L'ours polaire

L'ours polaire

Little Big Horn (1) La bataille

LITTLE BIG HORN

1 : La bataillle 

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1) Introduction

2) Avant la bataille

A) Contexte

B) Et tout commença .... avec une vache!

C) La "Guerre de Red Cloud" (1866-1868)

3) La question des Black Hills

A) La fièvre de l'or

B) Le déclenchement de la guerre

C) Le plan de la campagne d'été

4) Les Adeversaires

A) Les forces en présence

a1) Le 7eme de Cavalerie

a2) Les officiers

- George Armstrong Custer

- Marcus Reno

- Frederick Benteen

a3) Organisation du 7eme de Cavalerie

b1) Les forces amérindiennes

b2) Les "chefs"

- Sitting Bull (Tatanka Yotanka)

- Crazy Horse (Thasunke Witko)

- Gall 

- Rain in the Face (Ité Omayazu)

B) Différences de méthodes de combat entre les soldats américains et les Indiens des Plaines

C) Les opérations avant la bataille

c1) Prélude sur la Rosebud (17 juin 1876)

c2) Custer, du Fort Lincoln à la Little big Horn

c3) Le plan de Custer

5) La bataille

A) L'attaque de Reno

B) La résistance des hommes de Reno et Benteen sur la Reno Hill

C) L'extermination de Custer et de ses hommes

D) L'histoire des "Suicides Boys"

 

 

1) Introduction

 

Le 4 juillet 1876, les Etats Unis fêtaient le premier centenaire de leur existence. A Philadelphie se tenait une exposition universelle qui était pour cette jeune nation l'occasion de présenter au monde ses réalisations et son modernisme. Déjà, la puissance économique des Etats Unis concurrençait celle de l'Angleterre, alors la puissance dominante, et cela malgré la Guerre de Sécession (1861-1865)

Depuis neuf ans, le rail unissait la côte atlantique au Pacifique et l'impérialisme américain faisait ses premiers pas vers la Chine et l'Amérique Centrale.

 

Dans cette nation fière et prospère, les Indiens apparaissaient comme les grands perdants et les guerres indiennes une chose du passée. Les Apaches étaient en paix depuis 1873. Les derniers Comanches libres avaient déposés les armes et gagné une réserve l'année précédente. Cheyennes et Lakotas vivaient en paix sur une vaste réserve dans le Dakota. Comment des sauvages pourraient ils résister aux soldats de la jeune nation? Inévitablement, les Indiens s'effaceraient et disparaîtraient devant le Progrès et le Manifeste de la Destinée. Ils s'assimileraient totalement ou s'éteindraient.

 

Aussi, quand les journaux annoncèrent la défaite de Little Big Horn et la mort de Custer, cela fit l'effet d'une douche froide! Comment des sauvages avaient pu ainsi venir à bout de soldats bien entraînés et dotés d'armes modernes? L'humiliation était terrible et toute une nation criait vengeance...

 

Pour le comprendre, il faut reprendre le fil des événements depuis leur point de départ.

 

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2) Avant la bataille

 

A) Contexte.

 

Depuis les années 1850, un conflit était né entre les nations indiennes des Plaines du Nord et les Blancs.

Nombreux étaient les colons qui pour aller en Oregon traversaient les territoires de chasse indiens. S'ils ne s'y établissaient pas et que pour leur part les Indiens évitaient prudemment d'attaquer des convois lourdement armés, ces voyageurs laissaient souvent derrière eux de façon involontaire des germes microbiens contre lesquels les indiens n'avaient aucune protection. Ils chassaient aussi et décimaient sur leur route le gibier (bisons, antilopes) qui étaient la base de leur alimentation.

Des heurts se produisirent sporadiquement et l'armée intervint en commençant à escorter les convois et à construire des postes fortifiés.

 

Par ailleurs, la zone était déjà une zone de conflits. Les Lakotas poursuivaient une politique d'expansion vers l'ouest et le sud. Ils avaient fait reculer, les Crows, les Shoshones, les KIowas et les Pawnees. Les peuples indigènes sédentaires (Mandans, Hidatsas, Arikaras) en étaient au mieux devenus des vassaux, au pire des serfs.

 

Les Lakotas n'attachaient que peu d'importance aux Américains, récusant toute suzeraineté de ceux-ci sur leurs terres. Pour eux, les Américains n'étaient que des partenaires commerciaux, fournisseurs de biens (munitions, armes, étoffes, alcool) en échange de peaux de bisons ou de castors. Par ailleurs, la notion de propriété de la terre était étrangère à leur mentalité, tout comme celle d'un gouvernement centralisé. Pour eux, ils n'étaient propriétaires que des animaux et des plantes croissants sur le sol.

 

Pour les Etats Unis, au contraire, ils avaient une suzeraineté de fait et de jure sur les terre des Lakotas. Ces derniers devaient laisser le libre passage aux colons et accepter la présence de postes militaires sur ceux ci. Ils devaient, sous peine d'extermination, abandonner leur mode de vie et leurs "coutumes sauvages" pour échapper à l'extermination ou à la disparition. Les Blancs américains n'étaient ils pas le peuple élu par Dieu pour peupler ce continent, comme le proclamait la théorie de la "Destinée Manifeste" ?

 

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B) Et tout commença avec... une vache!

 

En août 1854 eût lieu un premier affrontement ente soldats et guerriers lors de la "Guerre de la Vache Mormone".

 Des chasseurs  Brulés (Sichangu Lakotas) avaient aperçu errant sur la plaine un bien étrange animal inconnu d'eux ; une vache domestique. Comme l'animal évoquait de loin un bison, ils décidèrent de le tuer pour en goûter la viande... qu'ils trouvèrent bien fade et dure. Mais la bête avait un propriétaire : un fermier mormon qui voulait s'installer en Oregon et dont le bovidé était la principale ressource. Ce dernier se plaignit à Fort Laramie de la perte de sa vache et le commandant du poste militaire décida d'envoyer un jeune officier inexpérimenté avec l'ordre de ramener en détention à  Fort Laramie les coupables du "vachicide". Il s'agissait du second lieutenant  John Lawrence Grattan du 6eme Régiment d'Infanterie, qui partit avec 29 hommes, deux petits canons, un interprète (qui était un ivrogne incompétent) et le fermier mormon. Grattan était décrit par ses pairs comme un homme impétueux et vantard qui considérait les indiens avec dédain et mépris.

 

Arrivé sur place devant un campement de près de 2000 indiens, dont plus d'un demi-millier de guerriers potentiels, Grattan se montra le digne représentant d'une nation civilisée devant des barbares : il réclama au chef  Conquering Bear (Matȟó Wayúhi ) la livraison immédiate des coupables. Conquering Bear, dont le pouvoir venait de son prestige en tant que négociateur et chef de guerre ne pouvait livrer ceux ci sans subir une perte d'autorité. Il offrit plusieurs dizaines de chevaux pour compenser la perte de la vache et "acheter" la liberté des "voleurs". Intransigeant , Grattan refusa même d'écouter les supplications du malheureux  fermier qui prenait peur et voyait les choses tourner au vinaigre. Comme il voulait montrer aux "sauvages" la supériorité de la civilisation, il fit tirer un coup de canon. Ce fut son dernier ordre : lui et tous ses hommes furent tués en quelques minutes. Conquering Bear, qui était désarmé, fut abattu à bout portant par un soldat dans la mêlée. 31 blancs perdirent la vie contre celle de deux indiens. Seul le colon, gravement blessé parvient à revenir à Fort Laramie pour y mourir de ses blessures, après avoir raconté toute l'histoire.

 

En représailles, l'armée américaine attaquera en octobre au Nebraska à Blue Water un village de Sioux Brulés - qui n'avaient aucun lien avec ce que l'on appela à l'époque le massacre Grattan -. Les 250 résidents du village virent fondre sur eux 600 soldats sous les ordres du général William S. Harney. Les guerriers en tuèrent 27 mais furent submergés. 86 indiens, dont la moitié de femmes et des enfants furent tués lors de l'attaque ce qui vaudra à Harney le surnom de "Tueurs de femmes". 70 autres non-combattants seront emmenés comme prisonniers 27 soldats américains perdront la vie. S'en suivit une paix précaire de près de dix ans durant lesquels les Lakotas s'appliquèrent à ignorer les caravanes de colons.

 

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C) La "guerre de Red Cloud" (1866-1868).

 



 

Le conflit se réactiva en 1863 quand des gisements d'or furent découverts dans l'Ouest du Montana, près de la frontière avec l'Idaho. La route la plus courte pour gagner les "placers", la piste Bozeman, traversait les territoires de chasse des Lakotas, des  Cheyennes et des Arapahos. Washington décida de privilégier la négociation pour sécuriser la route, mais l'armée commença à construire des forts et des postes militaires le long de celle-ci sans attendre la conclusion d'un accord, à la grande fureur des Indiens. Ceux ci réunirent une coalition de plus de 3000 guerriers qui anéantirent complétement une unité de 81 hommes commandée par le jeune lieutenant-colonel Fetterman ( 21 décembre 1866). Ce dernier s'était vanté de pouvoir "traverser toute la nation Sioux avec 80 hommes". Il n'aura même pas fait la moitié de la route!

 

 Bien que de nouvelles carabines à tirs rapides aient permis à l'armée    américaine de repousser deux attaques sur les convois ( Hayfield Fight, 1er août 1867 et  Wagon Box Fight le 2 août 1867) Washington  négocia la paix, malgré les récriminations des militaires, qui voulaient poursuivre la guerre.

   

 La construction de la ligne du Transcontinental (achevée le 10 mai 1869) permettait désormais aux prospecteurs de suivre une route plus sûre jusque Salt Lake City, puis de remonter de là vers les mines d'or. Aussi, le traité signé à Fort Laramie le 6 novembre 1868 définissait une grande réserve Sioux comprenant l'Ouest du Dakota du Sud et les Black Hills du Montana, des montagnes sacrées pour tous les Indiens des Plaines du Nord. Le pays de la Powder River était un territoire non cédé où pouvaient vivre les Sioux et les Cheyennes qui ne voulaient pas s'établir sur la réserve. C'était aussi un territoire de chasse pour tous. Red Cloud avait gagné sa guerre !

 

 

 

3) La question des Black Hills

 

Seulement, de plus en plus de prospecteurs et de colons affluaient dans le Dakota et ces derniers ne tenaient aucun compte des traités. Pour eux, un indien, même pacifique, était une menace potentielle qu'il fallait abattre à vu. Dès 1872, des hommes d'affaires suggéraient d'exploiter les forêts des Blacks Hills pour fournir en bois colons et voies ferrés. D'autres voulaient les prospecter pour leurs richesses minières éventuelles. Leur pression incita le gouvernement américain à approcher en 1872 les leaders Sioux pour négocier la cession des Black Hills : ils refusèrent catégoriquement de céder ces lieux sacrés pour eux et d'autres peuples amérindiens (Crows et Cheyennes notamment)

 

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A) La fièvre de l'or

 

En 1874, Custer fut envoyé à la tête d'une expédition dont la mission était d'évaluer les richesses des Black Hills. Avant même que cette colonne ne soit rentré à sa base était arrivé la nouvelle qu'elle avait trouvé de l'or. Les journaux publièrent des articles selon lesquels "l'or affleurait la terre". Custer lui-même en rajouta en décrivant une région fertile où le sol n'attendait que la charrue du fermier.

 

 L'expédition des Black Hills

 

Or (si l'on peut dire !), depuis 1873 sévissait une crise économique internationale provoquée par la chute de la demande en argent après que l'Allemagne de Bismarck ait décidée d'abandonner la frappe de monnaie dans ce métal, en raison de la grosse quantité d'or qu'elle avait extorqué à la France vaincue de 1871. La Grande Bretagne souffrira de la crise pendant une vingtaine d'années, les Etats Unis jusqu'en 1879. Du coup, un flot de mineurs, certains venant même de la région de New York envahirent la région à la recherche de la fortune.

 

L'armée américaine tenta dans un premier temps de les en chasser,
Spotted Tailmais cela ne fit qu'augmenter les
pressions sur le gouvernement Grant. En mai 1875 une délégation Sioux comprenant Red Cloud, Spotted Tail et Lone Horn se rendit à Washington pour obtenir du gouvernement américain qu'il fasse respecter les traités. A leur grand ahurissement, on leur proposa d'acheter leurs terres du Dakota et des Black Hills contre 25000 dollars et on leur proposa une installation dans le Territoire Indien de l’Oklahoma! Ils refuseront avec indignation et Spotted Tail déclarera : "Vous me parlez d'un autre pays, mais ce n'est pas mon pays, il n'a rien à faire avec moi et je ne veux rien à avoir à faire avec lui. Je ne suis pas né là-bas. Si c'est un pays si formidable, vous devriez y envoyer les hommes blancs qui sont dans notre pays et nous y laisser tranquille".

 

Durant l'automne, Washington enverra aux agences indiennes des délégations chargées d'expliquer aux Lakotas tout le bien qu'ils retiraient de la vente de leurs terres et de leur installation dans le "Territoire Indien" de l'Oklahoma avec comme objectif de les dresser contre les chefs et d'obliger ces derniers à signer la cession. Ce fut un échec complet les Sioux étant furieux de l'invasion des terres sacrées des Black Hills, de certaines portions de leur territoire et des attaques que l'armée américaine avait lancée dès 1875 contre des campements Cheyennes. Encore ignoraient ils que le trajet du Northern Pacific Railroad devait traverser leurs derniers terrains de chasse au bison!

 

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B) Le déclenchement de la Guerre

 

Face à l'échec de la "diplomatie", Washington décida de changer de méthode. L'armée reçut l'ordre de laisser prospecteurs et colons pénétrer librement dans les Black Hills, ce qu'ils firent en masse, y fondant la ville de Deadwood..

 

Comme les indiens ne s'étaient livrés à aucune agression pouvant passer pour une violation du traité, les agents des Agences Indiennes reçurent la mission d'informer les groupes vivant dans la zone de la Powder River d'avoir à rejoindre les agences du Dakota avant le 31 janvier 1876, sans quoi ils seraient déclarés "Hostiles". L'agent des Affaires Indiennes de la  réserve de Standing Rock demanda une prolongation du délai, car il savait que durant la mauvaise saison les Cheyennes et Sioux ne prendraient pas le risque d'exposer leurs familles aux rigueurs d'un long voyage en plein hiver. Sa requête fut repoussée. Washington voulait le conflit.

 

Paradoxalement, les "Hostiles" ne voulaient pas faire la guerre! Soucieux de préserver leurs familles, ils étaient presque tous décidés à gagner les agences, mais au printemps et après avoir chassé le bison... Beaucoup avaient d'ailleurs quitté les réserves dans ce but et parmi eux la grande majorité était des hommes jeunes, comme Elisabeth Custer le remarquait. Ils avaient souvent sur eux des armes neuves fournies pour la chasse par le gouvernement. Les agents des Affaires Indiennes, qui craignaient de perdre leur poste, sous-estimaient souvent dans leurs rapports le nombre de ces départs.

 

Le 31 janvier 1876, l'armée américaine reçu l'ordre d'entrer en campagne contre "Sitting Bull et tous les Hostiles"... Suivant les ordres du général Alfred Terry, le général  George Crook dépêcha une colonne de six compagnies de cavalerie (300 hommes environs) sous les ordres du Colonel Joseph Reynolds, renforcées d'éclaireurs  Crows et Shoshones. Le 17 mars, ils localisèrent un village d'environ 65 tipis sur la Tongue River et l'attaquèrent en croyant avoir affaire à Crazy Horse. Ils avaient en fait affaire aux Cheyennes du Nord de Little Wolf renforcés de quelques Oglalas en visite. En tout plus de six cents indiens dont près de 200 guerriers. L'attaque fut d'abord un succès : les troupes de Reynolds s'emparèrent du camp et le brûlèrent, puis capturèrent un grand nombre de poneys. Mais ils se replièrent précipitamment devant la contre-offensive des indiens sans avoir détruit toutes les armes et munitions. Les indiens les harcelèrent et récupérèrent la majeure partie des poneys . Les indiens eurent dans l'affaire un mort et un blessé auquel s'ajouta plusieurs femmes et enfants morts de froid dans la marche qu'ils durent accomplir pour rejoindre les camps de Sitting Bull et Crazy Horse où ils furent accueillis et hébergés. L'armée américaine perdit 10 hommes et six blessés, auxquels il faut ajouter une soixantaine de cas de gelures graves. Ironiquement, les Cheyennes s'apprêtaient à se rendre sur la réserve pour échapper aux menaces américaines!

 


 

Aucun succès décisif n'avait été obtenu dans cette première phase, aussi on décida de préparer une campagne d'été pour écraser les "Hostiles".

 

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C) Le plan de la campagne d'été

 

Mouvement des troupes américaines lors de la campagne de l'été 1876

 

Selon le plan mis au point par les stratèges de l'armée américaines, trois colonnes devaient progresser l'une vers l'autre pour "coincer" entre elles les "Hostiles" et les forcer à une bataille décisive ou à la reddition.

 

De Fort Ellis au Montana devait partir la colonne du colonel John Gibbon, forte de 400 fantassins et cavaliers. Le général George Crook devait partir de Fort Fetterman avec 970 cavaliers et fantassins montés sur des mules, renforcés de 250 Shoshones et Crows. Et pour finir du Fort Abraham Lincoln au Dakota venait le général Alfred Terry avec quinze compagnies totalisant 570 hommes, dont douze du 7éme régiment de cavalerie du lieutenant-colonel George Armstrong Custer.

 

Custer sera envoyé en éclaireur avec son régiment avec comme ordre de mission de reconnaître les vallées de la Rosebud et de la Big Horn. S'il découvrait la présence d'indiens "hostiles", il avait ordre de ne pas les attaquer et de les observer en attendant le reste de la colonne, mais on lui laissait la possibilité d'adapter ces ordres à la situation qu'il rencontrerait. Autrement dit, on lui laissait carte blanche en comptant sur son esprit d'initiative et sa connaissance des indiens.

 

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4) Les adversaires

 

A) Les forces en présence

a I) Le 7ème de Cavalerie

Soldats du 7e de cavalerie en 1876>

 

Ainsi que le montre l'image ci-dessus, la tenue réelle des soldats du 7e de Cavalerie diffère beaucoup de celles des impeccables "Soldats Bleus" de John Ford ! Et l'origine de ses soldats est très hétérogène...

 

La création du 7ème régiment de cavalerie remonte à la fin de la Guerre de Sécession. Beaucoup des hommes y servaient étaient des vétérans de la guerre civile, officiers compris. Beaucoup d'autres avaient servi pendant plus de quatre ans contre les Arapahos, Cheyennes, Comanches, Kiowas et Kiowas Apaches dans les Plaines du Sud. Ils avaient participé à un engagement majeur et à toute une série d'escarmouches. Ils avaient eu 36 morts et 27 blessés au combat. Six autres de leurs camarades s'étaient noyés et 51 avaient péri lors d'une épidémie de choléra.

 

La moitié des compagnies constituant l'unité avait passé 18 mois dans le Sud des Etats Unis pour des opérations de police contre les extrémistes blancs du Klu Klux Klan qui voulaient s'opposer aux droits civiques accordés aux anciens esclaves par la force ou l'intimidation.

 

Cependant, près d'un homme sur cinq avait été enrôlé moins d'un an auparavant, soit 139 hommes sur 718. Ceux là manquaient tout à la fois d'entraînement, d'expérience du combat et de connaissance du monde de la "Frontier". Beaucoup de ces recrues étaient des immigrants de fraîche date venus d'Irlande, d'Angleterre, d'Allemagne ou même d'Italie. Ils avaient souvent des problèmes avec la compréhension et le maniement de la langue anglaise. Les recherches archéologiques faites sur leurs ossements montrent que beaucoup d'entre eux souffraient des séquelles d'une mauvaise santé et de malnutrition, et cela malgré le fait que leur régiment était l'unité la mieux équipée et la mieux ravitaillée de toute l'armée américaine.... Si l'âge médian était de vingt-deux ans, beaucoup d'hommes avaient menti sur leur âge réel en se "vieillissant" ou en se "rajeunissant". Ainsi le "Private" W. E. Morris qui avait combattu avec Reno et survécu à la bataille, bien qu'ayant été blessé. Il n'avait pas les vingt et un an qu'il avait marqué en s'enrôlant mais... 14 ans!

 

La jeunesse de ces hommes s'explique par la crise économique qui sévissait alors. S'enrôler dans l'armée permettait au moins d'avoir le vivre et le logis gratuit. L'engagement était de cinq ans, mais il n'était pas rare que des hommes désertent pour suivre une opportunité... puis se réengagent sous une fausse identité si les choses n'allaient pas mieux pour eux! Disposant d'un abondant vivier de recrues pour des effectifs limités, l'armée américaine se donnait rarement le mal de poursuivre des déserteurs

 

Des 45 officiers et 718 soldats du 7ème de cavalerie, 14 officiers, dont le Commandant du régiment le  Colonel Samuel D. Sturgis et 152 soldats ne participèrent pas à la campagne, étant pris par d'autres affectations. Le cas n'était pas inhabituel pour une expédition de cette taille.

Le manque d'officiers était chronique dans l'armée américaine de l'époque, en raison d'un système rigide d'avancement basé sur l'ancienneté. La compagnie L était ainsi commandée par un second lieutenant détaché du 20ème régiment d'infanterie. Par ailleurs, 12 capitaines étaient détachés en permanence et deux n'avaient même jamais servi un seul jour depuis qu'ils avaient été affectés au 7ème régiment.... en juillet 1866! Trois postes de second lieutenant étaient vacants dans les compagnies E, H et L.

 

Chaque compagnie était commandé par :  :

 

Compagnie A : Capitaine Myles Moyan et premier lieutenant  Charles DeRudio (ce dernier d'origine italienne avait fuit l'Europe après un attentat manqué contre Napoléon III)

Compagnie B : Capitaine  Thomas McDougall

Compagnie C : Capitaine  Thomas Custer (frère du général Custer, l'un des soldats les plus décorés de l'époque) et second lieutenant  Henry Harrington avec des chevaux "light sorrels horses" (alezan pâle)

Compagnie D : Capitaine  Thomas Weir et deuxième lieutenant  Winfield Edgerly

Compagnie E : Premier Lieutenant  Algernon Smith et deuxième lieutenant  James Sturgis (fils du colonel Samuel Sturgis), montés sur des chevaux gris (grey horse)

Compagnie F : Capitaine  Georges Yates et second lieutenant  William Reily

Compagnie G : Premier lieutenant  Donald McIntosh (ce dernier était un métis ayant une mère Iroquoise. Il sera tué lors de la retraite de Reno) et premier lieutenant  George Wallace

Compagnie H : Capitaine Frederick Benteen et premier lieutenant  Francis Gibson

Compagnie I : Capitaine  Myles Keogh (Catholique et Irlandais, il avait servi dans les troupes pontificales en Italie) et premier lieutenant  James Porter

Compagnie K : Premier lieutenant  Edward Godfrey

Compagnie L : Premier lieutenant  James Calhoun (Beau-frère de Custer. (Il considérait les indiens comme des "païens" à exterminer, termes figurants dans sa correspondance privée) et deuxième lieutenant  John Crittenden

Compagnie M : Major Marcus Reno et capitaine Thomas French

 

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a 2) Les officiers

 

- George Armstrong Custer

 

N'en déplaise à ses détracteurs, Custer, le Custer historique, n'était ni un tueur, ni un militaire incompétent comme le prouvent ses états de service. 

Portrait du général Custer en 1876

 

George Armstrong Custer était le fils d'un fermier et d'un forgeron de l'Ohio, Emanuel Henry Custer (1806-1892). Il est né le 5 décembre 1839. Dans cette famille où il était l'aîné, il aura deux frères cadets : Thomas (Tom) Custer et Boston (Bos) Custer, ainsi qu'une sœur cadette, Margaret.

 

Après s'être destiné à une carrière d'instituteur, il décidera de rentrer dans l'armée et suivra les cours de  West Point. Je précise qu'il en sortira 34e sur 34 cadets, mauvais rang dû non pas à son ignorance, mais à son comportement : il aimait jouer des tours pendables à ses pairs étudiants, à ses professeurs, avait une interprétation tout à fait personnelle du règlement et un humour "potache"! Par ailleurs, personne ne parle jamais des quatre-vingt onze autres candidats recalés! Ce rang aurait dû cependant lui réserver une place de choix dans les ténèbres de l'histoire, mais la Guerre de Sécession venait d'éclater et l'armée du l'Union avait à tout prix besoin d'officiers...

 

Breveté comme second lieutenant du 2ème régiment de cavalerie, il sera messager lors de la  première bataille de Bull Run (un désastre pour l'Union), puis comme officier d'état major au 5ème régiment de cavalerie.

 

Le 24 mai 1862, il conduisit l'attaque de quatre compagnies d'infanterie de l'autre côté de la rivière Chikahominy. Ce sera un succès. 50 Sudistes seront capturé, ainsi que le premier étendard du Sud à tomber entre les mains de l'Union depuis le début du conflit. Custer dévoilera alors sa vanité, son goût pour la publicité, son amour des tenues extravagantes et son courage physique. Contrairement à beaucoup de ses pairs qui évitaient le combat de crainte de prendre un mauvais coup, il combattait à la tête de ses hommes. Cela lui apportait le respect de ceux ci même s'ils pouvaient le haïr pour ses excentricités et la sévérité de la discipline qu'il faisait régner.

 

Le 28 juin 1863, il devient brigadier général et le plus jeune général de l'histoire de l'armée américaine. Le 3 juillet 1863, il jouera un rôle important dans la victoire de  Gettysburg en conduisant une charge contre la cavalerie confédérée.

 

Il prit par ensuite à de nombreux autres combats et gagna la réputation d'avoir une bonne étoile car il ne sera jamais blessé. Tous présentent comme point commun chez Custer une négligence à peu près totale des reconnaissances. Confiant en sa chance, Custer saisissait les occasions au vol sans se ménager... ni sans ménager la vie de ses hommes! Il était connu qu'être dans son unité était peut être gage de gloire, mais pas de longue vie!

 

Il était présent lors de la reddition du  Général Robert Lee à  Appomatox et le général Sheridan offrit la table sur laquelle elle avait été signé à Custer pour qu'il la donne à sa femme Elisabeth, y joignant une lettre où il louait la vaillance de ce dernier.

 

Après la guerre, il reçoit le commandement du  2ème Régiment de Cavalerie au Texas. Il fera régner une discipline de fer sur des hommes qui voulaient quitter l'armée pour rentrer chez eux. Il devra faire face à plusieurs mutineries et échappera même à une tentative d'assassinat.

 

Le 1er février 1866, il est rétrogradé au grade de capitaine du 5ème de cavalerie. Il ne s'agissait pas du tout d'une punition, mais d'une mesure générale provoquée par la fin de la guerre : l'armée américaine n'avait plus besoin d'un grand nombre d'officiers de haut rang en raison de la réduction de ses effectifs. Il songe alors à quitter l'armée pour faire carrière dans les chemins de fer ou les mines. Durant un temps, il pense même à servir dans l'armée de  Benito Juarez au Mexique, mais sa femme et le Général  Philip Sheridan l'en dissuadent.

Il courtisera alors le président Andrew Johnson, appuyant sa politique de modération envers le Sud et en sera récompensé par le grade de lieutenant-colonel et le commandement d'un régiment nouvellement formé à Fort Riley (Kansas) : le 7ème régiment de cavalerie.

 

L'année suivante, ce nouveau régiment sera engagé contre les indiens des plaines du Kansas, du Texas et de l'Oklahoma. Custer sera fasciné par le mode de vie de ceux ci : des cavaliers comme lui! Et rebuté par leur cruauté. Autant le dire tout de suite, Custer n'était pas raciste et était contre l'esclavage. Il partageait en fait l'opinion qui était alors celle des "amis des indiens", à savoir qu'il n'y avait d'avenir pour eux que dans leur assimilation complète dans la société américaine de l'époque. Leur défaite et soumission était indispensable pour amener les conditions préalable à celle-ci. Il faut aussi se rappeler que les gens de cette période étaient de bonne foi convaincus que la "civilisation de l'homme blanc" était le sommet de l'évolution humaine...

 

Citons ici les propos de Fire Bird, un Cheyenne qui rencontra Custer : "Longs Cheveux (Custer) était un homme brave et juste. Après s'être assuré que nous étions à l'aise  dans le tipi, il se mit à nous raconter ses exploits durant la Guerre Civile. Puis il insista, avec les yeux brillants d'excitation, pour que nous lui montrions les objets que nous fabriquions. Tous mes frères eurent depuis de l'admiration pour ce Wasicu, et son nom reste à jamais gravé dans nos mémoires".

On est à des années lumières d'un  Colonel John Chivington qui tua un bébé indien en disant : "Les poux font des lentes"!

 

Custer se fait remarquer par son indiscipline. Lui qui n'hésita pas à faire poursuivre des déserteurs, chose que l'on faisait rarement à l'époque, abandonna son poste pour aller voir sa femme. A sa décharge, ils s'aimaient follement tous les deux et échangeaient des lettres enflammées ! Il passera en cours martiale et sera suspendu de son commandement. Cette suspension sera de courte durée car Sheridan le voulait pour mener une campagne d'hiver contre les Cheyennes.

 

Il parcourra sans cesse les plaines du Kansas à la poursuite de fantômes, rageant contre ces indiens qui lui refusaient une bataille rangée comme celles qu'il avait connu durant la Guerre Civile. Durant l'été de 1867, alors que plus de deux cents blancs allaient être tués par les Comanches, Cheyennes et Kiowas, le 7ème de cavalerie en tuera.... deux!

Ses hommes excédés par des marches et des contre-marches incessantes par tout les temps donnèrent à Custer des surnoms flatteurs à cette époque : "Bouclettes", "Cul blindé", "Fesse en fer"...

 

Le 27 novembre 1868, suivant les ordres qui lui avaient été donné, il attaque en plein hiver et sur une réserve le camp Cheyenne de Black Kettle, un survivant du massacre de Sand Creek en 1864. Black Kettle n'avait pu empêcher plusieurs jeunes guerriers, partis pour attaquer les Pawnees de s'en prendre au passage à des colons blancs. Tout en les désavouant, il ne pouvait les exclure de son clan. Il ignorait que l'armée américaine, frustrée par le peu de succès de ses campagnes avait décidé au plus au haut niveau, c'est à dire à Washington, de s'en prendre aux campements des "Hostiles" ou supposés tels, pour leur montrer qu'ils n'étaient à l'abri nulle part, y compris dans une réserve et en pleine mauvaise saison.

 

L'avance de Custer, par un rude hiver, passa d'autant plus inaperçue que les indiens gardaient étrangement fort mal leurs camps. C'était vrai ce jour là sur la Washita, ce sera aussi le cas sur la Little Big Horn! L'attaque surprise du 7ème de cavalerie tua le vieux chef Black Kettle, une quinzaine de guerriers, une cinquantaine de femmes et d'enfants. Custer captura un nombre équivalent de femmes et d'enfants. Le camp de Black Kettle ne comprenait en effet qu'environ 150 guerriers. Mais les autres villages Cheyennes, Arapahos, Kiowas-Apaches et Kiowas le long de la vallée en comptaient 2000 et plus qui se pressaient vers le lieu de la bataille! Custer ignorait la présence d'autres villages indiens faute d'une reconnaissance suffisante, et son unité se retrouva presque encerclée. Il donnera l'ordre de la retraite. Celle-ci s'effectuera sans que les guerriers n'attaquent, retenus par la présence au milieu des soldats des femmes et des enfants capturés.

  

La rapide retraite de Custer sera toutefois fatale à un détachement qui s'était trop aventuré : celui du major  Joel Elliott et ses vingt hommes qui seront tous tués. Elliott était un ami proche du capitaine Benteen que nous retrouverons sur la Little Big Horn et qui de ce fait haïssait Custer. En tout, le 7ème perdra 23 hommes et 13 blessés.

Grâce à ses prisonniers, Custer parviendra à sortir son unité du guêpier et à obtenir la soumission de la plupart des Cheyennes du Sud. Il n'oubliera pas ce fait Il gagnera aussi pour les colons de l'Ouest la réputation d'un "combattant d'indiens". Et son succès fera taire toutes les critiques.

 

En 1873, il fut envoyé avec son régiment dans le Dakota pour protéger des ingénieurs qui reconnaissaient l'itinéraire d'une voie ferrée en plein milieu du territoire Lakota. Ceux ci n'en étaient pas heureux et le firent savoir à de multiples occasions. Le 4 août 1873 Custer et le 7ème régiment de cavalerie rencontrèrent pour la première fois au combat les Lakotas sur la Tongue River. Ces derniers furent mis en déroute par la charge du 7ème, mais ce n'était là qu'une escarmouche qui ne fera qu'un mort de part et d'autre!

 

Plus tôt le même jour Custer avait failli toutefois perdre la vie. Il était parti en reconnaissance avec son frère Tom et quelques hommes du régiment en ignorant qu'ils étaient observés par une centaine de guerriers Lakotas commandés par Crazy Horse. Celui-ci attendait que le groupe d'homme pénètre dans le piège pour lancer l'attaque, mais des jeunes guerriers bouillants d'envie d'accomplir des exploits face à l'ennemi se dévoilèrent trop tôt. C'est de justesse que le groupe de Custer, qui se trouvait encerclé, sera  dégagé par le reste de son régiment. Détail comique, quand l'attaque indienne démarra, Custer faisait la sieste sous une tente d'où il sortit en trombe en caleçon long en apprenant l'assaut indien! La seule vision qu'aura peut être eu Crazy Horse de Custer sera sans doute celle d'un blanc échevelé en caleçon long sortant d'une tente !

 

La campagne de 1876 devait débuter pour Custer le 6 avril, mais le 15 mars, il fut convoqué à Washington pour témoigner devant le Congrès au sujet d'un scandale concernant le détournement des annuités et des fournitures destinées aux Indiens, pour lequel le Secrétaire d'Etat à la Guerre  William Belknap aurait touché des pots de vins. Or par malheur pour Custer, le propre frère du Président Grant était trempé jusqu'au cou dans cette boue!

Après avoir témoigné à charge devant le Congrès, Custer fut stupéfait d'être l'objet d'une campagne le traitant de parjure et l'accusant d'avoir calomnié des collègues officiers! Grant avait mobilisé contre lui tous les médias qu'il pouvait influencer et était bien décidé à le laisser sans commandement! C'est grâce au support des généraux Sheridan, Sherman et Terry que Grant reviendra à contre cœur sur sa décision, ces officiers lui certifiant que personne d'autre que Custer ne pouvait commander le 7ème régiment de cavalerie et qu'ils avaient absolument besoin de lui pour la campagne à venir. Grant était en plus mis sous pression par sa propre administration qui voulait elle aussi Custer et par l'opinion publique qui avait pris le parti de ce dernier! Le 8 mai 1876, Custer apprendra qu'il récupérait le commandement du 7ème régiment sous la supervision du Général Terry. Custer savait cependant que son avenir dépendait du succès de cette campagne et qu'en cas d'échec il en porterait tout le blâme...

 

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- Marcus Reno

 

Reno était le quatrième enfant de James et Charlotte Reno. Il vit le jour le 15 novembre 1834 dans l'Illinois. A quinzeMarcus Reno ans, il écrira lui-même au Secrétaire de la Guerre pour connaître les conditions d'admission à West Point. La guerre contre le Mexique venait à peine de s'achever et le jeune Reno rêvait de gloire militaire.

Il y étudiera entre 1851 et 1857 et en sortira 20ème d'une classe de 38. Il sera nommé second lieutenant et affecté en Oregon.

 

Lors de la Guerre de Sécession, Reno prit le parti de l'Union et sera nommé capitaine du 1er régiment de cavalerie. Il mènera cette unité au combat à  Antietam (17 septembre 1862) et à  Kelly’s Ford (17 mars 1863) où il sera blessé. Il sera nommé major pour sa vaillance et sa conduite au combat, chose qu'il faudra garder en mémoire car il sera accusé de lâcheté sur la Little Big Horn.

 

Il participera ensuite à la campagne de Gettysburg. Il épouse en cette année 1863 Mary Hannah Ross qui lui donnera un fils, Robert Ross Reno. Ils achetèrent une ferme en Pennsylvanie. Reno était très épris de sa femme, mais aura la douleur d'apprendre son décès alors qu'il était en campagne au Montana. Il chevauchera toute une nuit vers Fort Benton pour demander l'autorisation d'assister aux funérailles. Celle-ci lui sera refusé et ce sera pour lui un coup dévastateur. Sa belle famille ne lui pardonnera jamais son absence à la cérémonie et il aura le plus grand mal à avoir la garde de son fils.

 

Pour en revenir à sa carrière militaire et à l'année 1864, il se bat à Cold Harbor, Trevilian Station et Cedar Creek. Il occupera ensuite plusieurs postes d'état major, ce qui donnera la légende d'un Reno n'ayant jamais vu le feu avant Little Big Horn. En octobre 1864, il est nommé lieutenant colonel. En décembre, il devient colonel du 12ème régiment de Cavalerie de Pennsylvanie et commandera une brigade qui combattra des guérilleros sudistes. Le 13 mars 1865, il recevra le grade de brigadier général pour "services méritoires durant la guerre".

 

En 1866, Reno sera nommé à Fort Vancouver et deviendra le second de l'Inspecteur Général du Département Militaire de la Columbia. En décembre 1866, il rejoint le 7ème de Cavalerie et est nommé Major du régiment qu'il suivra dans ses campagnes jusqu'à la Little Big Horn.

 

Notons qu'il était donc un homme courageux, un militaire expérimenté et qualifié, mais ébranlé par ses problèmes personnels. Il espérait de plus être celui qui commanderait l'expédition contre les Sioux et Cheyennes, mais le retour en grâce de Custer ruina ses ambitions. Il faut aussi remarquer qu'il n'avait jamais mené de bataille contre des indiens.

 

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- Frederick Benteen

 

Benteen vit le jour le 24 août 1834 à Petersburg en Virginie. Il sera initié à la discipline militaire et aux armes à la "Petersburg Classical Institute" et suivra sa famille quand elle ira s'installer en 1849 à Saint Louis (Missouri).

En 1856, il rencontra une jeune philadelphienne, Catharine Louisa Norman, qu'il épousera le 7 janvier 1862.

 

L'élection à la Présidence des Etats Unis d'Abraham Lincoln, un ardent abolitionniste, divisa le pays. Le propre père de Benteen était un fervent partisan de la Confédération, mais son fils épousa néanmoins la cause de l'Union. Quand il deviendra premier lieutenant du 1er régiment de volontaire du Missouri, tout lien fut rompu entre le père et le fils.

 

Benteen participera à de nombreux combats et batailles, gagnant le rang de major, puis de lieutenant-colonel. Le 27 février 1864, il reçoit le commandement du 10ème régiment de cavalerie du Missouri, puis après la fin de la guerre celui du 138ème US Colored Volunteers composé de noirs. En janvier 1867, il est nommé capitaine et affecté au 7ème régiment de cavalerie où il reçoit le commandement de la Troop H.

 

Dès sa première rencontre avec Custer, Benteen le vit comme un fanfaron et l'inimitié qu'il éprouvait pour son supérieur ne fera que croître avec le temps. Benteen partira en campagne contre les Cheyennes du Sud à la fin de juillet 1868 pour protéger les environs de  Fort Larned avec 30 hommes. Le 13 août, il attaquera avec sa troupe sur les rives de l'Elk Horn Creek un parti de guerre Cheyenne fort d'une cinquantaine de guerriers... pour découvrir qu'il était tombé sur 200 Cheyennes qui pillaient un ranch! Malgré son infériorité numérique, il chassera les Cheyennes aussi surpris que lui jusqu'à ce que la nuit rende toute poursuite impossible. Ce succès, le premier pour le 7ème de cavalerie, vaudra à Benteen le grade de colonel et l'adulation des colons du centre du Kansas.

 

Le 13 octobre 1868, il parti avec ses hommes pour escorter un chariot chargé d'armes et de munitions. Il le rejoindra alors que ce dernier était attaqué par un parti de guerre Cheyenne. Il les repoussera et sauvera le chariot.

Plus tard dans l'année, la piste d'un autre groupe de raider le conduira dans le Territoire Indien sur la Washita River, d'où la décision de lancer le 7ème régiment de Cavalerie vers cette vallée (voir plus haut dans la biographie de Custer).

 

Lors de l'attaque du camp de Black Kettle sur la Washita, Benteen verra venir vers le fils de celui-ci tenant un pistolet à la main. Ce jeune Cheyenne avait environ quatorze ans. Benteen lui dit que sa vie serait épargné s'il lâchait son arme. Il fit en outre en langage des signes le signe pour "paix". Malgré cela, le jeune garçon fit feu. La balle manqua Benteen, aussi le jeune indien tira une seconde fois. Le projectile traversa la veste d'uniforme de Benteen sans le toucher. Benteen n'en continua pas moins à le persuader de se rendre. En dépit de cela, le jeune Cheyenne tira une troisième fois, tuant net le cheval de Benteen sous lui. Allongé dans la neige, Benteen vit l'adolescent se préparer à tirer de nouveau. Cette fois, il tira et abattit raide mort le garçon. Il le regretta toute sa vie.

 

Durant cette bataille, les relations entre Benteen et Custer arrivèrent à un point de non-retour en raison de la mort du major Elliot et de ses 19 hommes. Elliot était un ami personnel de Benteen.

Custer rédigea son rapport à Sheridan en mentionnant que lors de l'attaque sur le village il n'avait eu qu'un seul mort, ce qui était parfaitement exact. Par contre, il y écrivait que Elliot et ses 19 hommes étaient "manquants".

Cela mit Benteen dans une rage folle. Il écrivit à un ami une lettre dans laquelle il déclarait que Custer avait fuit sans essayer de retrouver Elliot, abandonnant ce dernier à une mort certaine. Il mentionnait le travestissement des faits par Custer et y critiquait violemment son commandement. Cet ami envoya la lettre à un journal démocrate de Saint Louis qui fut trop content de la faire paraître pour mettre dans l'embarras le gouvernement républicain de Grant.

Quand il apprit la parution de cette lettre, Custer réunit tous ses officiers et menaça de fouetter jusqu'au sang le coupable comme le règlement militaire l'y autorisait. Benteen ne nia pas être l'auteur de la lettre, mais ne mentionna pas qu'elle avait été publiée sans qu'il le sache. Bien qu'il ait la main posé sur son pistolet, il admit l'autorité de Custer. Ce dernier ne le fit pas fouetter, mais mit fin à la confrontation par un simple : "Monsieur Benteen, je vous verrai plus tard". Les choses en restèrent là.

 

A l'époque de la Little Big Horn, si les rapports "professionnels" entre Custer et Benteen étaient normaux, leurs rapports personnels étaient glacials. Quand Custer fit paraître un livre sur sa vie dans les Plaines du Sud et ses exploits, " My life on the plains" en 1874, Benteen modifia le nom du livre en "My lies on the plains" (Mes mensonges dans les Plaines).

 

Les relations entre les trois hommes étaient exécrables. Custer considérait Benteen comme un homme méprisable et déloyal et n'ignorait pas que Reno avait été fort déçu de son retour.

Benteen rendait Custer responsable de la mort d'Elliott et ne supportait pas son orgueil. S'il avait des relations de camaraderie avec Reno, il n'en disait pas moins que ce dernier savait se montrer "imbuvable" et le considérait comme un soudard. Reno jalousait Custer et était irrité du personnage mondain et sophistiqué qu'était Benteen. Et il avait été averti par Benteen du sort réservé au major Elliott et à ses soldats à la Washita.

 

Bref, l'atmosphère parmi les gradés du 7ème de cavalerie était délétère. Il y avait deux camps : le "clan Custer" qui comprenait le général, son frère Thomas, son beau-frère James Calhoun, le Capitaine Weir, Myles Moylan, Donald McIntosh, Myles Keogh et Yates; et ses adversaires aux motivations diverses qui comprenaient bien sûr Benteen et Reno... et tous les autres!

 

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a3) Organisation du 7ème de cavalerie

 

Dans son organisation d'après la Guerre de Sécession, le 7ème régiment de cavalerie comprenait douze compagnies régimentaires non organisées en bataillons. Cependant, par commodité, ils existaient! Chaque compagnie était identifié par une lettre de l'alphabet.

 

  • Le 1er Bataillon comprenait les compagnies A, B, C et D;
  • Le 2eme Bataillon, les compagnies E, F, G et H;
  • Le 3eme Bataillon, les compagnies I, K, L, et M

 

A noter qu'il n'existait jamais de compagnie J dans l'armée américaine.

 

Les hommes du 7ème étaient certes des cavaliers, mais ils étaient aussi entraînés à se battre à pied comme des fantassins, détail qui aura sont importance sur la Little Big Horn.

Ils étaient tous armés d'un Colt de calibre 45 et d'une  carabine Springfield à un coup au chargement par la culasse de calibre 45-55. Ils utilisaient une selle de modèle McClellan. Ils étaient aussi en garnison équipés d'un sabre, mais ils n'emmenaient pas ce dernier en campagne, cette arme étant considéré comme démodée face au Colt. Seuls quelques officiers en amèneront sur la Little Big Horn dans leurs affaires personnelles. Les officiers emmenaient souvent d'ailleurs avec eux des armes leur appartenant en plus des armes de service. Ainsi, un officier du 7ème avait dans ses bagages l'une des premières carabines avec lunettes de visée qu'il destinait à la chasse et Custer trimballait dans ses bagages tout un arsenal d'armes de chasse. La guerre n'excluait pas les plaisirs de la chasse pour varier la nourriture !

Le 7ème était aussi l'unique régiment de cavalerie à avoir un orchestre comme tous les régiments d'infanterie. L'air favori de cet orchestre qui avait été créé par le major Alfred Gibbs (1823-1868) était " Garryowen" qui devint le surnom de l'unité.

  

Précisons toutefois que la "clique" restera pour cette campagne au Fort Lincoln. Il n'y aura ni fifres, ni tambours sur la Little Big Horn, et aucun des musiciens n'y sera tué.

 

Pour la campagne contre les Sioux, le 7ème comprenait 30 officiers et 566 hommes renforcés de scouts Crows,  Arikaras (ou Rees)  et de civils employés par l'armée (muletiers, éclaireurs), soit 647 combattants.

 

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b1) Forces amérindiennes

 

Les chiffres les plus fantaisistes on été émis sur le nombre de guerriers indiens présents à Little Big Horn. Pour justifier la défaite de Custer, certains ont été à l'époque jusqu'à écrire qu'il avait été pris dans une embuscade par plus de 5000 guerriers! La vérité est très loin de ce chiffre...

 

Pour appréhender celle-ci, il faut d'abord préciser ce qu'était ce "guerrier indien". C'était tout indien âgé d'environ entre une quinzaine d'années et une cinquantaine d'année. S'il avait surtout une formation de chasseur, il n'en était pas moins entraîné depuis son enfance à être aussi un guerrier. Pour paraphraser le général George Crook, un indien "était dangereux avec un arc, inoffensif avec une pétoire et mortellement dangereux avec une arme moderne".

 

Par ailleurs, les Cheyennes et Lakotas possédaient des société guerrières où l'on entrait par parainnage après avoir réalisé un exploit. Appartenir à l'une de celles-ci donnait du prestige, mais ce prestige se payait d'obligations parfois redoutables. On y entrait par cooptation, souvent après avoir commis un exploit.

Pour les Cheyennes, on compte les  Kit-Fox Men (Renards), les Red Shields (Boucliers Rouges), Crazy Dogs (Chiens Fous), la Crooked Lance Society (la Société de la lance tordue) ou "Elks" (Elans), les Bowstring men "Les Cordes d'Arc", les "Wolf Warriors" (Les Loups) et les très redoutés " Dog Soldiers" (Hotaminio) qui devaient être les premiers à entrer dans la bataille et les derniers à en sortir.

Notons en passant pour les "Dogs Soldiers" Cheyennes que cette société a connue un renouveau après la Seconde Guerre Mondiale et existe encore de nos jours. Les Cheyennes admettaient (et admettent encore) en son sein des indiens alliés comme les Arapahos et les Lakotas.

 

Cheyenne Dog Soldier

 

 

Chaque guerrier pouvait s'avérer un adversaire redoutable, même pour un soldat bien entraîné. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, un code strict régissait leurs tenues. En regardant la coiffe portée par un guerrier et ses peintures, un autre guerrier pouvant tout savoir des exploits guerriers de ce dernier : s'il avait été blessé au combat, s'il avait tué des ennemis et combien, à quelle société guerrière il appartenait, etc... C'était un peu comme les blasons du chevalier du moyen âge. Même les peintures sur les chevaux et les teepees avaient une signification.

 

Les évaluations les plus raisonnables disent entre 900 et 2000 guerriers et plus, une échelle de 1500 à 1800 étant la plus probable.

 

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b2) Les "Chefs".

 

Le terme "chef" est assez incorrect en ce sens que la seule autorité des "chefs" reposait sur leur prestige. Si pour les "Chefs de guerre" comme Crazy Horse les qualités de stratège et de combattant étaient essentielles, on devait avoir d'autres compétences pour être "chef" : la diplomatie, l'habileté oratoire, la générosité étaient des qualités recommandés. Un contact privilégié avec le monde surnaturel par le biais de visions donnait accès à un statut important et particulier (Homme Saint), mais pas à celui de chef.

Ce titre n'était pas héréditaire, même si un fils par son mérite pouvait succéder à son père. On pouvait aussi le perdre si on trahissait la confiance des siens ou si l'on s'en montrait indigne! Bien souvent les blancs donnèrent le titre de "chef" à des individus qui n'en n'était pas.

 

- Sitting Bull (Tatanka Yotanka/Taureau Assis/Celui qui s'est assis sur le bison).

Tatanka Yotanka (Sitting Bull)

 

Quatre noms différents pour un seul homme! Tatanka Yotanka devait son nom à un fol exploit qu'il accompli lors d'une chasse au bison. S'approchant à cheval d'un bison, il avait sauté sur le dos de ce dernier et l'avait tué. Un bison n'ayant rien d'une vache domestique, on mesure les risques pris! La traduction exacte de son nom est donc "Celui qui s'est assis sur le bison". Mais voilà, ce nom était trop complexe pour les interprètes de l'armée américaine qui le raccourcirent dans leurs traductions en "Sitting Bull" ou en français "Taureau Assis".

Ces réductions étaient monnaie courante à l'époque. Presque tous les noms indiens ont été ainsi estropiés...

J'ajouterai qu'il était aussi surnommé "Slon-he" ou "Slow" (Lent), dans le sens qu'il réfléchissait toujours avant d'agir. J'utiliserai pour parler de lui par correction le nom Tatanka Yotanka, qui présente l'avantage de l'exactitude... et d'être court!.

 

Il est né vers 1831 près de la Grand River qui traverse l'actuelle réserve indienne de Standing Rock dans le Dakota du Sud. Son père, Jumping Bull, fut tué lors d'une attaque des Crows vers 1859. Il gagnera ses galons de guerriers à l'âge de 14 ans (vers 1845) en conduisant une charge, contre les Crows justement, et en portant le premier coup dans un combat qui ne causera aucune perte chez les Lakotas.

 

Ses premiers combats contre les Blancs auront lieu lors de la révolte des Sioux Santees du Minnesota en 1862. Volés, affamés et humiliés, ces derniers déclenchèrent une révolte sanglante qui se soldera par la mort de plus de six cent colons et soldats. Après leur écrasement, les troupes américaines lancèrent des raids punitifs contre les Santees qui avaient fuit vers le Dakota... et contre les Indiens Sioux qui n'avaient pas pris part à la révolte, mais se trouvaient sur leur chemin!

 

En 1861, deux brigades conduites par le général  Alfred Sully attaquèrent la camp du chef inkpaduta (1797? - 1881) des Sioux Santee (qui avait pris part à la révolte). Ses 1200 hommes attaquèrent par surprise le camp qui abritait un nombre équivalent de combattants. Pour la perte de 85 morts et blessés, les hommes de Sully capturèrent ou tuèrent 850 Santees. Parmi les défenseurs du camp se trouvaient Tatanka Yotanka et Gall. Ces derniers échappèrent à la mort et à la capture et menèrent avec Inkpaduta une guérilla contre les troupes de Sully.

En septembre 1864, Tatanka Yotanka sera blessé à la hanche gauche en attaquant un convoi militaire, ce qui l'obligera à suspendre un temps sa carrière de guerrier.

 

Lors de la guerre dite de "Red Cloud" (1865-1868), Tatanka Yotanka dirigera de nombreux partis de guerre contre les forts, les postes militaires et les convois d'émigrants. Lorsque le gouvernement américain conclut avec Red Cloud une paix avantageuse pour les Indiens. Tatanka Yotanka refusa cette paix et continua de guerroyer sur le cours supérieur du Missouri de façon sporadique jusqu'au début des années 1870. Il conseillait à ses guerriers de tuer tous les Blancs rencontrés sur leur territoire, hommes, femmes ou enfants, de façon à ce qu'aucun colon ne s'y installe. Il fut aussi de ceux qui combattirent les arpenteurs du Northern Pacific Railroad en 1873, protégés par le 7ème de cavalerie de Custer. Par contre, il n'attaquera pas l'année suivante l'expédition de ce dernier dans les Black Hills qui amènera la découverte d'or.

 

Personne ne sera étonné d'apprendre que quand le gouvernement américain tenta de négocier la cession des Black Hills, Tatanka Yotanka était au premier rang des opposants.

A cette époque, il jouait un rôle majeur de leader des "Hostiles". Convaincu par sa visite de l'Est des Etats Unis que tout espoir de vaincre ou de repousser les Blancs était vain, le chef Red Cloud demeurait sur la réserve et vivait en dépendant presque entièrement des approvisionnements donnés par le gouvernement tout en prêchant la paix et l'assimilation.

 

En juin 1876, les Cheyennes du Nord, les Hunkpapas, Oglalas, Sans Arcs et Minneconjous se rassemblèrent pour une grande Danse du Soleil dans la vallée de la Rosebud. A l'occasion de celle-ci, Tatanka Yotanka demanda qu'on lui arrache 100 petits morceaux de chair sur les bras. Il dansera ensuite pendant des heures pour obtenir une vision. Il eût celle de soldats tombant la tête en bas du ciel vers le sol et prédit aux Indiens présents qu'ils remporteraient une grande victoire sur les soldats. il leur dit aussi de ne rien prendre sur les soldats. Beaucoup attribuent les malheurs qui accablèrent ensuite les Sioux et les Cheyennes au fait qu'ils ne respectèrent pas cette parole.

 

En 1876, lorsque l'armée commença à pourchasser les Indiens se trouvant hors des réserves, nombre d'entre eux cherchèrent et trouvèrent asile dans le camp de Tatanka Yotanka. Ce dernier militait pour l'union de tous les indiens contre les Blancs et envoyait sur la réserve Sioux des messagers pour encourager les jeunes guerriers à venir auprès de lui. La générosité connue de Tatanka Yotanka faisait que beaucoup partaient pour le rejoindre. C'est ce grand camp, ou plutôt cet ensemble de camps que rencontrera Custer le 25 juin 1876.

 

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- Crazy Horse (ou Thasunke Witko, ou "Son cheval est fou", ou "Son cheval est magique"...)

 

Lecteur ou lectrice, si tu vois quelque part une photo de Crazy Horse l'Oglala, méfie toi, car non seulement les historiens ne connaissent aucune photo authentique de Crazy Horse, mais en plus ce chef de guerre Lakota n'avait aucun goût pour les longues séances de pose de l'époque!

 

C'est à l'automne de 1840 que Crazy Horse vit le jour sur les rives de la South Cheyenne River. Il se nommait alors "Cha-O-Cha" (Il ne fait qu'un avec la nature). Sa mère le surnommait "Curly" (Le bouclé), ses cheveux ondulés ressemblant à ceux de sa mère. Ce surnom a fait délirer certains sur d'improbables racines afro-américaines de Crazy Horse.

Son père, qui était né en 1810, se nommait Crazy Horse. Quand son fils devint un adulte et eu prouvé sa valeur, son père lui donna son nom et en prit un nouveau : Wagula (Worm/Ver).

Sa mère était "Femme à la couverture sonnante". Née en 1814, elle était la fille du chef Black Buffalo. Ce dernier avait rencontré jadis Lewis et Clark sur la Bad River dans une série d'affrontements qui ne causèrent aucune perte de part et d'autre, mais contribuèrent à donner une réputation de "sauvages belliqueux et perfides" aux Lakotas.

 

Crazy Horse se trouvait en 1854 dans le camp que le major Grattan tenta follement d'impressionner, ce qui lui coûta la vie et celle de ses hommes. Il y sera témoin de la mort du chef Conquering Bear et commencera à partir de ce jour à avoir des visions.

 

Son père le conduira peu après dans la région du Sylvan Lake dans le Dakota du Sud pour une quête de vision. Crazy Horse en aura une où il sera d'abord emmené vers le sud, qui est l'endroit où vont les morts. Il sera ensuite conduit vers l'Ouest, la direction des Êtres du Tonnerre. Ces derniers lui donneront un sac-médecine pour protéger sa vie. L'un de ses animaux protecteurs était la chouette harfang, qui selon la religion Lakota peut augmenter l'espérance de vie. On lui donna aussi une peinture dont il devait se parer pour aller au combat. Elle était formée d'éclairs sur le côté gauche de son visage et de peinture blanche sur les zones vitales de son corps. Il ne portait aucune autre peinture et n'avait pas de bonnet de guerre. Un
chant sacré lui fut également donné, chant qui est toujours chanté par les Lakotas actuels. On lui confia aussi la mission de protéger son peuple.

Un Homme Saint nommé  Horn Chips lui donnera ensuite une pierre noire pour protéger son cheval et ne faire qu'un avec lui lors des combats.

 

Crazy Horse ne tardera pas à faire la preuve de sa valeur comme guerrier dès les années 1850 en tuant un Shoshone qui avait assassiné une femme Lakota alors qu'elle nettoyait de la viande de bison dans la Powder River. Il combattra ensuite les ennemis "héréditaires" des Lakotas : Crows, Shoshones, Pawnees, Blackfeets, et Arikaras

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Après le massacre de Sand Creek en 1864, les Cheyennes, Oglalas et Minneconjous s'allieront contre les Blancs ce qui donnera à Crazy Horse l'occasion de les combattre en 1865. Sa valeur au combat sera telle qu'il sera considéré dès cette époque comme l'un des chefs de guerre des Oglalas.

Il jouera un rôle déterminant le 21 décembre 1866 en servant avec quelques autres guerriers d'appât pour attirer le Capitaine Fetterman dans le piège qui sera fatal pour lui et ses quatre-vingts hommes.

Il sera aussi présent à Wagon Box Fight le 2 août 1867. Cette bataille sera une défaite pour les 1500 indiens qui attaqueront 31 soldats retranchés derrières des chariots recouverts d'un blindage. Ces blancs étaient armés d'un fusil à chargement par la culasse au tir trois fois plus rapide que les armes utilisées précédemment. Cinq soldats seront tués et deux blessés, mais les Sioux auront ce jour-là une quarantaine de morts et une centaine de blessés. Crazy Horse s'en tirera sans blessure, bien que s'étant exposé à plusieurs reprises au feu des militaires, notamment pour récupérer des blessés..

 

A la fin de cette année 1867, Crazy Horse partagea sa vie avec Black Buffalo Woman. Celle-ci était déjà mariée à un homme, le bien nommé  "No water", qui avait une réputation d'ivrogne. Il était dans les moeurs des Lakotas qu'une femme puisse se séparer de son mari contre le versement d'une compensation à ce dernier pour réparer d'éventuelles humiliations, mais les tourtereaux s'envolèrent en l'absence de l'époux légitime et ne lui laissèrent rien en échange. Ce dernier le prit fort mal et remonta leur piste jusqu'au village ou logeait Crazy Horse. Il tirera avec un pistolet sur ce dernier, mais Touch the Clouds, un cousin de Crazy Horse, fera dévier son tir. Crazy Horse ne sera que légèrement blessé à la mâchoire supérieure. Les proches de Crazy Horse se lanceront à la poursuite de No Water qui leur échappera.

L'affaire se réglera par un marché imposé par les Anciens : Crazy Horse devra donner à No Water trois chevaux et renoncer à son titre de chef de guerre. Cette dernière peine ne sera que temporaire, car il ne tardera pas à regagner ce titre.

 

Il épousera deux autres femmes. Tout d'abord  Black Shawl Woman en 1871, une proche de Spotted Tail qui avait soigné Crazy Horse après sa blessure. Celle-ci donnera naissance au seul enfant qu'aura jamais Crazy Horse, une petite fille qui mourra précocement en 1873. Black Shawl quittera alors Crazy Horse et décèdera de maladie dans les années 1920.

Alors qu'il était marié à Black Shawl Woman, il prendra une troisième épouse : Helena Laravie, dont la mère était Cheyenne et le père canadien-français.

 

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- Gall

Gall
Ce guerrier impressionnant par sa taille et son poids (il pesait près de 130 kilos pour une taille de près de deux mètres) avait reçu son surnom après avoir mangé la bile d'un animal tué par un ami. Né dans le Dakota du Sud près de la Morrow River (Dakota du Sud) vers 1840, il était un excellent guerrier et un bon tacticien. Devenu chef de guerre dans les années 1860 avec le soutien de Tatanka Yotanka, il combattra aux côtés de ce dernier dont il était l'un des adjoints lors de la guerre de Red Cloud (1865-1868). On l'appelle parfois Pizi.

 

Ce colosse échappera de peu à la mort en 1865. Dénoncé aux soldats comme un agitateur dangereux par le scout Arikara  Bloody Knife qui voulait venger la mort de plusieurs des siens, tués par Gall et ses hommes, il sera lardé de coups de baïonnettes en tendant d'échapper à son arrestation. Laissé pour mort, il trouvera la force de faire près de trente kilomètres à pied jusqu'à la tente d'un ami qui le soignera! Il devra la vie à l'officier qui commandait le détachement : ce dernier voyant le sang de Gall couler par sa bouche et ses narines jugera inutile le "coup de grâce" que Bloody Knife s'apprêtait à porter...

Sur la Little Big Horn, il verra sa famille décimée par le feu des hommes de Reno, ce qui selon ses propres mots "rendra son coeur mauvais". On peut le comprendre!

 

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- Rain in the face (ou Ité Omagazu).

Rain in the Face

Il est né vers 1835 dans le Dakota près de la fourche de la Cheyenne River. Sa mère était parente avec le chef Inkpaduta et était membre des Hunkpapas. Son nom lui viendrait du fait qu'étant jeune garçon il se serait battu avec un Cheyenne et aurait eu sa face éclaboussée par le sang de son adversaire. Rain in face soutenait quand à lui que son nom lui venait du fait que l'un premiers combats auquel il ait participé en tant que guerrier se soit déroulé contre des  Gros Ventres lors d'une véritable tempête. A la fin de cet affrontement, le visage de Rain in the face était strié par sa peinture de guerre qui n'avait pas tenu sous la pluie.

 

Il mena ses premiers combats contre les Blancs dans l'été 1866 lors dans un raid contre  Fort Totten (Dakota du Nord). Bien évidemment, il était présent lors du combat contre Fetterman.

 

On le retrouve le 4 août 1873 à Honsinger Bluff. Là, les guerriers de Crazy Horse tentèrent de prendre Custer dans un piège similaire à celui qui mit un terme à la carrière de Fetterman. Si Custer échappa à ce sort grâce à l'impatience et à l'indiscipline de jeunes guerriers, il sera assiégé pendant plusieurs heures avec 80 de ses hommes et échappera de peu à la mort grâce à l'arrivée du reste du 7ème de cavalerie.

 

Rain In the Face conduira lors de cette escarmouche un petit parti de guerriers en reconnaissance. Au cours de celle-ci il surprendra le vétérinaire du 7ème de cavalerie, un nommé Honsiger, un soldat et un employé civil de l'armée qui étaient parti à la chasse sans avoir réalisé le danger. Lui et ses hommes tueront les trois blancs, Rain in the face tuant pour sa part le malheureux vétérinaire.

Rain in the face ne cachera pas le fait, estimant avoir là agit comme un guerrier qui tue un ennemi au combat et s'en vantera. Aussi, quand il regagnera la réserve de Standing Rock, il sera stupéfait d'être arrêté sur les ordres du général Custer par le frère de ce dernier, le Capitaine Thomas Custer, sous l'inculpation de meurtre! Furieux, il jurera à ce dernier qu'un jour il lui mangerait le coeur. Emmené au Fort Abraham Lincoln, il y sera emprisonné, mais parviendra à s'évader et à rejoindre le camp de Tatanka Yotanka.

 

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B) Différences de méthode de combat entre les soldats américains et les Indiens des plaines

 

L'assertion qu'un soldat bien entraîné pouvait tenir contre trois indiens peut sembler aujourd'hui un tantinet raciste, mais c'est en fait une réalité qui tient à des façons très différentes de concevoir la guerre.

  

L'armée américaine cherchait avant tout à obtenir la destruction de l'adversaire en utilisant sa puissance de feu dans la grande tradition européenne. Si la quête d'honneurs et de distinctions n'étaient pas absente de la pensée des militaires, toute bataille livrée avait comme objectif final cet écrasement de l'adversaire. La tactique avantageait la manoeuvre collective au dépens de l'initiative individuelle, les soldats se déplaçant en unité constituées.

 

Rien de tel chez les indiens! Si ils n'ignoraient pas la guerre de conquête, c'est la quête de prestige qui était prépondérante, la destruction de l'adversaire étant souvent secondaire. Si les scalps étaient un trophée, les actes les plus prestigieux ne comportaient pas nécessairement la mort de l'adversaire : le toucher, surtout à mains nues, prendre ses armes était bien plus glorieux. Ils préféraient aussi tourner bride si une résistance était trop forte pour éviter des pertes insupportables ou rompaient le combat s'ils avaient obtenu le résultat qu'ils souhaitaient... ou encore s'ils étaient fatigués!

 

Ils étaient cependant non seulement capables de tendre des pièges, mais aussi, s'ils étaient dirigés par des chefs prestigieux d'opérer en masse pour une action précise, comme pour Fetterman, sur la Rosebud River (voir ci-dessous) ou la Little Big Horn. Crazy Horse était d'ailleurs passé maître dans cet exercice difficile, car plus d'une fois l'impatience de jeunes guerriers brûlant de se distinguer fit échouer des embuscades.

Ils étaient bons tireurs et endurants. Excellents cavaliers, ils savaient aussi très bien combattre à pied comme nous le verrons. 

 

Ils avaient cependant un côté sombre qu'il ne faut pas évacuer et qui terrifiait les soldats américains. Il était de tradition chez eux de garder leur dernière balle pour eux pour éviter de tomber vivant entre les mains des Indiens. Custer lui-même avait discrètement ordonné aux cavaliers qui escortaient sa femme quand elle se promenait dans les environs des postes où il tenait garnison de la tuer si elle était en danger d'être capturé par des Indiens.

 

Ces derniers n'avaient pas de camps pour y mettre des prisonniers. Pour eux, emprisonner quelqu'un était d'ailleurs un acte monstrueux et inimaginable.  Aussi, tout guerrier ou soldat ennemi tombé dans leurs mains était au mieux tué rapidement, au pire supplicié à mort si une famille voulait venger la perte d'un être cher. Les corps des ennemis tués étaient démembrés et parfois dépecés tout à la fois pour accroître le chagrin de leurs parents, apaiser celui de ceux qui avaient perdus des êtres chers,  et aussi pour les rendre inoffensifs dans l'autre monde. Les Indiens ignoraient la notion de Paradis, d'Enfer ou de Purgatoire. Dans l'au-delà, vous retrouviez tous ceux qui vous étaient cher, mais aussi vos ennemis, donc autant les rendre inoffensif ! Le désir de vengeance n'était pas aussi absent, ainsi une femme Cheyenne racontera bien des années après qu'elle avait décapité à Little Big Horn le cadavre d'un soldat pour venger sa soeur qu'elle avait vu décapité par les hommes de Chivington à Sand Creek en 1864. Ce n'est pas pour rien que les Indiens faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour ne pas laisser de morts et de blessés aux mains de l'ennemi! Les dessins que réalisa des années après la bataille Red Horse, un Lakota qui prit part à la bataille sont sans équivoque ni hypocrisie dans l'évocation de ces mutilations (voir ci-dessous).

Soldats morts après la bataille

 

J'ajouterai que chaque peuple apposait sa "signature" sur les morts : les Sioux leurs tranchaient la gorge, les Cheyennes leurs coupaient les doigts dont parfois les guerriers faisaient des colliers.

Les femmes capturées subissaient des viols collectifs d'autant plus fréquents qu'elles essayaient de résister et étaient astreintes aux tâches les plus dures et les plus humiliantes à moins qu'elles n'aient une valeur d'échange pour leurs ravisseurs.

Les enfants en bas âge étaient tués en leur fracassant le crâne , en les empalant sur des lances ou en les égorgeant. Seuls les enfants assez âgés pour suivre le train d'enfer des guerriers et montrant l'absence de peur pouvaient échapper à la mort en devenant membres de la nation de leurs ravisseurs. Notons toutefois que lorsque cela se produisait, ils devenaient à part entière et sans restriction membres de la nation qui les avaient adoptés.

 

Cependant, il faut nuancer les choses. Tout d'abord les Indiens des Plaines n'étaient pas les seuls à agir ainsi! A Tahiti, avant l'arrivée des missionnaires et des épidémies, il était de bon goût d'offrir à un ami un poncho fabriqué à partir de la peau d'un ennemi...

Et les dits "civilisés" ne se conduisaient guère mieux! Pour prétexte d'étude anthropologique ou pour satisfaire à la mode d'alors pour l'étude des capacités crâniennes ( craniométrie), bien des crânes et des os amérindiens étaient envoyés vers les musées de l'Est ou dans les cabinets de curiosité de gens riches. Si certains de ces ossements venaient du pillage de tombes, d'autres venaient de cadavres frais comme celui du chef Apache  Mangas Coloradas en 1864. Et je ne parle pas des "chasseurs de scalps" !

Bien souvent les Indiens étaient tirés "à vue" comme du gibier par les colons ou les mineurs et n'étaient pas les provocateurs du conflit. On appelait les hommes "bucks" du même nom que le gibier et les journaux donnaient parfois le nombre de "bucks" tués en s'en félicitant. Souvent les colons les qualifiaient de "Plains Niggers", "Nègres des Plaines"...

Ajoutons en plus que les Indiens ne maraudaient pas constamment à la recherche de femmes et d'enfants à tuer et d'hommes à torturer. Ils n'avaient rien de psychopathes! Entre une mauvaise paix et une bonne guerre, ils choisissaient souvent la paix car ils cherchaient aussi et surtout à protéger les leurs. Custer avait bien remarqué ce point sur la Washita. Le mot "famille" n'était pas vide de sens chez les indiens...

 

Mais malgré tout, une peur bien réelle face aux guerriers indiens habitait les soldats et colons. Et surtout ceux qui ne les avaient jamais vu autrement que sur des photos noir et blanc ou des dessins de presse. Ce qui était le cas de bien des hommes de Custer.

 

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C) les opérations avant la bataille

 

c1) Prélude sur la Rosebud.

 

Huit jours avant la Little Big Horn allait avoir lieu un premier affrontement entre guerriers indiens et soldats bleus sur la Rosebud River.

  

On se rappelle peut être que le général George Crook devait remonter vers le nord en chassant devant lui les "Hostiles" ou en forçant ces derniers à se soumettre en gagnant les réserves.

Pour cette mission, il avait sous ses ordres 970 cavaliers et fantassins (ces derniers montés sur des mules), 80 employés civils et 260 indiens Crows et Shoshones, deux nations indiennes hostiles de longue date aux Lakotas. Cette force allait trouver sur son chemin les Cheyennes de  Two Moon et les Lakotas de Crazy Horse, soit 600 guerriers ou plus.

 

Ce jour là, 17 juin 1876, les soldats étaient fatigués par la longue marche du jour précédent durant laquelle ils avaient couvert près de 60 kilomètres avec un réveil à 3 heures du matin le lendemain. C'était surtout le cas pour les fantassins montés. Pourtant, l'atmosphère était celle d'une excursion en raison de l'absence de tout indice de présence d'indiens hostiles.

A huit heures du matin, Crook fit stopper sa colonne pour permettre à ses hommes et aux animaux de souffler. Bien qu'étant en territoire "Hostile", il ne prit aucune disposition de défense, seuls les Crows et les Shoshones demeurant en alerte alors que les soldats se reposaient.

 

Soudain, une vive fusillade éclata en provenance de falaises situées au nord, là où les Crows et Shoshones s'étaient installés. Un Crow arriva dans le camp des soldats en criant "Lakotas, Lakotas!". A 8h30 les Cheyennes et Lakotas les avaient attaqués. Inférieurs en nombre, Shoshones et Crows se repliérent tout en combattant, ce qui donna à Crook le temps de disposer ses hommes.

Crook leur ordonna de s'emparer des hauteurs situées au nord et au sud de la Rosebud River.

Il chargea le Capitaine Van Vliet avec deux compagnies du 3ème de cavalerie de s'emparer des hautes falaises au sud. Au nord, le Major Chambers reçut une mission similaire avec deux compagnies du 4ème régiment d'infanterie et du trois du 9ème d'infanterie. Avec trois compagnies de cavaliers démontés du 2ème de cavalerie, le  Capitaine Henry Noyes reçut l'ordre de constituer une ligne de tirailleurs et d'avancer vers les Lakotas. Leur progression sera lente, car freinée par un tir de flanc provenant d'indiens occupant les hauteurs au nord-est.

Pour accélérer le mouvement, Crook donna l'ordre au Capitaine Anson Miles de charger les Sioux avec six compagnies du 3ème de cavalerie. Ce dernier parviendra à les repousser, mais recevra l'ordre de stopper son avance et de se mettre en défense. Chambers et Noyes parvinrent à rejoindre Mills sur la crête où ce dernier s'était arrêté quelques minutes plus tard et furent bientôt rejoint par Crook et le reste de la colonne vers 9h30.

 

Toutefois, à l'extrémité ouest du champ de bataille, le second de Crook, le  Lieutenant Colonel William Royall poursuivait des indiens qui avaient attaqué l'arrière-garde de la colonne de Crook. Il était à la tête de 3 compagnies du 3ème de cavalerie et de deux autres empruntées à Mills. Son avance fut rapide et il la stoppa en étant séparé de près de deux kilomètres du reste de la colonne de Crook. Il était en position d'être encerclé et détruit. Cheyennes et Lakotas le comprirent très bien et décidèrent de concentrer leurs efforts sur Royall. Sentant le danger, Crook ordonna à Royall de se replier immédiatement. Royall n'envoya qu'une compagnie rejoindre Crook. Il dira plus tard que ses hommes étaient si durement engagés qu'il ne pouvait effectuer de retraite sans encourir un désastre.

Crook fit intervenir des charges de sa cavalerie. Cependant, elles ne firent que peu de mal aux indiens qui se dispersaient devant celles ci pour se regrouper plus loin. Ils continuaient à tirer à distance et attaquèrent à plusieurs reprises par petits groupes.

 

Constatant la vanité de ses charges, Crook décida de changer de tactique et commit une grave erreur. Il pensa à tort que la ténacité au combat des indiens venait du fait que leur camp était proche et qu'ils voulaient en tenir éloigné les soldats. Aussi, il donna l'ordre à Mills et Noyes d'abandonner les hauteurs qu'ils occupaient avec leur cavalerie pour suivre le cours de la Rosebud vers le nord et trouver ce village. Il rappela aussi du sud le bataillon de Van Vliet. Or, il n'y avait pas de village proche, les Cheyennes et Lakotas ayant chevauché tout le jour précédant pour intercepter la colonne de Crook!

 

 

Cependant, la situation de Royall s'aggravait, le feu des indiens l'empêchant de battre en retraite. Il parviendra cependant à se replier lentement en suivant la crête vers le sud-est. Un grand nombre de guerriers quitta alors le combat contre le commandement de Crook pour lui couper toute retraite à Royall. Mais l'arrivée de Van Vliet les contraignit à la reculer, tandis que Crook envoyait les Crows et les Shoshones les charger de flanc.

Crook ne pouvait faire guère plus, car il était privé de Mills envoyé à la recherche d'un village fantôme...

 

Il était 11h30 et la situation de Royall attaqué de trois côtés par les Cheyennes et Sioux demeurait inquiétante. Crook finit enfin par comprendre le danger de la situation et envoya un ordre à Mills pour qu'il revienne vers l'ouest et attaque dans le dos les indiens menaçant Royall.

Ne voyant rien venir, Royall décida de replier ses troupes dans une ravine, la Kollmar Ravine, de les remettre à cheval et de charger pour percer les lignes indiennes et rejoindre Crook. Une charge inopinée des Crows et des Shoshones les aidera à se dégager malgré des pertes sévères. Deux compagnies d'infanterie avaient été laissé au nord est de la ravine pour aider de leurs tirs la charge des cavaliers.

Mills arriva peu après, son apparition sur leur flanc déterminant les indiens à rompre le combat et à se replier.

 

Mais Crook avait toujours en tête de trouver ce fameux village fantôme! Concentrant sa cavalerie, il lui fit remonter la Rosebud pour le découvrir. Quand la colonne arriva à une étroite ravine, les Crows et Shoshones avertirent Crook que c'était le parfait endroit pour tomber dans une embuscade. Prudent et intelligent, Crook les écouta et stoppa son avance.

 

La bataille de la Rosebud était terminée. En terme de pertes humaines, le bilan était étonnamment faible de part et d'autre si l'on considère la durée de la bataille et la férocité de l'engagement : 10 morts et 21 blessés chez les "Hostiles", 32 morts et 21 blessés chez les hommes de Crook.

Ce dernier fut stupéfait par l'acharnement au combat des indiens. S'il resta la journée du lendemain sur place et s'attribua la victoire, le vrai vainqueur ne tarda pas à être connu : Crook se replia avec ses blessés sur le Goose Creek et demeurera là pendant sept semaines inactif en attendant des renforts!

Il avait échappé de peu au désastre grâce à ses alliés Crows et Shoshones qui combattirent avec vaillance.

Custer n'allait pas avoir autant de chance...

 

Pour les Cheyennes, cette bataille se nomme "La bataille où la soeur a sauvé son frère". Lors de la bataille, le guerrier "Chief comes in sight" fut blessé et laissé en arrière, les Cheyennes et les Lakotas reculant devant le feu nourri des soldats. C'est alors que surgit sa soeur, Buffalo Calf Road Woman (1844 ?-1879), montée sur un cheval. Elle alla récupérer son frère et l'emporta à l'abri, exploit salué par les acclamations des guerriers indiens ... et des soldats !

 

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c2) Custer, du Fort Abraham Lincoln à la Little Big Horn

 

Le 17 mai1876 la colonne du Brigadier Général Alfred Terry quitte le Fort Abraham Lincoln. Elle comprenait douze compagnies du 7ème de Cavalerie sous les ordres du Lieutenant Colonel George Armstrong Custer, renforcé de deux compagnies du 17ème régiment d'infanterie et une unité de canons Gatling. Une colonne de 150 chariots et de nombreuses mules avec leurs conducteurs les accompagnaient. Le 29 mai, trois compagnies du 6ème régiment d'infanterie rejoignent la colonne au confluent de la Powder et de la Yellowstone où elles installent un grand dépôt de vivres et de munitions.

Sans rien savoir de la retraite de Crook après son échec sur la Rosebud, Gibbon et Terry firent leur liaison au début juin à l'endroit où la Rosebud se jette dans le Yellowstone. Gibbon amenait avec lui depuis Fort Ellis au Montana les hommes de six compagnies d'infanterie du 7ème régiment d'infanterie et de quatre compagnies du 2ème régiment de cavalerie.

Terry et Gibbon confèrent ensemble sur l'évolution à donner à leur plan de campagne. Ils pensaient que les camps des "Hostiles" se trouvaient probablement vers les rivières Bighorn et Little Big Horn et décidèrent que toutes les unités de l'armée devaient y converger pour submerger les indiens qui s'y trouvaient vers le 26 ou 27 juin.

Aussi, le 22 juin 1876, Terry donne l'ordre à Custer de partir en reconnaissance le long de la Rosebud avec son régiment, fort de 31 officiers et 566 cavaliers, renforcés d'employés civils et de scouts Crows. Accompagnant Custer et son frère Tom se trouve parmi les éclaireurs leur frère  Boston Custer et leur jeune neveu  Armstrong Reed âgé d'à peine 18 ans et alors en vacances scolaires.

Custer reçoit avant de partir la permission de s'éloigner de ces ordres s'il y voit une raison suffisante, comme nous l'avons vu auparavant. Terry lui conseille cependant la prudence et lui propose de prendre avec lui des canons Gatling, ce que Custer refuse en prétextant non sans raison que dans le terrain accidenté qu'il allait franchir les canons ne pouvaient que le ralentir. Il était par contre accompagné d'un journaliste, Mark Kellog, qui devait relater à ses lecteurs les exploits à venir de Custer.

 

Et Custer impose un train d'enfer à ses hommes! Le 22 juin, on parcoure 19 kilomètres. Le 23 juin, 54. Dans la seule journée du 24 juin, le 7ème de cavalerie marche de 5 heures à 20 heures, couvrant 70 kilomètres et en abat encore 18 de nuit!

Custer arrive dans la soirée du 24 juin à un point de vue nommé "Crow's nest" à 23 kilomètres à l'est de la Little Big Horn, tandis que Terry et Gibbon s'avancent vers le confluent de la Little Big Horn et la Big Horn.

A l'aube, les éclaireurs indiens disent à Custer qu'ils ont vu un immense troupeau de poneys indiens se trouvant 24 kilomètres plus loin. Custer les rejoignit sur Crow's nest, mais ne vit rien de cela. Par contre ses éclaireurs lui dirent que les feux sur lesquels ses hommes se cuisaient leur petit déjeuner se voyaient à près de 20 kilomètres!

Cette "myopie" de Custer a étonné bien des témoins et des historiens. Certains ont émis l'hypothèse que Custer avait feint de ne rien voir pour avoir un motif pour entrer dans la vallée de la Little Big Horn. Seulement, les ordres de Custer lui laissaient assez de latitude pour qu'il n'ait pas besoin, théoriquement, de cette ruse.

Conscient de la fatigue de ses hommes et de leurs montures. Custer décida de lancer une attaque surprise contre le camp indien pour le matin du 26 juin, mais un événement inopiné l'amena à choisir une attaque immédiate.

Quelques hommes étaient partis à la recherche d'une caisse de biscuits qui était tombée d'une mule et tombèrent inopinément sur quelques jeunes indiens qui se régalaient du contenu de la caisse. Ces derniers détalèrent à la vue des blancs. Custer en conclut qu'ils allaient prévenir le camp de la présence du 7ème de cavalerie et qu'il allait perdre le bénéfice de la surprise. Il ignorait que les jeunes adolescents, totalement inconscients de l'importance de leur découverte, étaient partis pour chasser et ne retournaient pas au camp!

La même insouciance prévalait dans le camp. Ce dernier abritait les suivants de Tatanka Yotanka, renforcés depuis quelques jours des hommes de Crazy Horse et des Cheyennes apportant la nouvelle de leur victoire sur la Rosebud et des trophées. Bien que l'on savait que des soldats approchaient, l'atmosphère était à la fête : on se visitait, on se faisait des cadeaux, on jouait et on festoyait. Alors que le 7ème de cavalerie se préparait à l'attaque des femmes étaient partis cueillir des navets sauvages, des enfants jouaient ou se baignaient dans la Little Big Horn et une bonne partie des hommes dormaient pour récupérer de leur nuit et être prêt pour le combat... le lendemain!


Le jeune Sioux  Oglala  Black Elk (1863-1950) hésitait à rejoindre ses amis partis se baigner la rivière car il était habité par le pressentiment que quelque chose de terrible allait se produire.  Luther Standing Bear (1868-1939) mangeait avec son oncle de le nourriture cuisinée par sa grand-mère avant d'aller chercher les chevaux. Son oncle était en effet inquiet et voulait avoir les chevaux à portée de main "au cas où...".

 

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c3) Le plan de Custer

 

Custer décida de diviser son régiment en trois colonnes :

 

- Le capitaine Benteen avec les compagnies H, D et K (125 hommes) devait explorer les vallées au-delà du village indien et au sud de ce dernier pour s'assurer qu'il n'y ait pas d'autres villages et intercepter d'éventuels fuyards;

- Le Major Reno à la tête des compagnies A, G et M (112 hommes) devait faire diversion en attaquant le village depuis la rive occidentale de la Little Big Horn et en attirant vers lui le maximum de guerriers.

 

Custer allait porter l'estocade en capturant les familles des guerriers pour les contraindre à la reddition. Il disposait pour cela des compagnies C, E, F, I et L (225 hommes) et allait attaquer le village du côté opposé à Reno. La dernière compagnie, la B du Capitaine Thomas McDougald escortait le convoi de mules, bien plus lent que les cavaliers.


Il passa outre les avertissements de ses scouts sur le nombre des indiens et la taille du village, même quand l'éclaireur Mitch Bouyer lui annonça que c'était le plus grand village qu'il avait vu en 30 ans de vie sur les Plaines. Custer n'avait pas en effet pris la mesure du village Indien. Il était trompé tout à la fois par les rapports erronés des Agents des Affaires Indiennes qui estimaient les Hostiles à 800 guerriers alors qu'ils étaient bien plus nombreux et par la vision incomplète qu'il avait eu du village. Il était en plus obsédé par l'idée que les Indiens aient le temps de fuir et de se disperser avant qu'il n'attaque. Il ignorait que les amérindiens ne fuiraient pas cette fois-ci et se battraient au contraire comme des lions pour défendre les leurs.

A midi, la bataille débuta.

 

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5) La bataille

A) L'attaque de Reno

Note : les vidéos proviennent du film " Son of the morning star". Si les scènes relatives à Reno et Benteen sont quasiment documentaires, celles avec Custer sont de pures spéculations. A noter cependant une grosse erreur sur l'apparence de Custer. Sur la Little Big Horn, ses cheveux étaient coupés court et il était vêtu d'une veste en daim qu'il enleva au cours de la journée en raison de la chaleur..

Les premiers à passer à l'action furent les trois compagnies de Reno. Reno savait que son rôle était de faire diversion pour retenir les indiens et les empêcher de fuir. Il avait reçu de Custer l'assurance que bientôt il serait soutenu par tout le 7ème de cavalerie. A 15 heures il franchit avec ses cavaliers la Little Big Horn à l'endroit désormais connu comme Reno Creek. Il ne tarda pas à constater que non seulement les indiens ne fuyaient pas, mais aussi qu'ils étaient nombreux et très agressifs.

Reno s'avançait sur un terrain plat et sans obstacle vers le nord-ouest. Les arbres le long de la rive sud de la rivière le dissimulant. Devant lui, vers la droite, d'autres arbres cachaient sa progression, mais lui masquaient aussi la vue vers le village indien.

 

Ce n'est que vers 15h20 qu'il dépassa la corne de ce bois et qu'il réalisa ce qui l'attendait lui et ses hommes : le "village" qu'il attaquait n'était qu'un parmi d'autres. C'était celui des Hunkpapas qui venaient de plus en plus nombreux vers lui, non pas comme des fuyards, mais pour le combattre lui et ses hommes. Inquiet à l'idée de tomber dans un piège et d'être encerclé, Reno envoya ses éclaireurs Crows et Arikaras en avant vers sa gauche pour se prémunir contre cette menace.


Il stoppa sa progression à quelques centaines de mètres du village et donna l'ordre à ses hommes de se disposer en une ligne de tirailleurs. Selon les règles de l'époque, un homme sur cinq devait tenir les rênes de sa monture et celles de quatre tirailleurs cent mètres environ derrière ceux ci. Reno s'amputait ainsi de 25% de sa puissance de feu.

Les hommes de Reno ouvrirent le feu vers le village, tuant ou blessant des hommes, mais aussi des femmes et des enfants, notamment plusieurs de la famille du chef Gall. Les guerriers affluaient en nombre de plus en plus grands et menaçaient de contourner la gauche de Reno

  

Ce dernier tint sa ligne 20 minutes jusqu'à 15h38 en attendant l'intervention promise par Custer. Il n'avait perdu qu'un seul homme pour l'instant. Puis il se replia hâtivement dans les bois proche de la rivière pour y trouver une meilleure position défensive en voyant que les indiens débordaient sa gauche  et menaçaient de l'encercler..

Les chefs de guerre ordonnèrent aux guerriers de ne pas attaquer de front la position, conscient que le feu des hommes de Reno les décimeraient. Ils les coincèrent dans les bois et mirent le feu aux broussailles pour tenter de forcer les soldats à quitter leur position, ce qui ne donna aucun résultat.

Reno pensa que l'endroit n'était plus sûr et décida de gagner les hauteurs de l'autre côté de la Little Big Horn. Il ne voyait toujours pas Custer et craignait d'être pris dans une souricière et de finir comme le major Elliott. Il donna l'ordre à ses hommes de monter à cheval, mais à ce moment là, Bloody Knife, son éclaireur Arikara favori prit une balle en pleine tête alors qu'il se trouvait à ses côtés. Aspergé par du sang et des débris de cervelle, Reno perdit momentanément la tête et ordonna à ses hommes de remettre pied à terre. Puis, reprenant ses esprits, il leur donna l'ordre de remonter à cheval en disant "Tout ceux qui veulent vivre, suivez-moi". Mais ces ordres contradictoires avaient semé le désordre. Un officier et une quinzaine d'hommes n'entendirent pas l'ordre et furent coupés du reste de leur unité. Quelques uns parviendront à se cacher et à rejoindre leurs camarades après bien des dangers. Les autres furent tués.

 


Dès que les cavaliers sortirent des arbres en colonne par quatre (à 15h53!), ils furent assaillis par des Cheyennes qui les attaquaient au corps à corps. Les Indiens ne s'attendaient pas à ce que les soldats sortent ainsi d'un refuge qu'ils considéraient comme difficile à prendre pour s'engager en terrain découvert. Leur attaque sema la panique chez les soldats. Trois officiers et 29 hommes seront tués lors de cette folle course vers les collines. Un indien parlera de cette phase de la bataille en la comparant à une chasse aux bisons, ce qui est éloquent : Reno et ses hommes ne pensaient même plus à se défendre, mais fonçaient pour sauver leur vie.

 

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B) Résistance des hommes de Reno et Benteen sur la Reno Hill

Reno arriva sur la colline aujourd'hui connue comme Reno Hill avec ses hommes démoralisés, décimés et hors d'état d'opposer une résistance un tant soit peu efficace aux guerriers Cheyennes et Lakotas. Lui-même avait perdu son beau chapeau de paille.  ll arrive cependant à regrouper ses hommes et à repousser plusieurs attaques, mais  il se trouvait sur le point d'être submergé; Et juste à ce moment là arrivait du sud la colonne de Benteen avec les compagnies D, H et K. Cette force avait été chargé comme je l'ai dit précédemment d'une mission de reconnaissance, mais elle avait entretemps reçut un message écrit de Custer lui signalant la présence d'un gros village et lui demandant de venir le plus vite possible avec le convoi d'approvisionnement et surtout des munitions. Nous aurons l'occasion plus loin de reparler de ce message. Benteen ne montra guère de hâte à rallier Custer. A sa décharge, il faut signaler que les chevaux étaient si fatigués que quelques hommes de Custer auront la vie sauve simplement parce que leur monture était incapable de suivre. A réception du message, il fera cependant passer ses cavaliers du pas au trot.

Avec lui venait aussi la compagnie B de McDougall et le convoi muletier portant les munitions et la nourriture. Cela représentait en tout 14 officiers et 340 hommes qui organisèrent aussitôt un cercle de trous d'hommes qu'ils creusèrent avec tout ce qu'ils avaient : gobelets, gamelles et couteaux, ustensiles de cuisines.

Certains témoins assurèrent avoir entendu des 16h le bruit d'une puissante fusillade vers le nord, et même des volées distinctes vers 16h20. L'un des signaux de détresse de la cavalerie américaine était en effet de tirer deux volées de coups de feux à un intervalle réduit.

Benteen n'y prêta aucune attention ou ne les perçu pas, car il était fort occupé à renforcer la position, à remettre les hommes valides de Reno en état de se battre et à prendre soin des blessés graves, plutôt que de partir à la recherche de Custer.

Le Capitaine Weir
Un seul homme le fit sans en avoir reçu l'ordre et en désobéissant à ses ordres. Il s'agissait du Capitaine Thomas Weir et de sa compagnie D. Weir progressa d'environ deux kilomètres pour atteindre un point de vue désormais nommé "Weir Point". Il put voir de loin un énorme nuage de poussière et des indiens à cheval qui semblaient tirer sur des objets blancs gisants sur le sol. Il était alors 17h25.

Le mouvement de Weir allait toutefois entraîner celui de Benteen, puis de Reno, et enfin du convoi de mules. Mais les attaques de plus en plus puissantes des Indiens forcèrent ces 7 compagnies à se replier sur leur position de départ. Benteen et Reno n'avaient d'ailleurs pas avancé de plus de 500 mètres vers le nord et Weir avait été forcé de se replier rapidement pour échapper à une formation de plus d'une centaine de cavaliers indiens tout en perdant un homme. Il sera sauvé du pire par l'intervention des hommes de Benteen  qui tirèrent une salve qui découragea les guerriers indiens lancés à sa poursuite. Tout le monde se replia ensuite sur la colline de Reno.

 

Ils demeurèrent là tout le reste de la journée et le lendemain. Les indiens ne purent créer une brèche dans leurs défenses malgré plusieurs tentatives. Par contre, plusieurs soldats furent tués ou blessés par des tireurs d'élite équipés de fusils Sharp à un coup utilisés pour la chasse au bison. Benteen, qui montrait le plus grand calme et courage, prévint tout mouvement de panique, trouva des volontaires pour la dangereuse mission d'aller prendre de l'eau dans la Little Big Horn - les hommes sur la colline, notamment les blessés, mourraient de soif. Il prendra même durant la journée du 26 la tête d'une charge pour éloigner les indiens des positions des soldats dont ils s'approchaient dangereusement en rampant dans les herbes hautes.

 

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C) Extermination de Custer et de ses hommes

 

Ce qui est arrivé exactement à Custer et à ses hommes est sujet à spéculations, puisqu'aucun d'entre eux n'a survécu à la bataille. Nous ne disposons que des témoignages des indiens. Seulement, ces derniers n'ont rapporté que ce qu'ils vont vu à l'endroit où ils se trouvaient. Aucun n'avait de vision d'ensemble des choses. En plus, leurs informations furent souvent pour les plus précoces victimes d'erreurs de traductions, puis transformés pour correspondre à ce que leurs interlocuteurs blancs voulaient entendre. Autre problème : la chronologie. Les indiens de l'époque n'avaient pas de montres et bien souvent ignoraient même leur existence. Ils évaluaient le temps en années, en saisons, selon la course du soleil entre deux perches d'un tepee, mais ignoraient totalement l'existence des heures, minutes et secondes.

Ce n'est qu'à une date récente que la confrontation de ces sources avec le résultat de fouilles archéologiques a permis de dévoiler une partie de l'obscurité pesant sur ses événements, même si les controverses entre historiens font encore rage concernant le déroulement exact de la bataille.

Un facteur apporta une aide considérable aux chercheurs : si les indiens emmenèrent leurs morts du champ de bataille, les soldats restèrent là où ils étaient tombé avant d'être hâtivement enterrés sur place. La plupart étaient dépouillés de leurs vêtements et la décomposition ainsi que les mutilations subis par la plupart des corps les rendaient difficilement identifiables, mais il restait possible de les attribuer à telle ou telle compagnie grâce à leurs insignes.

 Curley
Longtemps dédaigné par les historiens, le témoignage du scout Crow  Curley (1856?-1923) est également très précieux : il a été le dernier homme à avoir quitté la colonne Custer et le premier à porter la nouvelle de la défaite. Le problème est que son témoignage fut souvent tronqué ou embelli pour correspondre à telle ou telle théorie. Curley lui-même varia durant sa longue vie dans ses versions, enjolivant tantôt son rôle ou y incorporant involontairement des événements dont il s'était persuadé d'avoir été le témoin. Voici son témoignage dans sa dernière version donnée quelques jours avant sa mort. Cette version est sans aucun doute la plus exacte et la plus plausible, car Russell White Bear qui l'a écouté n'a pas tenté contrairement aux précédents interviewers d'influencer Curley. Précisons simplement que Curley accompagnait l'éclaireur métis de Sioux Mitch Bouyer après le départ des autres éclaireurs Crows quand démarre ce témoignage :

 

"Mitch Bouyer resta avec les hommes de Custer quand Reno descendit vers la vallée. Nous chevauchions vers la fourche nord du Reno Creek et l'avons traversé, puis grimpé dans les collines, et tourné à l'ouest vers la crête. De là où nous nous trouvions, nous ne pouvions pas voir la vallée et le village. Les soldats de Custer n'avançaient pas vite - ils chevauchaient au pas- sans doute parce qu'ils montaient une pente. Quand ils atteignirent la crête, les soldats passèrent par le côté est de Reno Hill et descendirent de l'autre côté de la crête en descendant par une ravine qui courait vers le nord. Là, Custer, deux autres soldats, Bouyer et moi avons chevauché vers un point de vue dominant la Little Big Horn pour voir ce qui se passait dans la vallée. Nous pouvions voir un nuage de poussière dominer celle-ci. Les hommes de Reno chargeaient vers le village. Nous ne n'avons pas descendu de cheval. Custer observa brièvement la situation et revint vers la colonne. Il ne posa aucune question sur le pays que nous traversions en suivant la ravine à Bouyer ou à moi. Nous arrivâmes finalement à l'extrémité de la ravine - Medicine Tail Creek - et nous vîmes qu'il y avait encore un long chemin avant d'arriver à la vallée. Custer tourna à gauche, descendant Medicine Tail. Après avoir chevauché un moment, il nous fit arrêter, puis les soldats aux chevaux gris nous dépassèrent et commencèrent à descendre le ruisseau alors que nous tournions vers le nord pour grimper sur les collines au nord du ruisseau. Là, nous nous nous sommes arrêtés encore. Custer écrivit un message et le donna à un jeune soldat sur un cheval rouan qui partit à galop (Note : il s'agissait du trompette Giovanni  Martini qui allait porter le dernier message de Custer à Benteen). Bouyer m'appela alors et me dit "Curley, tu ferais mieux de nous quitter ici. Remonte notre piste et trouve un poste d'observation" en pointant la direction de l'est au-delà de Custer Ridge. "Regarde un moment et voit si les Sioux nous battent puis rejoint Terry et dis-lui que nous sommes tous morts". Curley fit aussitôt ce que Bouyer lui avait demandé. Il grimpa au point le plus haut qu'il put trouver et regarda la bataille à travers une paire de jumelles pendant un moment avant de partir. Alors qu'il chevauchait seul vers le nord, il vit venir à lui un cheval sans cavalier. Il chercha ce dernier et trouva un Sioux mort qu'il dépouilla de ses vêtements pour se déguiser et parti rejoindre Terry. (Note : Le Sioux mort avait été tué par un autre scout Crow, Goes Ahead)"..

 

 Que conclure de tout cela ? Un scénario probable que voici :

Après avoir donné ses derniers ordres à Reno, Custer serait descendu sur 800 mètres vers la rivière avant de tourner au nord et de gravir avec ses hommes les hauteurs jusqu'à ce qui serait connu plus tard comme "Reno Hill". De là, il pouvait observer la charge des hommes de Reno vers le village. Des hommes de Reno dirent l'avoir vu vers 15h15 depuis la plaine. D'autres disent l'avoir vu un quart d'heure plus tard sur Weir Point agitant son chapeau pour les encourager. Il aurait ensuite remonté vers le nord dans l'intention d'attaquer le village indien par le côté opposé de celui visé par la diversion de Reno.

 


 

Il aurait descendu vers le village par un cours d'eau asséché connu sous le nom de Medicine Tail Coulee. Un peu avant, il avait divisé ses hommes en deux colonnes . Tout en gardant le commandement en chef, il plaça les compagnies I, C et L sous les ordres du Capitaine Myles Keogh et sous ceux du Capitaine George Yates les compagnies F et E. Keogh formait son aile droite et Yates l'aile gauche de son dispositif. Il s'était alors rendu compte en observant la vallée de la taille réelle du village. Il tablait sur six à sept cents adversaires, il comprenait maintenant qu'ils étaient peut être deux à trois fois plus nombreux! Ses scouts Crows lui annoncèrent aussi que les troupes de Reno s'étaient repliés en désordre.

Tout son plan tombait à l'eau! Aussi, Custer dicta à son ordonnance  Wiiliam Cooke le message suivant destiné à Benteen : "Benteen, come on. Big village, be quick, bring packs" (Benteen, venez. Grand village, soyez rapide, amenez convoi de ravitaillement (munitions). Cooke chargea le trompette John (Giovanni) Martini, fraîchement arrivé d'Italie, de porter le message. Comme ce dernier avait encore des problèmes avec l'anglais, Cooke reécrivit le message de Custer. Martini se mit aussitôt en route. Alors qu'il s'éloignait, il entendra Custer crier à ses hommes : "Hourrah les gars! Cette fois on les tient ces fauteurs de troubles. On termine le job et on rentre chez nous!". Il croisa quelques centaines de mètres plus loin Boston Custer qui lui demanda où se trouve son frère le Général. Martini lui répondit que ce dernier descendait vers la rivière et se trouvait en avant. Et Boston Custer partit vers la mort. Martini se retrouvera peu de temps après sous le feu de guerriers indiens. Une balle frappera son cheval à l'arrière-train, mais il parviendra à s'échapper et à remplir sa mission. En se retournant une dernière fois, il verra quelques indiens tirer sur les hommes de Custer. Il sera le dernier blanc à les voir vivant.

Custer doit avoir révisé ses plans à ce moment là. Son frère Boston lui avait apporté deux informations capitales : le convoi de mules se dirigeait vers lui et Benteen avait stoppé sa reconnaissance pour le rejoindre. Boston Custer le savait pour l'avoir constaté de visu. Custer avait le choix entre se replier où rester sur place. Battre en retraite n'était pas dans sa nature et il estimait cela aussi dangereux que de rester sur place. Mener une retraite avec un grand nombre d'ennemis pouvant attaquer ses flancs ou son arrière-garde était très dangereux. Il décida de rester sur place en attendant le convoi muletier et Benteen. Il choisit aussi de faire le plus de bruit possible pour tromper les indiens sur le nombre réel de ses hommes et les détourner de Reno, il ordonna donc aux clairons de sonner à gorges déployés. La Cheyenne Kate Bighead entre autres témoigna de ces sonneries de trompettes qui étonnèrent beaucoup les indiens.

Custer envoya  les hommes de Yates vers le gué à l'extrémité de Medicine Tail Coulee opérer une diversion au bénéfice de Reno. Lui-même gagna avec ses hommes Calhoun Hill. Il attendait la venu des hommes de Benteen et les munitions pour repasser à l'attaque. Poussa t-il plus loin vers le nord à la recherche d'un gué? Certaines sources l'affirment, mais la question fait toujours débat entre les historiens.

 

La colonne de Yates ne rencontrera que peu de résistance jusqu'au gué. Mais il y avait sur la rive opposée quelques indiens venus chercher leur chevaux près de la rivière et qui avaient vu la colonne s'avancer. Ils étaient armés surtout d'arcs, mais un guerrier Oglala au moins,  White Cow Bull était armé d'un fusil à répétition et il n'était pas manchot puisqu'il sera par la suite l'un des "snipers" qui harcèleront les hommes de Benteen et Reno. Il vit cinq cavaliers Sioux fuir et entrer dans la rivière pour échapper aux balles des soldats et aperçut sur les falaises dominant la rivière trois Crows.

Sans trop d'espoir d'arrêter ce qui lui tombait dessus, White Cow Bull visa le blanc qui paraissait être le chef, un homme qui portait une veste en daim avec des franges et tira. L'homme s'effondra dans l'eau.

A la grande surprise de White Cow Bull, des soldats descendirent de cheval pour récupérer l'homme et les soldats se replièrent, laissant le temps à d'autres guerriers commandés par Gall de quitter le combat contre les hommes de Reno et de venir en renfort. Gall était resté longtemps prostré au-dessus du corps des siens tués par les balles des hommes de Reno. Mais il arrivait à présent rempli du désir de venger leur mort en entraînant avec lui de nombreux guerriers.

Pour en revenir à White Bull Cow, ce dernier était persuadé d'avoir tué ou blessé grièvement ce jour-là Custer et l'était encore en 1938 quand il en fit le récit à un ethnologue américain.

Pourtant, les recherches ont montré que seule une compagnie, celle des "Gray Horse" (Compagnie E) commandé par le lieutenant Algernon Smith descendit Medicine Tail Coulee. Algernon Smith étant mort sur la "Custer Hill" avec son général, cela ne peut être ni Custer, ni lui qui furent blessé sur le guet, mais plus probablement le second de Smith, le second lieutenant James Sturgis. Ce jeune homme de 22 ans, fraîchement promu de West Point, était le fils du Colonel James Sturgis Davis, commandant du 7ème de cavalerie, qui était resté au Fort Abraham Lincoln.

White Cow Bull précise que l'homme qu'il avait abattu portait une veste de daim avec des franges et qu'il montait un alezan avec quatre paturons blancs. Si la description du cheval correspond à celui que Custer montait, ainsi que la veste à franges, des témoins parmi les derniers à voir Custer le virent en chemise car il avait ôté cette veste en raison de la chaleur. Par ailleurs, il n'était pas le seul à en porter une ce jour là.

Une autre preuve indirecte est fourni par le fait que lorsque le corps de Custer fut retrouvé, on retrouva près de lui celui de son ordonnance, William Cooke.

Si Custer avait été tué ou gravement blessé sur le guet, Cooke aurait rejoint Keogh. Par l'ancienneté, c'était à ce dernier de prendre le commandement si Custer ne pouvait plus l'exercer.

Les hommes de Yates tirèrent sur les indiens sur l'autre rive. Comme ils tenaient en même temps leurs chevaux, leur tir s'avéra inefficace, mais des balles perdues touchèrent encore des femmes et des enfants

Pendant ces évènements, Custer gagna avec le reste de ses compagnies la crête connue aujourd'hui sous le nom de Nye-Cartwright Ridge et y plaça en ligne ses hommes face au village indien. De là, il pouvait examiner en détail ce dernier et ce qu'il y avait au nord et au sud de sa position. Il était déjà harcelé par un parti de guerre d'une soixantaine de guerriers. Ceux ci étaient plus agaçants que dangereux, mais Custer fit tirer deux salves pour les maintenir à distance, ce qui s'avéra efficace. Pour un temps!

Le tir des indiens força l'aile gauche (Yates) à quitter les abords de la rivière en se repliant vers le nord-est vers ce qui est aujourd'hui Calhoun Hill. Pour les soutenir dans leur retraite, Custer fit tirer plusieurs salves vers le village avant de se diriger à son tour vers Calhoun Hill où les deux ailes firent leur jonction. A ce moment là, Custer devait toujours espérer voir arriver munitions et renforts.

Les indiens, dirigés par Gall et le chef Cheyenne Two Moon ne perdaient pas de temps : ils franchissaient le gué de Medicine Tail et utilisaient tout les replis du terrain pour se rapprocher de Calhoun Hill, notamment par Deep Coulee. Pour répondre à leur progression Custer chargea son beau-frère le 1er lieutenant James Calhoun de défendre Calhoun Hill avec la compagnie L. Juste à l'ouest de Calhoun Hill, il plaça la compagnie C du second lieutenant Henry Harrington. Il donna en réserve à Calhoun la compagnie I de Myles Keogh. Custer emmena avec lui le long de la crête de Battle Ridge les compagnies E et F. La première fut placée là où se trouve aujourd'hui le Cimetière National de Little Big Horn, la seconde probablement sur Last Stand Hill.

De plus en plus d'indiens venaient de l'ouest et du sud. Si beaucoup n'avaient que des arcs et des flèches, qu'ils employaient cependant avec une dextérité redoutable, il y avait aussi d'autres qui avaient des fusils à répétition. Pour les maintenir à distance, Custer envoya les compagnies C et L (Harrington et Calhoun) à l'extrémité sud de Battle Ridge.

Mais sur la Little Big Horn, un chef de guerre Cheyenne de 37 ans,  Lame White Man s'adressa à ses hommes en leur disant : "Venez avec moi. Nous pouvons tous les tuer!". Ils furent des centaines à le suivre et à se jeter contre la compagnie C qui fut submergée malgré une féroce résistance qui se termina au corps à corps. Les quelques survivants se retirèrent vers les compagnies L (Calhoun) et I (Keogh). Les soldats ne purent utiliser leurs montures pour fuir, des femmes et des guerriers ayant affolés celles ci avec des couvertures pour les faire fuir. La perte des chevaux entraînait la perte de la mobilité pour les soldats : plus de possibilité de fuir ou de manoeuvrer, on ne pouvait plus que rester sur place. En plus, les chevaux partaient aussi avec les munitions des soldats, ne laissant à ceux ci que les balles qu'ils avaient sur eux.

 

Lame White Man au combat

 

Alors qu'il chevauchait à la tête de ses compagnons, Lame White Man sera tué par un guerrier Lakota qui l'avait pris pour l'un des scouts indiens de Custer. Il ira jusqu'à le scalper! Quand il s'apercevra de sa bévue le lendemain, le guerrier Lakota retourna cérémonieusement et piteusement le scalp à la famille du disparu. Lame White Man sera plus tard enterré quelque part dans les Big Horn Mountains.

Lame White Man avait sans le savoir signé le commencement de la fin pour Custer et ses hommes.

La destruction de la compagnie C allait permettre aux guerriers de progresser vers Calhoun Hill et à engager les soldats de la compagnie L (Calhoun). Ils n'allaient pas tarder aussi à les déborder après avoir paniqué leurs chevaux.

 

Le dernier combat de Myles Keogh

 


Alors que les hommes de la compagnie L luttaient pour leur vie, derrière les crêtes à l'ouest, Crazy Horse rassemblait des centaines de guerriers autour de lui. Son but était de couper la compagnie I (Keogh) des soldats sur la Custer Hill et d'écraser toute résistance sur la Calhoun Hill. Mené par Crazy Horse, la charge anéantit les compagnies L et I. Keogh, qui fit preuve d'un courage extraordinaire, tenta de galvaniser ses hommes qu'il commandait depuis son cheval Comanche. Il en tombera blessé au genou par la balle d'un tireur indien et son cheval prendra la fuite. Avec deux soldats à ses côtés, il se battra jusqu'à la mort.

Seuls quelques isolés parviendront à atteindre la Custer Hill. Trois compagnies sur cinq avaient été anéanties. On peut imaginer facilement la démoralisation que cela porta aux soldats restés sur la Last Stand  Hill, à savoir les compagnies E et F, Custer avec son état-major, "l'hôpital", Boston Custer et Armstrong Reed. Tous durent comprendre que leurs chances de survie avaient singulièrement diminuée.

L'endroit était en plus peu sûr. S'il était le point le plus élevé du champ de bataille, c'était quand même une médiocre hauteur où une petite cuvette offrait un maigre abri au chirurgien du régiment et à ses patients. Des ravines et des ruisseaux à secs, des bouquets de yuccas permettaient aux Indiens de s'approcher et de tirer des balles ou de décocher des flèches en restant quasi-invisibles aux soldats. Ils se rapprochaient de plus en plus et causaient de lourdes pertes aux hommes de Custer

Custer lança une tentative désespérée pour apporter plus de sécurité sur Last Stand Hill. Peut être espérait il toujours voir arriver Benteen et transformer une défaite à présent certaine en glorieux échec? Toujours est-il qu'il donna l'ordre à la compagnie E  (Algernon Smith) de charger à pied vers Deep Ravine et de former une ligne de tirailleurs.

La contre-offensive prendra les indiens au dépourvu et les forcera à s'éloigner.

Temporairement...

Les indiens ne tardèrent pas en effet et à se regrouper et à attaquer, coupant la compagnie E de Custer et de la compagnie F. Le combat sera particulièrement violent, les guerriers refoulant les 28 hommes de la compagnie E dans la Deep Ravine. Ils feront pleuvoir sur eux une grêle de balles et de flèches et n'hésiteront pas pour certains à sauter du haut des bords de la ravine au milieu des soldats pour se battre au corps à corps.

L'attention des Indiens se tourna alors vers Last Stand Hill où se trouvait Custer, la compagnie F ou ce qu'il en restait et quelques survivants des compagnies détruites, c'est à dire peut-être une soixantaine d'hommes.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il n'y eût pas de charge de cavalerie balayant tout sur son passage. Les Indiens se contentèrent de tirer au fusil et à l'arc sur les soldats. Quand ils s'aperçurent qu'il n'y avait plus de riposte ou presque, ils attaquèrent à pied et achevèrent les blessés à l'arme blanche.

Pendant longtemps, on a cru que les derniers tués le furent sur "Last Stand Hill" , malgré les relations indiennes qui affirmaient le contraire. On sait aujourd'hui qu'ils disaient vrai. Une dizaine d'hommes, dont l'éclaireur Mitch Bouyer quittèrent dans les derniers instants Last Stand Hill dans une tentative désespérée de trouver une cachette et un espoir de survie sur les rives de la Little Big Horn. Ils partirent en courant en tentant de se dissimuler dans les ravines. Aucun d'eux n'y arriva, tous furent tirés comme des lapins, sans même esquisser un geste de défense.

Sur Last Stand Hill, un homme se leva brusquement le pistolet à la main, alors même que les guerriers et les femmes dépouillaient les morts de tout ce qui pouvait être utilisable avant de les mutiler. Il était blessé au bras gauche et brandit son pistolet à la figure d'un guerrier Lakota, mais n'avait plus la force de presser le détente. Calmement, ce dernier lui arracha son arme des mains, la retourna contre son propriétaire et lui fit sauter la cervelle. Certains historiens, par recoupements, pensent qu'il s'agissait de Thomas Custer, le frère du général.

Quelques hommes feignirent d'être mort. C'était un très mauvais choix. Tous furent tués. Le jeune Sioux Hunkpapa  Iron Hawk vit deux femmes, une vieille et une grosse,  qui avaient déshabillé un soldat mort. Alors qu'elles s'apprêtaient à l'émasculer, le "mort" se redressa soudain et lutta contre les deux femmes. Il les tenait à bout de bras et les faisait tournoyer tandis que l'une d'elle tentait en vain de le poignarder. La scène provoqua l'hilarité des guerriers présents jusqu'à ce que l'un d'entre eux mette fin au spectacle d'un coup de casse-tête qui fracassa le crâne du soldat". 

D'autres, sans doute des recrues de fraîche date, tentèrent d'apitoyer les Indiens en criant "Sioux, pity, take us prisonners". Aucun ne survécut plus de quelques minutes à sa capture. Il y avait de toute façon déjà un problème de langue : bien peu parmi les indiens comprenaient ne serait-ce que quelques mots d'anglais!

Il y aura aussi des suicides comme les deux hommes qui se tueront mutuellement devant un guerrier Lakota très choqué par ce comportement. Les Indiens connaissaient le suicide, mais préférer se suicider plutôt que se battre jusqu'au bout était pour eux une chose quasiment folle.

L'éclaireur Mitch Bouyer tenta de tirer profit des jours qu'il avait vécu avec les Sioux. Pris par un groupe de guerrier, il leur dit en Lakota : "Ne me tuez pas, je suis des vôtres". Les guerriers furent pris d'hésitation sur la conduite à adopter, mais l'un d'eux  répondit laconiquement : "Si tu es des nôtres, comment se fait-il que tu ait été avec eux?". Et il lui fracassa le crâne d'un coup de casse-tête.


Après la fin du combat, femmes et enfants envahirent le champ de bataille pour faire main basse sur tout ce que portaient les soldats. Les blessés furent achevés. Citons Black Elk  "Quand nous arrivâmes, tous les blancs avaient été abattus. Certains étaient encore vivants, agitant leurs jambes. Puis un grand nombre d'autres garçons nous rejoignirent. Nous prîmes nos arcs et tirâmes des flèches sur les blessés, les enfonçant avec nos mains lorsqu'elles ne pénétraient pas assez profondément dans leur chair. Je repérais un soldat qui vivait encore. Je voulais lui prendre sa veste, mais un autre homme arriva, me repoussa et s'empara du vêtement. Je vis alors un objet brillant accroché à la ceinture du soldat et je l'arrachai. C'était un objet jaune, avec une chaîne - il était très beau. Je ne savais pas ce que c'était. On aurait dit un ornement sacré. Il était gravé aussi lorsque je le ramenai chez moi. Je n'en servis comme d'un collier, parce que j'ignorais que c'était une montre. Par la suite, chaque fois que je regardai cette montre, j'avais l'impression de l'arracher à quelque chose."

 

On mutilait aussi les morts. Pas tous, mais beaucoup. Black Elk rencontra son père et le père de Black Wasichu. Black Wasichu avait été gravement blessé lors du combat. Furieux, le père de ce dernier, assisté du père de Black Elk ouvrit le ventre d'un soldat blanc. Black Elk rentra ensuite au camp : "J'étais très heureux. Je ne me sentais pas du tout désolé. J'avais su à l'avance ce qui allait se passer. Quand Reno avait chargé, j'avais pensé que les indiens étaient ma nation, qu'ils étaient comme des parents avec les Êtres-Tonnerre, que les soldats commettaient une folie en les attaquant, et qu'ils allaient en conséquence être détruits...".

 

Le lendemain, Standing Bear entendit un guerrier chanter le chant de victoire suivant, qui résume bien l'état d'esprit des indiens à la fin de cette journée du 25 juin 1876 :

 

"Un cavalier charge vers moi"

"Je l'ai laissé s'approcher"

"Lorsqu'il a été assez près, je l'ai abattu"

"Tout ça parce qu'il n'aimait pas ma façon de vivre"

 

Le 7ème de cavalerie avait en tout perdu 268 soldats, dont les 215 hommes accompagnant Custer et 32 blessés sur 647 hommes. En comptant les morts, il avait perdu 41% de son effectif engagé. Si l'on ajoute les blessés, on obtient 46%. Près d'un homme sur deux tué ou blessé et cela en moins de quatre heures!
Toute proportion gardée, c'est l'un des pires désastres subi par une unité américaine et un témoignage de l'habileté des guerriers indiens quand ils utilisaient le terrain à leur avantage.

En comptant les pertes des 25 et 26 juin, les indiens eurent entre 60 et 100 tués, dont, car il ne faut pas l'oublier, des femmes et des enfants. Ce chiffre vient d'un patient travail de collecte de la tradition orale Lakota, Cheyenne et Arapahoe . Bon nombre de ces pertes furent des blessés graves qui succombèrent de leurs blessures dans les jours ou les semaines suivant la bataille. La différence importante entre les pertes amérindiennes et celles des hommes de Custer s'explique en grande partie par une meilleure utilisation du terrain par les guerriers, qui profitaient du moindre abri pour se protéger des tirs des soldats.


La bataille achevée, les femmes et les enfants gagnèrent le champ de bataille couvert de morts et de blessés. Kate Big Head, qui était là, témoignera plus tard sans fausse hypocrisie : "J'ai vu plusieurs soldats blessés. Les indiens leur coupaient les mains et les pieds,. Ils faisaient la même chose aux morts, plusieurs femmes les ont aidé. Les blessés étaient achevés d'un coup de poignard Les femmes s'emparaient de tout ce qui était utilisable sur les soldats, laissant bien souvent les corps totalement nus". De jeunes garçons aidaient à achever les blessés ou criblaient les corps de flèches.

Ironie du sort, les cavaliers du 7ème de cavalerie avaient touché leur solde avant de partir, mais Custer ne leur avait pas laissé la possibilité de la dépenser. La prairie était semée de billets verts que les enfants indiens récupèrent pour faire des couvertures de selles à leurs poneys miniatures.

Le 26 juin, les Indiens apprirent qu'une nouvelle colonne de soldats venait vers la Little Big Horn. Les chefs de guerre décidèrent de se replier sans attaquer vers le sud. 

C'était la colonne du général Gibbon qui arrivait. Les officiers de ce dernier avaient été prévenu par l'éclaireur Crow Curley de l'extermination des hommes de Custer. Ils ne voulurent pas le croire et le prirent pour un lâche qui avait fuit avant le combat.

Ils arrivèrent dans la vallée de la Big Horn pour trouver l'emplacement d'un vaste camp indien qui était parti depuis peu. Ils y trouvèrent aussi des pièces d'uniformes et des têtes, des mains et des pieds de soldats américains. Ensuite, ils firent leur jonction avec les hommes de Reno et Benteen qui les accueillirent comme des sauveurs.

Tout le monde se demandait où se trouve Custer, mais la journée du 27 juin est employée à acheminer les blessés vers le vapeur "Far West" qui s'est approché au plus près en remontant le Yellowstone.

Ce n'est que le 28 qu'ils partent à la recherche de Custer et de ses hommes en remontant vers le nord dans la direction qu'il avait prise en quittant Reno. Tous savent alors que Custer à été vaincu. Si la bataille avait été pour lui un succès, il serait venu au secours des hommes de Benteen et Reno, tous en sont convaincu. Mais aucun ne pense que Custer et tous ses hommes sont morts. Tous pensent que comme eux, ils se sont retranchés sur une colline et ont subi un siège. Plusieurs pensent que les coups de feu entendus le 25 était le bruit du combat d'une arrière-garde couvrant son repli de la vallée.

Aussi, le choc est terrible quand ils découvrent le champ de bataille. Non seulement beaucoup de corps ont été mutilés, mais la chaleur des journées de ce mois de juin a favorisé la décomposition des corps des hommes et des chevaux, faisant régner une puanteur atroce sur les lieux.

Le lieutenant Godfrey verra de loin ce qui lui semblait être "des petits rochers blancs" : il s'agissait des cadavres nus  de ses camarades. Emu, le capitaine Weir soufflera : "Regardez comme ils sont blancs, comme ils sont blancs....".

Custer reposait sur Last Stand Hill, avec une blessure à la poitrine juste au-dessus du coeur. et une autre à la tempe gauche, complétement nu et avec "un air paisible sur le visage". Son corps n'avait pas été mutilé suite à l'intervention de femmes Cheyennes qui l'avaient reconnu. Les Cheyennes, s'ils n'avaient pas apprécié l'attaque de la Washita, avaient par contre été impressionné par l'humanité avec laquelle il avait traité leurs parents captifs. Ils l'en avaient remercié, mais lui avaient conseillé de ne plus jamais les affronter au combat, car ils le tueraient. Cependant, comme il n'avait pas été capable d'entendre ces paroles, les femmes Cheyennes lui percèrent les tympans "pour qu'il puisse entendre" et lui coupèrent le jarret droit, celui sur lequel un cavalier prend appui pour monter en selle, de telle manière qu'il ne puisse pas monter à cheval contre eux dans l'autre monde. Par contre, s'il n'avait pas été scalpé, c'est parce qu'il était presque chauve si l'on en croît un témoignage indien.

Le corps horriblement mutilé de son frère Thomas n'était pas très loin de lui. On l'identifia grâce à un tatouage. Certains pensent que ls indiens s'acharnèrent particulièrement sur son corps parce qu'il avait des pantalons avec une bande rouge sur le côté qui les laissa penser que c'était lui qui commandait les soldats. On trouva aussi au pied de la Custer Hill les corps de Boston Custer et d'Armstrong Reed. Bien des corps ne furent pas identifié, les indiens ayant fait main basse sur les objets personnels. On, se donna en plus surtout du mal pour identifier les corps des officiers, mais on fit moins d'effort pour les simples "troopers".

La seule créature vivante qu'ils trouveront sera Comanche, le cheval de Myles Keogh, du moins d'après la légende. Il y avait en effet encore sur le champ de bataille des chevaux dans un tel état qu'ils furent vite achevé. Le pauvre animal était couvert de blessures et criblé de flèches, mais toujours vivant. Fait extraordinaire, les vétérinaires réussiront à le sauver. Il bénéficiera le reste sa vie d'un traitement de faveur : écurie particulière, aucune corvée. Il défilait en tête de toutes les parades du régiment et personne n'avait le droit sous quelque prétexte que ce soit de le monter. Il décédera âgé de 22 ans en 1890 et aura droit aux honneurs militaires avant d'être embaumé. Il est aujourd'hui exposé à l'Université du Kansas.

L'enterrement des victimes fut du plus sommaire : les soldats n'avaient pas de pelles et tous craignaient un retour offensif des indiens. Bien souvent les morts ne furent ensevelis que sous des mottes de terre et le nom du défunt (quand on le connaissait) hâtivement écrit sur une planche. Puis ils quittèrent le plus vite possible le champ de bataille.

 

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D) L'histoire des "Suicides Boys"

 

Evoquons d'ailleurs un fait peu connu qui a été caché pendant près de 90 ans. 4 guerriers Cheyennes et 20 Sioux firent le voeu de combattre jusqu'à la mort les troupes américaines. C'est surtout le sacrifice des quatre Cheyennes qui est connu : il suffit aujourd'hui de taper sous Google " Cheyenne Suicide Boy" pour en trouver la trace. Trace qui a bien failli se perdre à jamais, car pour d'obscures raisons jusque dans les années 1960 aucun indien Cheyenne n'en parla ouvertement. On n'en trouve des indices que dans les mémoires de Wooden Leg, un guerrier Cheyenne dont la biographie fut écrite en 1931 par Thomas Marquis.

Il faudra le patient travail d'un historien Cheyenne, petit-fils de Lame White man, l'un des combattants de lla Little Big Horn : John Stands In Timber, pour qu'elle soit révélée.

L'histoire qu'il a recueilli commence sur la Little Big Horn le jour précédent la bataille. Les indiens savaient déjà que les soldats étaient en route pour les attaquer. Ils les attendaient de pied ferme et espéraient le combat.

Ce jour là, des Sioux annoncèrent qu'il se battraient jusqu'à la mort. Des guerriers pouvaient en effet, souvent suite à une humiliation (mais pas obligatoirement) pouvaient décider de proclamer ce voeu. A la suite de celui-ci, ils devaient attaquer les premiers  l'ennemi et le combattre sans esprit de recul. Bien évidemment, ils avaient toutes les chances (si je puis dire!) de se faire tuer. Les Cheyennes, qui pensent avoir créé ce sacrifice l'appelaient "La danse des Morts". C'était souvent des pauvres qui l'accomplissaient. Ils n'avaient le plus souvent comme arme qu'un arc, des flèches et un casse-tête. S'ils avaient un fusil, c'était souvent une arme hors d'âge qui leur avait été prêtée ou donnée.

Quatre Cheyennes décidèrent de faire ce voeu : Little Whirlwind, Cut Belly, Closer Hand et Noisy Walking.

Little Whirlwind avait 30 ans, aucune femme et enfant. Cut Belly 20 ans, Closer Hand et Noisy Walking seulement 15 ans.

Les indiens dansèrent toute la nuit en l'honneur de ces braves, ignorant que Custer comptait les attaquer le lendemain...

Le matin du 25 juin, les "Suicide Boys" paradèrent à travers le camp indien, accompagnés d'un vieillard qui disait aux habitants du village "de bien regarder ces jeunes hommes. Ils ne reviendront pas de la prochaine bataille."

La parade se déroulait encore quand on apporta la nouvelle que le camp des Hunkpapas était attaqué par les hommes de Reno.

Comme je l'ai déjà indiqué, Reno et ses hommes se replièrent en désordre vers les collines surplombant la Little Big Horn. C'est à ce moment là que Little Whirlwind chargea l'un des éclaireurs Arikaras de Reno : les deux hommes firent feu en même temps et s'entretuèrent.

La déroute de Reno fit que les Indiens tournèrent leur attention vers les hommes de Custer. Des Sioux portèrent le message à travers le village indien qu'il fallait se tenir prêt à combattre et regarder les "Suicide Boys Lakotas". Ces derniers s'élancèrent vers les soldats, suivit par d'autres guerriers qui espéraient les rejoindre dans un combat au corps à corps contre les soldats. Ces derniers furent submergés.

Les "Suicides Boys" Cheyennes entrèrent en action près de la conclusion du combat. Ils galopèrent vers les soldats sur Custer Hill pour disperser leurs chevaux. Ils chargèrent carrément au milieu des soldats qui vidèrent leurs armes sur eux. Ces derniers n'eurent pas le temps de recharger qu'une vague de guerriers arrivaient chez eux armés de casse-têtes et de hachettes alors que les soldats n'avaient que leurs armes déchargées et des coutelas.

Aucun des "Suicides Boys" Cheyennes n'échappa à la mort, mais leur sacrifice sera le dernier clou dans le cercueil de Custer et de ses hommes. Par l'effet d'entraînement moral qu'ils eurent sur les autres guerriers, ils enlevèrent à Custer la possibilité d'organiser une résistance similaire à celle de Benteen et de Reno.

Closer Hand trouva la mort au pied de Last Stand Hill. Noisy Walking décéda le lendemain de ses blessures dans le tepee de son père. Cut Belly rendit son dernier soupir quelques jours plus tard sur la Powder River.

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Little Big Horn (2) Suites et polémiques

Little Big Horn (3) Le cas Frank Finkel : seul rescapé des hommes de Custer ou mystificateur?

Little Big Horn (4) : Légendes et fantômes

 

 



24/05/2023
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