L'ours polaire

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Les Wampanoags ou "Ceux de l'Est" (historique)

Il y a peu de jours, j'ai regardé une émission à la télé sur l'histoire de la nation Wampanoag.

 

Wampanoag ? Mais que sont les Wampanoags ?

 

Vous avez certainement entendu parler des Apaches, des Sioux ou des Comanches. Les Wampanoags sont l'une des nations amérindiennes d'Amérique du Nord et l'une des premières à avoir été pour son malheur en contact avec les Blancs.

 

On devrait d'ailleurs parler de la Confédération Wampanoags, car la nation Wampanoag se formait de cinq tribus principales (Aquinnah, Nantucket, Nauset, Mashpee, Patuxet) partageant la même langue et la même culture et qui vivaient dans ce qui est aujourd'hui le sud-est des états du Massachusetts et du Rhode Island avec les îles voisines. Avant l'arrivée des premiers blancs, on estime que leur nombre s'élevait au moins à quarante mille personnes.





Mode de vie traditionnel

 

Les Wampanoags pratiquaient une migration saisonnière entre les côtes et l'intérieur des terres. Comme la région avait une forte population, chaque nation avait un territoire rigoureusement délimité où elle pêchait, cultivait et chassait. La terre passait par le biais des femmes, la société Wampanoag pratiquant une filiation matrilinéaire. Elles contrôlaient donc les champs et les zones de chasse, leur mari n'ayant sur celles-ci qu'un droit d'usage.

Les familles se rassemblaient pour pêcher ensemble au printemps et au début de l'hiver pour chasser. A l'été, ils se dispersaient pour cultiver leurs champs à l'intérieur des terres.

Les hommes enseignaient aux garçons les méthodes pour vivre dans la forêt et les ruses de la chasse, ce qui était vital pour leurs futures familles.

Dès leur plus jeune âge, les petites filles apprenaient à travailler dans les champs et autour de la « wetu » familiale, une maison de forme ovale ou ronde qui pouvait

facilement être démontée totalement en quelques heures. Avec l'élaboration de la nourriture et la cueillette de baies et de fruits sauvages, elles assumaient 75% du ravitaillement, ce qui leur donnait un rôle social, politique, économique et même spirituel dans la communauté.


Ils étaient dirigés par des Sachems, la Confédération étant dirigé par un Sachem principal qui sera désigné de façon erronée par les Anglais comme un « Roi ». Celui-ci ne pouvait en effet pas prendre de décision sans consulter non seulement leurs conseillers à l'intérieur de leur tribu, mais aussi tout les autres Sachems, y compris le moins important d'entre eux. C'est à ce Sachem principal que revenait la responsabilité de conclure des traités de commerce ou de protéger leurs vassaux en échange d'un tribut. Des femmes pouvaient accéder au rang de Sachem. Ainsi, les Wampanoags de Martha's Vineyard et les Nantuckets eurent comme leader deux femmes : Wunnatickquannumou et Askamaboo respectivement. Elles purent accéder à ce rang en raison de l'importance des terres qu'elles contrôlaient et n'étaient pas les veuves d'anciens Sachems.

 

Sur le plan sexuel, les Wampanoags étaient très tolérants, mais une fois que les couples s'unissaient pour vivre ensemble, chacun des époux devait être fidèle envers l'autre. De plus, si la monogamie était la norme, la polygamie était parfois pratiquée sans que personne n'y trouve à redire. Certains hommes particulièrement estimés pouvaient en effet avoir plusieurs épouses pour des raisons politiques ou sociales. Cela était aussi signe de richesse, puisque ce sont les femmes qui produisaient et distribuaient le mais et le résultat de leurs récoltes. Cependant, chez les Wampanoags comme chez les autres tribus indiennes, les liens matrimoniaux ont moins d'importance que les liens claniques ou de parentés.

Notons que les mariages se dissolvaient aussi rapidement qu'ils se concluaient, et que les liens familiaux et claniques étaient primordiaux car ils constituaient la base des relations entre les individus et leur territoire.

 

 

Langue

 

Les Wampanoags parlaient une langue appartenant au groupe des langues algonquines. Ils commencèrent à ne plus employer leur langage après l'Indépendance Américaine. A cette époque, les groupes amérindiens qui existaient encore en Nouvelle Angleterre virent mourir beaucoup de leurs hommes par le fait des pertes lors de la guerre et de leurs activités en mer. De nombreux Wampanoags servaient en effet comme harponneurs à bord de baleiniers au 18ème et 19ème siècle, certains possédant même leur propre navire. Beaucoup de femmes Wampanoags se cherchèrent alors des époux en dehors de leur communauté, ce qui rendit très difficile le maintien de l'usage de leur langue. Vers la fin du 19ème siècle, plus personne ne la parlait usuellement.

 

Il faudra attendre 1997 et la Mashpee Wampanoag Jessie Little Doe Baird pour voir une tentative de revitalisation de cette langue. Elle conçue un lexique de base en étudiant des textes écrits en Wampanoags lors du 17ème siècle, dont la traduction de la Bible faite en 1663 par John Eliot, un Wampanoag converti au christianisme protestant ainsi qu'en étudiant les langues algonquines voisines du Wampanoag. Aujourd'hui (2009), Baird enseigne le Wampanoag dans des classes réservées aux membres de la nation Wampanoag et où on ne parle que cette langue. Elle a aussi écrit un dictionnaire anglais/wampanoag de 8600 mots. Il est bien entendu trop tôt pour ce prononcer sur la réussite ou l'échec de cette tentative, mais il est de fait que cette langue disparue depuis les années 1860 est ressortie du néant. En 2011, on en comptait six locuteurs familiers de cette langue... dont cinq enfants. Renaissance ou dernier sursaut, toujours est-il que le Wampanoag n'est plus une langue morte, mais "une langue en grand danger d'extinction".

 

 

Histoire

 

Premiers contacts

 

Ce que les blancs connaissent de l'histoire des Wampanoags commence en 1524. A cette époque, le roi de France François Ier engagea le florentin Giovanni Da Verrazzano pour conduire une expédition d'exploration le long des côtes américaines. Verrazzano longea les côtes du territoire Wampanoag et tenta en vain de les contacter pour établir des relations commerciales avec eux.

 

Après lui vinrent d'autres navires s'adonnant au commerce ou à la pêche. Les capitaines de ces navires n'avaient aucun scrupule à enlever des « sauvages païens » pour les vendre comme esclaves pour arrondir leurs fins de mois. Ainsi, le Capitaine Thomas Hunt captura plusieurs Wampanoags qu'il avait attiré à bord de son navire, dont un Patuxet nommé Squanto ou Tisquantum. Ce dernier fut acheté en Espagne par des moines qui tentèrent en vain de lui apporter les lumières de Notre Saint Mère l'Eglise. Il sera ensuite libéré et cherchant à retourner chez lui, il trouva moyen de se faire engager à bord d'un navire anglais qui partait vers Terre Neuve et qui cherchait un traducteur. De là, il arrivera à rentrer en 1619 dans sa patrie pour découvrir que les Patuxets, et partant de là toute sa famille, avaient été exterminé par une épidémie.

 

Les « Pèlerins » du « Mayflower »

 

Un an plus tard arrivait dans la zone qui est maintenant celle de Plymouth les navires des « Pèlerins », des séparatistes religieux pratiquant une version très rigoureuse du protestantisme, qui fuyaient l'Angleterre où ils étaient persécutés. Ils rencontrèrent Squanto qui les rejoignit et leur servit d'intermédiaire avec les Wampanoags et leur Grand Sachem, Massasoit. Ce sont eux qui éviteront à ces premiers colons de mourir de faim en leur montrant comment cultiver le maïs, les courges, les haricots. Ils leur montrèrent aussi où trouver du poisson, des coquillages et des crustacés marins.


Pour Massasoit, ces colons avec leurs bâtons à feu, leurs armes et objets en métal tombaient à point. Depuis les dix dernières années, les Wampanoags étaient l'objet des attaques des Micmacs qui venaient du nord le long des côtes tandis que depuis l'ouest les Pequots s'emparaient de territoires Wampanoags.

Pire encore, plusieurs épidémies apportées par les navires européens entre 1616 et 1618 avaient fait périr les trois quarts de la population Wampanoag, la réduisant à quelque douze mille âmes.

Si les Massachussets qui avaient perdu près de 90% de leur population n'étaient plus une menace pour les Wampanoags, il en était autrement des Narragansetts qui commerçaient moins avec les européens et qui avaient été moins frappés par les épidémies. Du coup, ils exigeaient que les Wampanoags leurs payent tribut.

Or Massasoit savait que les Pèlerins n'étaient que trois cent et dépendaient de lui pour survivre tout en étant le canal idéal pour obtenir ces objets qu'il désirait et qui l'aiderait à rétablir la domination menacée des Wampanoags. Massasoit savait qu'il avait derrière eux une puissance commerciale importante et comptait bien en bénéficier pour combattre les Narragansetts, Pequots et Micmacs.

 

En mars 1621, il visita la colonie de Plymouth en compagnie de Squanto et signa un traité où il cédait aux anglais près de cinquante kilomètres carrés autour de cette colonie en échange de leur appui et de marchandises. Comme pour les amérindiens la terre était une chose que l'on ne pouvait vendre et partager comme une pièce d'étoffe, on peut se demander si Massasoit avait compris que ces quelques colons qui avaient faillit tous périr durant l'hiver allaient devenir le pire cauchemar de son peuple !

Il créait là un précédent. Les Wampanoags allaient en effet payer les marchandises européennes en fourrures de castors et d'autres animaux ; Mais quand la ressource se raréfiera, faute de pouvoir conquérir d'autres zones de chasse sur les peuples voisins, Massasoit n'aura comme autre solution que de céder des terres en échange de marchandises européennes…

 

La légende et la tradition populaire américaine place lors de cette visite le premier « Thanksgiving » célébré en terre américaine par les colons avec les Indiens. Seul problème, les documents des colons ne font pas la moindre allusion à cet événement remarquable et on n'en trouve trace qu'en 1637 quand la colonie du Connecticut fêta la l'extermination presque totale des Pequots !

 

Cependant, les relations entre les anglais et les Wampanoags étaient bonnes au point que lorsque Massasoit tomba gravement malade en 1623, il sera soigné par les colons, qui sauveront aussi en 1632 son village d'une attaque des Narragansetts.

 

Expansion des colons

 

Mais entre temps, le nombre de colons ne faisait que croître, de nombreux navires en débarquant d'Angleterre. Ils fondèrent Boston et commencèrent à se répandre dans les alentours.

 

Pour ces colons, s'emparer des terres de sauvages païens et idolâtres était légitime si c'était pour les peupler de chrétiens. Ils ne reconnaissaient aucun droit aux Wampanoags et n'éprouvaient pas envers eux la reconnaissance de certains des premiers arrivants. Soldats et commerçants pour la plupart, ils n'éprouvaient aucun intérêt à cultiver l'amitié des Wampanoags ou de n'importe quelle autre nation indienne d'ailleurs. Les épidémies qui frappèrent les indiens en 1633, 1635, 1654, 1661 et 1667 furent vues par ces colons comme montrant « la volonté de Dieu de balayer les Païens pour permettre l'installation du « Peuple Elu » à leur place ». Ils ne respectaient pas les propriétés des indiens et laissaient par exemple divaguer leurs porcs qui ravageaient les plantations des Wampanoags et mangeaient les plantes dont se nourrissaient le gibier que les Wampanoags chassaient..

 

Se répandant vers l'Ouest, ils anéantirent pratiquement les Pequots qui périrent par centaines dans l'incendie de leur principale place forte à la grande horreur et frayeur des nations indiennes environnantes. Puis, armant les Mohegans, ils aidèrent ces derniers à battre les Narragansetts et à devenir ainsi la nation indienne dominante dans le sud de la Nouvelle Angleterre.

 

Certains missionnaires Puritains proposèrent de convertir les amérindiens au christianisme et de les « civiliser » pour en faire de parfaits anglais plutôt que de les massacrer. Poussés par la peur des colons, désemparés par l'impuissance de leur médecine et de leur prière devant les épidémies, désorientés par la déstructuration de leur société, nombre d'indiens se convertirent ou firent mine de le faire. A partir de 1650, l'alcoolisme croissant qui sévissait chez les Wampanoags en amena beaucoup à chercher refuge dans le christianisme qui proscrivait l'ivrognerie. Ce sera surtout le cas de femmes qui craignaient la violence des hommes en état d'ivresse.

Tout ces convertis furent installés dans quatorze villes nommées « Praying towns ». Les indiens établis là devaient renoncer à leur mode de vie dans sa totalité et devenir progressivement sous la tutelle des missionnaires de parfaits et zélés croyants aux cheveux courts, monogames et dirigeant leurs vies selon la Bible et les lois anglaises…

 

En fait, le degré d'adhésion à la religion chrétienne et aux normes puritaines des colons variera selon les « Prayers Towns » et les régions. Ainsi ceux de la région de Martha's Vineyard maintinrent des pratiques rituelles, telles les lamentations lors d'un décès et mélangèrent allégrement mœurs Wampanoags et puritaines !

Par contre, les prêtres chrétiens et les missionnaires remplacèrent progressivement les Sachems dans leur rôle traditionnel de juges de façon progressive lors des 17ème et 18ème siècle.

 

Massasoit lui-même succomba à l'influence anglaise et demanda avant sa mort en 1661 que les dirigeants de la colonie de Plymouth donnent à ses enfants des noms anglais. L'aîné, Wamsutta, reçu le nom d'Alexander et son frère cadet Metacomet celui de Philip. Après la mort de Massasoit, Alexander devient le Grand Sachem des Wampanoags.

Les anglais ne l'aimaient pas et l'invitèrent à Plymouth pour négocier un traité avec les Wampanoags. Sur la route du retour, il tomba malade et décéda. On dit aux Wampanoags qu'il était mort de la fièvre, mais pour beaucoup d'entre eux, il avait été empoisonné par les colons. L'année suivante, Metacomet lui succéda comme Grand Sachem. Les colons le baptisèrent « King Philip ».

 

King Philip

 

Philip n'était pas désireux de combattre les anglais, mais il ne tarda pas à comprendre que s'il les laissait faire, ils s'empareraient de toutes les terres Wampanoags et détruiraient leur culture, leur mode de vie et leur religion. Il décida alors d'organiser la résistance. Mais les Wampanoags qui n'étaient plus qu'un millier environ ne pouvaient plus rien faire seul. Philip chercha des alliés auprès des autres nations indiennes de Nouvelle Angleterre. Mais la situation était déjà presque sans espoir : face aux 35000 colons, il n'y avait que 15000 indiens.

Ses démarches ne tardèrent pas à venir aux oreilles des colons qui le contraignirent à venir à Taunton où il fut contraint d'écouter leurs accusations et de signer un traité par lequel il acceptait que les Wampanoags remettent toutes leurs armes à feu.

Il n'assista pas au repas concluant ces négociations et les Wampanoags ne rendirent même pas un seul pistolet !

 

Philip parvint à convaincre les Nipmucks, les Pocumtucs et les Narragansetts à le rejoindre et se prépara à déclencher la guerre au printemps de 1676, mais les évènements marchèrent plus vite que lui… En mars 1675, John Sassamon fut retrouvé mort dans un étang gelé. Il était un indien christianisé qui avait été éduqué par John Eliot dans l'une des "Praying Towns" et servait de secrétaire, d'interprète et de conseiller pour Philip et les Wampanoags. Une semaine avant sa mort, il avait averti le gouverneur de Plymouth Josiah Winslow que Philip préparait une guerre contre les Anglais. Ce dernier avait pris la nouvelle avec prudence, car il ne savait pas s'il devait avoir confiance en Sassamon.

Trois guerriers Wampanoags furent accusés du meurtre par un indien christianisés et les Anglais les capturèrent. Après un procès où le jury était composé de douze colons, les trois hommes furent reconnus coupables et pendus.

Pour Philip et les Wampanoags, ce procès et cette exécution étaient une véritable provocation. Normalement, un crime commis par des Wampanoags sur un autre Wampanoag devait être jugé par les Wampanoags et non les autorités de la colonie ! La rumeur courait que les Anglais voulaient aussi capturer Philip qu'ils pensaient être le commanditaire du meurtre.

Quand Philip réunit un conseil sur le Mont Hope, la plupart des Wampanoags décidèrent de partir en guerre avec lui contre les colons, à l'exception des Nausets du Cape Cod et de petits groupes vivants sur les îles le long de la côte. Les Nipmucks, Pocumtucs et quelques Pennacoocks et Abenéquis se joignirent à lui, les Narragansetts demeurant neutres au début du conflit.

 

La guerre de « King Philip »



 

Le 20 juillet 1675 un petit parti de guerre de quelques jeunes Wampanoags lança un raid contre la colonie de Swansea, tuant du bétail et blessant plusieurs colons avant de disparaître dans la forêt voisine. Le jour suivant, la « King Philip's War » éclatait. L'attaque amérindienne pris les colons par surprise. Sur 90 établissements anglais, 52 furent attaqués et partiellement détruits.

 

Les colons refusèrent d'emblée l'aide des indiens des « Praying Towns », considérant que ceux-ci étaient des traîtres pires encore que ceux qui suivaient Philip. Beaucoup d'entre eux les voyaient comme des espions à la solde de Philip.

Cette méfiance sera telle que le gouvernement du Massachusetts déportera beaucoup d'indiens chrétiens sur Deer Island dans le port de Boston où ils périront en grand nombre faute de nourriture et d'abris. Le tout sous prétexte de les protéger des comités de « vigilantes » organisés par les colons.

 

La guerre prit une nouvelle extension quand des peuples du Maine, les Kennebecs, Pigwackets et Arosaguntacooks se joignirent à la rébellion. C'est à ce moment que les Narragansetts la rejoignirent après que les colons aient attaqué l'un de leurs villages lors de ce qui sera connu comme le « Great Swamp Massacre ». Près de 600 personnes, hommes, femmes et enfants ainsi que vingt sachems seront tués par des colons pour lesquels le seul bon indien était l'indien mort. Ivres de vengeance, de nombreux guerriers Narrangasetts conduits par le sachem Canonchet se joignirent aux Wampanoags.

Des colons parlèrent alors de quitter la Nouvelle Angleterre pour d'autres régions du Nouveau Monde, voire de retourner en Angleterre. Certains le firent effectivement.

Il était alors presque impossible pour les Anglais d'aller par voie terrestre d'une colonie à une autre.

 

Mais le vent allait tourner… A l'été de 1676, après un hiver qui fut pour eux placé sous le signe de la faim et des privations, les amérindiens subirent la contre attaque des colons. Ceux ci mirent sur pieds de véritables commandos de chasse à l'homme qui se lancèrent sur la piste de Canonchet. Ils le trouvèrent, le tuèrent et infligèrent à sa dépouille le sort que l'on faisait subir en Angleterre aux  cadavres des traîtres à cette époque : ils le coupèrent en morceaux qui furent envoyés dans différentes colonies pour y être exposés publiquement.

 

Philip parvint à échapper à ses poursuivants et à trouver refuge sur le Mont Hope, mais il sera découvert par des éclaireurs indiens à la solde des anglais. Dans le combat qui s'ensuivra, 173 Wampanoags seront tués ou capturés. Philip lui-même s'échappera de justesse, mais laissera sa femme et son fils de neuf ans aux mains des colons. Ils seront vendus avec les autres captifs aux Antilles comme esclaves. Aucun Wampanoag ne survivra longtemps aux plantations de canne à sucre et au climat tropical.

 

Philip avait perdu alors tout espoir. Le 12 août 1676 les troupes anglaises encerclèrent son camp et il fut tué. Son corps subira le même sort que celui de Canonchet. Pendant plus de vingt ans sa tête sera exhibée sur une pique à Plymouth.

 

Les Wampanoags étaient alors presque exterminés et avaient perdus la plupart de leurs sachems. Il ne restait qu'environ 400 survivants qui seront contraints par la force de s'installer dans les « Prayer Town » de Natick, Wamesit, Punkapoag et Hassanamesit. Les autres « Prayers Town » furent abandonnées et détruites. On estime que la guerre avait coûté la vie à près de 5000 indiens, soit environ le quart de la population amérindienne de la Nouvelle Angleterre. Les colons avaient perdus 2500 hommes et femmes, soit environ cinq pour cent de leur population. Des pertes qu'ils combleront rapidement !

 

Survivre dans un nouveau monde

 

L'histoire ultérieure des Wampanoags se partage ensuite entre deux lieux différents : Mashpee et Martha's Vineyard. Par commodité je commencerais d'abord par Mashpee, puis par Martha's Vineyard, car l'histoire des Wampanoags ne s'arrête pas avec la mort de Philip !

 

Mashpee



 

Dès 1660, les indiens reçurent une réserve de 130 km2 sur la péninsule du Cap Cod. A partir de 1665, ils se gouvernaient par eux mêmes et avaient un tribunal. En 1763, cette réserve sera incluse dans le district de Mashpee.

En 1788, après la guerre d'Indépendance Américaine à laquelle des Wampanoags prirent part, l'état leur imposa cinq « superviseurs » blancs et supprima leur gouvernement. Ce n'est qu'en 1834 qu'ils pourront récupérer une relative autonomie, ce qui améliorera dans une certaine mesure leur situation. En 1842 leur réserve sera divisée en parcelles  de 250 m2 environ par famille, soit 8 km2 de leurs 53 km2 restant à l'époque. Ils avaient des problèmes constants avec leurs voisins blancs qui ne cessaient d'empiéter sur leurs terres pour y voler du bois, et ceci d'autant que le nombre de Wampanoags ne cessait peu à peu d'augmenter. En 1833, ils chasseront certains de ces pillards par la force, alimentant des rumeurs d'une « révolte indienne » dans les journaux de l'époque !

 

En 1867, l'état du Massachusetts leur propose de recevoir la nationalité américaine en échange de l'abolition du statut tribal et de la dissolution de la réserve. Par vote, ils repoussent cette proposition. Deux ans plus tard, la législature du Massachusetts reviendra à la charge. Le vote sera honteusement truqué, des Wampanoags étant contraints ou achetés pour voter « oui ». Le vote sera toutefois considéré comme nul, la majorité des indiens n'étant pas allé voté ! Malgré tout, et en dépit des lois fédérale, l'état du Massachusetts déclarera en 1870 que les Wampanoags de Mashpee étaient citoyens américains. La réserve sera divisée en lots d'une vingtaine d'hectares répartis entre tous les adultes de plus de 18 ans, le reste étant laissé aux spéculateurs. Ces terres étaient soumises à des taxes foncières et les amérindiens qui ne purent les payer durent vendre leurs terres à des Blancs…

 

Ce n'est en 1976, après une longue lutte judiciaire, que les Wampanoags de Mashpee restaureront leur tribu et verront leurs droits fonciers reconnus par le Massachusetts.

 

 

 

Martha's Vineyard

 

Au 18ème et 19ème siècle, on comptait trois réserves Wampanoags sur l'île de Martha's Vineyard : Chappaquiddick, Christiantown et Gay Head. La seconde était située sur la pointe orientale de l'île du même nom. En 1789 les Wampanoags de Chappaquiddick avaient perdus déjà leurs plus belles terres et le reste fut distribués en lots individuels en 1810. En 1823 les lois changèrent et restaurèrent une structure tribale. En 1849, les Wampanoags possédaient  environ trois kilomètre carrés de terre stérile et beaucoup des résidents de la réserve gagnèrent la localité voisine d'Edgartown où ils pouvaient commercer et obtenir quelques droits civiques.

 

Sur le nord-est de Christiantown, originalement une « Praying Town » située dans le nord ouest de Martha's Vineyard près de Tisbury, se trouvait une autre réserve qui s'étendait en 1849 sur près de deux kilomètres carrés divisés en lots entre les résidents. Cette terre offrait quelques ressources aux Wampanoags de l'endroit qui devaient toutefois s'exiler vers d'autres villes et y trouver du travail pour survivre. En 1888 une épidémie de variole balaya les derniers résidents permanents de l'endroit d'après la tradition orale.

 

En 1711, la New England Company, une association formée en 1649 pour convertir les indiens au christianisme acheta des terres pour les Wampanoags Gay Head qui vivaient là. Malheureusement, les meilleures terres furent louées à des taux très bas à des colons blancs et le but missionnaire initial tomba vite aux oubliettes !

Finalement l'état du Massachusetts créa une réserve à la pointe occidentale de Martha's Vineyard et la nomma « Gay Head » (Aquinnah). Cette région rattachée par un isthme au reste de l'île isolait en partie les Wampanoags des habitants blancs de cette dernière, ce qui était ce qu'ils espéraient. En 1849 leur réserve s'étendait sur près de 10 kilomètres carrés et appartenait à 75% à la communauté, le reste étant divisé en lots individuels. La majeure partie du temps, ils se gouvernaient par eux mêmes et ne faisaient appel au dirigeant de la réserve de Chappaquiddick que dans les cas les plus inextricables. Les blancs n'avaient pas le droit de s'implanter sur leurs terres d'une façon ou d'une autre et ils étaient gouvernés par des lois très strictes. Ils purent ainsi renforcer les liens entre eux et ne perdirent jamais leur identité Wampanoag qu'ils gardèrent bien longtemps après que d'autres groupes l'eussent perdue.

 

Il y avait aussi des Wampanoags sur l'île de Nantucket, mais une épidémie les décima en 1763 et le dernier d'entre eux décéda en 1855.

 

Aujourd'hui

 

On compte aujourd'hui environ 2500 Wampanoags, dont beaucoup vivent aujourd'hui sur Martha's Vineyard à Aquinnah (Gay Head) où il reste une réserve d'environ 2km2 où vit une centaine de Wampanoags sur le millier que compte la « Wampanoag Tribe of Gay Head (Aquinnah) ».

 

Il existe cinq groupe différents de nos jours : les Assonets, Gay Head, Herring Pond, Mashpee et Namasket. Tous ont demandé au gouvernement fédéral de les reconnaître comme groupes amérindiens, mais seuls ceux d'Aquinnah (Gay Head) ont reçu cette reconnaissance en 1987.

 

La « Mashpee Wampanoag Tribe compte environ 1300 membres et possède plusieurs magasins et musées. Depuis 1924, ils organisent un « Pow Wow » début juillet. Après des décennies de batailles juridiques ils ont été reconnus par le gouvernement fédéral de Washington en février 2007. Ils possèdent encore quelques lopins de terre à titre individuel ou collectif et en ont récemment acheté près de Middelborough dans le Massachusetts pour y construire un casino tribal.

En février 2009, leur président Glenn A. Marshall a plaidé coupable devant le tribunal fédéral pour les charges de fraude fiscale, de fraudes à la Sécurité Sociale et pour d'autres délits financiers liés aux efforts pour assurer la reconnaissance fédérale aux Wampanoags de Mashpee.


Si vous voulez en savoir plus, suivez les liens suivants :


Vers le site internet des Wampanoags de Gay Head : Ici

Vers le site internet des Wampanoags de Mashpee : Ici

Vers le site dédié à la renaissance de la langue Wampanoag : Ici


Bien évidemment, ils sont en anglais...

 



14/02/2010
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