L'ours polaire

L'ours polaire

Salut à toi, Roméo!

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Salut à toi Roméo!

 

Dis, c'est pas gentil de partir comme tu l'as fait! Après tout ce que l'on a fait pour toi...

Je sais, je sais... Ce n'est pas vraiment ta faute et nous ne sommes pas nous même sans responsabilités...

 

Je me souviens encore de comment tu es entré dans notre vie. Eliane et Karen étaient parties dans une animalerie. Inévitablement leurs pas les ont dirigés vers une cage où se trouvaient des chats. Tu étais là parmi d'autres persans et en voyant Karen, tu t"es élancé vers elle comme si ta vie en dépendait. C'était d'ailleurs le cas...

Eliane s'est laissé fléchir et t'a acheté. Mais malheureusement, elle n'avait pas sa carte bleue sur elle. Uniquement des chèques que ces gargotiers refusaient. Alors que tu étais déjà prêt à partir, ils te remirent dans ta cage. 

Quel a dû être ton désespoir durant cette nuit, sans doute la plus longue de ta vie!

 

Moi, j'étais en ce moment là en colère! Nous avions déjà trois chats! Quel besoin d'en avoir un quatrième? Sans compter que tu n'étais pas gratuit. Dans ma rage, je déclarais que je ne te jetterai jamais un regard...

 

Ce serment n'allait pas tenir longtemps devant toi. Tu étais une petite boule de fourrure noire au dos blanc et aux yeux jaunes orangés. Enfin, quand on pouvait les voir!

 

Tu étais en effet dans un état pitoyable : les yeux collés par la saleté, les oreilles pleines de gale, la gueule remplie d'aphtes et la respiration sifflante. Il est certain que si tu étais resté un peu plus longtemps dans cette animalerie-mouroir tu serais mort. Et beaucoup de gens ne t'auraient pas soigné comme tu l'as été. Combien en avons nous fait des aller-retour chez le vétérinaire. Ce dernier nous a appris que tu étais un peu plus âgé que ne l'avait dit l'animalerie et que tu étais carencé.

Apprend que quand ta maîtresse est allée se plaindre à l'animalerie de l'état dans lequel tu te trouvais, ne serait-ce pour les informer au sujet de la gale, la directrice de celle-ci lui a répondu en proposant "un échange", comme si tu n'étais pas un être vivant et conscient, mais une pièce défectueuse!

Tu garderas d'ailleurs toujours une respiration particulière faite de grognements, grondements et raclage de gosier qui signalait ton approche avant même que tu nous te voyons paraître!

 

Mais à force de soins, tu est devenu un très beau chat. Tu feras en douceur ta place dans la maison aux côtés de nos autres chats. Et tu avais plein de particularité tantôt amusantes, tantôt irritantes, selon les circonstances.

Ainsi, comme il avait fallu te nourrir longtemps à la main, tu avais gardé un grand amour pour cela. Chaque matin, c'était le même rituel : les chats sont des animaux casaniers, fait de rites et d'habitudes.

Nous mangions tous les deux, Eliane et moi, sur la table de la petite salle à manger; Tu attendais patiemment sur le sol, ou sur ta chaise favorite dans un coin de la pièce. Quand j'avais terminé et que je commençais à débarrasser ma place, tu venais sur la table et tu attendais que j’enlève l'assiette de ta maîtresse. Là, tu t'avançais et tu lui réclamais la becquée.

Une fois que tu étais rassasié, venait un autre rituel : le brossage. Il fallait en effet te brosser une fois par jour, pour t'éviter des problèmes gastriques suite à l'absorption de boules de poils : dos, flancs, ventre et tête.

 Parfois, te venait un caprice : tu voulais des croquettes mouillées! Au début, comme tes aphtes te rendait difficile le fait de croquer des aliments secs comme les croquettes, nous les amollissions avec de l'eau. Tu aimais tant cela qu'il t'arrivait de renverser exprès de l'eau de ton bol pour en mouiller! Cela semblerait impossible à des gens qui ne connaissent ou n'aiment pas les chats, mais c'était vrai!

 Mais tes mets favoris étaient de loin le poisson cuit en papillote et surtout le lard froid de porc coupé en fines tranches que tu adorais.

Tu n'étais pas un chasseur : rongeurs et oiseaux n'avaient rien à craindre de toi. D'ailleurs, tu ne quittais guère le jardin, préférant de loin le confort de la maison, de ses chaises, de ses fauteuils, de ses tables et tu avais même assez récemment découvert le confort du lit.

Tu étais par contre un redoutable tueur de mouches. Tu détestais ces créatures qui vibrionnaient autour de ton bol de croquettes ou de ta pâtée. Tu les coupais en deux d'un habile coup de dents et nous retrouvions tout partout des demi-cadavres!

 

Bref, tu étais un véritable compagnon, proche de nous à chaque instant dans la joie et la peine. Tu m'as beaucoup consolé de la perte de mon chat favori simplement par ta présence. Tu nous as tous aidé à un moment ou un autre.

Aussi, tu comprendras que ton départ, qui nous a tous pris par surprise me remplit de colère.

 

Rien ne l'avait annoncé. Certes, tu étais un peu patraque ces derniers jours et nous avions remarqué quand tu étais sorti de la tente de toile dans laquelle tu dormais la nuit que tu semblais "mal réveillé". 

"Boules de poils" avons-nous pensé. Et nous nous sommes mis à passer un dimanche qui devait s'annoncer comme les autres après t'avoir donné un comprimé contre celles-ci.

 

C'était le soir. Nous regardions la télé et tu dormais dans le canapé allongé de tout ton long, quand tu en est soudain tombé. Tu t'es relevé en flageolant et tu t'es mis à tourner autour d'un pied de la table du salon. Nous ne savions que faire, car pris par surprise.

Tu t'es dirigé sous le buffet, la respiration haletante. Nous t'avons laissé tranquille, pensant qu'il n'y avait rien de grave. Ou voulant le penser, je ne sais.

Tu t'es repris et nous avons installé ton carton favori devant la cheminée. Tu est parti t'y installer. Ta respiration était redevenue normale et tu étais calme. Nous avons alors pensé qu'il ne s'agissait que d'un embarras gastrique et avons continué à regarder la télé.

La seconde crise, bien plus violente, éclata au bout de quelques minutes. Tu est sorti en chancelant de ta caisse d'un bond, faisant tomber le pare-feu sur toi et tu t'es dirigé d'un pas chancelant, la respiration haletante, les yeux exorbités et dans le vague, vers la petite salle à manger pour chercher refuge sous le piano électrique.

Nous avons compris que c'était très grave et nous pressentions ce que c'était sans vouloir exclure la plus petite possibilité que ce soit autre chose que ce que nous redoutions.

 

En hâte, nous t'avons mis dans un panier et nous nous sommes rendus à la clinique vétérinaire. Nous sommes restés avec toi jusque une heure trente du matin. Ils t'ont gardé pour des examens qui nous ont apporté lundi soir la réponse que nous ne voulions pas attendre : tu avais déclaré la Péritonite Infectieuse Féline sous sa forme nerveuse ( Péritonite Infectieuse Féline Wikipédia)

On nous a proposé de te donner un traitement "palliatif" à base de cortisone. Comme nous avons eu précédemment un chat qui a très bien vécu durant des années avec une malformation cardiaque grâce à la prise de deux cachets par jour, nous avons demander de combien de temps ta vie serait prolongée. On nous répondu quelques mois, quelques semaines... voire quelques jours.

Nous avons pris la décision, cruelle et difficile, de t'éviter un calvaire par pur égoïsme de notre part. Notre vétérinaire habituel nous approuva notre décision par la suite en disant que les crises deviendraient de plus en plus violentes et de plus en plus douloureuses pour toi.

 

Nous devons nous excuser de n'avoir pas été près de toi à ce moment. Ce n'était pas par indifférence, mais bien parce que nous ne sentions pas capable de le supporter. Nous avons tous à un moment ou un autre accompagné l'un de nos chats dans son dernier voyage. Mais nous savions en les emmenant ce qui allait se passer et nous y étions plus ou moins préparé.

Mais là, c'était arrivé si vite et tu tenais une telle place dans nos vies, que nous ne pouvions pas supporter ce que nous vivons encore une semaine après comme une terrible injustice et un coup du sort.

La nature est si cruelle avec un chat alors que tant de salauds à deux pattes commettent les pires atrocités et crapuleries sans rien avoir!

 

Tu nous manque, mon ami. Que n'aurions nous donné pour te garder encore quelques années. Partout où je regarde dans la maison, je vois quelque chose qui me fait penser à toi.

Bon, rassure-toi, cela passera. La vie continue, la mort fait hélas partie de la vie et peu à peu la peine s'adoucira et resteront les bons souvenirs : toi mordillant les fesses de Sakura ou d'Akito. Toi me faisant jouer à cache-cache comme si j'étais un petit gamin. Toi réclamant un morceau d'olive. Toi captivé par des chants d'oiseaux ou des bruits d'animaux provenant de la télé...

 

Oui, mon ami, je suis en colère. Oh pas contre toi. Mais contre la saloperie qui t'as tué. Contre l'injustice du destin.

Ah! Vétérinaires qui me lisent peut être, je vous en pris, trouvez quelque chose contre cette cochonnerie!

 

Tu sais, mon ami, j'ai décidé il y a bien longtemps de ne pas croire à ces dieux "révélés" intolérants et cruels des religions monothéistes. Je préfère être agnostique et professer un "néo-paganisme" plus philosophique que religieux, bien plus tolérant que les cultes monothéistes pour ceux qui pensent autrement.

 

Pour avoir fréquenté les chats depuis longtemps, j'ai vu que vous aviez tous des personnalités différentes et parfois très affirmées. Si vous avez une personnalité, une conscience d'être et une forme d'intelligence, qui sans être humaine est réelle alors certains diraient de vous que vous avez peut être une âme.

 

Si l'âme existe chez le chat, il y a aussi de bonnes chances que les humains comme moi en aient une. Et si l'âme survit au corps "quelque part", il y a peut être une chance que nous revoyons mon ami!

Sache toutefois que je n'ai pas l'intention de me presser en chemin. Je peux encore contribué à rendre heureux bien des chats, mais malgré tout, je ne dis pas "Adieu", mais bel et bien "Au revoir", Petit Monsieur...

 

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Mytakuye Oyasin  (explication)

 

 

 



29/03/2014
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