L'ours polaire

L'ours polaire

Voyage en Charentes Maritime 2012

Introduction

 

Si vous pensez trouver ci-dessous encore un article de blog du style "Mybinettearoundtheworld.com", vous allez être déçu. Ma principale préoccupation n'est certes pas de montrer mon beau profil romain devant les Pyramides d'Egypte, les statues de l'Île de Paques ou même devant le pont de l'Ile de Ré.

Je ne prétends pas non plus vous faire un guide exhaustif des curiosités naturelles et culturelles de la région. Ma seule ambition est de vous faire découvrir ce qui m'y a plu, ce qui vous incitera peut être à votre tour d'y aller.

Rien de plus. Rien de moins.

Ceci explique aussi que j'ai découpé cet article en journée et ait laissé plus de place que d'habitude aux images....

Petite précision, ce voyage a eut lieu entre le 27 octobre et le 3 novembre 2012. Et les photos ont été prises par ma femme, qui est aussi ma compagne de tous les jours. Extraordinaire, non?

Les seules faisant exception sont mises en petit format avec un encadré, car j'avais parfois besoin d'autres images pour illustrer mes propos.

 

 

Première journée : l'île de Ré.

 

Port de Saint Martin de Ré

Première découverte le port de Saint Martin de Ré. Bien évidemment, avant d'y arriver, il a fallut que nous payons notre écot aux seigneurs locaux en nous acquittant de la taxe obligatoire pour franchir le bras de mer séparant cette île en empruntant avec notre patache à vapeur le pont permettant d'y accèder. Quand on pense que l'une des revendications des Cahiers de Doléance en 1789 était la suppression des taxes au passage d'un pont ou à l'entrée d'une ville... Rien ne change, ne trouvez-vous pas?

 

Saint Martin de Ré

Bref, c'est sous un soleil superbe que nous avons découvert cette belle petite ville et que nous l'avons sillonnée tranquillement sans la foule des mois d'été.

 

Rue de Saint Martin de Ré

Une surprise pour nous fut l'apparence méditerranéenne des rues de Saint Martin avec leurs façades peintes en blanc et leur caractère ancien (ce qui pour nous n'est pas dévalorisant, je le précise!).

 

Hôtel de Clerjotte

 

Nous avons été plus particulièrement intéressé par l'architecture Renaissance de l'Hôtel de Clerjotte (15e-17e siècle) qui abrite aujourd'hui le Musée Ernest-Cognacq. Peut être à tort, nous avons délaissé le Musée et ses collections pour l'extérieur. Que les Rétais nous pardonnent... mais il faisait si beau que nous nous enivrions de soleil. Venant d'un terroir septentrional, nous voulions profiter de ses rayons au maximum!

 

Nous avons ensuite parcouru l'île jusqu'au Phare des Baleines, à sa pointe septentrionale. Le lieu doit son nom au fait que les échouages de cétacés y étaient jadis assez fréquents. L'endroit était d'ailleurs apparemment aussi dangereux pour les navires, ce qui explique peut être que dès 1682 Vauban y fit construire un phare.

Phare des Baleines - Le vieux phare de Vauban

 

Comme vous vous en doutez, ce phare devint avec le temps insuffisant et l'on en construisit un nouveau entre 1849 et 1854 pour le remplacer.

Phare des Baleines - Le nouveau phare

 

Adjacent à la vieille tour de Vauban, un bâtiment abrita une école de gardiens de phares qui fonctionna jusqu'à une période récente. Ce dernier abrite maintenant un petit musée consacré aux phares et balises. Tombés amoureux de l'astre divin qui nous réchauffait de ses rayons, nous avons fait l'impasse sur ce dernier, tout comme nous n'avons pas eu l'énergie d'escalader l'escalier hélicoïdal de 257 marches pour accéder à son sommet, 57 mètres au-dessus du sol. En plus, j'ai quand même une tendance certaine au vertige!

 

Une rue d'Ars en Ré

Nous sommes ensuite revenu sur nos pas pour nous arrêter à Ars en Ré qui nous avait séduit par sa beauté. L'une des choses que nous avons le plus remarqué dans la région est le nombre de maisons de plain-pied ou doté d'un seul étage, ce qui est très différent de notre région d'origine où les plain-pieds sont l'exception et les maisons généralement avec un ou deux étages.

 

Ars en Ré Architecture

Encore une fois, c'est surtout l'architecture et l'histoire qui nous intéressa, comme la vision au fond de ce petit hôtel particulier du 16e siècle ou de la tourelle au premier plan. Nous ne sommes par contre pas rentré dans l'épicerie à droite de l'image. Nous avons tourné ensuite nos pas vers le curieux clocher bicolore de l'église locale (12e-15e siècle).

Eglise d'Ars en Ré

Ce clocher peint sert depuis toujours de repère aux navigateurs. Il faillit disparaître en 1840, victime d'une puissante tempête. Mais malgré les fantaisies de la météo et la Seconde Guerre Mondiale -qui n'épargna pas l'île-, il est toujours là...

Peu de temps après, nous quittâmes rapidement Ars en Ré. Nous avions rendez-vous avec la mer...

 

La lune sur la mer - Île de Ré

.... la lune et...

 

 

 

 

Seconde journée : l'île d'Oléron

 

Après avoir parcouru l'île de Ré, nous avons tourné notre regard vers l'île d'Oléron, dite "La lumineuse".  en raison de son ensoleillement annuel. Mine de rien, c'est aussi la deuxième île métropolitaine en taille, derrière la Corse (Non, je ne dirais rien contre les Corses qui sont tous sympathiques, intelligents, tolérants et hospitaliers).

La bonne surprise de l'année sera évidemment la gratuité du pont y menant (à Oléron, pas en Corse!). La gratuité devient de plus en plus rare de nos jours, sauf dans le domaine du crime!

 

Couleurs de l'île d'Oléron

Je dois dire que malheureusement ni ma femme ni moi ne mangeons d'huîtres. Elle a horreur de manger des choses crues et vivantes. Pour moi, cela vient d'un terrible chagrin d'amour qui m'a frappé dans ma prime jeunesse. J'étais éperdument amoureux d'une sirène, mais celle-ci m'a quitté pour les bras d'un merlan qui était en fait un maquereau. Il l'a mise sur le trottoir où elle s'est transformée en gros thon. Terrible!

Par contre, nous sommes tombés amoureux des couleurs et de la lumière d'Oléron. Ceci compense cela, vous ne trouvez pas?

 

Petit train touristique Oléron

Ceci dit, en allant à Oléron, l'un de nos objectifs était d'emprunter le petit train touristique qui, en partant de Saint-Trojan, fait découvrir la pointe sud-ouest de l'île en serpentant sous les pinèdes.

Las! Nous en avions déjà trop vu et avons été déçus! Pas parce que c'était déséagréable, mais parce que des pinèdes, nous en avions déjà vu cent et la longue plage de sable sur lequel se termina la promenade, eh bien, nous en avons de bien plus grandes à quelque soixante kilomètres de notre domicile. Bref, cela pouvait épater un marseillais (je précise ici que je n'ai rien contre les marseillais qui sont tous des gens modestes, honnêtes, beaux, intelligents, cultivés et tolérants), mais pas nous!

Par contre, le conducteur/guide était plus intéressant que le décor! Il nous apprit que la côte à cet endroit recule avec une vitesse impressionnante. Les vents et les courants emportent le sable du littoral vers l'estuaire de la Gironde. En quelque mois, le retrait du littoral a atteint une dizaine de métres! Les embruns salés détruisent aussi le couvert végétal près du littoral ce qui facilite cette érosion. Ce mécanisme cyclique fait parti de l'histoire géologique de ce rivage, mais les riverains n'observent pour l'heure aucune inversion du cycle. Est-ce la conséquence d'un déréglement climatique? Personne ne peut l'affirmer. Ce qui est sûr par contre, c'est que le trajet du petit train sera plus court d'une centaine de mètres l'an prochain...

Après être revenu à Saint-Trojan, nous nous restaurâmes dans un sympathique petit restaurant où nous découvrîmes....

La bière des naufrageurs

 

LA BIERE DES NAUFRAGEURS!

 

L'unique bière brassée sur l'île d'Oléron...

J'ai succombé à la blonde (car elle existe aussi en rousse et en diverses versions parfumées - gigembre, fraise, etc..-).

Je l'ai ensuite fait goûter à ma moitié et nous n'avons eu de cesse d'en acheter pour la faire découvrir à notre fille à notre retour.

Hmmm! Une bonne bière brassée à l'ancienne, pas de l'industriel. Imaginez la sortie toute fraîche du réfrigérateur... Ecoutez le bruit de la capsule que l'on fait sauter... Représentez vous le précieux liquide que l'on verse avec soin pour faire le moins de mousse possible dans un verre...

Désolé, j'arrête là ma description... Car c'est nous qui allons la boire!

Pas vous...

 

L'autre objectif que nous avions était le "Marais aux Oiseaux" situé près de Dolus d'Oléron.

Fou de Bassan à sa toilette

Ce lieu est à la fois un parc de découverte de la faune ornithologique d'Oléron et de ses environs et aussi un centre de soin pour les oiseaux blessés trouvés sur l'île. Si ce centre ne se visite pas (il faut éviter que ses pensionnaires deviennent trop familiers avec les humains pour leur sauvegarde), certains animaux trop gravement touchés restent à demeure dans le parc, car trop lourdement handicapés pour reprendre une vie libre. Est-ce le cas de ce Fou de Bassan? Je ne saurais le dire. Mais il n'y a pas eu besoin de zoom pour le photographier et la présence de bipédes près de lui ne le gênait pas assez pour le persuader d'interrompre sa toilette.

 

RagondinJ'entends déjà certains s'écrier à la vue de l'image ci-dessus "Ciel! Quel horrible rat!".

Les apparences sont trompeuses... Cet animal n'est pas un rat, mais alors pas du tout! Certes, on l'appelle "ragondin". J'ai bien écrit RAGONDIN, pas RAT GONDIN!

Vous savez, les apparences sont trompeuses... Tout d'abord, il n'a pas la queue annelée du rat. Ensuite, son nom scientifique est "Myocastor Coypus"... et c'est un cousin du castor, qui est aussi connu sous le nom de Myocastor ou Myopotame.

Originaire d'Amérique du Sud, cet animal a été fort stupidement amené en Europe pour y être élevé pour sa fourrure au 19e siècle. Seulement, des animaux parvinrent à s'échapper dans la nature ou furent abandonnés quand la mode de la fourrure de castor passa...

Il fit souche et trouva des lieux qui lui rappelait son habitat naturel sud-américain : marais, rivières, berges de canaux, fossés. Il se cantonne aux eaux douces, mais il lui arrive d'aller dans de l'eau saumâtre. Il est souvent en compétition avec le rat musqué.

Il gîte dans des terriers profonds de six à sept mètres qui possédent plusieurs entrées, dont une donnant sous l'eau. Quand il est en trop grand nombre, il participe à l'affaiblissement des rives et des digues et détruit les récoltes (céréales, maraîchères et peupleraies). Considéré comme l'un des dix plus nuisibles animaux importés en Europe, il est chassé et piégé lors de véritables campagnes de destruction.

J'ajouterais aussi qu'il craint les grands froids : n'oubliez pas qu'il est originaire d'Amérique du Sud tropicale! Ces derniers peuvent se révéler mortels pour lui.

Ragondin à table

Plus positivement, cet animal qui est un strict herbivore (à part quelques moules d'eau douce de temps en temps), participe à l'entretien de la végétation.

Relativement abondant dans le parc, il se montre très familier. J'ajouterais au rang de ses qualités que c'est un animal intelligent et plutôt pacifique... qui donne un très bon pâté vendu sous le nom de "Pâté de Myocastor" le plus souvent pour éviter une confusion avec le rat!

 Bien que ne faisant pas parti de la famille Manaudou, il sait très bien nager

 Les ragondins ne sont pas les seuls hôtes du lieu.

 

Tête de paon bleu

On y trouve aussi de superbes et hautains paons bleus qui nous ont semblé quelque peu incongrus dans le parc. Mais manifestement, ils s'y étaient fait leur place!

 

Grue cendrée au repos

Sont présents aussi diverses espéces de canards et une belle grue cendrée qui prenait la pose...

J'avoue que j'ai un peu de grue cendrée en moi!

 

Deux chouettes chevêches s'abritant dans les anfractuosités d'un murParmi les oiseaux handicapés gardés en captivité étaient présentes plusieurs chouettes chevêches aussi nommées "chouettes d'Athéna", car elles étaient dans l'Antiquité gréco-romaine reliées à cette déesse. Cette petite chouette (elle est plus petite qu'un pigeon) est la plus diurne de sa famille. Répandue partout en Europe, à l'exception de l'Irlande et des pays scandinaves, il n'est pas rare de la surprendre en plein jour à l'affut sur un poteau, un muret ou un toit.

 

Fait-elle la sieste ou veut-elle ignorer les touristes?L'origine de leur présence dans un enclos du parc? Ces chouettes chassent souvent à basse altitude ou sur le sol. Les collisions avec des voitures représentent environ 20% des causes de mortalité de ces chouettes.

Ce qui est beau est hélas souvent fragile!

 

Faucon crécerelleCeux qui voient un faucon crécerelle faire le "Saint Esprit" (c'est à dire voleter en faisant du surplace pour repérer une proie) ne peuvent se rendre compte de la beauté de ce rapace. C'est pourtant celui qui est le plus commun en France puisque qu'on le trouve aussi bien en ville qu'en campagne.

Mais sa beauté ne le protége pas des lignes à haute tension ou des coups de fusils d'imbéciles (Je tiens à préciser que je n'ai rien contre les chasseurs qui sont tous des gens responsables, sobres, respectueux des règles, des autres usagers de la nature et féministes).

 

En quittant le parc, nous sommes tombés droit sur une maman ragondin avec ses rejetons

En l'occurence, Madame Sarah Gondin avec Mesdemoiselles Clara et Tara Gondin...

Au fait, vous savez pourquoi les incisives des ragondins sont oranges? Moi non, mais sachez que c'est leur couleur naturelle!

 

Après notre visite dans le parc, il était déjà bien tard, mais plutôt que de rentrer directement à notre location, nous avons décidé de marquer une pause au Château d'Oléron. Cettte ville posséde un joyau architectural : sa citadelle construite au 17éme siècle et qui sera achevée par Vauban himself!

Las! La Seconde Guerre Mondiale mutilera gravement ce monument.

Hitler avait en effet ordonné que les principaux ports de la côte française soient transformés en "forteresse" et défendus "jusqu'au dernier hommes" par les troupes chargées de leur défense de manière à interdire leur usage par les Alliés. Il s'agissait de Dunkerque (9 mai 1945), Calais (30 septembre 1944), Boulogne sur Mer (22 septembre 1944), Le Havre (12 septembre 1944), Cherbourg (26 juin 1944), Saint-Malo (17 août 1944), Brest (18 septembre 1944), Lorient (10 mai 1945), Saint-Nazaire (11 mai 1945), La Rochelle (8 mai 1945) et Royan (20 avril 1945). Les dates entre parenthéses sont celles de la libération de ces ports. Autant dire qu'avant le 8 mai 1945, toute garnison qui capitulait se faisait en point d'honneur de rendre impraticable et inutilisable les ports en questions!

Oléron faisait parti du système de défense de la "Poche de la Rochelle". Pour satisfaire à "l'honneur national" et aux réclamations de l'opinion il fut décidé de lancer des opérations pour reprendre aux allemands l'embouchure de la Gironde, ce qui aboutira à la destruction quasi-totale de Royan avec des centaines de morts inutilL'Arsenal de la Citadelle du Château d'Olérones.

La reprise d'Oléron figurait dans ces plans et devait être une opération amphibie complétement française voyant le débarquement sur l'île de 8000 hommes. Mais la citadelle du Chateau d'Oléron inquiétait : les allemands pouvaient s'y retrancher et y tenir longtemps en échec un adversaire. Aussi, le 17 avril 1945, l'aviation américaine exécuta un bombardement massif de la forterresse... qui était presque vide de soldats allemands!  24 heures plus tôt, les Russes avaient lancé contre Berlin l'offensive finale. Le 30 avril, jour du suicide d'Hitler, le débarquement eu lieu et la garnison de l'île capitula le lendemain...

Tout ça pour rien!!

A l'intérieur de l'enceinte, sévérement endommagée par les bombes, seul le bâtiment de l'arsenal survécu et fut restauré.

 

Nous avions peu de temps pour y jeter un oeil, mais nous le fîmes avant d'en ressortir juste avant le coucher du soleil.

Un splendide coucher d'ailleurs!

Coucher de soleil sur le Château d'Oléron

 

 

Troisième jour : La Rochelle

 

Ah! La Rochelle... Depuis notre location située "Rue de la Fée" dans le quartier des Minimes, nous avions toutes les facilités pour la visiter, d'autant que nous avions été informé des lieux où stationner gratuitement. Autant vous le dire : renoncez à pénétrer en voiture dans le centre de la ville charentaise. Faites comme nous : choisissez un parking gratuit et marchez... du moins hors des mois de juillet-août où cela doit être la foire d'empoigne! En plus, celui que nous avions choisi était juste entre l'Aquarium, le Musée des Automates, le Musée des Modèles réduits et le port avec sa vieille ville. Stratégie et tactique!

 

Plan de La Rochelle 

Pour les fainéants qui n'aiment pas Wiki, je vais maintenant faire un résumé (au galop!) de l'histoire de cette ville...

A l'époque gallo-romaine, le site n'aurait été occupé que par des domaines agricoles dont l'un situé dans le quartier des Minimes. Avant? Rien! Aucune trace archéologique...

Ce n'est qu'aux environs du 9ème siècle qu'apparaît une cité de pêcheurs : Rupella (Petite Roche). Elle s'élevait sur un  promontoire rocheux émergeant des marais.

Avec sa baie protégé des tempêtes par les îles de Ré et d'Oléron et ses sources d'eau douce, le port attirera les attentions des Ducs d'Aquitaine dès le 10ème siècle. A partir du 12ème siècle, il devient un port de première importance. Dès 1130, la ville reçoit sa première enceinte, puis devient un port libre dont les franchises seront confirmés par le roi de France et Aliénor d'Aquitaine. Le port sert à l'exportation du vin et du sel de la Charente et connaît alors trois siècles de prospérité. Avec le mariage d'Aliénor d'Aquitaine (Vers 1122-1204, reine de France de 1137 à 1152, puis d'Angleterre de 1152 à 1204) avec le futur roi d'Angleterre Henri II (1133-1189, roi d'Angleterre de 1154 à 1189) en 1152, la ville passe dans la mouvance anglaise.

La ville sera dès lors disputée entre les couronnes de France et d'Angleterre, sans que cela nuise à sa prospérité. En 1224, elle est conquise par la France, mais garde tous ses privilèges.

La ville redevient anglaise en 1360 lors de la Guerre de Cent Ans, mais ses habitants obtiennent le maintien de tous leurs privilèges. Ceux ci chassent les Anglais en 1372 et obtiennent du roi de France un accroissement de leurs chartes et une grande indépendance...

Mais dans les 1530-1540, la ville se convertit presque entièrement au protestantisme tandis que le pouvoir royal tente d'abolir les privilèges locaux pour centraliser et unifier le royaume. Des troubles et émeutes éclatent alors régulièrement dans la cité dont l'indépendance est bridée de plus en plus par le pouvoir royal.

En 1568, elle se soulève et proclame une république calviniste et devient de part son importance une pièce maîtresse dans les Guerres de Religion qui ensanglantent alors la France et un refuge pour les Protestants. A la conclusion de la paix, la ville, qui a souffert de plusieurs épidémies de peste, devient l'une des villes où les protestants reçoivent la liberté de culte.

Mais à sa majorité, Louis XIII (1601-1643, roi de 1610 à 1643) entreprend de réaffirmer l'autorité royale et de mettre fin aux privilèges politiques des protestants entre 1621 et 1628, avec le soutien du Cardinal de Richelieu (1582-1642). Bien évidemment des soulèvements éclatent et La Rochelle proclame son indépendance dès 1621.

En 1627, inquiets des menées anglaises, Louis XIII et Richelieu décident d'en finir. La ville est assiégée et une digue gigantesque est construite pour bloquer le port et empêcher l'arrivée de tout ravitaillement et de tout secours anglais. Celle-ci mesurait 1400 mètres avec une largeur à la base de 16 mètres et de 8 mètres à son sommet pour une hauteur de 20 mètres. Les Rochelais sont acculés à la famine mais tiendra jusqu'au 28 octobre 1628. Il ne reste plus alors que 5500 survivants sur les 28000 habitants!

La ville perdra alors tous ses privilèges et ses fortifications, à l'exception du front de mer. Elle gardera aussi la liberté de culte pour les protestants. Elle se relèvera très vite grâce au commerce avec le Canada et les Antilles.

La révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV en 1689 portera un coup très dur à la ville dont une partie de la bourgeoisie s'exilera en Amérique où elle fondera la ville de "New Rochelle" près de New York.

Au début du 18ème siècle, la ville se lancera aussi dans le commerce "Triangulaire" et la traite des noirs. En 1763, la perte du Canada n'affecte pas notablement l'économie de la ville.

Par contre, les guerres de la Révolution et de l'Empire la ruine. Elle mettra longtemps à se relever, même si le chemin de fer l'atteint dès 1857. Après 1870, le port de La Rochelle étant difficile d'accès pour les nouveaux bateaux à vapeur, un nouveau port est créé à La Pallice à quelques kilomètres de la ville. De là, la ville commerce avec l'Angleterre et l'Amérique du Sud. Enfin, au début du 20ème siècle, arrive l'essor du tourisme.

Durant la Première Guerre Mondiale, la ville sert de base arrière, notamment pour les troupes américaines à partir de 1917 et ne subit que peu de dégats.

Il en ira bien autrement durant la Seconde Guerre Mondiale! La ville est occupée le 23 juin 1940 par les Allemands. Ceux ci construisent à La Pallice une énorme base pour les sous-marins et incorporent la ville de La Rochelle dans une "zone interdite".

Le 20 août 1944, les derniers U-Boat quittent La Pallice pour la Norvège. La Rochelle est encerclée par le "Détachement de l'Atlantique". Ces troupes mal armées sont incapables de reprendre le port et le siège durera jusqu'à la reddition de l'Allemagne Nazie, date à laquelle les Allemands rendent ce dernier sans l'avoir détruit. Les touristes d'aujourd'hui ne s'en plaindront pas!

Ouf!

 

L'entrée du port de La Rochelle L'image emblématique du port de La Rochelle, c'est l'entrée de son port, défendue par deux tours (qui n'ont aucun rapport avec Tolkien) : la Tour Saint-Nicolas (à droite) et la Tour de la Chaîne (à gauche), toutes deux du 14ème siècle. Une chaîne tendue entre ses deux tours défendait jadis l'entrée du port contre tout malveillant venu de la mer... Et l'aspect penché  de la Tour Saint Nicolas ne vient pas d'une surconsommation de "Bière des Naufrageurs" par la photographe, mais d'une rupture des fondations dans les premières années de la construction de celle-ci. Rassurez-vous, ses constructeurs sont arrivés à compenser cette perte de verticalité et la tour est bien solide!

 

La Tour de la lanterneBien plus loin vers la gauche, on trouve la Tour de la Lanterne, dite aussi "Tour des quatre sergents" qui date essentiellement du 15ème siècle. Elle est célèbre pour les graffitis (parfois très élaborés) écrit sur ses parois entre le 17ème et le 19ème siècle, car elle servit de prison durant cette période.

 

PhareUn phare en pleine ville!? Presque... En fait, il se trouve au bord du bassin du vieux port. Construit en 1852 avec un autre phare, il sert encore aujourd'hui de balise aux bateaux désireux de rentrer dans le vieux port.

 

Héron dans le vieux port de La Rochelle Spectacle assez inhabituel dans une ville, un héron profite de la marée basse pour chasser dans le bassin du vieux port, juste à l'issue d'un bief.

 

La porte de la Grosse HorlogeLa porte de la Grosse Horloge (12ème au 18ème siècle) est la porte d'entrée vers la vieille ville de La Rochelle.

 

La même vue de l'intérieur de la ville

 

 L'une de nos grandes surprises par rapport à La Rochelle était le nombre impressionnant de... chocolatiers et patissiers! C'est vraiment une ville de la gourmandise!

 

Vieille maisonVieilles maisonsLes vieilles maisons abondent dans les vieilles rues, y compris celles dont les colombages sont couverts d'ardoises pour les protéger des intempéries et du sel marin. Hélas, comme dans d'autres villes, des boutiques, le plus souvent de luxe, ont défigurés les rez de chaussés.

 

Non, ce n'est pas un remake rochelais du "Titanic". C'est simplement un dragueur en fonction à l'entrée du port de La Rochelle pour "dévaser" l'entrée de ce dernier. C'est moins romantique, mais efficace!

 

Un banc de mulets profite de la tranquillité offerte par les pontons et les bateaux à l'ancre pour couler des jours tranquilles dans le vieux port.

 

Automate publicitaire des années 1930 au Musée des AutomatesNous avons ensuite portés nos pas vers le Musée des Automates. J'avoue ne pas être très intéressé par eux. Toutefois, j'ai avoir été conquis par certains modèles présentés comme ce dernier où un charcutier bourre de saucisses un homme allongé. Si les automates existent depuis l'Antiquité, leur âge d'or sera à mon opinion la première moitié du 20ème siécle, date à laquelle furent conçus de remarquables automates publicitaires pour animer les vitrines des commerçants. Tel l'exemple ci-dessus...

 

Automate publicitaire pour une boulangerie pâtisserieTout comme ceux-ci utilisés pour la publicité dans une boulangerie-pâtisserie.

 

L'automate de Madame de SévignéCet automate moderne (vers 2000) montre Madame de Sévigné (1626-1696) écrivant.

 

Reconstitution d'une bataille navaleLe clou de la visite était la reconstitution d'une bataille navale. Je n'ai guère été impressionné par celle-ci. C'était bien fait, mais manquait de magie et était desservi par un commentaire aussi pompeux que fatiguant!

 

Comme le billet d'entrée du Musée des Automates était jumelé avec celui du Musée des Modèles réduits, nous avons visité ce dernier dans la foulée.

 

Maquette de l'HermioneTout n'y était pas sans intérêt, mais nous l'avons parcouru rapidement en ne nous arrêtant véritablement que devant la maquette de "L'Hermione", dont j'aurais l'occasion de reparler plus loin... dans une autre journée!

 

Nous sommes ensuite passé à l'aquarium de La Rochelle dont la viste vaut le détour. Je le prise moins que celui de Boulogne qui est plus didactique et spectaculaire, mais celui de La Rochelle est plus centré sur la faune et la flore marine. Toutefois, il m'est presque impossible de vous en montrer des photos, car photographier des aquariums ne nous vaut en général que des déboires... A part pour cette belle crevette saisie en plein mouvement...

Crevette Et après ce marathon, nous sommes revenus à notre location prendre un apéro... pardon, un repos bien mérité!

 

 

Quatrième journée : Rochefort

 

Ce jour là, notre objectif n'était pas tant Rochefort que l'Hermione, qui y est en construction... ou plutôt en reconstitution! mais nous nous réservons toujours la possibilité de faire des crochets en cours de route!

 

Carrelet charentaisPar exemple, nous nous sommes arrêtés pour photographier des "carrelets charentais". Ces cabanes servent d'abri de pêche. Celle-ci se déroule en plongeant à mer haute un filet de quelques mètres carrés à l'aide d'un treuil. On le laisse quelques minutes, puis on le remonte le plus rapidement possible en capturant dedans les poissons qui s'y trouvent, parfois piègès par un appât placé au centre du filet. Ce type de pêche est sévérement réglementé. Les "carrelets charentais" payent souvent un lourd tribut aux tempêtes..

 

Passons maintenant à Rochefort...

Cette ville n'existait pas avant 1660. A cette date la marine créée par Richelieu ne compte plus que quelques bateaux pouvant prendre la mer. Louis XIV demande à ses ingénieurs de trouver un emplacement favorable pour créer un arsenal à l'abri des attaques anglaises ou hollandaises. On choisit le site du château de Rochefort. Brouage, qui remplissait ce rôle, était ensablé et des vasières permettait l'échouage des navires.De plus, la Charente et les canaux avoisinants permettaient d'y transporter du bois, des métaux, des toiles et des denrées.

L'arsenal et une corderie sont rapidement édifiés. De 1688 à 1710, 350 bateaux y sont construits, dont 49 pour la seule année 1692!

Seulement, les ingénieurs du Roi Soleil ont oubliés quelques menus détails :plus de vingt kilomètres séparent la ville de la pleine mer. La Charente effectue de nombreux méandres et à une faible profondeur qui pose des problèmes aux plus gros navires. Il faut alléger au maximum ceux ci pour les faire arriver à la mer. Ils doivent aussi être halés à la force des bras, tâche qui sera confié à partir de 1766 à des forçats. Ce bagne sera fermé en 1854.

Rochefort se développe et s'enrichit néanmoins et devient un lieu de formation pour les marins et les militaires à partir de 1655.

La Révolution s'avérera particulièrement sanglante, les officiers de la Marine étant en majeure partie des Royalistes convaincus.

La fin de la Marine de Guerre à voile et les difficultés d'exploitation de l'arsenal entraîneront son La Corderie Royale aujourd'huiinéluctable déclin : il sera fermé en 1926. La corderie cessera son activité en 1867.

Cette dernière sera incendié en août 1944 par les troupes allemandes qui évacuait la ville. Le feu y brûlera pendant plusieurs jours. L'édifice ruiné sera ensuite à l'abandon pendant plus de vingt ans avant que sa restauration ne soit entamée.

La ville ratera les "30 glorieuses" comme elle avait ratée la "Révolution Industrielle", et ce n'est qu'à partir de 1982 qu'elle a connue une croissance principalement basée sur le tourisme.

 

Venons-en maintenant à "L'Hermione".

 

C'est en 1779 que débuta à Rochefort la construction d'une frégate, un vaisseau rapide et léger équipé de 26 canons de douze livres et de huit autres de huit livres. Elle comptait un équipage de 316 hommes (avec des soldats embarqués) qui s'entassaient sur un vaisseau long de 66 mètres et une largeur maximale de 11,5 mètres. Sa fonction était de serviteur de navire éclaireur et d'aider dans une bataille les vaisseaux désemparés. Elle était utilisée seule pour faire des croisières et était un type de navire fort apprécié des corsaires pour attaquer les navires de commerce. En revanche, elle ne faisait pas le poids contre des vaisseaux de lignes.

Sa construction se déroula alors que Louis XVI s'efforçait de recréer une marine française capable d'affronter la flotte anglaise après les sanglantes déconvenues de la Guerre de Sept Ans (1756-1763) qui avait coûté fort cher à la France.

Achevée en six mois, elle entame sa carrière en capturant au large des côtes françaises des corsaires anglais et des vaisseaux marchands.

L'année suivante, elle est choisie pour transporter à Boston le jeune marquis de La Fayette qui doit y annoncer au général Washington l'arrivée de troupes françaises pour aider les "Insurgents" américains contre les Anglais. Elle y arrive en avril après 38 jours de mer. Elle quitte ce port le 2 juin, mais est interceptée par la frégate anglaise Iris. Elle parvient à semer cette dernière et à regagner la France, mais est gravement endommagée.

L'Hermione à la bataille de Louisbourg (21 juillet 1781)Réparée, elle repart en Amérique du Nord et reçoit sur son pont en mai 1781 le Congrès Américain. En juillet de la même année, elle participe à plusieurs combats victorieux, dont celui de Louisbourg.

Elle regagne la France en 1782 et accompagne une flotille qui doit se rendre dans l'Océan Indien pour y disputer aux Britanniques le contrôle du Golfe du Bengale. Mais la paix est signée avant son arrivée et tout le monde revient à Rochefort en avril 1784.

L'Hermione est ensuite assignée à des missions de temps de paix jusqu'à la venue de la Révolution et à la déclaration de guerre de l'Angleterre en 1793. Malgré le manque d'officiers de marine compétents, elle reprend la mer et s'empare d'un corsaire avant de se poster durant trois mois dans l'estuaire de la Loire pour appuyer de ses canons les troupes républicaines contre les Vendéens en révolte. Le 20 septembre 1793, l'erreur d'un pilote local, aggravé par l'incompétence de l'équipage la fait sombrer sur des rochers au large du Croisic. En 2005, l'épave a été redécouverte et des fouilles ont permis de récupérer de nombreux objets dont une partie du gouvernail et une ancre de 4 mètres de long pesant une tonne et demie.

 

Sinon entre 1793 et les années 1990 règnera le silence de l'oubli. Disparue sous les eaux, "L'hermione" avait disparu de la mémoire des hommes. Jusqu'au jour où...

En 1987, plusieurs personnalités rochefortaises se demandèrent comment commémorer la mémoire des chantiers navals de Rochefort. Mes recherches ne m'ont pas permis de retrouver qui lança le premier l'idée, mais l'une d'entre elle proposa de reconstituer un navire, à l'imitation de ce qui avait déjà été fait dans d'autres pays. L'idée fut adoptée, mais se posait le choix du navire en question. Le choix finit par se fixer sur "L'Hermione". Ce bateau était en effet pas trop imposant pour rendre l'entreprise irréalisable et surtout il avait le mérite d'être lié à l'histoire commune de la France et des Etats Unis et surtout d'être un symbole de liberté.

Mieux, les archives du Musée de la Marine contenaient des plans précis, détaillés et cotés de "L'Hermione".

Une association "Hermione-Lafayette" fut créée par l'écrivain Eric Orsenna, qui sera relayé en 1994 par Benedict Donnelly. Dès le début le projet, bien qu'essentiellement français, a eu en effet une composante américaine.

Tout allait sembler devoir aller très vite, mais les apprentis armateurs n'allaient pas tarder à se heurter à des difficultés techniques qui allait faire de cette reconstitution un véritable tour de force! Avec des coûts qui allaient s'envoler et nécessiter de faire appel au mécénat et aux dons du public.

 

En effet, les plans ne révélent pas les mille et une astuces des constructeurs sur le chantier et aucun écrit n'en a jamais fait la relation! Il fallut que les artisans présents sur le chantier redécouvrent ces tours de main oubliés.

Pour des choses précises, comme une figure de proue, il faudra prospecter à l'étranger pour trouver un artiste capable d'en dessiner et d'en réaliser une de telle façon à ce qu'elle celle-ci ne déséquilibre pas le navire en le faisant "piquer du nez". Même contrainte pour le calfatage, les cordages (qui sont réalisés avec les matériaux d'époque), les voiles de lin, sans parler des pièces métalliques...

Le choix des bois sera aussi un véritable parcours du combattant. Un bateau utilisait à l'époque L'Hermione en 2005plusieurs essences différentes selon la résistance nécessaire ou l'usage. Il utilisait aussi on le devine beaucoup d'arbres de grandes tailles d'âge séculaire qui devaient répondre à des normes précises pour être utilisable. Jadis, des forêts entières étaient dédiés à cet usage, mais leur entretien à cet effet avait disparu avec la fin de la marine à voile. Il fallut prospecter jusqu'à Rambouillet pour trouver les arbres séculaires, voire multiséculaires qui étaient nécessaire.

Bref, les délais s'allongèrent de façon considérable. Si la "vrai" Hermione fut construite en quelques mois. L'actuel chantier, qui compte un nombre bien moins élevé d'ouvriers, devait être achevé en 2008. Le lancement de "L'Hermione" et son achévement n'est prévu que vers 2014-2015!

 

Cependant, aujourd'hui en 2012, L'Hermione est à flot, même si ce n'est que dans un bassin et l'on peut déjà imaginer sans peine l'aspect du bateau une fois achevé.

 

Voici ci-dessous une vue de la proue. Regardez là : elle fait trois mètres de haut. Il faut savoir que pour elle, il n'existait aucune représentation dans les archives. Elle a été en fait reconstitué selon le modèle standard utilisé dans la Marine Royale Française à partir de 1776 : un lion aux crocs apparents tenant entre ses pattes avant un écu couronné aux armes du Royaume de France. Ironiquement, cette sculpture a été faite pour l'Hermione reconstituée par un anglais, Andrew Peter, qui a déjà travaillé sur le "Gotheborg", réplique suédoise d'un navire de l'époque de "L'Hermione".

Figure de proue de l'Hermione

 

Une autre vue de la proue...

Proue de l'Hermione

 Il y a toujours des quidams indésirables quand vous voulez prendre une belle photo. Du moins ceux ci vous donnent une idée de la taille du bateau. Vous noterez en passant que tous les mats ne sont pas encore en place.

L'Hermione dans son bassin

 

Une vue de la poupe du vaisseau.

Poupe de l'Hermione

 

Le mât de beaupré et celui de misaine avec sa hune. Remarquez que l'assemblage de ce dernier mât n'est pas terminé. Quant au comique au pied du mât, il a au moins l'avantage d'être là pour vous donner une échelle! Mais je ne crois pas qu'il soit monté sur la hune...

Hermione : Mât de misaine et de beaupré

 

Bien entendu, lors de cette visite, j'ai fait l'acquisition d'un livre sur l'Hermione. Certains ramènent des phares en plastiques, des boules à neige ou des charentaises. Moi, je préfére ramener un beau bouquin en relation avec ce que j'ai visité. Chacun ses goûts!

 

Petite anecdote : suite à notre visite, nous sommes allés Eliane et moi (Eh oui, ma femme s'appelle Eliane. Dommage...) nous restaurés dans un restaurant ma foi fort convenable par rapport au menu, à la qualité des mets et au montant de la carte.

A notre gauche nous avions une table occupée par ce que j'appelerais faute d'autres mots par des caricatures de "bobos parisiens", de parvenus qui croient être arrivés quelque part, alors qu'ils n'ont jamais décollé de leur connerie, de leur ignorance crasse et de leur suffisance. Il s'agissait visiblement de deux familles avec enfants (Eh oui. Ces gens-là se reproduisent en plus! Pauvre monde...). Bref, l'un de ces enfants, une charmante petite blondinette de sept ans environ demanda à son père : "Papa, il est bon le restaurant?". Et le père répondit distinctement : "On appelle pas celà un restaurant ma chérie, mais un bouiboui", tandis qu'une adulte se lamentait sur son gâteau à chocolat "qui avait trop de crème anglaise". Il y a des coups de pieds au cul qui se perdent quand on voit ces gens-là cracher dans une soupe que personne ne leur a imposé de manger. S'il ne voulait pas manger dans ce qui pour eux était un "bouiboui", il y avait des restaurants plus frayeux et prestigieux quelques rues plus loin.

Mais rien ne dit qu'ils auraient eu meilleur nourriture malgré une ardoise bien plus salée!!

 

Nous sommes partis ensuite à la recherche d'une réserve ornithologique près de village de Moëze. En fait d'oiseaux, nous avons surtout rencontrés des moustiques affamés de sang humain qui nous forcèrent à une prompte retraite! Et d'un piaf, pas l'ombre...

Par contre, dès que nous sommes repartis en voiture, nous en avons vu dans tous les coins : aigrettes, foulques, rapaces et peut être au loin des cigognes!Sales bêtes! Dire que la chasse est interdite dans la réserve! Se planquer quand on est à pied pour ressortir quand nous roulons à voiture et nous faire la nique sans que nous puissions les photographier! Y'a vraiment des coups de fusil qui se perdent!!

 

Dépités, nous avons continué notre route vers la toute petite ville de Brouage. Ah! Quel dommage que nous n'ayons pas eu plus de temps pour en faire le tour! Mais quand nous sommes arrivés, le soleil était déjà bien bas sur l'horizon.

 

Cette ville a connu une histoire pour le moins particulière. Elle a été fondée qu'en 1555 comme avant-port pour la localité d'Hiers. Sa destination? Permettre à des navires de venir charger "l'or blanc", le sel, pour l'emmener. Durant les Guerres de Religion, la ville passe de main en main avant qu'en 1578 le roi Charles III décide que la ville est trop importante économiquement et stratégiquement pour la laisser tomber entre les mains des Protestants ou des Anglais, mais en 1586 les Rochelais prennent la ville et coulent des bateaux pour bloquer le port. Celui-ci ne sera jamais totalement dégagé par la suite.

En 1626, la ville qui comptait 4000 habitants, est incorporé au domaine royal et reçoit comme gouverneur en titre le Cardinal de Richelieu. Il fit construire en 1630 et 1640 une enceinte et fit de Hiers le quartier industriel de Brouage. L'enceinte sera modernisée en 1685 par Vauban.

Entre temps, Mazarin (1602-1661) était devenu gouverneur en titre de la ville où il exila sa nièce Marie Mancini (1639-1715) en 1653 pour l'éloigner de son soupirant le jeune Louis XIV qui devait épouser l'infante Marie-Thérèse d'Espagne.

Las, la mer quitta les approches de Brouage pour laisser derrière elle des marais et l'on préféra Rochefort à Brouage. Les marais salants disparurent, de nombreux bâtiments tombérent en ruine...

A la Révolution, Brouage devint un centre de déportation pour les suspects.

L'armée, elle, restera à Brouage jusque 1885, puis abandonna la ville.

Ce qui sauva Brouage de la ruine totale, ce fut... le Canada!

 

En effet, la ville vit naître entre 1567 et 1580 Samuel Champlain, le fondateur de la ville de Québec!

DFes fonds venus du Québec permirent la restauration de la ville qui est devenu "Centre Européen d'Architecture Militaire". Depuis la ville est sauvée et vit principalement du tourisme.

 

Les écuries de la garnison de Brouage, qui abritent aujourd'hui des boutiques d'artisanatNous l'avons parcouru au pas de charge sans avoir trop le temps de nous attarder (hélas). Nous n'avons par exemple pas vu les deux ports souterrains que comptait la ville. Ce qui explique que nous n'avons qu'une seule photo, celle des écuries de la garnison qui abritent aujourd'hui des boutiques d'artisanat.

 

Et nous regagnâmes notre location aux Minimes...

 

 

Cinquième journée : Vent, pluie et "Ti punch"!

 

Avant dernière journée et temps pourri en vu. Aussi nous avons décidé d'aller simplement nous balader en parcourant le parc des Pères jusqu'au port des Minimes.

Le littoral y est formé de bases falaises de calcaire. Pas de plage, sauf une aménagée aux Minimes. Le bord de mer est formé de bancs de rocs que l'on peut parcourir comme des escaliers. Pas de crabes ou de poissons dans les flaques laissées par la mer descendante, mais tout est quasiment recouvert d'huîtres, de moules et des bigornaux.

 

Il faisait frais et venteux, mais heureusement la pluie n'était pas là, ce qui fit que nous avons prendre la photo d'un arbre curieusement sculpté par les vents dominants.

Sculpture moderne faite par Eole

 

En longeant la côte, nous sommes arrivés sur le port des Minimes et nous nous sommes mis en quête d'un endroit convenable pour manger. C'est à dire un lieu qui ne soit pas un bouiboui qui propose pour un prix raisonnable des mets qui nous sont inconnus ou qui ne peuvent être cuisiné à la même par ces deux cordons bleus que sont ma femme et ma fille!

Sur le port de Minimes 

Notre problème était que tous les restaurants proposaient des fruits de mer ou des plats à base de poissons à des prix que nous estimions excessifs. Aussi, nous avons choisi quelque chose de différent : un restaurant antillais!

 

Nous sommes entrés et avons eu le choix de la place, car nous étions les seuls clients! Le temps menaçant n'encourageait pas vraiment le touriste...

 

Nous avons ainsi pu converser un peu avec le patron, qui était un peu surpris d'avoir quelqu'un. Nous lui avons expliqué que de là où nous venions, c'était simplement un temps que nous qualifions de "vivifiant". Lui-même nous a appris qu'il avait vécu plusieurs années dans les Antilles et qu'il avait travaillé comme cuisinier dans des hôtels et à bord de navires de croisière avant de décider de jeter l'ancre à La Rochelle.

En apéro, nous avons pris un "Ti-punch" (Rhum planteur à 50°, sucre de canne et citron vert). Un L'assiette antillaisedélice! Au départ, cela paraît fort, trop fort... mais on s'y accoutume vite et l'on sirote cela en oubliant pas de presser la pulpe des citrons verts pour en extraire le jus... Hmmm! D-é-l-i-c-i-e-u-x!! J'en aurai bien pris un deuxième, voire un troisième... Mais même si l'on est à pied, cela n'est guère prudent! Surtout avec moi...

Comme plat principal, nous avons choisi une assiette antillaise comprenant un crabe farci, un boudin antillais (non, ce n'était pas Christine Taubira), deux gambas... Bon et consistant!

 

Notre présence dans ce restaurant amena au patron d'autres clients... d'autant qu'un véritable déluge se mit à tomber! Bref, on l'a un eu aidé à faire des affaires!

 

Nous avons terminé notre raps sur un succulent dessert et un café, puis nous sommes rentrés à notre location en évitant les trombes d'eau aussi brèves que violentes qui s'abattaient du ciel charentais.

 

 

Sixième et dernière journée

 

Temps exécrable sur toutes les directions! Vent avec des rafales à près de 100km/h, fortes ondées... Pas le temps à mettre le nez dehors! Nous ne nous plaignions pas et restons tranquillement dans notre location pour nous reposer et partir demainmatin pour regagner notre repaire nordique.

 

Nous avons mis au point ma femme et moi un système bien rodé pour faire la nique aux pèages autoroutier. Rien n'est plus devenu ennuyeux que les autoroutes... Avec les radars et la peur du gendarme personne n'ose plus dépasser le 130, voire le 110 à l'heure. Tout le monde roule à la queue leu leu à la même vitesse. On se croirait en train. Doubler un camion devient un exploit : le fumier roule pile à 110 et vous n'avez que 20 kilomètres heure de marge pour doubler ce gros cul qui vous empêche de lire les panneaux... Pènible! Et tellement monotone que vous finissez par somnoler, ce qui peut être très dangereux.

Et puis il y a nos pèages... ces chers pèages!!

En prenant la route la plus directe par autoroute, nous en avions pour 55.20 aller et autant pour le retour, soit 110.40 euros! Je ne suis pas un radin, mais donner une telle somme est pour moi (comme pour ma femme) une chose intolérable!

Alors, nous "raccourcissons" nos trajets autoroutiers. Ainsi, pour l'aller, nous sommes sortis à tour pour prendre les nationales jusqu'à La Rochelle : 37.30 euros de pèage, soit 17.90 euros d'économisé. Et la redécouverte d'une France que l'on oublie, celle des nationales et des départementales... Moins rapide que l'autoroute? Certes, certes... Mais bien moins monotone, sans compter qu'il existe en France plein de places avec des cafés où l'on peut prendre un "petit noir" dans des conditions bien plus plaisantes qu'une station d'autoroute!

Nous avons fait le même au retour en prenant l'autoroute à Orléans. A la réflexion, nous aurions mieux fait de la prendre plus tôt, car le trajet Blois-Orléans est particulièrement pénible : pas moyen de dépasser le 60km/h et un paysage pas top... Mais bon, cela nous a mis le pèage à 25.30 : 29.90 euros d'économisé, sot en tout 29.90 + 17.90 = 47.80 euros, soit un repas pour deux au resto!

Quitte à dépenser du fric, autant le faire pour son plaisir, plutôt que d'engraisser des porcs!

 

THE END

 

PS : Possible que nous retournions vers La Rochelle un jour. Nous n'avons pas vu tout ce qui pouvait nous intéresser!!



31/10/2012
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