2015! 


 

 

16 août 2013

 

 

 

 

Chroniques des années noires

Kim Stanley Robinson

Qu'aurait été notre monde si la population presque entière de l'Europe Occidentale avait été balayé par une épidémie de peste particulièrement virulente? L'avenir de l'humanité aurait alors reposé sur le monde islamique et la Chine et aurait pris des directions radicalement différentes de ce qu'il en a été. Les grandes religions dominantes aurait été l'Islam (en ses différentes variantes), le Bouddhisme et l'Hindouisme, le Christianisme devenant une religion absolument minoritaire. Et d'autres puissances auraient peut être apparues, comme celle de la Grande Ligue Haudenosaunee des Iroquois.

Las, écrire une telle uchronie relève du tour de force, et Kim Stanley Robinson, dont j'ai adoré la trilogie martienne (Mars la Rouge/Mars la Bleue/Mars la Rouge) se prend ici les pieds dans le tapis!

De digressions sur la nature intrinsèque de l'Islam à des dissertations sur la réincarnation on passe d'une époque à une autre par le biais de personnages auxquels on a bien du mal à s'accrocher. Autre grief plus grave, Kim Stanley Robinson ne semble pas envisager d'autre évolution possible pour la planète qu'une transposition musulmano-bouddhiste de notre société technologique, avec en sus une opposition entre musulmans radicaux et réformistes que nous ne connaissons que trop bien!

J'ai terminé le livre, mais en finissant par le lire en diagonale!

 

 

 

 

14 août 2013

 

 

 

 

Nécrologie

Paul Cleave

Mais pourquoi j'ai emprunté ce livre pour mes vacances à la médiathèque? A priori, il n'avait rien pour me séduire, à part sa couverture. Et à l'arrière, le résumé laissait entrevoir une histoire glauque à souhait... Et il m'a pourtant scotché!

Théodore Tate est aujourd'hui un privé à la dérive après avoir été l'un des meilleurs limiers de la ville de Christchurch, en Nouvelle Zélande. Sa vie s'est brisé le jour où un chauffard multirécidiviste a fauché sa femme et sa petite fille. Depuis, sa femme est dans un centre de soin et reste plongé dans un état catatonique. Et sa petite fille repose dans ce cimetière où il assiste à l'exhumation d'un défunt. Mais dans le cercueil, on découvre le cadavre d'une jeune fille assassiné. Et puis l'étang au centre du cimetière se met à cracher des cadavres.

Théodore Tate se met en chasse car il soupçonne un tueur un série d'être derrière cela et se sent personnellement impliqué. Mais cela suffira t-il pour lui éviter de sombrer définitivement? Trouvera t-il la vérité? D'autant que son enquête attire sur lui l'attention de ses anciens collègues et qu'il n'est pas trop regardant sur les méthodes... et que les cadavres s'entassent autour de lui!

Paul Cleave est un auteur de romans policiers, citoyen de la Nouvelle-Zélande, le pays des Hobbits et des Kiwis. Cet ancien prêteur sur gages, originaire de Christchurch, a vu traduit en français trois de ses romans : "Un employé modèle", "Un père idéal" et ce superbe "Nécrologie", que je vous recommande chaudement!

 

 

 

 

23 juillet 2013

 

 

 

 

 Trafic d'or sous les T'ang

Robert Van Gulik

 

Non, je ne vais pas vous parler d'un improbable jus de fruits fabriqué à partir de débris d'orange et d'ingrédients chimiques au nom barbare! Cette histoire n'a aucun rapport avec du jus d'orange... mais à beaucoup à voir avec la Chine ancienne.

Les T'ang sont une dynastie de monarques chinois qui régna de 618 à 907 de notre ère. A leur apogée, leur empire contrôlait un espace aussi vaste que la Chine actuelle, en fait ou par influence, des déserts d'Asie Centrale à la mer de Chine, des contreforts de l'Himalaya aux approches des steppes mongoles.

L'histoire, qui débute en 633, met en scène le Juge Ti qui y mène sa première enquête (même si le livre est en fait le troisième consacré à ce personnage). Las de la vie paperassière d'un magistrat dans la capitale, Ti décide en effet au grand dam de ses amis d'accepter un poste mineur à Peng Lai, une ville mineure sur la côte nord-orientale de la Chine. Il doit y remplacer et enquêter sur le meurtre mystérieux de son prédécesseur le juge Wang Té-Houa. En gagnant la ville, il fera la rencontre de deux  réprouvés, Ma Jong et Tsiao Taï qui deviendront ses lieutenants. Car il aura besoin d'aide!

Pourquoi le fantôme de son prédécesseur, qu'il a vu de ses propres yeux, hante t-il le tribunal où il a trouvé la mort par empoisonnement? Où est disparu le premier commis du tribunal et pourquoi? Sa disparition est-elle liée à celle de la jeune épouse d'un riche armateur? Et qu'en est-il réellement de cet homme-tigre (équivalent asiatique du loup-garou) qui sème la terreur dans les environs?

On conçoit sans peine que le brave juge Ti va avoir quelques difficultés à résoudre toutes ses énigmes!

Ecrites par le diplomate et orientaliste hollandais Robert Van Gulik, le personnage du juge Ti s'inspire librement de la vie du juge Di Renjie.

Pour ce qui est de ce volume de ses aventures, Van Gulik mène de main de maître son intrigue tout en utilisant sa profonde connaissance de la Chine Ancienne et en ponctuant son récits de descriptions pittoresques et d'humour. Le personnage du juge Ti a connu une telle vogue qu'après la mort de Van Gulik en 1967 ses aventures ont été poursuivies par deux autres écrivains.

 

 

 

 

 

01 juillet 2013

 

 

 

 

 

La tête de la Reine

Edward Marston

Quittons l'époque des Croisades pour l'Angleterre Elisabethaine, si vous le voulez bien.

En 1587, Marie Stuart, reine très catholique d'Ecosse, fut décapité à la hache sous l'accusation de complot sur ordre de sa cousine, la reine très anglicane Elisabeth Ier.

Un an plus tard, le peuple anglais est en liesse : il vient d'apprendre que la très redoutée Grande Armada espagnole a été détruite sous les effets conjugués de la marine anglaise et d'opportunes tempêtes.

C'est pour la troupe théâtrale des "Hommes de Westfield", dirigés par le très narcissique et coureur de jupons Lawrence Firethorn d'ordonner la mise en chantier d'une nouvelle pièce dont le succès leur permettrait peut être d'obtenir la faveur de jouer devant sa Majesté la Reine.

Mais tout va aller de travers à partir du moment où Will Fowler, comédien et membre fondateur de la troupe sera tué lors de ce qui paraît au prime abord n'être qu'une rixe dans une auberge mal famée. Rendant l'âme dans les bras de son ami Nicholas Bracewell, régisseur de la troupe, il supplie ce dernier de démasquer son assassin pour qu'il soit châtié.

Bracewell lui jure de tout mettre en oeuvre pour cela, mais les incidents étranges se multiplient : quelqu'un veut attenter à la vie du plus jeune apprenti de la troupe, le texte de la pièce est volée et du matériel disparaît. Qui est derrière tout cela? Une troupe rivale des "Hommes de Westfield"? Un jeune auteur dramatique dont les créations ont été boudées par Firethorn? Ou il y a-t-il un mystère encore plus sombre derrière tout cela?

Derrière le nom d'Edward Marston se cache Keith Miles, un auteur gallois de scénario de "soap opera" pour la radio et la BBC et un écrivain qui utilise divers nom d'emprunt.

Le livre, plaisant à lire, retranscrit bien la vie quotidienne de l'époque, et plus particulièrement celle des comédiens élisabéthains. Pour pouvoir jouer et donc exister, ces troupes avaient besoin du patronage de hauts personnages qu'elles devaient flatter et ménager. La loi n'était pas tendre avec les troupes et il fallait des autorisations préalables de la censure royale pour pouvoir jouer une pièce. Pas de théâtre permanent, mais des cours d'auberges et une insécurité permanente alimentée aussi par la concurrence féroce entre les troupes. Tous les coups étaient bons pour "s'inspirer" des idées du voisins ou saboter ses productions.

L'intrigue est par contre bien lente à se développer et ne s'accélère vers sa fin inattendue que dans les trois derniers chapitres du livre. De toute évidence, elle n'était pas la préoccupation fondamentale de l'auteur!!

 

 

 

 

24 juin 2013

 

 

 

 

DAVID CAMUS

CRUCIFERE

(Le Roman de la Croix; 3)

 

1191. Cela fait quatre ans qu'a eu lieu le désastre de Hattin et la perter de la "Vraie Croix". Les "Francs" ne tiennent plus qu'Antioche, la forteresse de Marquab, Tripoli, le château de Tortose et le Krak des Chevaliers et le port de Tyr.

Cela fait aussi quatre ans que Morgennes et Taqi ont disparu dans le puits des Âmes sous Jérusalem.

Bien loin de là, à Marseille, Cassiopée, la fille de Morgennes, s'apprête à s'embarquer pour une expédition qui risque fort d'être sans retour. Elle est en effet déterminée à sauver son père des Enfers et est prête à affronter les pires dangers pour cela. Elle est accompagnée de Simon, un jeune Templier qui est fou amoureux d'elle et possède "Crucifère", l'épée de son père et aussi il y a bien longtemps celle de Saint Georges.

Tandis que le sort des dernières places occidentales en Orient est suspendu à l'arrivée d'une hypothétique Croisade, Cassiopée devra parcourir le monde du cratère du Vésuve à la terre de "Gog et Magog", de la ville assiégée de Tyr aux profondeurs marécageuse d'une jungle africaine à la recherche d'une porte menant aux Enfers. Mais elle découvrira que l'Enfer était plus proche d'elle que ce qu'elle pensait!

Mêlant la vraie histoire au mythe et le réalisme au fantastique, David Camus signe ici sans aucun doute le meilleur volume de la trilogie du "Roman de la Croix". Sans temps mort, il revisite de manière époustouflante le vieux mythe d'Orphée et ne se prive pas de pasticher certains textes classiques.

Il y aura t-il un quatrième tome?

 

 

 

 

16 juin 2013

 

 

 

 

DAVID CAMUS

MORGENNES

(Le Roman de la Croix; 2)

 

"Morgennes" n'est pas la suite du "Coeur de la Croix", mais une "préquelle" à ce livre. Dedans est en effet expliqué les origines de celui qui est nommé Morgennes, la tragédie qui détruisit sa famille et sa rencontre avec Chrétien de Troyes. Nous suivons Morgennes en Terre Sainte et à Constantinople où il devient l'un des agents secrets de Manuel Comnène. Nous le suivrons dans les montagnes du Caucase à la recherche du mystérieux "Prêtre Jean", puis en Egypte et à Jérusalem. On y apprend plus de choses sur les mystérieux "Ophites" adorateurs du Serpent et leurs buts. L'aspect fantastique sur un arrière-plan historique qui caractérisait le "Coeur de la Croix" est toujours présent et aussi envoûtant. Ce qui fait que je n'ai pas hésité à poursuivre avec la lecture du troisième volume de la série... Dont je vous parlerais une autre fois!

 

 

 

 

 

13 mai 2013

 

 

 

 

 DAVID CAMUS

LE COEUR DE LA CROIX

(Le Roman de la Croix; 1)

 

 

Non, je ne vous propose pas aujourd'hui de découvrir un banal roman de chevalerie! "Le coeur de la croix" est bien plus que cela! Et vous le découvrirez si vous acceptez de continuer à me lire...

Hattin, 4 juillet 1187. L'armée de Saladin vient d'écraser l'armée du royaume de Jérusalem. Ce dernier ne s'en relèvera jamais et ne sera désormais plus une menace pour les états musulmans l'environnant. Pire, la Sainte Croix, un reliquaire précieux incluant un fragment important de la vraie croix sur laquelle le Christ a été crucifié est tombée entre les mains de Saladin.

Morgennes, un chevalier de l'ordre des Hospitaliers, qui était chargé avec onze autres Hospitaliers et Templiers de la protéger et l'un des derniers à déposer les armes. Emmené devant Saladin avec les autres "moines soldats", on lui enjoint de renier la foi chrétienne pour épouser l'Islam. Au contraire de tous ses pairs qui se laissent décapiter plutôt qu'abjurer, Morgennes crache sur la croix qui lui est tendue et se convertit.

Parvenant à regagner le Krak des Chevaliers, point fort de son ordre en Terre Sainte, il refuse de considérer comme nulle, parce que forcée, sa conversion à l'Islam. Seul, juge t-il, Saladin peut le relever de son serment de conversion.

Ses pairs, quant à eux, posent comme condition à son retour parmi eux, qu'il retrouve la vraie croix.

Celle-ci a en effet disparu mystérieusement le lendemain de la bataille de Hattin.

Morgennes suivra à la recherche de celle-ci d'étranges chemins en compagnie d'un trafiquant de relique, d'un jeune adolescent effronté et débrouillard, d'une mystérieuse fauconnière et d'un parent de Saladin. Car il n'est pas le seul à vouloir mettre la main sur la relique! Templiers, Hospitaliers, membres de la secte des Assassins et même de mystérieux Templiers "Blancs" veulent la relique qui est en plus convoitée par Rome!

 

Utilisant intelligemment un arrière-plan historique et des personnages non moins authentiques, l'auteur a su y insérer ses personnages et créer un univers qui mêle la tradition chevaleresque, les contes des "Mille et une Nuits" et les canons archétypaux de l'heroïc-fantasy, le tout baignant dans un humour acide qui fait penser aux Monty Python de "Sacré Graal". Le tout mené tambour battant et sans temps mort!

Je vous le recommande chaudement!

 

 

 

 

 30 avril 2013

 

 

 

 

TERRY BROOKS

ROYAUME MAGIQUE A VENDRE

(Le royaume magique de Landover - Tome 1)

 

 

 

Imaginez-vous découvrant dans un catalogue de cadeau de Noël une annonce proposant à l'achat contre une somme rondelette un véritable royaume magique, avec ses châteaux, ses créatures fantastiques et son véritable dragon... Vous penseriez aussitôt qu'il s'agit d'une farce ou d'une publicité originale pour un perc d'attraction.

C'est ce que pensa à la première lecture Ben Holiday. Associé dans un cabinet d'avocat de Chicago à son ami le très rationnel Miles, il est devenu dépressif chronique depuis la mort accidentelle de sa femme Annie. Mais le désir de changer de vie et d'horizon le font répondre à l'annonce au grand dam de son confrère.

Ben Holiday ne sera pas déçu par son achat : le royaume de Landover existe bien, ailleurs que sur cette Terre et dans une autre réalité. Las, il ne tarde pas à découvrir qu'il est devenu le roi d'un royaume agonisant! Sa Cour n'est constituée que de l'apprenti magicien royal Questor Thews, du scribe royal Abernathy (que Questor Thews a accidentellement transformé partiellement en chien!), des deux Kobolds Ciboule et Navet.

Il comprend que le véritable roi de Landover a abandonné son trône avec le concours du précédent magicien royal pour gagner son monde et qu'il se sert de l'offre dans le catalogue pour piéger de riches gogos pour vendre ce royaume.

La place de roi n'y est en effet guère enviable : plus personne ne veut reconnaître l'autorité du roi, un dragon ravage impunément celui-ci et tout roi doit affronter un redoutable Démon, la "Marque Noire"!

Or, Landover a besoin à tout prix d'un souverain : sans ce dernier la magie quitte peu à peu Landover qui dépérit et meurt.

Que fera Ben Holiday? Fuira t-il comme tant d'autres candidats? Acceptera t-il de relever le défi?

Vous le devinez, il ne fuira pas et pourra compter sur d'étranges alliés...

 

Natif de l'Illinois où il a vu le jour en 1944, Terry Brooks fit des études de droit et devint avocat dans la petite ville de Sterling à 150km à l'ouest de Chicago. Or, il rêvait depuis toujours être écrivain et écrivit sa première histoire en CM1.

Après avoir lu en 1965 "Le Seigneur des Anneaux" de Tolkien, il a le déclic et commence à écrire de la fantasy. Il choisit de s'inspirer bien sûr de Tolkien, mais aussi de William Faulkner et après sept ans d'effort voit son premier roman publié avec le soutien de Lester Del Rey qui a été convaincu par son manuscrit et il créera le cycle de Shannara.

Del Rey détestera par contre une autre ébauche de roman que Brooks lui avait envoyé. Brooks ira le rencontrer et Lester Del Rey lui proposera d'écrire un roman sur l'histoire d'un homme achetant un royaume magique dans un catalogue de Noël. Brooks retiendra l'idée et la développera, faisant naître le monde de Landover. 

 

Même si j'ai été séduit dès le prime abord par ce roman, on ne peut parler de coup de foudre! Ce n'est que vers les deux tiers du livre, quand l'action commence véritablement à s'emballer que j'ai été conquis.

Le style d'écriture est simple et direct et Brooks possède assez les ficelles de la fantasy pour pouvoir pasticher le genre sans le trahir. Le pire est qu'il a eut cette idée avant moi! Je compte lire le deuxième tome, une fois que je me le serai procuré.

 

 

 

 

 

7 avril 2013 

 

 

 

 

TIM SLIDERS 

TIMEVILLE 

 

 

 

Imaginez-vous transporté brutalement en 1980. Imaginez vous dans un monde sans ordinateur personnel et internet, sans téléphone portable et lecteur mp3. Imaginez-vous dans un monde où il n'y a que trois chaînes télés et plus de DVD et où même la cassette VHS n'existe pas. 

C'est l'année du Rubik's Cube, la grande époque de Chantal Goya et Karen Cheryl et de Casimir à  la télévision. 

Bref, quand vous venez de 2012, il y a de quoi être traumatisé! Et c'est justement ce qui arrive à la famille Cartier après que le père, David Cartier ait été agressé chez lui par deux cambrioleurs. 

Quand il revient à lui, il se retrouve à cette époque dinosauresque. Lui, qui est un restaurateur réputé, patron d'une chaîne mondiale de restaurant, doit repartir à zéro. Sa femme, la brillante chirurgienne Anna Cartier se retrouve simple infirmière dans un hôpital bien avant l'invention de l'IRM. Sa fille Agathe se retrouve avec une abominable coiffure "afro" et un non moins terrifiant pyjama "Duran Duran". Quand au cadet, le petit Tom cherche ses DVD préférés et ses chaînes de télés favorites. 

Ironie du sort, David Cartier s'aperçoit que l'on est le 6 décembre 1980, deux jours avant l'assassinat de John Lennon, deux jours avant que David et Anna se jure un amour éternel. Car en 2012, tous deux étaient décidés à divorcer. Accaparé par son succès et volant de maîtresses en maîtresses, David a négligé sa famille et son couple. Or, quelque soit ses fautes, il s'aperçoit qu'il éprouve toujours quelque chose pour Anna. Et si ce retour dans le passé était l'occasion de changer le futur et de recoller les morceaux? Reste aussi une autre question : comment revenir en 2012? 

 

Tim Sliders est un pseudonyme. Celui d'un scénariste et écrivain franco-américain. Un temps, j'ai soupçonné Eric Besson de se cacher derrière cette identité, mais actuellement, je pense plutôt à Jean-Marc Barr, sans être certain de quoi que ce soit. 

Mais cela n'est pas important en soit! L'histoire en elle-même m'a intéressée car elle était riche de possibilités. Las, l'auteur veut trop en faire à mon point de vue. En effet, il fait rencontrer à Anna la toute jeune Mylène Gautier (future Mylène Farmer) qui est femme de ménage dans l'hôpital local. La fille du couple, Agathe, essaie de faire carrière dans la chanson sous le pseudonyme de "Lady Agathe" avec des chansons de ses idoles (de 2012!) qu'elle a apprise par coeur. Et elle enregistre des démos en studio avec un jeune guitariste timide qui n'est autre que Jean-Jacques Goldman! 

Cela gâche les vrais bonnes idées : Agathe tentant de monnayer, non sans cynisme, sa connaissance du futur et flirtant avec le père de son petit copain des années 2012; Anna tentant de retrouver une place digne de ses capacités ou l'intégration du petit Tom dans ce monde étranger à tout ce qu'il peut connaître. 

Pire, il incorpore à son récit l'histoire du "Gang des Postiches" qui sévit entre 1981 et 1986 (Lien vers Wikipedia). les deux cambrioleurs qui ont agressé David Cartier sont effet du voyage avec eux et tentent eux aussi d'exploiter leur connaissance du futur. Pour moi, cela nuit au récit plus qu'autre chose en développant une intrigue parallèle qui le parasite, tant il est artificiel. 

Au final, un livre entamé avec un enthousiasme certain, mais que j'ai bien eu du mal à terminer! 

 

 

 

 

 25 mars 2013 

 

 

 

 

POUL ANDERSON 

LA PATROUILLE DU TEMPS III 

LA RANCON DU TEMPS 

 

 

Vous ne m'en voudrez pas, j'espère, de remettre une fois de plus l'auteur Poul Anderson et sa "Patrouille du temps" en avant. Vous savez, quand on aime, on ne compte pas, et je ne vous cacherais pas que j'aime les histoires du Poul Anderson, d'autant qu'il se surpasse dans ce troisième volet des aventures du patrouilleur Manse Everard.  Ce dernier comporte deux histoires qui sont chacune deux véritables petits romans : "Stella Maris" et "La rançon du temps". Commençons si vous le voulez bien par la première. 

Pour les Romains, cette année 69 restera comme "L'année des Quatre Empereurs". En effet, après le suicide de Néron le 9 juin 68, les prétoriens proclament Galba empereur. Ce dernier était un homme expérimenté et capable, mais il fera une erreur qui lui sera fatale en refusant, sous le prétexte de renflouer les finances publiques, de distribuer aux prétoriens l'or que leur donnait tout nouvel empereur. Ces derniers se révoltèrent et proclamèrent un ancien soutien de Galba empereur, Othon. Bien évidemment, ils trucidèrent Galba qui avait tenté en vain de les apaiser. Mais, les légions de Germanie Supérieure avaient déjà choisi leur candidat : le gouverneur de leur province : Vitellius. Ce dernier, avec des soldats aguerris et le concours de fédérés (troupes de vassaux de Rome) germains écrase les troupes d'Othon qui se suicide (14 avril 69). Mais d'Orient vient alors la nouvelle que le général Vespasien, qui combat les Juifs révoltés a été proclamé empereur par les légions d'Orient. 

Pour l'affronter, Vitellius prend la décision d'établir la conscription chez les Bataves, vassaux des Romains. Mais ceux ci sont excédés par les demandes continuelles de tributs et d'hommes faites par les Romains et se révoltent sous la conduite Gaius Claudius Civilis, un Batave qui s'est couvert de gloire dans l'armée romaine au point de recevoir la citoyenneté. Il se déclare pour Vespasien, mais après que ce dernier ait triomphé de Vitellius en décembre 69, il continue les hostilités contre les Romains. 

C'est dans ce contexte qu'un chercheur de la "Patrouille du Temps" fait une découverte embarrassante. Ils ont repéré dans un exemplaire authentique des "Histoires" de Tacite une altération qui fait que la guerre entre Romains et Civilis, soutenu par ses alliés Germains se prolonge d'une année du fait d'une sybille, Velléda, qui incite les Germains à s'unir contre Rome et à détruire celle-ci.  

Craignant une altération temporelle volontaire, Everard contacte l'agent Janne Floris, une spécialiste de l'époque pour étudier avec elle sur place ce qu'il en est. Durant cette mission, Everard succombera au charme de sa collègue et ne tardera pas à découvrir que l'existence de Véléda menace de favoriser l'apparition d'une religion germanique capable de résister au christianisme et donc de changer en profondeur l'histoire du monde. Comment faire pour restaurer l'ordre "normal" des choses?
 

Dans cette longue nouvelle, Poul Anderson reprend ce milieu germanique qu'il connaît si bien pour tisser une histoire très habilement construite. 

A noter qu'il montre aussi sa connaissance de l'histoire. Civilis a réellement existé et a fini dans la peau d'un gros propriétaire terrien batavo-romain. Idem pour Velléda qui sera capturé par les Romains et vivra plusieurs années à Rome avant de sortir de l'histoire. 

Quant à Vespasien, il règnera dix ans sur l'empire où il ramènera la paix et la prospérité et fondera la dynastie Flavienne (69-96). 

 

 La seconde histoire, "La rançon du temps", nous emmène au Pérou le 3 juin 1533. Pizarre et ses hommes tiennent prisonnier l'empeureur Atahualpa. Ce dernier leur a promis contre sa libération de lui livrer une impressionnante quantité d'or et d'argent en lingots et objets précieux. Sachant que ces derniers seront fondus par les Conquistadors et perdus à jamais, la "Patrouille du Temps" a introduit l'un de ses agents, Stephen Tamberly, dans l'expédition de Pizarre sous l'identité d'un moine franciscain missionné pour choisir les objets dignes d'être envoyés intacts au roi d'Espagne. En fait, Tamberly a pour mission de les photographier en 3D pour en garder la trace. 

Las, il ne peut éviter la présence inopportune du redoutable bretteur Don Luis Ildefonso Castelar y Moreno, ni le fait que les terroristes spatio-temporels de Merau Varangan (voir "D'ivoire, de singes et de paons" au 2 mars 2013) surgissent de nulle part et les enlèvent. 

Ils commettent l'erreur de sous-estimer Don Luis qui parvient à s'échapper sur un scooter temporel avec Tamberly. Ce dernier est abandonné au Pérou deux mille ans avant notre ère par Don Luis. Ce dernier a en tête de découvrir dans le futur et plus précisément dans notre époque, des armes lui permettant de transformer la Conquista en une véritable croisade qui s'achèverait à Jérusalem, pour la plus grande gloire du Christ et de la Couronne d'Espagne. Averti par la Patrouille de la disparition de Tamberly, Manse Everard doit retrouver ce dernier avec le concours de sa nièce.... et venir à bout de l'intrépide hidalgo. 

Ce récit est plus léger et bien moins noir que le précédent, qui a une tonalité désabusée. Il faut dire qu'il a été initialement publié dans une collection destinée à la jeunesse. Curieusement, le personnage le plus sympathique de ce récit est sans conteste Don Luis, qui montre que le fait d'être "primitif" ou "du passé" ne veut pas dire que l'on est un imbécile. 

 

 Dans tous les cas, à savourer sans modération!
 


 

 

 

 17 mars 2013 

 

 

 

 

TERRY PRATCHETT 

L'HIVERRIER 

 

 

J'espère que vous ne m'en voudrez pas de vous replonger en plein hiver alors que nous venons tout juste de sortir la tête des congères, mais le parcours de mes pérégrinations littéraires m'a amené vers un autre roman de Terry Pratchett : "L'hiverrier"  

Je ne referai pas mon topo sur Pratchett, ayant déjà écrit sur cet excellent homme à la date du 29 décembre 2012, pour son roman "Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants". Je préfère passer au vif du sujet en posant la question essentielle de "L'hiverrier" : Pourquoi l'apprentie sorcière Tiphaine Patraque n'a pas suivit les instructions de sa formatrice la vénérable Madame Trahison? Pourquoi est-elle allée danser la danse Morris qui salue l'entrée dans l'hiver? Certes danser n'est pas à priori un crime grave... sauf quand vous prenez la place de la Dame du Printemps et que l'Hiverrier tombe amoureux de vous. 

C'est très gênant, surtout pour une apprentie sorcière de 13 ans, d'être poursuivie par les tentatives de séduction de l'Hiverrier : ce dernier vous offre des roses de glace, des flocons de neige à votre image en bien trop grande quantité et même des icebergs à votre effigie sur lesquels se fracassent parfois des navires. 

Et s'il n'y avait que cela! Car il y a aussi l'apprentissage du "Pipo", le fromage Horace qui fait des siennes et Annagramma Falcone qui menace de ruiner la bonne réputation des sorcières... 

Mais de tous ces problèmes, c'est évidemment celui de l'Hiverrier qui est le plus préoccupant, car si Tiphaine ne le résout pas, un hiver éternel menace de régner sur la Terre. Risque d'autant plus grand que l'Hiverrier ne sait même pas nommer ce qu'il ressent, ni ce qu'est un être humain. 

Et à part les bons conseils de Mémé Ciredutemps et de Nounou Ogg, Tiphaine n'a pour l'aider que les très indiscrets et insupportables Nac Mac Feegles! 

Comment va-t-elle se sortir de ce mauvais pas? 

 

Ce roman n'est peut être pas le meilleur de Pratchett, mais il réussi cependant à utiliser habilement ses personnages, même les plus secondaires (Ah! Le chat "Gredin", capable de ramener la moitié d'un loup, mais terrifié par une petite "chatonne" blanche), à utiliser le mythe antique de Déméter et à tourner en ridicule la sorcellerie. Les "Nac Mac Feegles", dont ce n'est pas ici la première apparition dans les livres de Pratchett, rajoutent des éléments comiques bienvenus, quoiqu'un peu répétitifs. A noter que malgré un lexique en fin de livre, ces derniers ont un langage plutôt singulier "Myard!  Clapeuz vos goules !"

Bref, une lecture bien distrayante par ces temps de morosité! 


 

 

 

 

 

 2 mars 2013 

 

 

 

 

POUL ANDERSON 

LA PATROUILLE DU TEMPS : 2 

 

N'avez-vous jamais rêvé de pouvoir voyager dans le temps? Imaginez : pouvoir aller voir les résultats du loto avant le tirage, connaître la fin de vos feuilletons favoris avant tout le monde, savoir si Sarkozy va redevenir Président de la république, ceci évidemment si vous choisissez  d'aller vers le futur... Et si vous alliez vers le passé? Rêvez un peu! Imaginez que vous assassiniez Adolf Hitler avant 1914, que vous indiquiez à Napoléon de ne surtout pas passer par Waterloo, que vous violiez Jeanne d'Arc ou que vous conseilliez à Louis XVI les mesures à prendre pour éviter la Révolution de 1789. Ne me dites pas que cela ne vous tente pas! 

Seul problème, vous voyez le fourbi que cela mettrait dans l'histoire? Et bien c'est bien pour éviter cela que les lointains descendants de l'espèce humaine, les Daneeliens, ont créé une "Patrouille du Temps" dont la mission consiste à empêcher ou corriger toutes les modifications de l'histoire que des voyageurs temporels imprudents ou malveillants pourraient causer. 

Vétéran de la Seconde Guerre Mondiale à la recherche d'un emploi, Manse Everard correspond au type de personnalité que celle-ci recherche et est recruté. Dans ses premières missions, il viendra à bout d'un idéaliste de 2987 qui veut changer le cours de l'histoire en intervenant dans l'Angleterre du 5ème siècle, puis sauve l'un de ses collègues piégé dans le rôle l'empereur perse Cyrus II (559 à 529 av. J.-C.) avant de participer à l'élimination d'une expédition sino-mongole sur la côte Pacifique des Etats Unis au 13ème siècle. On le voit ensuite restaurer notre univers historique en sauvant la vie de Scipion l'Africain lors de la Seconde Guerre Punique en 218 av. J.-C. 

Toutes ces péripéties sont parues sous forme de nouvelles entre 1955 et 1960 et je les ai lu il y a maintenant plus de 30 ans. J'ignorais jusqu'à la semaine précédente que Poul Anderson avait enrichi le cycle d'autres nouvelles dans les années 1980. 

 

Mais avant d'en parler, laissez-moi vous présenter Poul Anderson. Il voit le jour le 25 novembre 1926 à Bristol, une bourgade de Pennsylvanie, au sein d'une famille d'immigrés d'origine russe et passera toute sa jeunesse dans un milieu rural qui marquera profondément ses écrits. Il suivra des études de physique à l'Université du Minnesota, mais manquait d'argent pour les poursuivre. Il imaginera pour en gagner d'écrire une nouvelle de science-fiction "Tomorrow's children" (Les enfants de demain) qui sera acceptée par la revue "Astounding" en 1947. L'argent reçu lui permettra de continuer son cursus et d'obtenir son diplôme l'année suivante. 

Ce succès lui donna l'idée de poursuivre et d'écrire des récits d'anticipation en utilisant ses connaissances en physique, chimie et mythologie scandinave. Auteur prolifique, il écrira jusqu'à son décès en 2001 une centaine de romans et nouvelles (dont des récits policiers ou historiques ainsi que de la poésie). 

Considéré comme l'un des grands maîtres de la science-fiction anglo-saxonne, il sera cependant peu traduit en français, en partie parce qu'il avait pris position en faveur de la guerre du Viet Nam dans les années 1960-1970. Il était par ailleurs un partisan du Libertarianisme, une doctrine philosophique prêchant la liberté individuelle, la non-agression (différent de la non-violence) et la réduction ou la disparition des structures étatiques au profit d'une coopération libre et volontaire entre les individus. Parmi les adeptes de cette philosophie citons Richard Branson, Kurt Russel, Ayn Rand, Clint Eastwood, John Malkovich.... 

 

Mais revenons à nos moutons temporels. Ce tome II de la "Patrouille du temps" se compose de trois nouvelles.  

 

 


 

Dans la première, "D'ivoire, de singes et de paons", Manse Everard est envoyé dans la Tyr de 950 av. J.-C. Un criminel très dangereux qu'il a déjà eu l'occasion d'affronter menace de dévaster la ville antique et de la ruiner en y commettant des attentats à l'explosif dans les temples de celle-ci. Pour épargner la ville, il exige que la "Patrouille" lui livre du matériel sensible pouvant lui donner un pouvoir illimité à son époque d'origine. Everard doit le mettre au plus tôt hors d'état de nuire... Reste à le trouver! 

Dans la seconde, "Le chagrin d'Odin le Goth", Manse Everard n'apparaît que comme un personnage secondaire. Le rôle principal est en effet tenu par Carl Farness, un philologue rattaché à la patrouille dont la mission est de rechercher sur le terrain l'origine des grandes sagas germaniques et scandinaves comme celle des "Nibelungen". Il doit donc se rendre régulièrement chez les Ostrogoths du 4ème siècle pour y enregistrer les contes et histoires que l'on conte le soir au coin du feu. Mais il s'investit un peu trop dans sa mission en s'éprenant et en épousant une jeune goth qui meurt en lui donnant un garçon. Pire, il deviendra l'un des personnages de la saga et devra assister sans pouvoir intervenir au sort tragique de sa descendance. 

Dans la dernière, "La mort et le chevalier", Manse Everard doit se rendre dans le Paris de 1307 pour y délivrer un collègue qui est entré dans l'ordre du Temple pour en connaître les secrets. Las, il a attiré sur lui les soupçons d'un supérieur de l'ordre qui l'emprisonne. Or nous sommes à trois jours de la grande rafle des Templiers décidées par Philippe le Bel. Comment sauver l'imprudent sans perturber le cours de l'histoire? 

 

De ces trois nouvelles, la plus élaborée sur le plan de l'écriture est sans aucun doute "Le chagrin d'Odin le Goth" qui tranche sur tous les autres récits par son caractère intimiste, la précision de son écriture et la sophistication du récit. Si vous pensez que science-fiction équivaut à qualité d'écriture rudimentaire, lisez-la ou faites la lire. S'il est difficile au début d'entrer dans le récit (Ah, ces noms germaniques!) une fois que vous êtes dedans, c'est envoûtant! 

Viens ensuite l'excellent "D'ivoire, de singes et de paons" dans lequel Anderson décrit un port antique et son atmosphère de main de maître, sans parler de la truculence d'un certain personnage secondaire qui jouera un rôle décisif dans le récit (Chut! Je n'en dirai pas plus). Des historiens trouveraient sans doute matière à chipoter, mais si on réussit à s'abandonner au récit, on fait un très agréable voyage! 

Le troisième récit, qui est aussi le plus court ("La mort et le chavalier") est aussi le plus faible. A la défense de Poul Anderson je mentionnerai le fait qu'il a été originellement écrit pour une anthologie sur les Templiers. C'est donc une "oeuvre de commande" dans lequel le talent d'Anderson n'a pas pu totalement s'épanouir. Il réussit cependant par quelques images à recréer l'image plausible d'un Paris moyenâgeux, même si son opinion sur Philippe le Bel traduit ses opinions Libertairienne! 

 

Je ne peux que conclure en vous conseillant de découvrir l'oeuvre de Poul Anderson et en particulier ces nouvelles : elles en valent la peine! 

 

 

 

 

 

27 février 2013 

 

 

 

TERRY GOODKIND 

L'EPEE DE VERITE 

Tome 1 

La première leçon du sorcier 

 

 

Toi qui me lis, abandonne ce terne monde rationnel pour l'univers coloré (et très dangereux) de l'heroic-fantasy! 

Vous savez, je me méfie dans ce genre littéraire des publicités du style "Le nouveau Tolkien" ou "encore plus fort que le Seigneur des Anneaux"! Cette répugnance vient de fait que je me souviens avoir dévoré d'une traite le "Seigneur des Anneaux" quand j'étais jeune. Et cette lecture m'a tellement ébloui que je suis devenu très critique sur mes lectures suivantes dans ce domaine. Mais finalement, j'ai conclu que Tolkien était Tolkien, que personne ne pouvait faire mieux du Tolkien que Tolkien... et qu'il fallait que j'en relise en oubliant mes références à Tolkien! 

Autre problème, je me méfie des sagas dès qu'elles dépassent les trois volumes. Or, "L'épée de vérité" flirte avec les douze volumes. Je crois en effet à la règle dite de la "Planète des Singes". Tous les cinéphiles le savent : le premier film "La planète des Singes" (avec Charlton Heston) est très bon, le "Secret de la planète des Singes" (où Charlton ne fait plus que de la figuration) est bon, "Les évadés de la Planète des Singes" (sans Charlton) est moyen et les deux films suivants... hum! 

Mais revenons à "L'épée de vérité" et à son auguste auteur, le dénommé Terry Goodkind en premier lieu. 

Mister Goodkind est né à Omaha dans le Nebraska en 1948. Et il a mal commencé ses études, car il était dyslexique à un point tel que pour lui la lecture était une véritable torture... sans parler de l'écriture! Il aura la chance de tomber sur d'excellents enseignants qui l'aideront à surmonter cet handicap de départ. Toutefois, il en gardera une appréhension envers l'écriture qui fera qu'il se lancera vers d'autres horizons. D'abord charpentier, il deviendra ensuite luthier, puis restaurateur d'antiquité. Il étudiera aussi l'art pour représenter la faune et la flore. Sa vie prit un nouveau tournant avec son mariage en 1983. Il quitta alors le Nebraska pour les côtes du Maine et c'est là que dix ans plus tard "L'épée de vérité" verra le jour. 

J'ajouterai que notre homme ne doit pas être un pro-Obama. Il en effet un adepte des théories d'Ayn Rand, une philosophe d'origine russe qui prône le "capitalisme individualiste" qui met l'individu au centre de la société, prône le laisser-faire en matière économique et "l'égoïsme rationnel" (l'individu ne doit jamais se sacrifier pour les autres, ni sacrifier les autres pour lui-même". Parmi ses adeptes citons Alan Greenspan ou Ronald Reagan. 

Mais venons-en au livre lui-même... 

 

 

 

L'action se déroule dans un cadre rappelant les "Terres du Milieu" de Tolkien. Le "Nouveau Monde" est divisé en trois contrées : la "Terre d'Ouest", les "Contrées du Milieu" et "D'Hara". Chacune de ces contrées est séparées des autres par des frontières magiques en théorie infranchissables. Jadis, elles ne formaient qu'un seul et même pays. 

Les "Terres d'Ouest" sont gouvernées par un "Premier Conseiller" bénéficiant de pouvoir quasi monarchique. Toute le population de cette région est humaine et l'usage de la magie y est prohibée de la façon la plus stricte. Des créatures hostiles sortent parfois de la frontière pour hanter les forêts bordant celle-ci. Pour la sécurité des habitants de cette zone a été créé un corps de forestier chargé de traquer de tuer celles-ci. 

Les "Terres du Milieu" sont formées d'une mosaïque d'état féodaux (royaumes, duchés) et tribaux. Un conseil qui siège à Aydindril dirige le tout. 

Enfin, D'Hara est dirigé d'une main de fer par Darken Rahl, le "Père du Peuple" depuis le splendide "Palais du Peuple". 

Le héros de notre histoire, Richard Cypher est le frère de Michael Cypher, le premier conseiller. Il n'en est pas moins qu'un simple garde forestier que rien ne distingue des autres. Cependant, il est hanté par la mort de son père survenue quelques années plus tôt. Un inconnu l'a assassiné chez lui et a éventré son corps. Richard pense que son père a découvert quelque chose sur la frontière et que cette trouvaille lui a coûté la vie. Alors qu'il explore les alentours de celle-ci, il aide une jeune femme, Kahlan, à échapper à des tueurs qui la poursuivent. Celle-ci a gagné la "Terre d'Ouest" pour une bonne raison : Darken Rahl a étendu son autorité sur les "Terres du Milieu" et se prépare à en faire autant avec les "Terres d'Ouest". Il est en plus à la recherche de boîtes magiques, les boîtes d'Orden, qui une fois ouvertes dans le bon ordre lui donneront un pouvoir absolu sur le monde. Seulement, Rahl n'a que deux boîtes et ne sait pas dans quel ordre il devra ouvrir les boîtes une fois que le troisième sera en sa possession. De plus, il est limité par le temps : il est en effet contraint d'ouvrir les boîtes avant la première journée de l'hiver, sans quoi son pouvoir sera réduit à néant. 

Richard amène Kahlan à son ami, l'étrange Zedd. Ce dernier, est un mage très puissant qui a choisi de vivre caché sous l'apparence d'un ermite excentrique. Il dévoile à Richard qu'il est destiné à devenir le porteur de "L'épée de Vérité" en raison de ses capacités de "Sourcier". Il lui apprend aussi qu'ils doivent suivre tous deux Kahlan de l'autre côté de la frontière pour trouver la dernière boîte avant Darken Rahl et la cacher jusqu'au premier jour de l'hiver. 

 

De part mon travail en médiathèque, j'avais remarqué le succès de cette série auprès du public. Il était naturel que j'aille voir de plus près ce qu'il en était. 

Mon avis est mitigé. Tout en reconnaissant la qualité de l'histoire et de l'écriture de Goodkind, je n'ai pas trop réussi à "m'investir" dans les personnages. Par ailleurs, je trouve que l'auteur a trop de complaisance dans les descriptions des tortures que fait subir à Richard la "Mord Sith" Denna en multipliant celles ci sur plusieurs chapitres (tendances sado-masochistes de l'auteur?). 

Il y a des bonnes idées, comme le fait que l'usage de la magie n'est pas sans conséquence pour celui qui l'emploi ou les frontières magiques. Toute la structure du roman est par ailleurs bâti sur un argument : « Les gens ont tendance à tenir pour vrai ce qu'ils souhaitent être la vérité ou ce qu'ils redoutent être la vérité. ». 

 

Je ne sais pas (encore) si les autres volumes sont de la même. Pour l'heure, j'ai tourné mes yeux vers d'autres lectures. Quand l'envie viendra (si elle vient!), je lirai le tome 2 "La pierre des larmes". 

 

Bref, je considère cela comme "moyen", "lisible". Mais pas exceptionnel! 

 

A noter que ce tome a été adapté en série télévisée par Sam Raimi (Evil Dead; Spider-Man) avec 22 épisodes de 42 minutes chacun, le tout tourné par un réalisateur néo-zélandais différent pour chaque en 2005-2006. Elle prend d'importantes libertés avec le roman. 

Pour les curieux, voici le trailer 

 

 

 

 

30 janvier 2013 

 

 

FREDRIC BROWN 

INTEGRALES DES NOUVELLES 

TOME 1 

 

 

Aujourd'hui, je vais vous emmener dans les Etats Unis des années 1938 à 1941 à travers l'univers de Fredric Brown (1906-1972). 

Nouvelles et récits courts ont toujours été la spécialité de cet auteur prolifique natif de Cincinnati (Ohio), même s'il a écrit aussi de superbes romans comme "Martiens, Go home!", "L'univers en Folie", "Meurtres en filigrane" (adapté au cinéma sous le titre "Vieille canaille"), "Ca ne se refuse pas" (adapté au cinéma sous le titre "L'ibis rouge". 

 

 

 

A la lecture de ces titres, vous devinez que notre homme est un grand écrivain de récits policiers et de science-fiction. Sa carrière mettra du temps à murir. Venant d'un milieu modeste, il devra commencer à travailler à seize ans et exercera les métiers les plus divers avant de commencer à vivre de sa plume. 

 

Ses écrits valent surtout par leur humour, parfois largement teinté de noir, et surtout par leur chute généralement totalement imprévisible et un style d'écriture simple (mais pas simpliste) et direct. 

Il aimait par dessus tout se moquer des stéréotypes. Ainsi, dans "L'univers en folie" il tourne en dérision les clichés les plus éculés des histoires de science-fiction populaires des années 1950. 

 

 Ce recueil rassemble ses premières nouvelles, depuis la toute première à avoir été publiée "Demandez la Lune" ("Moon for a nickel"), nouvelle policière qui expose les bases de son style, à "Etaoin Shrdlu", court récit fantastique... et burlesque! 

Elles appartiennent pour la plupart au genre policier et montrent que Brown ne manquait pas d'imagination en ce domaine! Je citerais entre autres les nouvelles suivantes : "L'indice préhistorique"; "Des traces de pas au plafond"; "En quête d'une ville"; "Homicide Sanitarium"; "Ecoute l'oiseau moqueur". 

Dans le genre fantastique, je signalerais les hilarants "La mort est un lapin blanc" et ""Etaoin Shrdlu". 

 

Preuve de la qualité de ce recueil, je l'ai lu d'une traite sur ma liseuse Bookeen malgré ses 495 pages! 

 

 

 

29 décembre 2012 

 

LE FABULEUX MAURICE  

ET SES RONGEURS SAVANTS 

 

 

Décidément, je vous emmène dans un voyage à travers les livres les plus divers. D'abord un documentaire, puis un manga, et maintenant, un roman... de fantasy (humoristique!). Je dois quelque peu vous décevoir, je pense. Un bibliothécaire qui n'est pas passionné par la littérature "classique" ou la mode... Quelle honte' pour sa profession! J'assume ceci 

avec fierté. 

 

Enfin bref! Je vais donc vous parler d'un livre de Terry Pratchett qui fait partie de la série "Les Annales du Disques Monde", à savoir : "Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants" 

 

 

Quel étrange incident à fait de Maurice, honorable chat de gouttière, un chat doué de conscience et de parole? Incident qui a eu les mêmes effets sur un clan de rats qui fréquentait assidument les poubelles de l'université magique d'Ankh-Morpok. 

En tout cas, depuis lors, Maurice a pris la tête de la petite troupe à laquelle est venue s'ajouter Keith, un jeune flûtiste peu loquace mais trés doué. 

Maurice a monté une escroquerie fort rentable. A chaque fois qu'ils arrivent dans une localité, Maurice envoie les rats monter le scénario catastrophe d'une invasion de muridés. Automatiquement, les habitants cherchent un sauveur pour les libérer de cette calamité et c'est à cet instant précis qu'il fait son entrée avec Keith. Voyant dans le jeune homme leur sauveur, ils lui donnent toujours une importante somme d'argent pour qu'il souffle dans son flutiau et emmène au loin la gent ratine. Autant lui dire que cela ne pose aucun problème et que Maurice effectue le partage du butin de la façon lui convenant le mieux! 

Mais quand la fine équipe arrive au village de Bad Igoince, les choses se mettent soudain à dérailler. 

Qui sont ces chasseurs de rats qui chassent un gibier qui a totalement disparu? Pourquoi les habitants souffrent-ils pourtant d'un disette qu'ils attribuent aux dégats provoqués par les rats? Et surtout, qui est derrière tout cela? 

Aidé de Keith, des rats savants et de l'imaginative Malicia, Maurice va tenter de répondre à ces questions. 

 

On retrouve avec toujours autant de plaisir le style "Pratchett", à base de pastiche des contes ou récits de fantasy les plus célèbres et de jeux de mots dans la bonne tradition non-sensique anglais. Cela risque fort de défriser les amateurs d'une bonne littérature bien cartésien et "plan-plan" racontant par exemples les émois nombrilistes d'une trentenaire bourgeoise et parisienne. Là, il n'y a rien de tel! En revanche, les amateurs de fantasy, ceux qui se souviennent des contes de fèes de leur enfance et les gens ayant le sens de l'humour pourront (tout comme moi) y trouver leur compte. Pardon! Leur conte!
 

Ce n'est certes pas le meilleur des innombrables ouvrages écrits par Pratchett, qui est l'un des rares auteurs à avoir inscrit ses livres dans un univers cohérent totalement imaginé par lui, mais croyez-moi, il vaut le détour! 

 

A noter que ce titre est un titre indépendant  et qu'il est le premier a être spécifiquement destiné aux enfants. Cependant, par ses références culturelles et son style, il s'adresse d'emblée à un public de bons lecteurs (au moins niveau collège)... et d'adultes! 

 

 

 14 décembre 2012 

 

Enemigo 

 

Je ne vous raconterai pas de bobards : je connais le manga, j'estime les mangakas et j'aime leur style de dessin, mais paradoxalement, je ne lis que peu de mangas! 

 

Il y a bien sûr une raison à cela : je n'aime pas les séries à rallonges! Par exemple, "One piece" de Eiichirõ Oda, dont j'ai aimé les premiers tomes en compte... 64! Et la série n'est pas achevée! J'ai lu "Monster" de Naoki Urasawa (18 tomes) in integra et adoré. Idem pour le splendide "Akira" de Katsuhiro Otomo (31 volumes). Mais trop c'est trop! Il faut savoir finir une histoire... 

 

Ce n'est pas cependant parce que c'est un "One shot" ou un volume unique (de près de 300 pages tout de même) que "Enemigo" m'a séduit! 

 

 

 

En fait, "Enemigo" est une oeuvre de jeunesse de Jirô Taniguchi que Casterman a jugé opportun d'éditer en français pour surfer sur la popularité (méritée!) de ce dessinateur. 

Taniguchi avait en effet 38 ans lorsqu'il dessina ce manga d'action en 1984-1985, sur un scénario d'un collectif nommé "M.A.T". 

Il avait le désir de réaliser une histoire d'action pure à l'imitation de ce qu'il découvrait alors dans les bandes dessinées européennes et les comics américains, avec un aspect réaliste se détachant de la production de la majeure partie des mangas. 

L'histoire en est très éloigné des mangas habituels de Taniguchi qui sont plutôt des histoires tournées vers l'introspection. 

 

"Enemigo" raconte l'histoire de Kenishi Seshimo, un ancien membre d'une unité d'élite qui a combattu au Viet Nam. Ce dernier, qui est détective à New York, vit en rupture totale avec sa famille. Celle-ci posséde un empire agroalimentaire dirigé par Yuji Seshimo, qui est le frère de Keshimi. 

 

 

Or, ce dernier a beaucoup investit en Amérique du Sud au Nascensio un état qui vient à peine de se relever d'une guerre civile. Les autorités au pouvoir veulent en effet utiliser la technologie de l'entreprise Seshimo pour transformer en terres arables les jungles du sud de leur pays et devenir exportateur de céréales. 

 

Mais ces projets ne font pas que des heureux! Des guérilleros rôdent dans la jungle et Yuji, qui est venu constater sur place l'avancement des travaux, est enlevé par ces derniers. L'entreprise Seshimo est alors l'objet d'un chantage : l'arrêt des travaux et une forte somme d'argent contre la vie de Yuji. 

 

Peu confiant dans la police locale, leur oncle, qui est aussi le numéro deux de l'entreprise, demande à Yuji de se rendre sur place pour tenter de localiser l'endroit où est détenu son frère. Le conseil d'administration refuse en effet d'abandonner ses projets au Nascensio, car cela menacerait l'existence même du groupe Seshimo en raison de l'importance des investissements. 

 

Flanqué de l'étrange Gloria, la secrétaire très personnelle de Yuji et de Little John, une sorte de tyrannosaure canin, Kenishi se rend sur place. 

 

Il ne tardera pas à comprendre qu'il gêne un tas de gens et que plusieurs camps avaient intérêt à voir disparaître Yuji! 

 

Retrouvera-t-il ce dernier en vie? Qui est réellement Gloria et à quel camp appartient-elle vraiment? Les guérilleros sont-ils vraiment les ravisseurs de Yuji? Et si c'est le cas, sont-ils manipulés par quelqu'un? 

 

N'attendez pas que je vous donne les réponses! 

 

Dans ce manga, on retrouve des influences occidentales que Taniguchi assume. Il s'inspire notamment du traitement des ombres et du mouvement faites par les adeptes de la ligne claire et cite dans ses réfèrences François Schuiten, Moebius, Bilal, Giardino. L'influence du cinéma d'action américain  

des années 1980 y est aussi manifeste. 

 

Tous ces emprunts font que l'on a beaucoup reproché à l'époque au Japon à Taniguchi de faire des dessins "qui sentent le beurre", c'est à dire trop européen, alors que ces derniers appartiennent à un jeu d'influence 

réciproque. 

Vous pouvez juger par vous même en regardant déjà la page ci-dessous. 

 

 

Si le scénario est plutôt classique et prévisible, le dessin de Taniguchi est bien entendu excellente. Malgré la réserve ci-dessus, l'histoire est plaisante et ménage un peu de place à l'humour. On peut même se demander devant les exploits de combattant de Yuji s'il n'y a pas de la part de Taniguchi une volonté plus ou moins consciente de parodier les films américains des années  

1980 du style "Rambo" ou consorts. 

"Enemigo" se lit rapidement et peut intéresser tant le passionné de Taniguchi qu'une personne qui voudrait pour la première fois se mettre à la lecture de manga. 

 

 

7 décembre 2012 

 

 

L'Hermione, de Rochefort à la gloire américaine 

 

Je sais que sur les blogs traitant de littérature, il est plus courant de parler de romans que de documentaires. Mais, pour moi, les règles sont parfois faites pour être transgressés, surtout quand cela en vaut la peine! 

 

Or, justement, le livre que j'ai actuellement dans les mains en vaut la peine... Il s'agit de "L'Hermione, de Rochefort à la gloire américaine" d'Emmanuel de Fontainieu paru aux Editions de Monza. 

 

 

Cet ouvrage parle de la frègate "L'hermione" qui a existé de 1779 à 1793 et dont le principal titrd de gloire fut d'avoir transporté le marquis de La Fayette de France aux Etats Unis alors en révolte contre la couronne d'Angleterre. "L'Hermione" se distinguera ensuite durant plusieurs combats navals. Elle sera perdue de façon plutôt stupide en 1793 après avoir heurté un haut fond à l'embouchure de la Loire. 

Or, depuis 1997, une réplique de ce navire est construite à Rochefort, son lieu de naissance. 

 

Le mérite de cet ouvrage est de ne pas être centré sur les problémes techniques de la reconstruction et les caractéristiques de ce vaisseau. Il aborde en effet de façon exhaustive le contexte entourant la mise en oeuvre en 1779 de "L'Hermione". 

Dans sa première partie, il expose les raisons qui ont poussé Louis XIV et ses ministres à fonder une ville nouvelle à Rochefort en 1666 pour y bâtir les vaisseaux de combats de la Marine Royale, bien que celle-ci soit située à une dizaine de kilométres de la mer, sur la Charente. Les relations entre la France Métropolitaine, Rochefort, La Rochelle et les Amériques sont également analysés. 

 

"L'Hermione" est en effet la manifestation d'un désir politique et d'une époque : celle où le Lys et le Lion d'Angleterre se disputaient la maîtrise des routes maritimes du commerce mondial dans une véritable "course à l'armement" avant la date et ne peut être comprise que dans le cadre de son époque. 

 

Une seconde partie est consacrée à la longue quête de plans et d'écrits qui ont amené à rendre possible la reconstitution de ce vaisseau. 

On y expose les méthodes de construction du 18éme siécle, les difficultés des artisans de la reconstruction et les compromis qu'ils ont parfois été forcé d'accepter pour concilier les exigences modernes de sécurité et la fidélité du fac-similé. 

 

Le livre se termine avec un guide indiquant les traces encore visibles du 16ème et du 17ème siècle à Rochefort et sur la Charente. 

 

Un seul regret : il ne s'étend guère sur la dure vie de l'équipage. Ce n'était en effet pas un vaisseau de plaisance et même pour les officiers, les conditions étaient spartiates. Savez-vous par exemple que les marins (de base) ne possédaient que leur hamac et le contenu de leur baluchon? Et qu'ils ne savaient pas nager? S'ils tombaient à la mer, ils n'avaient de toute façon pratiquement aucun espoir d'être secourus : comment faire demi-tour à un vaisseau à voile de plus de quarante mètres de long pour récupérer un homme à la mer? 

 

Notons que cet ouvrage est réédité selon les progrès de la reconstitution de "L'Hermione" qui devrait s'achever théoriquement en 2015 par une traversée de l'Atlantique et la visite des principales villes américaines de la côte est. 

 

Pour ceux qui aimeraient en savoir plus, suivez ce lien qui vous conduira au site de l'association qui contrôle l'exécution du projet : http://www.hermione.com/accueil/ 

 

Pour les moins curieux ou empressés, je vous propose la vidéo ci-dessous! 

 

 

 

La suite en 2015! 



05/12/2012
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