L'ours polaire

L'ours polaire

Les Cherokees, ceux qui vivent dans les montagnes

LES CHEROKEES

 

 

 

A l'origine

 

Cultivateurs de langue iroquoise, les Cherokees étaient la grande nation indienne du sud-est des Etats Unis. Ils habitaient l'ouest des Carolines, le nord de la Georgie et l'est du Tennessee.

Ils croyaient être issu d'une grande île qui avait été englouti sous les flots et il semblerait que leur territoire initial se soit situé dans la région des Grands Lacs. Ils se nomment eux-même « Tsalagi »

Habiles agriculteurs, ils faisaient la culture de la fève et surtout de plusieurs sortes de maïs, de citrouilles, de courges, du tournesol, du tabac et de gourdes, et cela depuis environ l'an 1000 avant Jésus-Christ.

Pour eux, la nouvelle année commençait avec la « Danse du Maïs Vert » qui est toujours célébrée de nos jours, montrant l'importance de l'agriculture pour ce peuple. Ils étaient aussi d'habiles vanniers et ont gardé la connaissance de ce savoir traditionnel.

Ils chassaient aussi le cerf, l'élan et les ours ainsi que des animaux de taille plus réduite tels que les ratons laveurs, les lapins, les écureuils pour lesquels ils utilisaient des sarbacanes.

Ils pêchaient aussi à l'aide de harpons, de filets et de nasses, et complétaient leur alimentation par la cueillette des fruits et des racines.

A partir du début du 17e siècle, ils se procurèrent du cuivre en provenance de la région des Grands Lacs.

Les Cherokees utilisaient les ceintures de wampum pour envoyer des messages.

Les Cherokees jouaient à de nombreux jeux, dont un jeu de balle nommé « Jeu de la Crosse », très populaire chez les tribus du sud-est des Etats-Unis..

Les jeunes Cherokees devaient charmer leur belle en jouant sur  une flûte faite par eux. Souhaitons qu'ils aient été tous doués pour la musique !

La polygamie était pratiquée et les unions se faisaient aussi simplement que les séparations. Il est à signaler que des mariages entre Cherokees et blancs se sont souvent pratiqués à partir du 18ème siècle. Ces unions étaient vues comme un moyen de nouer des alliances et d'avoir un accès facilité aux marchandises européennes. Les enfants de telles unions étaient considérés comme des Cherokees à part entière et beaucoup d'entre eux parvinrent à des positions de premiers plans.

Il y aura aussi des unions entre des Cherokees et des afroaméricains, principalement lorsqu'au début du 19ème siècle certains Cherokees auront des esclaves pour leurs plantations.

Leurs ennemis traditionnels étaient les Delawares et la Ligue iroquoise.

 

 

Organisation


Les Cherokees étaient divisé en sept clans matrilinéaires A l'arrivée des Blancs, un huitième (les Keetoowahs) fut créé. Il faut d'ailleurs signaler que pour les Cherokees les nombres quatre et sept (les quatre directions, les sept clans) étaient sacrés. Chaque ville (en tout 200) Cherokee était dirigée par un gouvernement « rouge » et un gouvernement « blanc ». En temps de guerre, c'est le gouvernement « rouge » qui détenait l'autorité, en temps de paix, c'était le « blanc ». Ces villages permanents étaient établit le long de cours d'eau qui servaient de voie de communication et comprenaient de 30 à 60 maisons entourant une vaste « maison du conseil ».

Les assassinats se payaient « sang pour sang » dans l'ancienne société Cherokee. Si un membre d'un clan était tué par celui d'autre clan, le clan de l'assassiné avait le droit de prendre la vie de n'importe quel membre du clan auquel appartient l'assassin.

 

 

Religion traditionnelle

 

Peuple religieux, les Cherokees croyaient en un Grand Créateur qu'ils désignaient par de nombreux noms (Grand Esprit, Grand être, L'homme d'En-Haut…). Pour en revenir aux quatre directions, chacune d'entre elles était la demeure d'un esprit placé là par le Créateur pour être son messager.

Ces quatre directions avaient chacune une couleur et un symbolisme. L'Est était associé au rouge, au triomphe et au succès, le Nord au bleu, à la défaite et aux événements néfastes, l'Ouest à la couleur noire et à la mort, le Sud au blanc, à la paix et aux événements heureux. Trois directions étaient parfois ajoutées : en-haut (jaune) ; en bas (brun) et au centre (vert).

 

 

Les changements culturels au 19ème siècle

 

Le Cherokee le plus célèbre de l'histoire et sans nul doute Sequoyah (1760-1843), qui mit au point une écriture Cherokee de 86 caractères (1821) qui est encore en usage de nos jours. Sa célébrité fut telle que l'on donna son nom au fameux cèdre rouge géant de Californie : le sequoyah.

Sous l'influence des colons européens et la crainte de perdre leurs terres, les Cherokees s'étaient en effet mis à suivre les manières des blancs : ils avaient des écoles, des plantations et des esclaves noirs. Ils abandonnèrent les huttes pour des maisons à l'européenne et leurs vêtements traditionnels pour des tenus similaires à celle des colons.

 

Tous ne suivirent pas cette voie, la nation Cherokee se divisant entre les « novateurs » et les « traditionalistes ». Elle ne suffira d'ailleurs pas à sauver leurs terres convoités par des spéculateurs, des planteurs et des aigrefins de tout acabit. Ceux ci furent aiguillonnés par la découverte d'or sur leur territoire, ils furent chassés au mépris de toute justice et malgré l'opposition d'une parti du Congrès à l'ouest du Mississipi (Oklahoma) dans un exode forcée resté dans l'histoire comme « La Piste des Larmes » (1838). Seule une minorité de Cherokee  échappera à cette déportation, comme nous le verrons plus loin.

 

Obligés de vivre en Oklahoma, les Cherokees « occidentaux » y reconstruisirent leur société. Mais une nouvelle fois, leurs terres allaient être convoités par les spéculateurs et les colons. En 1887, le Dawes Allotment Act supprima d'un trait de plume leur territoire et le répartit en parcelles individuelles entre ses habitants, le surplus de terres (les meilleures !) étant vendues par lots à des colons, au grand bénéfice de certains, mais pas des Cherokees !

 

 

Démographie et situation actuelle

 

A l'arrivée des européens, on estime le nombre des Cherokees à plus de 40000 (1650)

En 1738, on comptait 20000 Cherokees, mais cette année là, la petite vérole en tua la moitié ! Après plusieurs guerres et une nouvelle épidémie, ils n'étaient plus que 9000 en 1783, toutefois, dès 1800, ce chiffre était remonté à près de 12000.

Les Cherokees de l'Est (Caroline du Nord) étaient 13000 environ en 2000. En tout, on estimait en 2000 à 400000 le nombre de Cherokees. Au recensement de cette année là, 729533 personnes se considéraient comme Cherokees « totalement ou par ascendance ».

 

Les Cherokees de l'est sont plus attachés et plus proches de leur culture traditionnelle que ceux de l'Ouest.

On trouve aussi des groupes n'ayant aucune reconnaissance fédérale qui se revendiquent comme « Cherokees ». Ces groupes sont :

-         la « Northern Cherokee Tribe of Indians of Missouri and Arkansas » qui se présentent comme descendants de Cherokees « Old Settlers » (émigrés à l'ouest du Mississipi avant la « Piste des Larmes » ;

-         la « Northern Cherokee Nation of the Old Louisiana Territory », qui prétend à la même origine que ci-dessus ;

-         les « Texas Cherokees », qui se donnent comme les descendants de Cherokees qui se seraient réfugiés dans les forêts de l'Est du Texas après la guerre entre eux et la République Indépendante du Texas en 1839 ;

-         les Cherokees de Georgie, reconnus comme tel par l'état du même nom, mais pas par le gouvernement fédéral ;

-         la « Georgia Tribe of Eastern Cherokee », elle aussi reconnue par l'état du même nom ;

-         la « Tallige Cherokee Nation » (Ohio) qui dit être formé de descendants de Cherokees qui sont parvenus à s'enfuir des convois les emmenant vers l'Ouest à l'époque de la « Piste des Larmes ». Non reconnus fédérale ment, ils l'ont toutefois été par l'état d'Ohio ;

-         la « Southeast Kituwah Nation » de Georgie ;

-         les « Cherokees Indians of Georgia » . Ces derniers sont reconnus comme tel par l'état éponyme, mais n'ont pas la reconnaissance fédérale pour laquelle ils luttent depuis 1977. Ils se présentent comme les descendants de Cherokees qui auraient pu échapper à l'exode forcé ;

-         la « Tennessee River Band of Chickamaugan Cherokees », dont l'effectif est tenu secret ( !) et qui aurait des membres largement dispersés à travers les Etats Unis.

-         La « Sovereign Amonsoquath Tribe of Cherokee », elle, se définie, comme des descendants d'indiens Powhatans qui auraient accompagnés ou précédés les Cherokees vers l'Ouest. Etabli dans le Missouri, ce groupe recherche actuellement la reconnaissance fédérale ;

-         Un autre groupe, constitué de gens de descendance et de culture Cherokee s'est formé en Californie et sur la côte ouest . Non affilé à d'autres groupes, il ne cherche pas une quelconque reconnaissance, mais se présente comme une association à but non lucratif. Il tire son origine de communautés Cherokees qui quittèrent l'Oklahoma pour chercher de meilleures conditions de vie lors des « Dust Bowl » des années 1930 (voir « Les raisins de la colères » de Steinbeck ou le film de John Ford (même titre, 1940)

-          

Il ne nous appartient pas ici de polémiquer sur la véracité de ces filiations. Certains de ces groupes ont de solides arguments historiques et culturels pour défendre leurs origines Cherokees. Savoir s'ils peuvent remonter le fil de leur histoire tribale sans que celle-ci ne soit interrompue et une autre histoire.

 

La langue Cherokee est aujourd'hui parlée et lue par plus de 15000 membres de la tribu, tant à l'ouest qu'à l'est.

 

 

 

Sites Internet :

http://ngeorgia.com/history/cherokee.html

http://www.yvwiiusdinvnohii.net/Cherokee/CherokeeCulturalTidbitsIndex.html

http://www.native-languages.org/cherokee_culture.htm

 

 

HISTOIRE

 

Premières rencontres avec les européens

 

Rencontrés par le conquistador espagnol De Soto en avril 1540, les Cherokees étaient la   grande nation indienne du sud-est des Etats. Lorsque les troupes de ce dernier entrèrent dans le premier village Cherokee qu'ils rencontrèrent, ils le trouvèrent désert. Avertis par d'autres peuples amérindiens des exactions commises par les Espagnols, les habitants avaient jugés bon de ne pas les attendre, ne laissant sur place que les impotents ! Ne trouvant ni or, ni nourriture, ni esclaves, les Conquistadors reprirent leur route, mais furent mieux accueillis dans les villages suivants. Cependant, il n'y avait toujours pas d'or, aussi ils reprirent rapidement la route après avoir goûté l'hospitalité des Cherokees. Les Espagnols reviendront dans la région en 1566, sans plus de succès et jusque dans les années 1690, ils y retourneront secrètement pour tenter de trouver le précieux métal jaune.

Les Cherokees n'eurent leurs premiers contacts suivis avec des européens qu'à la fin du 17e siècle, même s'ils eurent des contacts avec des commerçants anglais dès 1629. Pour se procurer les marchandises européennes et les armes à feu dont ils avaient besoin (ils en avaient depuis les années 1670), ils chassaient intensivement le cerf pour fournir en peaux et guerroyaient contre d'autres tribus pour donner des esclaves indiens à leurs contacts anglais. Ces derniers étaient des Catawbas, des Choctaws, des Chickasaws, des Iroquois ou des Creeks. Pour se protéger eux-mêmes contre ces peuples devenus hostiles (on les comprend !), les Cherokees fortifièrent leurs villages.

En même temps se développaient une hostilité inexpiable entre les Cherokees et les colons de Virginie à partir de 1654. Inquiets de la puissance et de la menace représentée par les Cherokees, ils les attaquèrent cette année-là avec le concours des Pamunkeys, mais furent lourdement défaits.

Gênés par cette situation de guerre permanente, les commerçants anglais servirent d'intermédiaires entre les Cherokees et les Iroquois et la paix fut signée avec la Ligue Iroquoise en 1706.

 

Durant les guerres franco-anglaises



 

 

Les Cherokees servirent alors de mercenaires aux français contre les Mobiles et aux anglais de Caroline contre les Catawbas. Les prétentions des Iroquois qui voulaient les réduire au statut de tributaire ralluma la guerre entre eux et la Ligue Iroquoise. On verra alors les Cherokees participer avec d'autres tribus, aux côtés des colons anglais, à la guerre d'extermination lancée contre les Tuscaroras qui n'auront d'autre choix que de fuir sur le territoire de la Ligue Iroquoise pour sauver leurs vies (1711-1713).

En 1721 fut signé le premier traité d'une longue série. Les Cherokees cédèrent des terres à la colonie de la Caroline du Sud contre des avantages commerciaux.

 

A la même époque, les français atteignirent le territoire Cherokee et y fondèrent Fort Toulouse (près de Montgomery, Alabama). Ils avaient pour eux l'avantage de traiter les  indiens avec plus de considération que les colons anglais qui ne voyaient en eux que des sauvages méprisables. Les Cherokees le sentirent et peu à peu l'influence française se mit à croître chez eux. Des commerçants français avaient pourtant atteints les territoires Cherokees dès 1707, mais leur influence était réduite parce qu'ils devaient traverser les territoires des Chickasaws (qui leurs étaient hostiles), et avaient des marchandises plus chères et de moindre qualité que celles que proposaient les Anglais.

En 1730, soumis à des pressions « amicales » et abondamment arrosés de cadeau par Sir Alexander Cuming, 300 chefs Cherokees reconnurent le Roi d'Angleterre Georges II comme leur souverain. Un peu plus tard, il leur fit reconnaître le chef Moytoy comme « empereur des Cherokees » ! Le tout avait pour objet de tenir les Cherokees éloignés de l'influence française. Les Cherokees devaient en plus ne commercer qu'avec les anglais, restituer les esclaves évadés qui avaient trouvés refuge chez eux et expulser tout les blancs non-anglais de leur terres.

 

En 1736, un catholique français, Christian Priber, s'installa chez les Cherokees, apprit leur langue et commença à prêcher chez eux le christianisme catholique. Il ne tarda pas à être capturé par les anglais qui l'envoyèrent en prison à Charleston, bien que sa prédication n'eut reçu aucun écho ou presque ! Il faudra en fait attendre 1773 pour voir les premiers Cherokees se convertir au christianisme.

 

En 1738, une grave épidémie de petite vérole entraîna la mort de 50% de la nation Cherokee. Beaucoup d'entre eux se suicidèrent, car, très fiers de leur apparence, ils ne supportaient pas les cicatrices que la maladie laissait sur leur visage. L'impuissance des prêtres-guérisseurs traditionnels contre cette maladie ruina leur influence.

 

Jusque dans les années 1750, chaque ville des Cherokees était autonome par rapport aux autres, ce qui permettait aux européens de les dresser les unes contre les autres selon leur intérêt du moment. Prenant conscience de ce fait, les différentes villes Cherokees décidèrent de s'unir et choisirent comme capitale la ville d'Echota dont le chef, Old Hop, devint le chef principal des Cherokees. Ceci donna plus de force aux Cherokees pour résister aux pressions des colonialistes et leur permit de contrôler les groupes Cherokees, qui, placés aux frontières, menaient une guerre d'escarmouche contre les colons anglais. Dès cette époque des routes avaient été ouvertes, permettant de pénétrer jusqu'au cœur du pays Cherokee.

Ces affrontements étaient particulièrement nombreux et intenses dans l'ouest des deux Carolines et portaient préjudice à l'ensemble des Cherokees bien que seuls des groupes isolés en portaient la responsabilité.

 

En 1755, le Grand Conseil des Cherokees signa un traité d'alliance avec les anglais, autorisant notamment la construction de forts sur leurs terres. Toutefois, lorsque la guerre de Sept Ans entre la France et l'Angleterre éclata (1756-1763), la majorité des Cherokees se rangea du côté des français, car ils étaient furieux à la suite du massacre d'une vingtaine des leurs tués, mutilés et scalpés par les Caroliniens. Les anglais ripostèrent en attaquant les Cherokees en 1759-1761, forçant des milliers d'entre eux à se réfugier dans les montagnes, détruisant leurs villes, leurs récoltes et emmenant les prisonniers en esclavage. Epuisés, les Cherokees durent signer la paix (1761) et se tinrent à l'écart des combats jusqu'à la fin de la guerre de Sept Ans. Ils ne prirent pas part non plus à la révolte de Pontiac (1763), d'autant qu'une nouvelle épidémie les décima cette année-là.

 

 

Sous la pression des colons

 

Pour compenser leurs pertes en terres devant les colons, les Cherokees tentèrent d'en prendre aux Chickasaws, mais échouèrent piteusement (1769). Cherchant des alliés pour résister à la poussée des Blancs, ils s'allièrent aux Creeks et aux tribus de l'Ohio (1770), mais demeurèrent neutres lorsque la guerre éclata (1773-1774).

Pendant ce temps la poussée des  colons s'intensifiaient et une série de traités plus ou moins conclu par tromperies (corruption, extorsion…) entre 1770 et 1775 enlevèrent aux Cherokees des parties importantes de leur territoire.

 

Ces derniers recoururent alors au même procédé que les Iroquois : ils cédèrent des terres ne leur appartenant pas ! Celles-ci appartenaient en fait aux Shawnees qui entamèrent une lutte désespérée de plus de quarante ans pour les conserver.

 

Durant la guerre d'Indépendance Américaine (1776), la majorité des Cherokees demeurera neutres à l'exception des Chickamaugas Cherokees qui seront du côté des anglais. Ces derniers iront jusqu'à leur proposer des récompenses contre les scalps des colons révoltés et avaient d'autant plus d'influence qu'ils étaient installés au sein même des villages avec souvent une épouse Cherokee. Les Insurgents répliqueront en lançant contre les Cherokees une véritable guerre d'extermination. Leur offensive détruira près des deux tiers des villes Cherokees, envoyant des milliers de fuyards vers les montagnes où ils vivaient dans la faim et la peur. Abandonnés par les britanniques, ils devront déposer les armes en 1782, et comble de malheur, subiront une nouvelle épidémie de choléra qui entraînera dans la tombe le tiers de leur population, réduisant celle-ci à 9000 âmes. Inévitablement, ils subiront aussi de nouvelles pertes territoriales qui amoindriront encore leur territoire.

 

 

Premiers départs vers l'ouest du Mississipi

 

Les Chickamaugas, soutenus en sous-main par les Espagnols, restaient quant à eux hostiles aux américains, combattant pour l'Ohio aux côtés des Shawnees et menant sans cesse des raids contre les colons. Abandonnés par les Espagnols qui avaient décidés de régler par la diplomatie leurs problèmes frontaliers avec les Etats-Unis, la majeure partie des Chickamaugas partit s'installer entre 1794 et 1799 à l'ouest du Mississipi dans l'Arkansas alors espagnol, mettant fin à la guerre entre eux et les Etats Unis.

En 1808, plus de 2000 Cherokees étaient établis avec la bénédiction espagnole (puis française, puis américaine !) dans le nord de l'Arkansas et le sud-est du Missouri qu'ils disputaient aux Osages.

 

En 1801, une mission Morave s'établit parmi les Cherokees de Georgie et commença à les évangéliser. A partir de cette date, de plus en plus de Cherokees se convertirent au christianisme.

 

Dès 1808, les résidents de certaines villes Cherokees, pour fuir la pression et les menaces des colons blancs, allèrent s'installer à l'ouest du Mississipi dans l'Arkansas et l'Oklahoma, recevant ainsi le surnom de « Old Settlers » par rapport aux Cherokees qui furent forcés à s'établir dans ces région après la « Piste des Larmes ». En 1817, un traité avec les Etats Unis donna le statut de réserve à leurs terres d'Arkansas et ils se joignirent contre les Osages aux Chickamaugas qui les avaient précédés. Inquiets des désordres engendrés par les hostilités entre les deux tribus et sensibles aux demandes des colons qui demandaient leur éloignement, le gouvernement américain leur proposa en 1828 d'échanger leurs terres d'Arkansas contre d'autres en Oklahoma. Ils acceptèrent et furent tous installés dans cette région en 1833.

Pendant ce temps, durant la guerre de 1813-1814 qui vit s'opposer dans la région les anglais et leurs alliés Creeks aux américains, les Cherokees orientaux choisirent le camp de ces derniers, celui des vainqueurs et demeurèrent sourds aux appels de Tecumseh (1811).

 

 

Pour sauver la terre

 


 

Sachant leurs terres menacées par les appétits des colons, ils tenteront de sauver celles ci en adoptant majoritairement le mode de vie des blancs, créant une écriture (1821), une constitution (1827), des écoles, des plantations et en pratiquant l'esclavage des noirs. Ils édicteront aussi une loi en 1819 interdisant à un blanc d'épouser une Cherokee sans une autorisation spéciale et en donnant à l'épouse tous les droits de propriété sur les terres. Ils décideront même de donner, avec 120 ans d'avance par rapport aux Etats Unis, autorité aux femmes Cherokees pour disposer ou vendre de leur propriété. Ils adopteront aussi une législation sur le commerce des alcools et les jeux en 1822.

 

En 1825, ils abandonneront leur capitale d'Echota pour une ville « à l'européenne » : New Echota. C'est là que sort en 1828 le premier journal en langue Cherokee et en anglais : le « Cherokee Phoenix », premier journal indien de l'histoire.

 

 

La Piste des Larmes

 


 

Cela ne les sauvera pas, malgré l'habileté diplomatique et la fermeté de leur chef John Ross,  un métis qui n'avaient certes qu'un huitième de sang Cherokee, mais qui était décidé à sauver son peuple! Le fait qu'ils aient été reconnus comme « civilisés » ne pouvait rien contre les appétits des spéculateurs, surtout depuis l'annonce de découverte d'or dans leur territoire (1829). Déjà des 1802, Thomas Jefferson suggérait d'installer les indiens de l'est du Mississipi à l'ouest de ce fleuve. L'arrivée au pouvoir en 1828 du Président Jackson, qui avait combattu les anglais et les Creeks aux côtés des Cherokees ne fit qu'aggraver la situation, l'homme étant un ardent partisan du « Removal Act » des indiens. Il laissa par exemple l'état de Georgie éteindre unilatéralement les droits de propriété des Cherokees sur les terres revendiquées par cet état, leur retirer toute protection juridique (ce qui faisait que l'on pouvait les voler, les violenter ou les tuer impunément) et diviser en lots de terres leurs possessions (1828-1830) ! Avec détermination, John Ross prit le chemin de Washington et parvint à gagner à sa cause des membres de la Cour Suprême. Celle-ci déclara illégale la décision d'expulser les Cherokees, mais n'avait aucun moyen d'action, Jackson ayant le contrôle de l'armée et de la police, ainsi que l'appui des milices et d'une bonne partie de la population des territoires concernés. John Ross sera arrêté et jeté en prison à son retour, les locaux du Cherokee Phoenix incendiés et la maison du plus riche des Cherokees, Joseph  Vann, confisquée par la milice de Georgie. Même la mission Moravienne ne fut pas épargnée et fut convertie en caserne. Les milices du Tennessee et de la Georgie faisait régner un véritable règne de terreur. Jugeant la situation désespérée, mais résolus à éviter un conflit,  plusieurs chefs cherokees, le Major Ridge et son fils, ainsi que leur neveu Elias Boudinot signèrent le traité de New Echota le 29 décembre 1835. Ils acceptaient de gagner l'Oklahoma dans un délai de deux ans contre cinq millions de dollars et la garantie d'un vaste territoire.

 

Mais seulement 350 des 17000 Cherokees avaient signés ce traité, aussi 16000 signèrent une pétition qui fut envoyé à Washington où Ross, sortit de prison, tentait tout ce qu'il pouvait pour contrer le « Removal ». Seulement Jackson était décidé à expulser les Cherokees, aussi Ross ne put que gagner du temps. S'appuyant sur la force des baïonnettes, le gouvernement américain envoya contre eux les 7000 hommes du général Scott, renforcés des milices du Tennessee et de Georgie. Ce gouvernement les déportera en 1838 à l'ouest du Mississipi au mépris de ses propres lois et principes, après les avoir entassé dans des camps d'internement aux conditions de vie si horribles que l'on ne peut que les appeler « camps de concentration » ! Dans cet exode hivernal, les décès seront tellement nombreux (4000 sur 16000) que l'événement n'est plus désigné que par le nom de « La Piste des Larmes ». Le gouvernement américain poussera le cynisme jusqu'à faire payer aux Cherokees les dépenses causées par leur déportation !

 

Seule une minorité réfugiée dans les montagnes de Caroline échappera à la déportation, mais c'était parce qu'elle avait abandonné sa nationalité Cherokee et accepté le morcellement de son territoire en prenant la nationalité américaine suite à des traités signés en 1817 et 1819 (d'autres Cherokees d'Alabama eurent la même chance) !

D'autres s'échappèrent et se réfugièrent dans les montagnes ou les zones d'accès difficile. L'armée américaine lança à leurs trousses d'autres Cherokees en leur promettant en échange de pouvoir rester sur leurs terres, mais en 1842 le gouvernement mit fin à cette chasse et les laissa où ils se trouvaient sans leur donner de statut. Les Cherokees de Caroline ne seront quant à eux à l'abri qu'en 1848 après une décision du Congrès rendue en leur faveur.

 

 

Vivre dans l'Ouest

 

Parvenus dans les conditions que l'on imagine à l'ouest du Mississipi, les Cherokees reconstituèrent leur état.

 

Les premiers à s'installer à l'ouest du Mississipi le firent dès 1803, date à laquelle ils chassaient sur l'Arkansas River pour la traite des fourrures, au voisinage des Arikaras et des Mandans qui furent très contrariés de devoir partager leurs territoires de chasse avec les nouveaux arrivants.

 

Les déportés s'installèrent dans les territoires qui leurs avaient été assignés en Arkansas (où ils retrouvèrent des « Old Settlers » établis là avec l'accord de Washington depuis 1817) et en Oklahoma, tandis qu'un fort contingent s'installait au nord-est du Texas, alors Mexicain.

Ces derniers comptèrent parmi leurs chefs Samuel « Sam » Houston, homme qui allait contribuer à l'indépendance du Texas, puis à son ralliement aux Etats-Unis. Les Cherokees eux assisteront à ces événements en se cantonnant dans une prudente neutralité.

 

D'autres Cherokees avaient alors déjà quitté l'Oklahoma pour le Texas. Appelés dans le nord-est de cet état pour servir de « tampon » entre eux et les Américains, ils s'installèrent en 1819 dans la région et reçurent des terres du gouvernement mexicain (indépendance du Mexique en 1821) en 1822.

 

En 1839, les Texans alors dirigés par le Président Lamar, tenteront de les chasser de leurs terres texane, ainsi que les Kickapoos et les Shawnees, bien que celles ci leur avaient été garantie par un traité signé en 1836 par Sam Houston, fondateur de la République du Texas. Celui-ci, ami des Cherokees avait en effet échoué à le faire ratifier par le Sénat de la république dont il était le fondateur !

 

Une lettre tombée entre les mains du gouvernement du Texas (dont le Président n'était plus Houston, rappelons-le) mit le feu aux poudres. Celle-ci détaillait les projets mexicains de lancer les indiens contre les Texans pour récupérer cette province.

Une expédition de 500 hommes fut envoyée contre les indiens du nord-est du Texas pour les repousser en Arkansas (juillet 1839). Décidément peu belliqueux, ceux-ci parlementèrent et acceptèrent de partir si on leur laissait faire leurs récoltes et qu'on leur paye les frais de leur déplacement. Mais tout buta sur une clause que les texans exigeaient et que les indiens refusaient : une escorte armée devait accompagner les indiens pendant leur départ du Texas et jusqu'en Arkansas.

Les pourparlers furent alors rompus et les Texans passèrent à l'attaque, tuant près de 100 indiens, dont le Chef Cherokee Bowl, forçant le reste à s'enfuir vers les terres Cherokees d'Oklahoma et d'Arkansas. Pendant l'hiver, un fort groupe commandé par le chef Egg et par John Bowles (fils de Bowl) tenta de gagner le Mexique. Intercepté par les texans, il fut taillé en pièces, Egg et Bowles furent tués, vingt-sept femmes et enfants capturés.

 

Les Cherokees, comme les autres tribus installées en Oklahoma étaient en outre en but aux prévarications des agents corrompus des Affaires Indiennes, qui les exploitaient et les escroquaient sans vergogne dans une impunité presque totale.

Il y avait en plus une « cerise sur le gateau », les divisions internes des Cherokees. Les 6000 « Old Settlers » qui avaient conquis leurs terres en combattant les Osages, Kiowas, Wichitas et Comanches virent d'un très mauvais œil l'irruption de 14000 Cherokees de l'Est. D'autant que ces nouveaux arrivants avaient majoritairement adoptés les us et manières des hommes blancs, alors qu'eux-mêmes étaient restés fidèles à la tradition Cherokee. Ces « New settlers » étaient d'ailleurs aussi divisés entre les partisans de Ridge, et ceux de Ross (qui avaient rappelons-le perdu 4000 des leurs sur la route de l'exode).

 

 La guerre civile ne tarda pas. Très vite, Ross, Ridge et Boudinot furent assassinés. Des partisans du traité de New Echota, seul Stand Watie (frère de Boudinot et neveu de John Ridge) allait en réchapper. Les Cherokees se divisèrent alors en deux groupes adverses : ceux de l'ouest (ou Keetowah), et ceux de l'est. Les hostilités, qui prenaient la forme dune guerre civile larvée durèrent six ans avant que les deux partis ne concluent un accord, grâce à l'intervention du Congrès des Etats-Unis. En 1846, ce dernier, inquiet de la situation, suggéra de diviser en deux la nation Cherokee. Ce fut suffisant pour ressouder celle-ci !

Les années 1850 furent un âge d'or pour les Cherokees d'Oklahoma, mais celui-ci n'allait pas durer bien longtemps.

 

 

La Guerre de Sécession

 

Les Cherokees prirent part à la guerre de Sécession avant même que celle-ci n'éclate et furent parmi les derniers à déposer les armes.

 

En 1857, l'armée américaine avait quitté le territoire Cherokee d'Oklahoma, laissant les Cherokees garder eux-mêmes leurs frontières. Deux ans après, des Cherokees traditionalistes créèrent la « Keetoowah Society », un groupement favorable à l'Union.

 

 La nation Cherokee était en effet dirigée à cette époque par une minorité de sang-mêlé très riche et puissante. Ceux ci vivaient comme les grands propriétaires de plantation du Sud, possédaient des esclaves noirs et ne cachaient pas leurs penchants pro-sudistes. La grande majorité des Cherokees n'avaient pas un tel de niveau de vie, ne possédait pas d'esclaves noirs et se souciait assez peu des problèmes de l'homme blanc, surtout s'ils étaient membres des « Old Settlers ».

 

 

Lorsque la guerre éclata entre le Nord et le Sud (1861), les Cherokees pro-Sudistes, sous la direction de leur chef Stan Watie créèrent le « Southern Rights Party ». Stan Watie prit en outre la tête d'une guérilla sudiste, organisant même un régiment Cherokee.

Les premières victoires de la Confédération incitèrent ensuite John Ross, le chef suprême de la nation Cherokee à se rallier au Sud, décision acclamée par 4000 Cherokees réunis à Tahlequah. Pire (ou mieux), ils déclarèrent la guerre au gouvernement de Washington le 28 octobre 1861. Chaque camp se mobilisa : les « New Settlers » constituèrent des unités qui combattirent sous le drapeau du sud contre les « Old Settlers » qui avaient opté pour le Nord. Notons que beaucoup de Cherokees de Caroline serviront dans les armées sudistes.

 

Pourtant, dès le premier affrontement à Bird Creek (9 décembre), beaucoup de Cherokees désertèrent, écœurés d'avoir tué d'autres indiens et se rendant compte qu'ils combattaient aux côtés de ceux qui les avaient expulsés de leurs terres d'origines trente ans plus tôt.

Le vent ne tarda pas d'ailleurs à tourner. La bataille de Pea Ridge (6, 7, 8 mars 1862) vit la défaite du Sud. La route du Territoire Indien de l'Oklahoma était ouverte pour l'Union. Pire, la Confédération laissa le soin aux seuls indiens de défendre l'ouest, rameutant la majeure partie de ses forces à l'est du Mississipi ! Il ne sera guère étonnant de voir les unités Cherokees se rendre et se rallier à l'Union. John Ross sera capturé le 15 juillet 1862 et envoyé en exil avec sa famille et quelques fidèles dans le Delaware pour la durée de la guerre. Bien entendu, l'Union réoccupa le Fort Gibson et le commandement militaire du Territoire Indien.

Entre temps, près de 2000 Cherokees avaient fuit les combats vers les terres neutres du sud-est du Kansas et y vivaient dans un grand dénuement, tandis que d'autres du bord opposé s'étaient réfugiés au Texas et en Arkansas.

 

C'est Stand Watie qui prendra le relais de John Ross en étant reconnu comme chef suprême des Cherokees par la Confédération. Il s'attachera à réorganiser les forces des Cherokees fidèles à la Confédération, fortement entamées par les désertions, créant deux régiments. Il prend alors l'offensive contre les troupes de l'Union et les indiens ralliés aux Nordistes. Aucun des belligérants ne fait de cadeau à l'autre et chaque troupe laisse derrière elle un sillage de dévastation.

 

Les Cherokees demeurés fidèles à Ross se rallient alors à l'Union et émancipent leurs esclaves (20 février 1863), chassant les partisans de Watie. Ce dernier n'a désormais plus les moyens en hommes et en matériel de mener une guerre classique et se lance dans des actions de guérilla. Il ne pourra échapper à la défaite d'Honey Springs malgré le soutien d'autres indiens ralliés au Sud (17 juillet 1863).

Après cette défaite, Watie se laissera « aspirer » dans une spirale de vengeance et de violence croissante, brûlant les principaux édifices de Taquelah (la capitale Cherokee) et la maison de John Ross et commettant nombre de destructions.

 

Le 10 mai 1864, la Confédération à l'agonie en fait un brigadier-général. Watie obtient en effet avec ses guérilleros des succès, chose rare pour le Sud à cette époque. Ainsi, le 19 septembre 1864, il s'empare d'un convoi militaire composé de 300 chariots, ce qui lui permet de rééquiper et de réapprovisionner ses hommes. Mais la fin était proche…

 

Le 9 avril 1865, le général Lee se rend à Appomatox et signe la reddition de toutes les forces Confédérées à l'Est du Mississipi. Le 10 mai, Jefferson Davies, le Président de la Confédération est capturé.

L'Union démobilise alors les soldats Cherokees le 31 mai 1865.

Mais, Stand Watie, lui continue sa guérilla, il ne signera sa reddition que le 23 juin, dernier des généraux de la Confédération à déposer les armes.

 

 

John Ross (ci-dessus), libéré, peut alors retourner en Oklahoma, mais une mauvaise surprise l'y attend. Outre sa maison détruite, il apprend que la Commission chargé de négocier la paix entre Washington et les Cherokees ne le reconnaît plus comme chef ! Il participera néanmoins aux négociations du traité de paix et décédera à Washington le 1er août 1866. Le traité entrera en application dix jours plus tard. Ce dernier châtiera durement les Cherokees pour avoir opté en premier lieu pour la Confédération, sans tenir compte de ceux qui avaient lutté pour l'Union. De larges parties du territoire Cherokee seront cédées pour permettre la construction de voies ferrées où l'installation en territoire indien d'autres tribus « relocalisées ».

 

 

Mort de la nation Cherokee d'Oklahoma

 

La paix revenue signifiait toutefois le temps de la reconstruction, or, les Cherokees se retrouvèrent à la fin de la Guerre de Sécession dans une situation comparable à celle de leur arrivée en Oklahoma, ils avaient d'ailleurs perdu dans l'affaire le quart de leur population. Il fallait tout reconstruire, et ils s'y attelèrent avec énergie, mais il ne retrouvèrent jamais la prospérité qu'ils avaient connu avant la guerre, même si la traversée de leurs territoire par les troupeaux texans empruntant la « piste de Chisholm » vers les gares du Kansas leur apportait un revenu complémentaire dans les années 1880.

 

En 1887, le Dawes Allotment Act entraînera la disparition de leurs terres. Les terres tribales seront en effet distribués entre les membres de la nation Cherokee malgré l'opposition unanime de toute la nation Cherokee qui multiplia les actes de résistance passive, le reste (c'est à dire 99,7%) tombant entre les mains de spéculateurs blancs qui les vendront à des colons pour leur plus grand profit (1889-1902). Cette « distribution » sera terminée en 1902, mais les Cherokees sauveront leur gouvernement tribal qui était supposé « s'autodissoudre » et tenteront même de fonder un état de l'Union « Indien » en 1905. Cette tentative échouera et l'état d'Oklahoma verra le jour en 1906, mais, en 1914, une décision du Congrès permit de au gouvernement tribal Cherokee de poursuivre son activité !

 

A la suite de ce traité, de nombreux Cherokees se feront dépouiller par des escrocs (blancs !) ou n'arriveront pas à payer les charges pesant sur leurs terres et se retrouveront sans domicile. Ils seront particulièrement nombreux dans les années suivant le Krach de 1929.

 

D'une manière générale, les Cherokees étaient l'objet d'attaques raciste et de discriminations. Par exemple, une loi de 1906 exigeait d'un indien propriétaire d'une parcelle de terre qu'il obtienne un permis certifiant qu'il était capable de la gérer seul, sinon c'est le gouvernement qui s'en occupait, ce qui veut dire qu'il pouvait la vendre sans l'accord de son propriétaire légitime et garder le montant de celle-ci, le « vendeur » n'étant pas capable de s'en occuper. On imagine les abus de toute sorte que permettait cette loi ! Certains des Cherokees, pour y échapper, cachèrent leurs origines afin de s'intégrer dans le monde des Blancs et disparurent ainsi des recensements.

 

 

Renaissance de la nation Cherokee

 

Pourtant, les Cherokees avaient collectivement reçu la nationalité américaine et le droit de vote en 1901. Profitant du « Indian Reorganisation Act », ils reconstituèrent leur gouvernement tribal en Oklahoma en 1948 et votèrent une nouvelle constitution tribale en 1976 et furent reconnus par le gouvernement fédéral.

 

Prenant le nom de "Cherokee Nation", ils ont depuis connu une expansion assez remarquable, multipliant les investissements dans des casinos, des entreprises, des fermes et des ranchs.

La Cherokee Nation a aidé ses membres à construire des routes, des ponts, des cliniques, des écoles et des universités. Elle a aussi lancé un programme de revitalisation de la langue Cherokee et apporte sa contribution financière au festival du cinéma indépendant américain de Sundance, dans l'Utah.

 

Ils admettent comme membre de la nation Cherokee toute personne pouvant prouver un lien avec les personnes recensées comme Cherokee sur les listes ayant servit à lotir les terres Cherokees au début du vingtième siècle, sans tenir compte de part de "sang cherokee".

 

Ceux de Caroline du Nord vivent en majorité dans ou autour de la "réserve" de Qualla. Réserve qui n'en est en fait pas une, car formée de terres rachetées au cours des ans par les Cherokees qui avaient échappé à la déportation, le tout géré par un "trust" placé sous le contrôle du Bureau des Affaires Indiennes et ce depuis 1876. Ils seraient aujourd'hui plus de huit mille.

 

Ils tirent l'essentiel de leurs ressources du tourisme et de l'artisanat et présentent avec un  succès grandissant un spectacle en plein air sur leur histoire "Unto these hills" (clip), et ce depuis 1950. Ce spectacle, ainsi que leur casino, leur hôtel, leur hôpital et leur centre de loisirs leur ont rapporté 78 millions de dollars en 2005.

 

L'United Keetowah Band of Cherokees Indians en Oklahoma forma son propre gouvernement tribal en 1934 en profitant de l'Indian Reorganisation Act et furent reconnus par le gouvernement fédéral en 1946. Ils descendent d'Old Settlers et n'acceptent parmi eux que des gens possédant au moins 25% de "sang cherokee". Ils sont au moins 12000 et vivent presque tous en Oklahoma. Ils possèdent des casinos, des débits de tabac, des stations essence et des boutiques d'artisanat. Ils ont aussi leurs propres plaques minéralogiques!

 

Depuis 1984, les Cherokees de l'est et de l'ouest tiennent des conseils communs une fois tout les deux ans pour coordonner leurs actions sur les problèmes qui leur sont commun (notamment la défense de leur langue et de leur culture).

Il y a parfois des heurts entre la "Nation Cherokee" et les "Keetowah". Ceux ci sont souvent arbitrés par les Cherokees de l'Est qui veillent à maintenir une certaine unité entre les différentes composantes des Cherokees d'aujourd'hui.

Les trois nations fédéralement reconnues regardent de façon mitigé les quelques 200 groupes qui proclament avoir un héritage Cherokee aux Etats Unis. Si certains les voient avec sympathie et déclarent qu'il faut les encourager, d'autres les voient comme des usurpateurs qui tentent de se faire passer pour des amérindiens dans le seul but de profiter des avantages en matière de fiscalité qu'apporte ce statut.

Le 9 avril 2008, la Nation Cherokee et les Cherokees de l'Est tranchèrent en décidant de s'opposer à toute résolution fédérale ou de la part d'un état tendant à reconnaître et à octroyer un statut tribal à tout groupe de personnes se réclamant d'un héritage Cherokee.

Les Keethowah ne signèrent pas ce document.

 

Plus compliqué encore est le cas des descendants d'esclaves noirs possédés par des Cherokees esclavagistes. Libérés par la victoire de l'Union en 1865, ils furent considérés comme de citoyenneté Cherokee par Washington qui imposa cette décision. Ils reçurent le nom générique de "Freedmen Cherokees".

Cette décision ne fut pas du goût des Cherokees, esclavagistes ou pas! En 1988, la Cour Suprême des Etats Unis statua que les Cherokees étaient libres de définir qui faisait parti de leur nation ou non, et donc d'en exclure les "Freedmen".

Cependant en mars 2006 la Cour d'Appel Cherokee rendit un jugement sujet à polémique en statuant que les "Freedmen" reconnus comme Cherokee dès 1866 ou ceux inscrits comme tels dans les recensements du début du 20ème siècle pouvaient demander à être accepté dans la nation Cherokee et leur demande reçut favorablement étant donné que l'appartenance à la nation Cherokee ne dépend pas de la possession d'une part de "sang Cherokee".

Un an plus tard, un amendement à la Constitution de la Nation Cherokee fut voté. Il limitait l'accès à la citoyenneté aux seules personnes inscrites sur les recensements du début du 20ème siècle, qu'ils soient Cherokees, Shawnees ou Delawares... mais pas noirs! Les "Freedmen" avaient 90 jours pour faire appel de cette décision, faute de quoi ils seraient automatiquement déchus de leur nationalité Cherokee. Cette décision sera suspendue le 14 mai 2007 par le tribunal tribal en attendant une ultime décision des juridictions de la Nation Cherokee, preuve que la question fait polémique parmi les Cherokees eux mêmes!

 

Parmi les Cherokees célèbres, citons l'amiral Joseph J. Clark (1893-1971), l'acteur Will Rogers (1879-1935). Pour l'anecdote, la chanteuse Cher a des ascendances Cherokees et Jimi Hendrix descendait de noirs esclaves des Cherokees. La Cherokee Nation admet cependant qu'il existe en "Arkansas, Texas, Missouri et Kansas" des gens d'ascendance Cherokee qui n'appartiennent pas à la Cherokee Nation.

 



07/03/2010
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