L'ours polaire

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Little Big Horn (2) Suites et polémiques

 LITTLE BIG HORN (2)

 

Suites et polémiques

 

 

 

I) Conséquences de la bataille

II) Polémiques

a) Efficacité des armes des soldats

b) Armement des indiens

c) Le nombre des guerriers indiens

d) Custer trahi ?

e) Légendes sur la formation militaire de Tatanka Yotanka (Sitting Bull)

f) Les erreurs de Custer

iii) Les participants après la bataille - Que devinrent ils ?

1) George Armstrong Custer

2) Marcus Reno

3) Frederick Benteen

4) Thomas Weir

5) Le 7eme de Cavalerie

6) Tatanka Yotanka (Sitting Bull)

7) Crazy Horse

8) Gall

9) Les Arikaras ou Rees

10) Les Cheyennes

11) Les Crows

12) Les Shoshones

13) Les Sioux

 

 

I) Conséquences de la bataille

 

 La nouvelle du désastre parvint au  Fort Abraham Lincoln le 3 juillet, alors qu'on s'y apprêtait à fêter le centenaire de l'Indépendance Américaine. Le commandement est atterré, les familles terrassées. Le 7éme de Cavalerie était un effet un petit monde à part où les gens étaient bien souvent liés par des liens matrimoniaux ou parentaux. Ainsi, Elisabeth Custer apprendra dans le même temps la mort de son mari, celle de ses beaux frères, de son cousin par alliance et celle de Calhoun, son beau-frère par alliance. Elle n'en accompagnera pas moins les officiers dans la tâche funèbre d'annoncer la terrible nouvelle aux familles concernées.
Peu de soldats sortiront sur la place d'armes pour hurler leur soif de vengeance, l'atmosphère était alors plutôt à l'abattement et à la stupéfaction.

 

La nouvelle arrive dans l'Est le 4 juillet 1876 par télégraphe. Aussitôt les journaux titrent sur le "Custer Massacre". Voici par exemple la une du "Bismarck Tribune" dans le Territoire du Dakota le 7 juillet 1876

Page une du "Bismarck Tribune" annonçant la défaite de Little Big Horn

 

 "Le général Custer et ses hommes massacrés. Aucun survivant de ses cinq compagnies. Combat désespérés du Major Reno pendant trois jours. Les squaws ont mutilé et dépouillé les cadavres. Les prisonniers ont été torturés à mort dans les conditions les plus atroces".

La politique indienne du gouvernement  Grant était aussi la cible des journaux. On lisait dans le "New York Times" : "Qui a massacré Custer? La politique de paix du Général Grant qui nourrit et habille les Indiens tandis que leurs frères tuent nos troupes; et aussi le  Bureau des Affaires Indiennes et ses agents prospères avec leur humanité feinte et leur charité factice. Voilà ce qui a tué Custer!".

A noter la phraséologie de l'époque. L'armée américaine attaque un village endormi sur la  Washita : "C'est une bataille !". Les indiens battent les soldats en combat régulier : "C'est un massacre !".

Jusqu'à Salt Lake City se formeront des "corps de volontaires" pour aller exterminer les Sioux et les Cheyennes.! Poussé par l'opinion publique, le gouvernement donna carte blanche à l'armée pour battre les "Hostiles" et autorisa l'augmentation de ses effectifs par de nouveaux recrutements. Les soldats entrèrent dans la réserve Sioux, s'emparant des chevaux et des armes pour éviter de voir des renforts grossir les rangs des "Hostiles". Partisans de la paix,  Red Cloud et  Spotted Tail n'en seront pas moins arrêtés et détenus pendant quelque temps de crainte d'une trahison de leur part.

L'armée pourchassera les bandes d'indiens qui voulaient rester libres jusque dans les recoins les plus reculés du Montana avec les colonnes du lieutenant-colonel Wesley Merritt, du général  Nelson Miles et de Georges Crook.

Il n'y aura pas de bataille permettant à l'armée américaine de "venger" la défaite de Little Big Horn. le seul engagement d'importance aura lieu les 9 et 10 septembre 1876 à  Slim Butes sur la réserve Sioux dans l'actuel Dakota du Sud. Après qu'une avant-garde de 150 hommes ait attaqué le camp du chef American Horse, les fugitifs gagnent le camp de  Crazy Horse qui décida avec ses quelques 700 guerriers d'écraser cette unité. Il ignore que c'est en fait l'avant-garde de Crook et il se retrouve devant 1000 hommes. Le manque de munitions et son infériorité numérique oblige le chef Lakota à battre en retraite. Les soldats sont vainqueurs avec seulement deux morts et 13 blessés. Les Sioux ont  quant à eux dix morts et vingt-trois prisonniers. Plus important que tout, ils perdent une large partie de leurs réserves de viande séchée dont ils avaient besoin pour passer l'hiver. Gravement blessé, le chef American Horse refusera d'être soigné par des médecins militaires et mourra de ses blessures.

L'une après l'autre, les bandes de Cheyennes et de Lakotas doivent se rendre. Crazy Horse lui-même se rend le 5 mai 1877 à l' agence de Red Cloud. Nous en reparlerons plus loin.
Sitting Bull et ses suivants, eux, doivent fuir au Canada le même mois. Là aussi nous en dirons plus après.

Les Cheyennes eux aussi se rendront. Les conditions de la reddition leur imposaient de gagner le Territoire Indien de l’Oklahoma. Ils comprirent qu'ils pouvaient en partir si le séjour ne leur plaisait pas, tandis que pour le gouvernement américain ils y étaient envoyés "à demeure" !. Leur vie n'y étant pas du tout agréable, une partie d'entre eux s'échappa en 1878 et vécut une véritable odyssée dont le célèbre film "Cheyenne Autumn" de John Ford (1964) n'offre qu'une image édulcorée. Les évadés (300 environ) laisseront derrière eux un sillon de cadavres : les leurs, ceux des soldats, mais aussi de civils se trouvant sur leur route. Au bout de celle-ci se trouvera pour 149 d'entre eux le Fort Robinson. D'abord reçus avec respect par les soldats, ils seront vite en bute aux vexations de l'administration militaire, qui, pour les forcer "de leur plein gré" à retourner en Oklahoma à les enfermer tous (femmes et enfants compris) dans des baraquements dépourvus de chauffage, en plein hiver. Le 9 janvier 1879, avec quelques armes cachées et des couteaux, ils s'évadèrent. Cela se terminera par une boucherie : presque tous les guerriers seront tués. Il n'y aura que 70 survivants environ.  Conduit par le chef Little Wolf, d'une soixantaine de Cheyennes se cachera, échappant à la capture. L'hiver sera pour eux épouvantable. Affamé, ils n'avaient comme seul abri que des trous creusés dans le lit du rivière. Ils se rendirent au printemps 1879 et furent bien traités, même si planait constamment sur eux la menace d'être renvoyés dans le sud, ce qui n'aura pas lieu. Le reste, qui préféra jouer la patience, fut ramené dans le Montana lors de la création de la réserve des Cheyennes du Nord en 1881.

Dès 1884, la disparition sous les coups des chasseurs et des épizooties des grands troupeaux de bisons condamnait les indiens des plaines à rester sur les réserves pour survivre grâce aux rations de nourriture allouées par les traités. Celles ci étant insuffisante, ils souffriront de malnutrition et même de famine comme celle qui décimera les Piegans Blackfeet en 1882.

 

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II) Polémiques


La défaite de  Georges Armstrong Custer souleva bien des questions qui divisent parfois encore les historiens près de 150 ans après la bataille.


a) Efficacité des armes des soldats

Une légende tenace affirme que l'une des causes de la défaite de Custer provenait des carabines dont ceux ci étaient équipés.

 

 L'armée avait choisit pour l'équipement de ses hommes des fusils Springfield modèle 1873. Ce fusil avait été sélectionné après de nombreux tests l'opposant à ses concurrents. Le choix de ce fusil à un coup à chargement par la culasse fut motivé par le désir de limiter le gaspillage de munitions. Il y avait en effet 1600 kilomètres entre les usines fabriquant armes et munitions et les postes de l'Ouest, ce qui rendait l'approvisionnement en munitions onéreux. Par ailleurs la portée de tir de ces armes était plus grande que celle des Winchester ou fusils Henry. Or, on affirma que ces carabines avaient un défaut de conception qui faisait que la cartouche au lieu de s'éjecter de la culasse après le tir restait bloquée dans cette dernière. Pour la débloquer, on dit que les soldats devaient sortir la balle à l'aide d'une lame de canif. Des témoignages indiens signalant des soldats jetant leur fusil sous l'effet de la panique ou de la colère furent pris en support de cette théorie.

 

Carabine Springfield 1873 trapdoor

 

 

 Dès cette époque la firme Springfield fit des tests pour déceler un éventuel défaut de fabrication : sans succès si l'on peut dire! Cette arme fut aussi utilisé dans d'autres combats des guerres indiennes sans que l'on relève de dysfonctionnement. Par contre, il est certain que le 7ème n'avait ces armes que depuis quelques semaines seulement et que des soldats devaient manquer d'expérience dans le maniement de celle-ci. Les trouvailles archéologiques de munitions de Springfield entre 1983 et nos jours montrent que sur un total de près d'une centaine de douilles de calibre Springfield 30/45 que seulement 4% environ de celles-ci portaient des marques suggérant leur extraction de force de la culasse : conséquence du réchauffement de l'arme suite à un tir soutenu ou inexpérience de soldats? On ne le saura jamais, mais il est en tout cas que ce ne fut pas le facteur essentiel de la défaite des hommes de Custer! En plus, les indiens qui se sont emparés de ces armes ne s'en sont jamais plaints!

 

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b) Armement des indiens

Pendant longtemps on a attribué la victoire indienne à l'usage de carabines à répétitions ironiquement fournies par les Agents des Affaires Indiennes sur l'ordre du gouvernement et en application des traités. Les fouilles archéologiques et les témoignages d'époque montrent que cela est faux.

Les peintures réalisées sur des peaux de bisons après la bataille montrent un grand nombre d'indiens se battant avec des arcs et des flèches contre des cavaliers équipés de fusils ou de revolvers. Les guerriers avaient certes aussi des armes à feu, mais de tout modèle! Cela allait du vénérable mousquet se chargeant par la bouche à la Winchester la plus récente. Bien évidemment, les armes les plus modernes étaient l'apanage des guerriers les plus prestigieux ou des chefs de guerre. L'état des armes à feu était très variable : certaines étaient plus dangereuses pour le tireur que pour sa cible! Par ailleurs, les indiens avaient le handicap d'être souvent à cours de munitions. Ils n'avaient pas d'usine qui en fabriquaient pour eux! Les fouilles sur le site de la bataille montreront que certaines douilles provenant d'armes utilisées par les indiens furent percutées à trois ou quatre reprises sans succès; La raison? L'emploi de munitions dans des armes autres que celles qui leurs correspondaient....

  

La Cheyenne Kate Bighead en témoigna : "Les indiens utilisaient plus les arcs et les flèches que les armes à feu. La plupart d'entre eux n'en avaient pas et le peu de ceux qui en possédaient manquaient de balles. Mais même s'ils avaient été bien fournis en armes et en munitions, pour ce combat, l'arc était bien meilleur".

 

Chose intéressante, les témoignages indiens de la bataille relatent que plusieurs charges furent repoussées par les soldats, forçant les guerriers à revenir à l'abri. La cause? La portée des armes utilisées par les soldats et le manque d'armes à feu chez les indiens.

Aussi, c'est surtout des pointes de flèches en grand nombre que l'on trouva sur le champ de bataille où péri Custer. Le terrain est en effet difficile pour la cavalerie, mais ses ravines et ruisseaux asséchés permettaient à des guerriers armés d'arcs de s'approcher discrètement au plus près et d'envoyer un déluge de flèches vers leurs cibles en étant difficilement repérable au contraire de ceux utilisant des armes à feu (la poudre sans fumée n'a été inventée qu'en 1884). L'arc n'était pas alors une arme si démodée que l'on pourrait le croire, du moins dans ces circonstances, et un archer indien correct pouvait en envoyer facilement six à la minute.

Toutefois, les fouilles ont aussi démontrée par les rayures figurant sur les douilles et qui sont un peu l'empreinte digitale d'une arme que les guerriers s'empressèrent de récupérer les armes et les munitions des soldats morts pour les utiliser. Ainsi, alors que la puissance de feu des hommes de Custer ne faisait que décroître, celle des indiens effectuait l'évolution inverse! Les récits des vétérans Cheyennes et Sioux de la bataille confirment ce fait.

Pour conclure, la possession d'armes à feu par les indiens ne fut pas non plus déterminante dans la défaite de Custer.

 

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c) Le nombre des guerriers indiens

 

 

Guerriers indiens poursuivant des cavaliers

 

Les choses les plus absurdes ont été écrites sur le nombre de guerriers indiens présent à Little Big Horn.

Pour évaluer ce nombre, il faut savoir qu'un indien de sexe masculin entre 15 ans et une cinquantaine d'années peut être compté comme un guerrier potentiel, si son état de santé le lui permet. Incidemment, il y avait aussi des "guerrières", des femmes qui exceptionnellement allaient au combat avec les hommes, mais on les compte sur les doigts d'un main.


Or, certains écrivaillons au lendemain du désastre assurèrent que le 7ème de Cavalerie fit face à 5000 guerriers! Marcus Reno, poussé dans ses retranchements par les accusations de lâcheté et/ou traitrise pesant sur lui assurera avoir été opposé dans la vallée à plus de 3000 guerriers... et augmentera ce chiffre au fil du temps!

Les historiens les plus sérieux estiment qu'il y avait 1800 guerriers au grand maximum contre les six cents hommes du 7ème régiment de cavalerie et presque tous participèrent au combat contre les quelques 200 soldats de Custer qui luttèrent donc à un contre sept, mais quelques historiens estiment eux qu'il n'y avait contre ceux ci que quelque 600 indiens. Toutefois si, comme les dernières recherches l'ont montrée, il n'y a eu qu'une centaine d'indiens (dont des femmes et des enfants) tués (en comptant les blessés morts après), ils ne peuvent pas n'avoir été que 600, car sinon ils auraient été décimés. Un chiffre variant autour de 1200-1500 est le plus plausible.


Compte tenu du fait avéré que par la qualité de son entrainement et les méthodes de combat un soldat américain pouvait s'opposer victorieusement à un adversaire trois fois plus nombreux, la supériorité numérique des indiens à eu certes une grande importance dans la déroute de Reno (10 contre 1?) et la destruction des hommes de Custer (7 contre 1?), mais ces chiffres cachent un fait plus important : celui que Crazy Horse,  Gall et d'autres chefs comme Two Moons, Americain Horse ou Red Horse surent faire manoeuvrer leurs hommes pour qu'ils quittent le champ de bataille contre Reno et  Frederick Benteen et se portent contre Custer. L'examen des attaques indiennes montre que Custer fut pris en "pince" par Gall (qui venait du sud) et Crazy Horse (qui venait du nord). Cela est tout sauf un hasard et vient d'une tactique délibérée et préméditée entre les deux hommes, élaborée sans doute quelques jours avant l'attaque de Custer selon un schéma déjà appliqué à plusieurs reprises avant. Les guerriers indiens surent aussi tirer profit des accidents du terrain et du moindre couvert.

Les soldats du 7ème de cavalerie ne déméritèrent pas devant leurs adversaires et se battirent avec acharnement sur la Reno Hill et avec Custer, mais ils furent vaincus par un adversaire plus chanceux, certes, mais surtout plus habile et plus intelligent... Mais cela à l'époque, personne ne l'aurait jamais admis, puisqu'il ne s'agissait que "sauvages'!. Ce n'est d'ailleurs que récemment que cette idée à été accepté par les historiens militaires...

 

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d) Custer trahi?

D'autres historiens ont repris, y compris récemment, une thèse portée par Elisabeth Custer, la veuve dévouée du général. Celle-ci faisait porter le blâme de la mort de son mari et de ses hommes sur "la lâcheté d'un homme et la félonie d'un autre". Elle parlait bien évidemment respectivement de Reno et Benteen.

Cette thèse est évidemment absurde. Même s'il y avait une profonde mésentente à la tête du 7ème de cavalerie, on imagine mal deux officiers faire trucider plus de 200 hommes simplement pour se venger de Custer! D'autant qu'ils avaient aussi des amis parmi ceux qui périrent avec lui!

Néanmoins, examinons les faits en nous plaçant dans la peau de Reno et de Benteen ce fameux 25 juin 1876. Oublions tout ce que nous savons aujourd'hui pour voir ce qu'eux pouvaient savoir ce jour là pour prendre leurs décisions. En même temps, cela nous permettra de parler de la lâcheté éventuelle de Reno...

Reno s'est engagé avec ses hommes dans la vallée avec en tête la promesse de Custer de l'appuyer de toutes ses forces. L'un de ses hommes dira plus tard de lui qu'il arrêta leur charge juste à temps, car s'ils avaient continué ne serait-ce que quatre cent mètres de plus, ils auraient tous péri.

Sa décision de quitter le bois où il avait trouvé refuge avec ses hommes a été elle aussi très critiqué. Mais on oublie qu'il n'avait qu'une centaine d'hommes contre un millier d'indiens ou plus! On omet aussi de se rappeler qu'il attendait toujours un soutien qui ne venait pas! Que devait-il faire? Rester sur place encerclé par les indiens ou effectuer une percée pour rejoindre les collines et faire sa jonction avec Benteen et Custer? Risquer de connaître le sort du major Elliott à la Washita en se laissant encercler et massacrer ? Il choisit d'effectuer une percée qui se déroulera dans des conditions catastrophiques. Notons qu'après celle-ci, il dira à l'un de ses subordonnés qui parlait de leur "fuite", qu'il ne s'agissait pas d'une fuite, mais "d'une charge!".

Quand Benteen arrive avec le convoi de mules, Reno saute littéralement au cou de se dernier. Et il avait tout à fait raison : il avait perdu la moitié de ses hommes et se trouvait avec une unité hors d'état de combattre face à des centaines d'indiens. Comme il est le supérieur hiérarchique de Benteen par ancienneté, il lui ordonne de rester là et d'organiser une position de défense. Il n'a pas le moindre soupçon sur le danger planant au-dessus de Custer, car tout comme les autres officiers du 7ème régiment de cavalerie, il ne peut imaginer que les Indiens puissent anéantir ses cinq bataillons et continue toute la journée et le lendemain d'espérer la venue de Custer! La découverte du désastre sera pour lui un coup terrible.

Il ne montre aucun signe de lâcheté durant la bataille, pas plus que durant toute sa carrière précédente. Certes, il a momentanément "perdu les pédales" quand il a été aspergé par le sang et la cervelle de son éclaireur Arikara  Bloody Knife, mais il faut un peu s'imaginer dans une situation similaire avant de le juger.

D'autres ont insinué qu'il était ivre ce jour là. Il est de fait que Reno faisait plutôt soudard, qu'il buvait sec comme beaucoup de ses soldats et qu'il avait une flasque de whisky sur lui et qu'il a en bu. Un muletier civil allait même accuser Reno de l'avoir frappé sur la Reno Hill en étant complétement ivre. Seulement voilà, il y a aussi des témoignages contradictoires, dont celui de Benteen qui ne fait aucune allusion à ce fait. Aurait-il d'ailleurs obéi aux ordres d'un supérieur rond comme une queue de pelle?

Pour terminer, Reno avait deux autres raison pour ne pas se porter en avant vers Custer. En premier lieu ses blessés, dont certains étaient intransportables et qu'il ne pouvait laisser derrière lui condamnés à une mort certaine. En second lieu le précieux convoi de mules, chargées de provisions et de munitions dont les indiens ne devaient à aucun prix s'emparer. Or, ce dernier n'était escorté par une seule compagnie !


Benteen aurait-il été un abominable traître? Aurait-îl manipulé Reno et empêché le Capitaine  Thomas Weir de partir vers Custer pour commettre le crime parfait? Il suffit de lire plus haut ce que j'ai écrit de Reno pour voir que cette hypothèse ne tient pas. Quant à son refus de laisser partir Weir, il s'explique de lui-même par le fait que Weir à été contraint de se replier au plus vite devant au moins une centaine de cavaliers indiens.

Quand à la lâcheté... Tous les hommes sur la Reno Hill louèrent Benteen pour son sens de l'organisation et son courage. Une balle d'un tireur d'élite indien percera l'une de ses bottes et il parcourait constamment le périmètre de défense en première ligne. Et n'oublions pas la charge qu'il dirigea le 26 juin à la tête de ses hommes pour dégager les positions des soldats menacées par l'approche lente et silencieuse d'indiens.

Reste à savoir s'il a désobéi au dernier ordre de Custer : "Benteen, come on. Big village, be quick, bring packs" (Benteen, venez. Grand village, soyez rapide, amener convoi de ravitaillement (munitions).....

La lecture classique de cet ordre est "Gros village, récupérez le convoi de ravitaillement et rejoignez-moi au plus vite". Mais voilà... Si Benteen devait vite rejoindre Custer, pourquoi lui demander de récupérer d'abord un convoi de mules qui ne peut que le ralentir?

Une autre lecture est possible : "Récupérez au plus vite le convoi de munitions et amenez-le moi. Gros village". Cette lecture est possible car sur la Washita, Custer avait craint le pire pour son convoi de ravitaillement qu'il avait laissé loin derrière lui presque sans protection pour progresser au plus vite.

Il avait constaté qu'il y avait beaucoup plus de guerriers que ce qu'il pensait et s'inquiétait du sort de son convoi de mules protégé seulement par une compagnie. Il était vital pour lui que Benteen protège ce dernier et le lui amène. Custer était certain de pouvoir contenir avec ses hommes les indiens le temps que Benteen arrive et pensait toujours à l'attaque comme nous le verrons plus loin.

La messe est dite : Reno et Benteen ont agi au mieux selon les informations et les convictions qu'ils avaient, basés en grande partie sur l'expérience qu'ils avaient des guerres indiennes. Ayant constaté que bien souvent les indiens répugnaient à attaquer de front des positions solidement défendus, ils pensaient que dans le pire des cas les hommes de Custer s'étaient retranchés comme eux sur une colline et n'imaginaient pas la ténacité des Lakotas et Cheyennes. S'ils ont entendu des coups de feu venant du nord, ils pensèrent que Custer était engagé, mais ils étaient très loin d'imaginer ce qui se passait en réalité. En voyant des cavaliers arriver dans la vallée le 27 juin, leur première pensée fut qu'il s'agissait de Custer! Et ils ne seront pas les seuls! Le Premier Lieutenant  Charles DeRudio (1832-1910) qui était resté caché sur l'autre rive de la Little Big Horn verra venir dans sa direction au crépuscule un homme vêtu comme Thomas Custer, de même stature et montant un cheval qui était sans doute celui de ce dernier. Ce cavalier était accompagné d'indiens que Di Rudio prit pour des Scouts Crows ou Arikaras. Il commettra l'erreur de le prendre pour Thomas Custer, ignorant que ce dernier était mort depuis des heures et l'appellera. Ses appels seront salués par une volée de balles à laquelle il n'échappera que de justesse!

 

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e) Légendes sur la "formation militaire" de Tatanka Yotanka

Là, nous allons bien rire!

Pour expliquer la défaite et la mort de Custer on n'hésita pas à l'époque à sortir les explications les plus incongrues. Les deux plus étranges concernaient "la formation militaire de "Sitting Bull" (Tatanka Yotanka). On assurait sans rire les deux affirmations suivantes :

- Tatanka Yotanka a appris la tactique napoléonienne auprès d'un missionnaire catholique français. Les deux hommes discutaient en espagnol, langue que Tatanka Yotanka parlait couramment.

- Tatanka Yotanka a étudié les tactiques de l'armée américaine à West Point sous un faux nom. On sortait même du chapeau le nom d'un ancien de West Point qui en rencontrant le chef Lakota avait reconnu en lui un camarade de classe.

Idioties que tout cela ! Tatanka Yotanka n'a jamais parlé un mot d'espagnol, fréquenté de missionnaire catholique français, entendu parler de Napoléon ou mis les mocassins à West Point!

Mieux encore : comme il était mal remis du sacrifice réalisé par lui lors de la " Danse du Soleil", il resta à distance du champ de bataille avec les hommes les plus âgés qui protégeaient les non-combattants, encourageant les guerriers à leur passage vers le combat. Cela autorisera certains de l'accuser un peu légèrement de lâcheté par la suite.

 

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f) Les erreurs tactiques de Custer

 

La veuve de Custer, Elizabeth Bacon Custer était très éprise de son mari dont elle porta le veuvage jusqu'à sa mort en 1933. Elle bloquera toute recherche historique sur la bataille en protégeant avec férocité la réputation de son défunt époux. Quand celles-ci pourront enfin débuter, beaucoup d'indices, de témoins et de preuves avaient disparus.

Mais elle ne pourra éviter qu'à la demande de Reno, excédé des accusations de lâcheté qui pesaient sur lui une commission d'enquête militaire se réunisse à Chicago pour juger du comportement de Reno sur le champ de bataille. Ce sera aussi l'occasion de critiquer la façon dont Custer opéra ce jour-là.

Premier grief, le fait que Custer ait refusé l'appui de mitrailleuses Gatling, alors que les indiens rompaient souvent le combat lorsqu'ils étaient confrontés à des armes inconnues pour eux. Objectivement, Custer avait cependant eu raison de les refuser. Il comptait faire des étapes de près de 50 kilomètres par jour et les Gatlings l'auraient sans aucun doute gênés. Chacune nécessitait un attelage de quatre chevaux et souvent les soldats devaient les faire franchir les obstacles à la force des bras.

 

Mitrailleuse Gatling

 

On critiqua ensuite sa décision de ne pas prendre le renfort de quatre compagnies du 2ème régiment de cavalerie. Cette fois, elle semblait juste car Custer les refusa en disant que son régiment pouvait venir seul à bout de n'importe quel ennemi. Ceci est la manifestation de l'orgueil de Custer et de la confiance qu'il avait en ses hommes. Se basant toujours sur le fait qu'un soldat pouvait tenir tête à trois indiens, il s'estimait capable avec ses 600 hommes de combattre près de deux mille indiens, bien plus que le nombre "d'hostiles" qu'il pensait pouvoir rencontrer. Mais il n'était pas le seul à le penser au sein du 7ème régiment de cavalerie! Thomas Custer et de nombreux hommes du 7ème en pensaient autant, ainsi que les familles qu'ils laissaient derrière eux... N'étaient-ils pas des soldats appartenant à une unité d'élite? D'ailleurs, tout le trajet jusqu'à la Little Big Horn fut marqué par l'insouciance : on chassait, Thomas et son frère Georges s'amusaient à faire des farces d'assez mauvais goût au jeune Armstrong Reed... qui lui-même était en vacances scolaires !

On l'accusa aussi d'avoir désobéi aux ordres du général Terry, mais ces derniers étaient assez vagues pour lui laisser toute initiative selon les circonstances rencontrées. Terry se borna à demander à Custer de "ne pas être trop gourmand".

La division qu'il effectua en séparant son régiment en trois colonnes a été aussi pointée du doigt. En faisant cela, n'affaiblissait-il pas son régiment et ne prenait-il pas le risque qu'un ennemi supérieur en nombre ne submerge l'une de ces colonnes ?

Cette division d'une unité de cavalerie en plusieurs colonnes pour l'attaque faisait cependant partie des tactiques de l'époque. En attaquant de plusieurs côtés à la fois, on obligeait son l'ennemi à diviser ses forces sans savoir où le coup suprême serait porté.

Mais c'est là que Custer allait commettre une erreur capitale en suivant l'impétuosité que sa femme lui reconnaissait comme défaut : il n'effectua pas de reconnaissance appropriée du terrain pour connaître le nombre réel de ses ennemis, leur dispositif et leur intentions. Il comptait sur la fameuse "chance de Custer", qui lui avait permis de mener victorieusement onze charges durant la Guerre Civile sans avoir eu une seule blessure, pour trouver un gué lui permettant de franchir le Little Big Horn et s'emparer de femmes, de vieillards et d'enfants qu'il aurait utilisé pour obtenir la reddition des guerriers. Il se souvenait que sur la Washita ces derniers ne l'avaient pas attaqué quand il avait capturé des familles Cheyennes. Il négligea totalement les avertissements de ses éclaireurs Crows qui avaient senti le danger de pénétrer bille en tête dans la vallée sans avoir les informations nécessaires. Par ailleurs, il craignait que sa présence ne soit dévoilée et que les indiens se dispersent avant de pouvoir porter le coup fatal.

Or, comme il avait divisé ses forces sur un vaste terrain accidenté, celles-ci ne pouvaient pas se soutenir directement les unes et les autres et pouvaient être submergé par l'adversaire l'une après l'autre. Elles n'avaient pas d'autres possibilités pour communiquer entre elles que l'envoi de messagers.

Une deuxième erreur de Custer fut de supposer suite à ses expériences précédentes que les indiens allaient s'échapper vers le sud et se diviser en plusieurs groupes qui s'éparpilleraient. Il n'imagina pas un seul moment qu'ils pourraient choisir la bataille.

 

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 III) Les participants après la bataille - Que devinrent ils?

1) George Armstrong Custer :

 

Tombe de Custer à West Point

 

Parler de Custer après la bataille peut sembler drôle, mais sans Little Big Horn, qui se souviendrait encore de lui?

Une question se posa très tôt : qui l'a tué. Quatre hommes furent évoqués : White Bull, un Miniconjous,
, Flat Lip et Brave Bear. Les deux derniers peuvent être retirés de la liste. Regardons les deux postulants les plus sérieux

White Bull (1849-1947) était un neveu de Sitting Bull qui prit par à la bataille. On raconta pendant des années qu'il avait tué Custer. Lui-même ne revendiquait pas cette honneur, mais il admettait avoir combattu ce dernier, ou du moins un homme lui ressemblant.

Rain in the Face nia toujours avoir tué Custer. Alors qui?

Le 25 juin 2005, lors d'une réunion publique à Helena (Montana), les conteurs traditionnels Cheyennes révélèrent un fait tenu caché pendant plus de cent ans.  Buffalo Calf Road Woman (185?-1878), une héroïne qui s'était déjà distinguée à la bataille de la Rosebud en allant chercher sous les balles des soldats son frère blessé aurait porté le coup fatal à Custer. Ils racontèrent que ce dernier n'avait pas été tué sur la Custer Hill, mais plus d'un kilomètre plus au nord. Buffalo Calf Road Woman tira sur lui alors que la bataille faisait rage,  le faisant tomber de sa monture en lui logeant une balle de revolver juste au-dessus du coeur. Mortellement blessé, Custer fut achevé d'une balle dans la tête dans la tempe gauche. Les guerriers ne mutilèrent pas son corps qu'ils considéraient comme impur, puisque tué par une femme.

 

Malheureusement, la tradition orale rapporte que ce jour là Buffalo Calf Road Woman n'avait pas d'arme à feu, mais un casse-tête avec lequel elle le frappa, le faisant tomber de cheval.

Buffalo Calf Road Woman décéda en 1878 de la malaria contactée en Oklahoma. Notons qu'il semblerait effectivement que Custer ait poussé plus à l'ouest que Custer Hill pour tenter de trouver un gué lui permettant de franchir la Little Big Horn. S'il a été mis hors de combat à ce moment là, cela expliquerait la présence de plusieurs de ses officiers sur la Custer Hill. Mais rien ne permet de trancher d'une façon définitive..

Enfin, quand le corps de Custer fut découvert, le Capitaine Benteen l'examina et témoigna que pour lui les blessures ne venaient pas d'un calibre 45, mais d'un fusil d'un autre calibre. A ce niveau, c'est cohérent avec la tradition orale Cheyenne. Reste toutefois un gros problème...

Comment les Cheyennes ont pu identifier Custer? Ce dernier s'était fait couper les cheveux suite à un cauchemar de sa femme qui voyait un indien brandissant le scalp de son mari (D'autres disent parce qu'il devenait chauve). Beaucoup de participants indiens à la bataille ignoraient par qui étaient commandés les hommes qu'ils combattaient. Certains, qui avaient appris à lire les chiffres, comprirent qu'ils combattaient le 7ème de cavalerie, mais ignoraient totalement que ce dernier était commandé par Custer!

La question de savoir qui a tué Custer est insoluble mais au fond sans importance. Ce qui est important est qu'il a été défait et tué!

Son corps fut enseveli avec celui de son frère Thomas sur le champ de bataille. En 1877, il fut exhumé et comme la plupart de ses officiers son corps sera rapatrié vers l'Est. Le 10 octobre 1877 il sera réinhumé en grande pompe au cimetière de West Point où sa femme le rejoindra à son décès.

 

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2) Marcus Reno

  

Reno assuma le commandement du 7ème de cavalerie durant le reste de la campagne de 1876, puis reçut en décembre de cette année le commandement du  Fort Abercrombie (Dakota du Nord). Il y sera accusé de "conduite immorale" pour avoir poursuivit de ses assiduités la femme d'un autre officier du 7ème de cavalerie, le Capitaine James Bell, alors que ce dernier était absent du fort. Reno sera aussi pris en flagrant délit d'ébriété à plusieurs reprises.
Mais il faut savoir que Bell, qui n'était pas présent sur la Little Big Horn, y avait perdu bien des amis et qu'il avait de bonnes raisons d'en vouloir à Reno.

Le véritable commandant de l'unité, le Colonel Sturgis  reçu les plaintes pour indécence publique et les transmis. Il  l'exonéra cependant de toute autre faute. Reno avait en effet bu en dehors du service et d'autres officiers étaient parfois encore plus lourdement alcoolisés que lui! Reno fut suspendu de son commandement et convoqué devant une commission d'enquête qui le déclara chassé de l'armée. Mais le Président  Rutheford B. Hayes intervint et commua sa peine en le suspendant de son grade et de sa paie pour deux ans.

Reno était en plus constamment accusé de s'être comporté comme un lâche à Little Big Horn et même d'avoir été ivre lors de la bataille. Excédé, il demanda et obtint l'organisation d'une commission d'enquête. Celle-ci se réunit à Chicago en janvier 1879 et appela des témoins. Certains affirmèrent plus tard avoir fait l'objet de pressions pour laver de toute accusation Reno et Benteen. Des documents furent aussi dérobés et d'autres falsifiés. Plus que des manœuvres de Reno et Benteen, il faut plutôt y voir la main de l'armée américaine elle-même désireuse d'étouffer dans l'oeuf un possible scandale. Le jugement scandalisera d'ailleurs le général  Nelson Miles qui commandait alors l'armée et qui le qualifiera "de blanchissage".

Cela ne terminera pas les ennuis de Reno et donnera du corps aux accusations pesant sur lui! L'année suivante, il passa de nouveau en cours martiale pour conduite indigne d'un officier sous l'effet de l'alcool. Il était accusé d'avoir joué le voyeur en regardant par la fenêtre la femme de son officier supérieur, le Colonel Sturgis. Malgré le soutien de ses supérieurs hiérarchiques, il sera condamné et chassé de l'armée. Etait-il un bouc émissaire qu'il fallait liquider?

 

Il gagnera alors Washington où le Bureau des pensions lui donnera un poste d'examinateur des demandes. Il se mariera en janvier 1884 à une secrétaire, Isabella Ray, mais elle demandera la séparation après quelques mois.

Quand son fils épousera à Nashville la riche héritière d'un négociant en whisky, il lui écrira pour lui dire qu'il ne pouvait assister au mariage parce qu'il était trop occupé. En fait, il n'avait pas assez d'argent pour se payer le train et ne voulait pas que son fils soit au courant de sa situation financière.

Reno écrivit ses mémoires et les proposa au New York Weekly Press qui rejeta son manuscrit. Il ne sera publié qu'après sa mort.

Atteint d'un cancer de la langue, Reno décédera le 29 mars 1889 après une opération. Il avait alors 54 ans. Il sera inhumé dans une tombe sans nom du Washington's Oak Hill Cemetery.

En 1926, on proposa l'érection d'un monument à son nom sur le site de la bataille de Little Big Horn. Elisabeth Custer écrira : "Je suis favorable à un monument dédié à nos héros sur le champ de bataille de Little Big Horn, mais pas à un monument pour celui d'un homme sans honneur, le seul couard du régiment". Reno n'eut pas son monument.

En 1967, Charles Reno, le petit neveu de Marcus Reno demanda à ce qu'un comité d'éthique de l'armée américaine réexamine les pièces du procès de 1880 qui avait chassé son grand-oncle de l'armée. Celle-ci jugea le fait que Marcus Reno ait été chassé de l'armée comme une décision erronée et changea son statut de "general discharge" en "honorable".

Le 9 septembre 1967 il sera exhumé et réenterré en grande pompe dans le Custer National Cemetery sur le champ de bataille de la Little Big Horn. Il est le seul combattant de Little Big Horn à y avoir été enterré avec de tels honneurs.

Mais même encore de nos jours, des gens le vouent aux gémonies sur le net et ailleurs en lui faisant porter la responsabilité de la mort de Custer et de ses hommes. J'ai déjà dit ce que j'en pensais et je résumerai mon discours en disant qu'il est bien facile en connaissant maintenant ce qui s'est passé de juger et d'accuser ceux qui à l'époque prirent le parti qui leur semblait le plus raisonnable!

 

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3) Frederick Benteen

 

En 1877, Benteen participera à la campagne contre les  Nez Perce et sera nommé brigadier général le 27 février 1880 pour ses actions lors de cette campagne et son comportement à Little Big Horn, preuve qu'on considérait en haut lieu que son comportement avait été exemplaire.

 

Il se compromettra par contre dans une étrange combine dont il semble avoir été l'initiateur. Après la bataille, la place hiérarchique de Custer et celle de son second était libre. C'est alors que le commandement recevra une pétition signée par des soldats du 7ème de cavalerie qui demandait que Reno soit nommé à la place de Custer et que Benteen soit son second. Cette pétition finira dans les archives et y sommeillera jusqu'à ce que des historiens la fasse examiner par des graphologues. Ceux ci trouveront que pas mal de signatures avaient les mêmes caractéristiques : celle de l'aide de camp de Benteen! On suppose que Benteen voulait propulser Reno à la place de Custer pour obtenir un grade plus élevé. C'était un très mauvais plan qui échoua lamentablement!

 

En 1879, il témoignera devant la commission d'enquête de Chicago qui devait statuer sur le comportement de Reno à Little Big Horn. En décembre 1882, il fut nommé major du 9ème régiment de cavalerie. Il sera suspendu de son commandement en 1887 pour ivrognerie et conduite désordonnée au Fort Duchesne (Utah). Condamné, il devait être chassé de l'armée, mais le Président  Grover Cleveland réduisit sa peine à un an de suspension. Benteen prit de toute façon sa retraite le 7 juillet 1888 en invoquant son rhumatisme et des problèmes cardiaque.

Il décéda le 22 juin 1889 et laissa derrière lui une veuve et un fils, Frederick. Il sera enterré en grandes pompes à Atlanta et sera par la suite inhumé au  cimetière national d’Arlington.

On dit que vers la fin de sa vie il ne supportait plus qu'on parle de Little Big Horn.

 

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4) Thomas Weir

 

Il eut peut être le sort le plus pathétique. Ce vétéran héroïque de la Guerre Civile fut profondément choqué de n'avoir pas pu sauver ses amis (dont Custer) et par la découverte des corps mutilés. Frappé de ce que l'on nommerai aujourd'hui un "stress post-traumatique", il sombra dans une profonde dépression. Il écrivit des lettres à la veuve de Custer, faisant allusions à des choses qu'on lui aurait caché sur la mort de son mari. Reconnu inapte au service actif, il était alors placé dans un bureau de recrutement à New York. Dans les derniers mois de sa vie, il buvait de plus en plus et refusait de sortir hors de son logement. Dans ses derniers jours, il était devenu extrêmement nerveux et tendu au point de ne plus pouvoir manger

Il décéda le 9 décembre 1876. D'abord enterré sur Governors Island, dans le cimetière du Fort Colombus, son corps sera transféré dans les années 1880 à Brooklyn au Cypress Hills National Cemetery.

 

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5) Le 7ème de cavalerie

  

La carrière de cette unité ne s'acheva pas sur la Little Big Horn! On la retrouve en 1877 contre les Nez Percés du  Chef Joseph qu'elle assiège du 30 septembre au 5 octobre 1877 à  Bear Paw (Montana), forçant les indiens affamés et démunis de tout à se rendre après une courageuse résistance. Moins glorieusement, elle commettra le massacre de Wounded Knee le 29 décembre 1890 (voir à la fin de la biographie de Tatanka Yotanka/Sitting Bull).

 

De 1895 à 1899, le régiment sera stationné au Nouveau Mexique et en Oklahoma. Des hommes du 7éme participeront le 17 mai 1896 au dernier affrontement entre des soldats réguliers de l'armée américaine et des Apaches Broncos au Guadalupe Canyon (Histoire des Chiricahuas : Ceux qui ne se sont jamais rendus)

Durant cette période, l'unité comptera dans ses rangs Edgar Rice Burroughs, le papa littéraire de Tarzan!

 

En 1904-1907 et 1911-1915, le 7éme est envoyé aux Philippines pour lutter contre les Indépendantistes Philippins, puis est envoyé sur la frontière mexicaine et prend part à l'expédition punitive de 1915-1916 du général  John Pershing contre les mexicains de Pancho Villa.

 

La Première Mondiale se terminera sans que le régiment puisse arriver en France. Affecté en 1921 à la 1er division de cavalerie, il sera stationné au Texas et en Arizona principalement.

 

Il ne sera motorisé totalement qu'en janvier 1943 et sera envoyé dans le Pacifique où il entrera en opération contre les Japonais d'abord en Nouvelle-Guinée, puis dans les Philippines. Prévu pour participer au débarquement sur les côtes du Japon, il n'y entrera que comme force d'occupation après la capitulation du Japon. L'un des ses officiers était le Colonel Brice W. Custer, petit neveu de George Armstrong Custer!

 

Le régiment prendra ensuite part à la guerre de Corée où il se rendra responsable du massacre de  No Gun Ri les 26-29 juillet 1950 tuant entre 8 (selon l'armée américaine) ou 163 au moins (selon l'armée sud-coréenne alliée des USA) civils désarmés. D'après les soldats du 7ème, il y avait des hommes armés parmi des réfugiés sud-coréens. D'après les sud-coréens, il ne s'agissait que de civils désarmés. La question fait toujours polémique.

Notons que le régiment participa aux batailles les plus dures et les plus sanglantes de la guerre.

 

En 1957, il fut dissous, mais réorganisé ensuite comme unité de reconnaissance et certains de ses éléments participèrent à la guerre du Viet Nam, d'autres éléments étant stationnés en Allemagne et en Corée du Sud. Une partie des unités sera transformée en unité héliportée.

 

On le retrouvera sans surprise lors de "Desert Storm" en 1990-1991, et il participa à l'attaque sur l'Irak en 2003 et des unités du 7ème s'y trouvaient encore en 2009. On les retrouve ensuite en Afghanistan et les unités du 7e Régiment sont actuellement (2022) dispersés en Pologne, Allemagne et dans les états Baltes.

 

Hommes du 7ème de cavalerie près de Fallujah (Irak)



6) Tatanka Yotanka (Sitting Bull)

  

Tatanka Yotanka et ses suivants furent pourchassés par l'armée américaine après la victoire de Little Big Horn. Manquant de munitions au point d'engager une négociation avec l'armée américaine dans l'espoir d'en obtenir pour "la chasse", il n'aura d'autre solution que de gagner le Canada avec les siens en mai 1877 pour échapper à la reddition et à la réserve. Il s'installa avec ses partisans dans le Saskatchewan près de Wood Mountain, refusant systématiquement toutes les propositions américaines de "pardon".  

 

La vie était cependant difficile. Les grands troupeaux de bisons avaient déja disparu de la région et le gouvernement canadien, désireux d'éviter de fâcher son voisin américain, n'accordait aucune aide à son peuple. Les Sioux vivaient surtout de la charité de certains de leurs voisins (indiens, blancs et métis), des dons d'organisations charitables, du gibier qu'ils arrivaient à trouver et de la vente des peaux de bisons qu'ils allaient chasser au péril de leur vie dans le Montana. Peu à peu, ses partisans, vaincus par la disette et le froid, rongées par le mal du pays et la séparation d'avec des membres de leurs familles, rentrèrent faire leur reddition aux Etats Unis.

 

Tatanka Yotanka décider de faire de même à l'été de 1881.avec 200 des siens. Le 19 juillet, il fit rendre son fusil par son fils  Crow Foot au commandant du Fort Buford. Il fit ensuite aux soldats un discours (en Lakota) où il leur déclara qu'il souhaitait être leur ami et celui de tous les blancs. On était loin du Tatanka Yotanka qui adjurait les guerriers de tuer tout blanc pénétrant sur le territoire Lakota, sans regard d'âge ou de sexe, "car sinon d'autres viendront"! Visiblement, Tatanka Yotanka avait compris que la lutte armée était inutile et qu'il fallait vivre avec les blancs, bon gré, mal gré...

 

Deux semaines plus tard Tatanka Yotanka et les siens furent transferrés au Fort Yates, à côté de l'Agence de Standing Rock. Captivité très douce d'ailleurs : pas de fers ou de cachots. Les indiens pouvaient se déplacer librement dans le fort et le vieux chef pouvait même recevoir des visiteurs. Cependant, ils étaient surveillés étroitement par les soldats. Les officiers supérieurs de l'armée américaine craignaient que Tatanka Yotanka répande parmi des indiens depuis peu de temps soumis les ferments de la révolte. Aussi, ils l'éloignèrent avec les siens à Fort Randall sur le Missouri où ils passèrent près de 20 mois. Ce n'est qu'en mai 1883 que lui-même et son groupe seront admis à Standing Rock.

 

Tatanka Yotanka avait déjà eu l'occasion à plusieurs reprises de visiter le monde des Blancs à l'occasion de foires ou d'inauguration où il était invité "comme témoignage de l'ancien monde de la sauvagerie s'effaçant devant le nouveau monde de la civilisation". Comme cette inauguration de ligne de chemin de fer où on lui demanda de faire un beau discours, ce qu'il fit en Lakota bien évidemment. La foule enthousiaste l'applaudissait. Le traducteur non. Il devait en effet traduire le discours de Tatanka Yotanka en un langage fleuri et ampoulé, alors qu'en fait ce dernier traitait ses auditeurs de voleurs et de menteurs et les maudissait de toute les façons! Et on dit que les indiens n'ont pas le sens de l'humour!

 

 Un jour qu'il était invité dans une ville, on l'invita à assister à un spectacle de music-hall avec des numéros du style "les Acrobates Amish", "les Clowns Mormons" ou "Pâquerette la Vache qui chante". Il dormait paisiblement dans son fauteuil en rêvant à je ne sais quoi, quand des détonations le reveillèrent brutalement. Il s'agissait d'un numéro de tir au fusil exécuté par une frêle  jeune femme,  Annie Oakley (1860-1926) [voir à gauche]. Tatanka Yotanka fut si ébahi par l'habileté de celle-ci qu'il demanda à la rencontrer. Séduit par elle, il décida de l'adopter comme sa fille, la baptisant "Annie Two Guns".

 

Ces apparitions de Tatanka Yotanka allaient donner des idées à des entrepreneurs de spectacles, dont le plus célèbre de l'époque  Buffalo Bill Cody et son Wild West Show. Cet homme très intelligent qui savait parfaitement se mettre en scéne était pour son époque un précurseur. C'est lui qui popularisa la plupart des scènes de l'imagerie des westerns : l'attaque de la diligence par les indiens, la tenue des cow-boys (le chapeau, le foulard, la chemisette, etc....) alors qu'en fait ces derniers ressemblaient plutôt à ça (voir ci-dessous) :

 

Les vrais cowboys ressemblaient à ça

Pas très sexy, non?

 

 Bref! Cody et ses collaborateurs se dirent qu'avoir "l'assassin de Custer" dans le show, cela serait une bonne affaire pour eux. Restait à convaincre les autorités et surtout l'Agent des Affaires Indiennes de Standing Rock,  James McLaughlin (1842-1923). Cela ne sera pas une mince affaire et il fallait en plus persuader Sitting Bull de l'intérêt de l'opération. D'abord réticent, ce dernier accepta. L'occasion était belle pour lui de visiter plus avant le monde des Blancs. Peut être y trouverait-il quelque chose qui aiderait son peuple? Et il savait en plus que "Annie Two Guns" était de la tournée et il se faisait une joie de la revoir. Les autorités finirent elles aussi par capituler - Cody avait d'influentes relations - mais imposèrent la présence de McLaughlin. Ce dernier était défavorable à Tatanka Yotanka. Sincèrement soucieux du devenir des indiens, McLaughlin ne voyait cependant pour avenir pour eux qu'une totale assimilation dans la "civilisation". Pour lui, un homme comme Tatanka Yotanka était un obstacle sur ce chemin en raison de son attachement à la tradition et à son influence sur son peuple.

 

Tous les indiens qui participèrent au Wild West Show en témoignèrent : Buffalo Bill les traitait extrêmement bien : ils étaient payés correctement et n'avaient aucune différence de statut avec les participants blancs du spectacle. Tatanka Yotanka avait un salaire de 50 dollars par semaine pour simplement faire le tour de l'arène à cheval en s'arrêtant le temps de faire un discours en Lakota dans lequel il exprimait son désir de voir son peuple et les Blancs établir des relations pacifiques et sa volonté de voir les jeunes Sioux bénéficier de l'éducation des Blancs.

 

L'accueil du public vis à vis de "l'assassin de Custer" était parfois hostile. Un jour, la foule se déchaînera contre lui, l'accablant d'injures et de menaces et jetant sur lui les objets les plus divers. Impavide, Tatanka Yotanka fit son tour de piste et rentra impassible sous son tepee. Outrée par le comportement de la foule, sa fille adoptive Annie Oakley alla le voir et lui demanda : "Père, pourquoi n'arrêtes-tu pas. N'en a pas tu assez de te faire insulter ?". Tatanka Yotanka lui répondit : "Je préfère qu'ils s'en prennent à moi ici plutôt qu'à mon peuple là-bas".

 

Tous les Blancs ne haissaient pas Tatanka Yotanka. Très vite se répandit parmi les mendiants et les sans le sou la rumeur qu'il était très généreux. Certains jours, au grand scandale de McLaughlin, qui y voyait "un refus des valeurs de la civilisation", il distribuait tout l'argent qu'il avait sur lui. Tatanka Yotanka était particulièrement touché par les enfants qui mendiaient. Il s'étonnait de ce qu'un peuple aussi puissant et riche que les blancs puisse tolérer que des enfants doivent mendier pour vivre. Il réussira même à capter l'amitié de Cody. Notons que ce dernier avait été un ami personnel de George Armstrong Custer et de sa veuve et qu'il savait parfaitement que Tatanka Yotanka, bien que présent à Little Big Horn, n'avait pas combattu ce jour-là.

 

Durant cette tournée de quatre mois, Tatanka Yotanka passera dans la presse, et dans l'esprit de beaucoup, du statut "de sauvage assassin aux mains rouges du sang d'innocentes victimes" à celui d'un guerrier romantique à la Fenimore Cooper. Il découvrira le pouvoir de l'image en s'apercevant que sa signature ou ses photos ramenaient de l'argent.

 

A son retour sur la réserve, il sera l'objet des tracasseries de McLaughlin, inquiet de sa célébrité. Il ne sera plus jamais permis à Tatanka Yotanka de se joindre au Wild West Show ou tout autre événement similaire. Il ira cependant à Washington en 1888 avec une délégation Sioux pour "négocier " la dislocation de la grande réserve Sioux en plusieurs parties. Les spéculateurs trouvaient en effet celle-ci bien trop grande. Coup de chance pour eux, le " Dawes Act" venait d'être votée. Conçue pour détruire la propriété tribale des terres et favoriser dans l'esprit de son concepteur l'assimilation des indiens en faisant d'eux des petits propriétaires terriens, elle préconisait la division par lots des terres tribales et leur répartition entre les "chefs de familles". Les terres en surplus devaient être vendus, l'argent recueilli devant servir à mener des actions éducatives ou médicales au profit de ces mêmes indiens. Autant dire que cette loi fut en fait détournée par les spéculateurs à leur profit pour s'approprier le plus de terres possibles, y compris par le meurtre ou l'extorsion.

 

Tatanka Yotanka s'opposait à ce partage des terres Sioux, mais il se heurta au fatalisme des autres chefs et ne parvient pas à les convaincre de résister, ou à tout le moins de faire monter les enchères. Peu après, un journaliste lui demanda dans quel état d'esprit se trouvaient les indiens. Il répondit : "Quels indiens ? Il n'y a plus d'indiens !".

 

 

 

 Depuis la disparition des grands troupeaux de bisons en 1883, les Lakotas dépendaient des allocations de nourriture du gouvernement pour survivre. Ce même gouvernement les incitait à cultiver la terre pour subvenir à leurs besoins. Mais même si les Sioux avaient fait preuves de bonne volonté en essayant de s'y mettre, leurs terres étaient largement impropres à l'agriculture et le peu qui avait poussé avait souffert de sécheresses à répétition. Ils s'étaient aussi essayés à l'élevage bovin, mais le terrible hiver de 1886 avait décimé leur bétail, puis le morcellement de 1887 leur avait fait perdre les meilleurs pâturages. Cela n'empêcha pas les Affaires Indiennes de diminuer unilatéralement les rations après qu'une commission d'enquête sénatoriale conduite par le sénateur Dawes ait constaté "que la soi-disant disette sévissant chez les Sioux était causée par le refus obstiné de certains de cultiver la terre"! Bref, la misère et la malnutrition régnaient en maître sur les réserves Sioux. Les fermiers blancs des environs pouvaient tenter leur chance ailleurs... pas les Sioux!

 


 

Wowoka, alias "Jack Wilson" (1856-1932)

 

 

C'est dans ce contexte qu'arriva du Nevada une étrange nouvelle : un  Paiute, nommé Wowoka avait eu, alors qu'il était gravement malade et aux portes de la mort, une étrange vision. Il avait vu le Christ venir à lui. Il ressemblait à un indien et était vêtu comme un indien. Il dit à Wowoka  que Dieu, son père, était lassé de la cruauté et de la cupidité des hommes blancs et qu'il avait décidé de détruire ce monde. Seuls seraient épargné les indiens qui suivront l'enseignement qu'il allait lui donner. Il enseigna à Wowoka les pas d'une danse et lui dit que les indiens devaient s'abstenir de toute violence entre eux ou avec les autres (blancs compris), qu'ils ne devaient plus boire, ne pas mentir et ne rien voler. Les bisons reviendraient en grand nombre, les indiens morts ressusciteraient et plus personne ne souffrirait de la maladie ou de l'âge. Miraculeusement guéri, il commença son enseignement. De bouches à oreilles, la nouvelle arriva jusqu'aux réserves Sioux. Une délégation alla rencontrer Wowoka pour vérifier l'authenticité de la nouvelle. Signe des temps, elle voyagea par train et communiqua en anglais avec Wowoka.

A son retour, elle annonça que tout était vrai. Pour des gens désespérés et affamés, la nouvelle était un espoir, une bouée de secours. Ils adoptèrent la danse et s'y livrèrent avec frénésie, tombant parfois dans des états de transes. La danse se propagea comme une trainée de poudre à travers les Plaines, à la grande inquiétude des autorités civiles et militaires qui voyaient la " Danse des Esprits" ou des "Fantômes" menacer leurs tentatives pour annihiler les cultures amérindiennes. En ce qui concerne les Lakotas, les autorités militaires pensaient même que la Danse annonçait une révolte prochaine !

 

Ghost dance

 

Pourtant, les Danseurs ne pensaient pas à la violence, même si certains d'entre eux portaient des chemises censées les protéger des balles. Ils se contentaient de danser frénétiquement. Jamais aucun danseur n'agressera un blanc, pas une ferme ne sera pillée ou une grange brulée. Pas un cheval ne sera volé. Peu d'observateurs sinon aucun ne remarquait par ailleurs que la "Ghost Dance" combinait des éléments issus du christianisme combiné à des éléments provenant des religions amérindiennes. Ce n'était pas la première fois que se développait un tel mouvement. Ainsi le culte de la " Longhouse Religion" propagée vers 1799 par le  Cayuga Handsome Lake (1735-1815) reste aujourd'hui pratiqué par plus de 5000 Iroquois aux Etats Unis et Canada. Une "Ghost Dance" fort similaire en son message à celle de Wowoka était également apparue en 1870 chez les Amérindiens de Californie.

 

Tout les Sioux ne se mirent pas à danser. Beaucoup étaient sceptiques. Tatanka Yotanka était de ceux là. Il doutait, en partie par expérience personnelle, que les morts puissent revenir à la vie. Toutefois, il se montrait tolérant envers les danseurs, acceptant que des membres de sa propre famille y participent et y assistant même à plusieurs reprises comme spectateur. Son village regroupait à la fois les membres les plus "traditionnalistes" des Sioux et de nombreux danseurs. Apparemment, il se refusait à ôter un espoir, même illusoire, à son peuple. Aux yeux des autorités, alertées par les appels à l'aide de McLaughlin, Tatanka Yotanka était derrière les Danseurs et comptait les utiliser pour assoir son pouvoir sur tous les Lakotas et les pousser à la révolte. Aussi, ils prirent la décision de mettre Tatanka Yotanka hors de nuire.

 

Ils firent d'abord appel à Buffalo Bill qui accepta la mission de se rendre auprès de Tatanka Yotanka pour le persuader de se rendre et d'éviter une guerre. Comme ses contemporains, Buffalo Bill était très mal informé sur les événements réels. Une nuée de soi-disant journalistes s'étaient abattus sur les réserves Sioux. Ne trouvant que peu de faits sensationnels à raconter, ils n'hésitèrent pas pour certains à décrire par le menu une spectaculaire bataille entre indiens et soldats... bataille qui n'a jamais eu lieu! Bref, Buffalo Bill estimait lui-même avoir très peu de chance de parvenir vivant jusque Tatanka Yotanka et encore moins de le convaincre de se livrer. Quand à McLaughlin, il ne voulait surtout pas voir arriver Buffalo Bill. Il n'aura aucun mal à convaincre les autorités militaires d'ordonner à Buffalo Bill de faire demi-tour et ce dernier n'insistera pas.

 

Ce que craignait Mclaughlin, c'était de voir Tatanka Yotanka fuir la réserve avec ses "partisans". Il voulait mettre le Lakota sous les barreaux. A plusieurs reprises, il l'avait invité à venir le voir pour "parler", mais méfiant, Tatanka Yotanka avait éludé toutes ses invitations. Le 14 décembre 1890, McLaughlin reçu l'autorisation de placer en détention Tatanka Yotanka. Il chargea le chef de sa Police Indienne, le lieutenant Bullhead d'aller à l'aube arrêter Tatanka Yotanka et cde le ramener en cab à l'Agence.

Craignant à juste titre une résistance des habitants du village de Tatanka Yotanka, Bullhead décida de renoncer au cab et d'emmener le vieux chef à cheval.

 

Le lendemain, vers 5 heures trente du matin, Bullhead avec 38 hommes de la Police Indienne renforcés de quatre volontaires encerclérent la cabane de Tatanka Yotanka. Bullhead réveilla ce dernier en frappant à sa porte et l'informa de son arrestation, lui intimant l'ordre de le suivre sans résister. Il emmena le vieil homme dehors après que ce dernier se soit habillé, mais le camp se réveillait et les hommes affluaient vers le domicile de leur chef, attirés par une animation inhabituelle. Bullhead ordonna à son prisonnier de grimper à cheval en lui disant que McLaughlin voulait le voir et qu'il pourrait ensuite partir. Tatanka Yotanka n'en crû pas un mot et refusa d'obéir, tentant de retourner vers sa cabane. Bullhead le fit saisir par des policiers indiens, mais cette scène rendit furieux les habitants du village. Catch-The-Bear, l'un de ceux ci, tira au fusil sur Bullhead, le blessant mortellement. Avant de s'effondrer, ce dernier tira dans la poitrine de Tatanka Yotanka. Le vieux chef s'effondra et un autre policier, Red Tomahawk, l'acheva d'une balle dans la tête. Cela déclencha une bataille d'une rare violence, interrompue par l'arrivée de l'armée qui dégagea la Police Indienne. Le combat coûtera la vie à quatorze hommes de part et d'autres, tous Lakotas, dont un jeune fils de Tatanka Yotanka abattu de sang froid par la Police Indienne..

 

Les soldats emmèneront le corps au Fort Yates où il ne fera pas l'objet de beaucoup d'égards. Le charpentier du fort se chargera de lui faire un cercueil. Il invitera les soldats qui le désirait à venir planter un clou dans le cercueil. Enveloppé dans un linceul sommaire, le cadavre de Tatanka Yotanka sera placé à l'intérieur. Comme il n'était pas chrétien, il sera inhumé en dehors du fort. Summum de la haine, on versera à l'intérieur du cercueil de l'acide chlorhydrique! Un soldat en arme gardera quelque temps la tombe.

 

On raconte qu'en 1953 des membres de sa famille volèrent le cercueil pour le réinhumer plus près de son lieu de naissance, mais il existe une dispute féroce entre les historiens et la famille sur la véritable identité du corps exhumé. On exhibera sa cabane en 1893 à Chicago à l'occasion de l'Exposition Universelle de cette année.

 

La mort de Tatanka Yotanka provoquera un drame. Effrayés par la nouvelle de la mort de Sitting Bull et l'approche des soldats, les suivants du chef  Big Foot quitteront leur réserve de Cheyenne River pour aller chercher refuge à  Pine Ridge auprès de Red Cloud. Intercepté en cours de route par le 7ème de cavalerie, ils accepteront l'escorte de ce dernier jusque Pine Ridge. Mais au lieu-dit Wounded Knee, les soldats recevront l'ordre de désarmer les hommes de Big Foot. Alors que ces derniers avaient donné presque toutes leurs armes à feu, un coup de fusil retentit. D'après la plupart des témoins indiens, un homme atteint de surdité n'avait pas compris qu'il devait donner son fusil. Empoigné par les soldats, il tira accidentellement un coup de feu. Pour des soldats persuadés que les Sioux de Big Foot allaient les attaquer par traîtrise et chauffés à blanc (si j'ose dire !) par la presse, cela leur donna l'occasion tant attendue d'ouvrir le feu. A coups d'armes à feu, de baïonnettes et d'obus de 4  canons Hotchkiss, ils massacrèrent indistinctement hommes, femmes et enfants. Sur 350 Sioux, 153 seront tués et cinquante blessés. 25 soldats seront tués et 39 blessés, dont un bon nombre par les balles de leurs compagnons. On était le 29 décembre 1890. Certains s'écrièrent "Custer est vengé". Je ne sais pas si Custer aurait apprécié ce qui s'est passé ce jour-là.

 

Wounded Knee après le massacre

 

Contrairement à ce que l'on croît, le massacre ne mit pas fin aux danses. La "Danse des Fantômes" est même encore dansée de nos jours par des indiens qui pensent que le réchauffement climatique et d'autres désordres annoncent la fin du système qui les a spoliés et oppressés. Par contre, la disparition des blancs n'est plus au programme !

 

Tatanka Yotanka restera un personnage célèbre après sa mort. Il sera un personnage important de nombreux films dont " Sitting Bull, the Hostile Sioux Indian Chief" (1914) avec Buffalo Bill Cody en personne, " Sitting Bull at the Spirit Lake Massacre" (1927) où son personnage est interprété par le  Yakima " Chief Yowlachie", "Sitting Bull" (1954, effroyablement mauvais!), "Buffalo Bill and the Indians, or Sitting Bull's history lesson "(1976),"Into the west" (2005), "Bury my heart at Wounded Knee" (2007), etc ...

Le passage du temps fera de Tatanka Yotanka un symbole et un modèle pour les mouvements amérindiens et une figure historique célébré même par ses anciens ennemis.

Ainsi le 14 septembre 1989, la poste des Etats Unis émettra un timbre à son effigie au milieu d'une série consacrée aux grands américains.

Le 6 mars 1996, le Standing Rock College sera renommé Sitting Bull College en son honneur.

Enfin, il figure parmi les portraits de 13 grands américains dans le livrfe pour enfants écrit par Barack Obama : "Of Thee I Sing : a letter to my daughters".

 

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7) Crazy Horse

 

Le courageux Lakota n'allait pas beaucoup survivre à Custer. Peut être était ce qu'il aurait souhaité. L'homme était un aigle et les aigles n'aiment pas être en cage...

 

Après la bataille de Slim Butte, l'approche de l'hiver et la pauvre condition des Cheyennes de  Dull Knife qui avaient tout perdu dans l'attaque de leur camp l'incita à envoyer des émissaires pour négocier la paix avec les soldats, mais un groupe de scouts  Crows employés par l'armée américaine tua ses émissaires. Furieux, Crazy Horse lança toute une série de raids pour attirer le général Nelson Miles et ses hommes loin de leur base et les piéger.

Miles tomba dans le panneau et s'avança avec ses hommes jusqu'au pied des Wolf Mountains. Il en avait 436 sous ses ordres, des soldats du 5ème et 22ème régiment d'infanterie renforcés d'auxiliaires Crows et  Shoshones. Prudent, il installa un périmètre de défense pour la nuit.

 

Le lendemain 8 janvier à l'aube, Crazy Horse et le chef de guerre Cheyenne Two Moons, avec plus de 500 guerriers passèrent à l'attaque à plusieurs reprises pour tenter de forcer le périmètre défensif, malgré le fait que les soldats aient une puissance de feu de loin supérieure à la leur. Ils tentèrent aussi de déborder les hommes de Miles par les flancs, mais Miles utilisa ses réserves pour parer à chaque menace. Puis ce dernier ordonna à ses hommes d'avancer sur toute la ligne pour s'emparer d'une crête stratégiquement importante. Une fois son objectif atteint, il mit en batterie des canons qui firent pleuvoir des obus sur les indiens. Les projectiles ne provoquèrent que peu de dommages parmi eux, mais Crazy Horse donna alors l'ordre de battre en retraite tandis que les conditions météo empiraient, ce qui empêcha Miles de se rendre à sa poursuite.

 

Les indiens n'avaient eu que trois morts, sans compter un nombre inconnu de blessés. Le général Miles avait perdu cinq hommes et huit blessés. Mais la bataille n'en était pas moins une victoire stratégique pour l'armée américaine qui montra ainsi aux Cheyennes et Sioux que même les pires conditions climatiques ne les protégeaient pas des attaques des soldats.

 

Pour Crazy Horse, il était devenu évident qu'il ne pouvait pas soutenir une lutte aussi inégale sans condamner à mort ceux qui le suivait. Déjà, beaucoup de familles étaient parties rejoindre la réserve pour s'y rendre de façon à éviter les conséquences d'un hiver effroyable. Au départ, les plus belliqueux tentèrent de garder les chevaux et les armes de ceux qui voulaient partir, mais le nombre croissant des partants rendait cette mesure intenable.

 

Aussi, il alla se rendre avec ceux qui l'accompagnaient au  Fort Robinson (Nebraska) le 6 mai 1877, à la Red Cloud Agency toute proche. Il y fit sa reddition au lieutenant  William Philo Clark ("Chapeau Blanc", pour les indiens) après un conseil et avec une grande solennité.

 

Il installa son village près de la Red Cloud Agency. L'armée lui accorda beaucoup d'attention et s'efforça de le séduire pour le pousser à rester en paix sur la réserve. Mais cette attention et le prestige de Crazy Horse auprès des plus jeunes des Lakotas lui valut la jalousie et l'hostilité de Red Cloud et de Spotted Tail, qui avaient tous deux depuis plusieurs années choisis de suivre la "route de l'homme blanc" et qui prêchaient la soumission, convaincus qu'ils étaient que s'opposer aux blancs ne pourrait que signifier l'extermination des Sioux.

 

Est-ce eux qui firent courir des rumeurs sur la réserve? Celles-ci disaient que Crazy Horse se préparait à fuir avec les siens pour retrouver la liberté. Or en août 1877 les officiers de Fort Robinson reçurent la nouvelle de l'approche des Nez Percés du Chef Joseph. Ces derniers fuyaient l'Idaho et tentaient de rejoindre le Canada en traversant le Montana. Ils avaient jusqu'à présent trompés ou défaits toutes les colonnes envoyées pour les intercepter et les forcer à rejoindre la réserve qui leur était destinée.

 

Les autorités militaires décidèrent de recruter des auxiliaires parmi les Lakotas  Le lieutenant Clark, accompagné de l'interprète américano-tahitien  Frank Grouard alla s'entretenir avec Crazy Horse et le chef Minneconjou  Touch the Clouds pour les inciter à combattre les Nez Percès avec les soldats. Tous deux refusèrent d'abord en disant que lors de leur reddition ils s'étaient engagés à rester en paix et à ne plus combattre. Mais, pressé par Clark, Crazy Horse finit par accepter "d'aller vers le nord et de combattre jusqu'à ce que tous les Nez Percés soient tuès". Mais Frank Grouard fit une erreur de traduction, peut être volontaire, qui allait s'avouer lourde de conséquence. Il prêta à Crazy Horse les paroles suivantes : "J'irai vers le nord et je me battrai jusqu'à ce que tous les hommes blancs soient morts"! Cela jeta un froid, comme on peut s'en douter, mais le quiproquo ne tarda pas à se dissiper. Grouard fut renvoyé à son dictionnaire Lakota-Anglais/Anglais-Lakota et un autre interprète, William Garnett, fut appelé. Ce dernier remarqua l'atmosphère tendue qui régnait au Conseil.

 

Les craintes et soupçons des militaires de Fort Robinson alertèrent Washington qui demanda au Général George Crook de se rendre à la Red Cloud Agency pour y tenir conseil avec les chefs et voir ce qu'il en était. Un conseil avec les chefs Oglalas fut convoqué, mais annulé. Une rumeur était en effet parvenue jusqu'à Crook. Elle disait que Crazy Horse avait dit qu'il le tuerait lors du conseil. Crook décida de quitter les lieux et ordonna au Lieutenant-Colonel Luther P. Bradley, commandant du Fort Robinson, d'arrêter le chef Oglala. Pour que ce dernier accomplisse sa mission, il lui envoya des renforts en provenance de Fort Laramie.

 

Le matin du 4 septembre 1877, deux colonnes de soldats firent mouvement vers le camp de Crazy Horse... pour s'apercevoir que le village indien n'était plus là! Les craintes des militaires s'étaient-elles avérées fondées?....

 

Eh bien non! Crazy Horse, inquiet de la tournure des événements et préoccupés par la tuberculose de sa femme avait rallié avec tous les siens la Spotted Tail Agency voisine. Il s'y était entretenu avec les officiers du Camp Sheridan voisin et avait accepté de revenir à Camp Robinson avec le Lieutenant Jesse M. Lee, l'Agent des Affaires Indiennes de l'Agence de Spotted Tail.

 

Au matin du 5 septembre 1877, Crazy Horse, flanqué du Lieutenant Lee et de Touch Clouds se mit en route pour Camp Robinson avec un groupe de scouts indiens. Ils arrivèrent à destination dans la soirée devant le bureau de l'adjudant. C'est là dans ce bureau que le Lieutenant Lee fut informé qu'il devait remettre Crazy Horse à l'officier de Jour. Furieux, car il avait donné sa parole d'officier à Crazy Horse qu'il ne serait pas inquiété, Lee se rendit dans les quartiers du Lieutenant-Colonel Bradley qui lui mit sous les yeux les ordres du Général Crook : Crazy Horse devait être arrêté et emmené sous bonne garde durant la nuit à l'état major de la division. Il ne resta plus qu'à Lee à avaler son chapeau et à remettre Crazy Horse aux mains du Capitaine James Kennington, qui était en charge du poste de garde cette nuit-là.

 

Kennington entraîna sans difficulté Crazy Horse dans le poste de garde, mais une fois à l'intérieur, le chef Oglala se rendit compte qu'on voulait l'emprisonner dans une cellule. Tirant un couteau de sa ceinture, Crazy Horse tenta de se frayer un chemin vers l'extérieur, se battant contre un garde et Little Big Man (pas Dustin Hoffman, mais un guerrier Lakota qui avait combattu avec Crazy Horse, mais s'était rallié à la paix... et aux blancs). Il réussit à atteindre la porte et à la franchir, mais un soldat le frappa alors dans le dos avec la baïonnette de son fusil. Il fut aussitôt transporté au bureau de l'adjudant où le Docteur Valentine McGillycuddy ne put que constater que la blessure était mortelle. McGillycuddy était l'un des rares (sinon le seul) blanc avec lequel Crazy Horse avait noué des relations d'amitié, le docteur soignant la tuberculose de sa femme. Il donna à Crazy Horse de quoi apaiser ses souffrances. Le père de Crazy Horse les rejoindra plus tard et assistera son fils dans ses derniers instants, avant de remercier McGillycuddy ainsi que les personnes qui avaient porté secours à son fils et lui avait permis de venir le voir avant sa mort.

 

Dessin de la mort de Crazy Horse par Amos Bad Heart Buffalo (1868?-1913)

 

Un sérieux problème se posait cependant aux militaires. Ils craignaient que la mort de Crazy horse sous la baïonnette d'un soldat ne déclenche une explosion de rage et de violence chez ses supporters. Aussi décidèrent-ils de travestir la vérité en prétendant que lors de sa lutte contre le garde et Little Big Man l'Oglala s'était poignardé lui-même. Cette précaution sera inutile : l'annonce de la mort de leur leader démoralisera ses partisans qui ne causeront aucune difficulté.

 

Le corps de Crazy Horse sera remis à ses parents le matin suivant. Celui-ci installèrent le corps sur une plateforme près du Camp Sheridan. Quand l'Agence de Spotted Tail sera déplacé le mois suivant près du Missouri, ses parents emmenèrent le corps vers un lieu inconnu. La tradition orale dit que son cœur aurait été enterré à Wounded Knee.

 

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8) Gall

 

Le sort de ce chef Hunkpapa qui combattit brillamment sur la Little Big Horn sera bien différent des précédents.

 

Après la bataille, il accompagna jusqu'au Canada Sitting Bull. Les difficultés de la vie au Canada, le mal du pays et le refus systématique de tout accord avec les américains de la part de Sitting Bull feront qu'il s'opposera à ce dernier et rentrera avec les siens aux Etats Unis en 1880 pour faire sa reddition.

 

Le 26 mai 1881, lui et ses suivants seront emmenés par bateau sur la réserve de Standing Rock. Abandonnant toute idée de résistance aux Blancs, il ne verra bien au contraire que dans l'assimilation à la société blanche la seule solution de survie pour son peuple. De redoutable chef de guerre, il se muera en fermier et encouragera les siens à adopter le mode de vie des blancs, se convertissant au christianisme. Il servira comme juge du Tribunal des Affaires Indiennes sur la réserve, poste dans lequel il rendra des jugements appréciés par leur équité et leur mesure. Il sera même un voisin apprécié des fermiers blancs des environs qui assisteront à ses funérailles.

 

Ami de James McLaughlin, il prendra position contre la Ghost Dance et tentera de garder les siens éloignés de celle-ci.

 

Il décédera à Standing Rock le 5 décembre 1894. Sa tombe porte la mention "On devrait toujours se rappeler d'un honnête homme".

 

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Pour finir cette partie, il nous faut aussi dire quelques mots du devenir des peuples amérindiens que nous avons rencontré au fil de ces lignes :

 

9) Les Arikaras ou Rees

 

Deux jeunes danseuses Arikaras

 

Tout comme les  Mandans ou les Hidatsas, les Arikaras étaient des cultivateurs installés sur les rives du Missouri et ne s'adonnaient à la chasse du bison que durant une partie de l'année, passant la plus grande partie de celle-ci dans leurs villages aux huttes circulaires de terre et de bois. Ennemis héréditaires des Lakotas qui les pillaient fréquemment, ils réagirent avec hostilité à l'arrivée de trappeurs blancs sur leurs terres. En 1823, ils tuèrent plusieurs de ceux-ci ce qui entraîna le gouvernement de Washington à envoyer une expédition militaire contre eux. Le conflit (fort bref) se soldera par un "match nul", mais sera pour l'armée américaine la première occasion de combattre les Indiens des Plaines.

 

Ils n'échapperont pas cependant aux épidémies qui les décimeront entre 1750 et 1850 à plusieurs reprises. De 2600 vers 1800, ils tomberont à 1650 en 1871 et à 500 en 1888. Leur affaiblissement les obligera à des choix cornéliens pour résister à la poussée des Lakotas. Ils émigrèrent du Dakota du Sud au Dakota du Nord où ils s'allièrent bon gré mal gré avec ce qui restait des Mandans et des Hidatsas. Ils décidèrent aussi de s'allier aux blancs.

Ces derniers donneront aux trois tribus la réserve de Fort Berthold vers 1880. Le déclin de la population Arikara continuera jusqu'en 1904 où il ne restait plus que 380 membres de la tribu.

 

Si les Trois tribus perdirent une partie importante de leurs terres noyées par la construction d'un barrage sur le Missouri dans les années 1950, elles ont par contre refait leurs effectifs. Elles comptent en effet toutes les trois plus de 18000 membres, dont plus de 800 personnes se déclarant Arikaras .

 

La langue Arikara, qui est une langue Caddoane proche du Pawnee, peuple avec lequel les Arikaras furent longtemps associés. Les dernières personnes âgées qui la parlaient sont mortes au début de ce siècle. Comme chez beaucoup d'autres nations indiennes dont les langues sont au bord de la disparition, un programme a été lancé pour la revitaliser, mais le nombre de locuteurs ne dépasse pas la vingtaine.

 

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10) Les Cheyennes

 


Cheyennes à un pow wow
 

 

Tout le monde croît les connaître, mais combien savent que depuis 1851 et le traité de Fort Laramie il faut distinguer les Cheyennes du Sud, présents en Oklahoma, des Cheyennes du Nord présents au Montana.

 

A leur reddition en 1877, ces "Nordistes" seront envoyés en Oklahoma selon les termes de leur reddition. Malheureusement, tandis que le gouvernement américain avait stipulé qu'ils y resteraient "à jamais", les Cheyennes avaient de bonne foi compris qu'ils pouvaient y rester "tant qu'ils leur plairaient" et qu'il pouvaient revenir quand ils le voudraient dans le Nord!

 

Cette confusion a son importance, car les Cheyennes du Nord ne se plaisérent pas du tout dans le sud! La malaria y sévissait, il n'y avait presque plus de gibier et la disette sévissait.  Conduits par  Dull Knife et T wo Moons, une partie des Cheyennes du Nord auxquels se joignit des "Sudistes" entrepris un véritable exploit en parvenant à regagner les Plaines du Nord après un voyage de près de 2000 kilomètres accompli en éludant les poursuites et les barrages dressés par l'armée américaine pour les stopper.

 

Après s'être rendu en 1879, ils devront patienter deux longues années avant qu'en 1881 Washington leur donne une réserve contigüe à celle des Crows, leurs plus farouches ennemis (rassurez-vous, ça s'est arrangé depuis!) et cerclée de postes militaires. Mais les Cheyennes du Nord ne rentreront plus jamais en guerre... sauf dans le cadre de l'armée américaine... ils y seront rejoints par ceux d'entre eux qui avaient préféré jouer la carte de la patience... car ils avaient compris que les blancs "changeaient" de chef tous les 4 ans! Les "Nordistes" ont donné au Sénat Américain son premier sénateur indien Ben Nighthorse Campbell.

 

On estime à 4000 individus la population Cheyennes vers 1780. En 1904, on comptait 1903 Cheyennes du Sud et 1409 du Nord (soit 3312 au total). En 2003, les Nordistes étaient plus de 10000 (2013). Les "Sudistes", qui n'ont plus de réserve depuis 1907, vivent mêlés aux Arapahos du Sud et se comptaient plus de 12000 (2013)

 

Complexe, la langue algonquine est parlée couramment par environ 400 personnes, en majorité des adultes appartenant au groupe septentrional. Elle fait l'objet d'une politique de revitalisation.

 

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11) Les  Crows

 

Vue aérienne du pow wow Crow Fair en 2022


 

Ennemis jurés des Cheyennes et Sioux qui les avaient chassés de la vallée de la Little Big Horn, les crows n'hésitèrent pas à s'allier aux blancs, comme nous l'avons vu, pour récupérer leurs terres. Si cela ne se réalisera pas, leur réserve n'en est pas moins la cinquième en superficie des Etats Unis et c'est loin d'être une zone désertique !

 

En 1834, on estimait leur nombre à 4500. les épidémies et les luttes contre les Sioux et Cheyennes auront leur prix : en 1904 il n'en restait plus que 1826. Ils sont aujourd'hui plus de 12000.

 

La langue Crow appartient à la famille Siouan et est très proche de l'Hidatsa. La langue Crow est encore parlée par plus de 4000 locuteurs de tout âge.

 

A noter que leur réserve abrite un troupeau de plus d'un millier de bisons. Les Crows furent parmi les premiers amérindiens à acquérir des bisons pour en pratiquer l'élevage.

 

Ils luttent aussi pour préserver leurs ressources en eau de toute pollution.

 

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12) Les Shoshones

 

 

 

Les Shoshones possédaient jadis l'essentiel du Grand Bassin, cette immense zone géographique s'étendant entre les Rocheuses et la Sierra Californienne. Le mode de vie de leurs communautés variait considérablement selon les ressources des régions où ils vivaient. Ceux qui nous intéressent sont les Shoshones de l’Est, qui partagent aujourd'hui avec leurs anciens ennemis Arapahos la réserve de Wind River au Wyoming (en taille, la septième des Etats Unis).

 

Ces Shoshones, qui avaient à bien des égards le mode de vie des chasseurs nomades des Plaines (teepes, chasse du bison, etc...) étaient peu à peu repoussés vers le sud-est,  vers les zones bien moins favorable du Grand Bassin par les Lakotas, Arapahos et Cheyennes. C'est au chef  Washakie (vers 1800-1900) qu'ils doivent d'avoir fait alliance avec les Blancs pour contrer ces derniers. Habile diplomate, Washakie avait parfaitement compris que son peuple ne pouvait lutter contre les américains et s'attacha à se montrer un allié fidèle pour "grignoter" le plus d'avantages possibles pour son peuple. Il était aussi un brillant chef de guerre qui évitera au général Crook de connaître un désastre sur la Rosebud.

 

On compte aujourd'hui plus de 13000 Shoshones aux Etats Unis, dont 3000 Eastern Shoshone (816 en 1909). Le Shoshone, qui est une langue Uto-Aztèque, est encore parlé par près de 2000 locuteurs.

 

Les Comanches sont en fait des Shoshones qui se sont séparés du groupe principal vers 1700.

 

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13) Les Sioux

 

Une jeune Sioux Oglala à un pow wow (2023)

  

Quand on parle des "Sioux", on parle en fait d'un ensemble de peuples partageant peu ou prou la même langue et les mêmes croyances. 

 

 

Aussi, il n'est guère étonnant que les Sioux soient aujourd'hui l'une des plus importantes nations amérindiennes d'Amérique du Nord avec plus de 200000 recensés en 2007. Ils vivent sur des réserves dispersées dans le Minnesota, les Dakotas Nord et Sud et le Nebraska.

On trouve aussi au Saskatchewan et au Manitoba canadien les descendants de ceux qui ont gagné le Canada avec Tatanka Yotanka (Sitting Bull) et qui ont toujours refusé de regagner les Etats Unis. Ces derniers sont restés nomades jusqu'aux années 1920.

 

Les Sioux d'aujourd'hui cumulent les extrêmes : si une réserve comme  Pine Ridge évoque plus Haïti que les Etats Unis, ils n'en sont pas moins parmi les plus revendicatifs et les plus entreprenants des amérindiens d'Amérique du Nord et luttent sans relâche pour améliorer leurs conditions de vie et adapter leur culture traditionnelle à un monde changeant.

 

Les langues Lakotas, dans leurs trois différents dialectes, sont encore parlées par plus de 30000 personnes de façon courante et une école d'immersion dans la langue Lakota vient d'ouvrir à Pine Ridge.

 

Vaincus par les Blancs, les Lakotas ont cependant involontairement réussi un véritable challenge : ils sont devenus la représentation iconique des indiens d'Amérique du Nord et ont exercé une influence réelle sur l'art et le mode de pensée de leurs conquérants (une bonne partie des croyances "New Age" vient en fait de la religion traditionnelle Lakota... mal comprise et adaptée)!

 

Little Big Horn (1) La bataille

Little Big Horn (3) Le cas Frank Finkel : seul rescapé des hommes de Custer ou mystificateur?

Little Big Horn (4) : Légendes et fantômes

 

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07/06/2023
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